Test du drone Parrot Bebop 2, un brin de déception

 
Parrot a dévoilé son drone Bebop 2 en novembre dernier aux États-Unis. Nous avons eu la chance de prendre en main la bête quelques jours plus tard à Paris. Cette fois-ci, Parrot n’a pas attendu de longs mois avant de commercialiser le Bebop 2 qui a donc pu atterrir directement sous le sapin des plus chanceux. Pour notre part, nous avons passé quelques jours en sa compagnie, pour savoir si son surcoût est justifié par rapport à son petit frère, le Parrot Bebop Drone. Voici donc son test complet.
Parrot Bebop 2 (1 sur 6)

Nous avions eu l’occasion de tester le Parrot Bebop Drone en début d’année. Nous avions passé d’agréables moments en sa compagnie, même si nous lui faisions alors plusieurs reproches, notamment sur la qualité des images qu’il fournissait, son autonomie ou encore sur ses nombreux bugs logiciels. Le test de ce Bebop 2 est donc l’occasion d’analyser les améliorations apportées par Parrot puisque le nouveau drone reprend de nombreux éléments du Bebop Drone premier du nom.

 

Légèreté et résistance

Parrot Bebop 2 (3 sur 5)

Le Bebop 2 reprend plus ou moins la même base que le Bebop Drone : c’est un quadricoptère plus imposant que son prédécesseur. La sensation de qualité qui s’en dégage est bien meilleure que le Bebop Drone, notamment grâce à l’utilisation de fibre de verre pour renforcer le corps en ABS. Le polystyrène de la face avant disparait grâce à un camouflage blanc (ou rouge) bien plus élégant. Le Bebop 2 reste toutefois dans le domaine des drones poids plume puisqu’il se contente d’afficher 500 grammes sur la balance.

Parrot a également revu la connexion de la batterie, qui fait beaucoup plus sérieux que le petit fil en tissu à tirer sur le Bebop Drone, dont l’emplacement batterie était fermé par un scratch. La batterie est ici bien en place et ne risque pas de tomber. Les ingénieurs ont profité pour augmenter sa capacité, qui passe de 1200 à 2700 mAh pour une autonomie montant en conséquence de 12 à 25 minutes environ. Dans les faits, l’autonomie variait de 20 à 25 minutes selon le vent et le style de pilotage (agressif ou pas). Bien entendu, plus les moteurs tournent vite, plus la consommation de la batterie sera élevée.

Plus de puissance

Parrot Bebop 2 (5 sur 6)

En parlant de moteurs, Parrot les a fait évoluer, puisque ceux-ci sont plus puissants, permettant des pointes à plus de 60 km/h et une vitesse ascensionnelle de 6 m/s (toujours 2 m/s en descente). La différence se ressent vraiment beaucoup, et on a l’impression d’avoir une petite Formule 1 entre les mains lorsqu’on pousse les réglages au maximum. Les néophytes pourront quant à eux définir des vitesses maximales pour éviter de foncer dans les murs. Cet aspect de l’application FreeFlight 3 est pratique, puisqu’on peut régler l’inclinaison verticale maximum, la rotation horizontale, la vitesse ascensionnelle ou encore la hauteur maximale, mais aussi la distance maximale entre le drone et le pilote. Celle-ci est de 2 kilomètres maximum contre 150 mètres pour l’altitude maximale.

Ces valeurs peuvent poser quelques soucis. En effet, en France, la réglementation exige une hauteur maximale de 150 mètres. Parrot la calcule par rapport à l’altitude de décollage. Mais imaginez un cas dans lequel le drone décolle du pied d’une montagne et suit la pente jusqu’au sommet situé à 1 km. Dans les faits, le drone ne pourra pas monter plus haut que 150 mètres, alors que sa hauteur réelle (mesurée par rapport à la montagne) sera de quelques mètres seulement.

 

Le pilotage

Malgré des vitesses plus élevées, le Bebop 2 se pilote très facilement après quelques minutes d’apprentissage. Il peut très bien convenir aux pilotes expérimentés qu’aux pilotes néophytes. Son poids léger lui permet de prendre de jolis virages sans avoir peur que la gravité et la force centrifuge rendent la tâche plus difficile.

Si le Bebop 2 peut se piloter depuis un smartphone, on recommandera l’utilisation d’une tablette pour plusieurs raisons. La première, c’est la portée maximale : les tablettes se débrouillent souvent mieux que les smartphones, à quelques exceptions près comme l’avait révélé Parrot dans un comparatif de portée. L’utilisation d’un iPad Mini 3 nous a en effet permis d’atteindre environ 500 à 600 mètres de portée selon les situations. À une telle portée, le retour vidéo du Bebop 2 est saccadé et pixellisé sur la tablette, rendant plus difficile son pilotage.

Parrot Bebop 2 écran

La manette Skycontroller de Parrot permet d’augmenter la portée à plus de 2 kilomètres grâce à de puissantes antennes et rend le retour vidéo de meilleure qualité et plus fluide. D’ailleurs, je n’ai pas relevé de lag du retour vidéo lors de l’activation de l’enregistrement vidéo avec l’iPad. Un souci que j’avais rencontré avec le Bebop Drone qui a d’ailleurs peut-être été réglé avec une mise à jour du firmware. Pour augmenter la portée du drone, certains bidouilleurs ont de leur côté trouvé un moyen détourné : l’utilisation d’un répéteur Wi-Fi alimenté par une batterie. Il semblerait toutefois que la latence soit plus élevée, rendant le retour vidéo moins utile pour du vol hors de vue.

J’ai noté beaucoup moins de déconnexions intempestives que lors du test du Bebop Drone. En fait, la connexion a toujours été stable – pour le pilotage – à faible et moyenne distance. En revanche, le drone semble être doté d’un angle mort lorsqu’il est situé parfaitement au-dessus du pilote. Dans ce cas, il n’est pas rare de perdre le signal passé les 100 mètres d’altitudes. Heureusement, la fonctionnalité RTH s’enclenche automatiquement, ce qui fait descendre le drone pour récupérer du signal Wi-Fi. Il est d’ailleurs possible de régler la durée de déconnexion (en secondes) à partir de laquelle le mode RTH se met en route.

L’autre raison de préférer l’utilisation d’une tablette tient à la meilleure ergonomie qu’elle offre lors du pilotage. Les commandes sont plus facile à utiliser et la visibilité est meilleure grâce à la taille de l’écran.

 

Levol automatique à l’essai

Le Bebop 2 a été pour nous l’occasion de tester les plans de vol. Une nouvelle fonctionnalité, apportée par le biais d’un achat in-app de 20 euros en octobre dernier et qui apparaissait déjà sur la boîte du Bebop Drone vendu depuis environ un an. Il était temps pour elle d’arriver. Nous avons été agréablement surpris par l’ergonomie et les performances de cette fonctionnalité. En quelques mots, FlightPlan permet de configurer le vol du drone avant qu’il ne décolle : points de passage, altitude, vitesse, angle de la caméra, vol stationnaire, etc. L’intérêt est de pouvoir réaliser de belles prises de vues difficiles en vol manuel : de longs travelling, une ascension très progressive, une précision accrue, etc.

Borabora-drone

Dans ce mode, le Bebop 2 utilise sa puce GPS pour se repérer dans le ciel. Il est donc possible de le faire voler hors de la portée de la tablette puisqu’il se contente de suivre les points de passage. Pratique pour des endroits où la connexion Wi-Fi serait assez mauvaise. Dans ce mode, et si le drone est à portée de signal, il est toujours possible d’activer la fonction RTH (return to home) qui commande au drone de revenir à son point de départ. Il est aussi possible plus simplement de reprendre le pilotage manuel à tout moment.

Les plans de vol semblent toutefois souffrir de quelques limitations. Il est en effet impossible de régler l’angle de la caméra à plus de 83° de manière verticale alors qu’il est possible d’atteindre 90° de manière manuelle avec le Bebop 2. Il est également impossible de dépasser les 10 m/s quand le Bebop 2 sait aller pratiquement deux fois plus vite. De même, la vitesse minimale est de 18 km/h, ce qui peut paraître élevé pour certaines utilisations. Pour 20 euros, on aimerait être en mesure de pouvoir modifier chaque réglage avec une plus grande précision.

 

Une qualité vidéo qui laisse à désirer

On ne peut pas tester le Bebop 2 sans parler de la qualité du capteur photo / vidéo. Pour rappel, le Bebop 2 est équipé d’un capteur de 14 mégapixels capable de filmer en Full HD (1080p). Parrot a modifié la lentille (toujours dotée d’une ouverture f/2.3) qui serait plus lumineuse. Elle est également davantage orientée vers le bas pour permettre de filmer à la verticale.

Malheureusement, le capteur n’a pas évolué, et ça se sent. Les vidéos manquent clairement de détail. Pire, la stabilisation numérique (sur trois axes) montre parfois ses limites avec des bandes noires qui apparaissent et témoignent des limites de ce système numérique. En effet, la concurrence opte pour une nacelle stabilisée mécaniquement. Un système plus coûteux, mais plus performant. Pour éviter ces désagréments, il faut limiter le Bebop 2 à de faibles vitesses. Mais la qualité reste médiocre, sauf si la vidéo est visionnée sur un smartphone ou un tout petit écran. À titre de comparaison, les vidéos que l’on peut voir sur la toile du DJI Phantom 3 Standard me semblent de meilleure qualité, notamment en QHD (1440p).

Bebop-2-vs

La partie photo est un peu mieux lotie, et l’on apprécie la possibilité de shooter au format RAW. Mais attention, puisque le capteur prend une photo de la totalité de l’objectif fish-eye. Un effet qui ne passera pas inaperçu sur les réseaux sociaux. Pour les plus classiques, Lightroom et Photoshop proposent un profil d’objectif permettant de « redresser » la photo pour la rendre rectangulaire et non plus ronde comme on peut le voir sur l’image ci-dessous.

Pour la partie photo / vidéo, il est nécessaire que Parrot fasse un véritable effort. Mais à y regarder de plus près ses offres d’emploi (dont le slogan est « inventeurs des drones de demain »), l’aspect vidéo de ses drones est réellement pris au sérieux puisqu’on peut lire que « la caméra est devenue un élément clé des drones grand public et de leur succès commercial. La qualité d’image est l’objectif critique de ce projet et doit être à la hauteur des performances des meilleures caméras d’action du marché ». Parrot se fixe donc l’objectif d’être à la hauteur d’une bonne GoPro, qui prévoit de commercialiser un drone l’année prochaine. Un objectif qui paraît simple, mais qui doit répondre à des exigences « de coût et de poids conformes aux standards de l’industrie du mobile« . On attendra donc le Bebop 3 en espérant avoir un véritable saut qualitatif et pourquoi pas, un support de la 4K (2160p) ou au moins du QHD (1440p).

 

Le Follow-me se fait attendre

Neurala-Selfie-Dronie-Screen-Shot-In-Park

Lors de l’annonce du Bebop 2, nous avions parlé de Dronie Selfie, une application développée par Neurala en collaboration avec Parrot, via le SDK. Celle-ci permet d’apporter un soupçon de follow-me au Bebop 2 : l’application utilise la caméra du drone (et déporte le traitement sur le smartphone) pour reconnaître une personne. Une fois cette personne reconnue, le drone va, de manière autonome, tourner autour de la personne pour réaliser un plan vidéo, ou s’éloigner de la personne en prenant de l’altitude pour réaliser un dronie en vidéo. Malheureusement, nous n’avons pas pu tester cette fonctionnalité à cause d’une incompatibilité entre le drone et l’application, malgré l’arrivée d’une mise à jour du firmware lors de notre test.

On regrette également l’absence de la fonctionnalité follow-me, qui semble pourtant en développement chez Parrot, comme nous l’avait confié Henri Seydoux au CES en janvier dernier. Pourtant, le Bebop 2 en est capable, par l’intermédiaire de sa puce GPS et de sa communication avec un smartphone. L’application Dronie Selfie montre aussi qu’il est possible de procéder à un suivi par l’intermédiaire de la reconnaissance d’images. Bref, technologiquement, le Bebop 2 est prêt pour recevoir ce type de fonctionnalité, permettant au drone de suivre l’utilisateur partout où il va.

Parrot Bebop 2 (1 sur 5)

 

Le Parrot Bebop 2 est disponible à partir de 549 euros.

Note finale du test
8 /10
Que penser du Bebop 2 de Parrot ? Vendu seul, il faut compter 50 euros de plus que le Bebop Drone lors de sa sortie. On peut pardonner cette petite hausse de prix du fait que Parrot est, pour le moment, seul sur ce segment des drones de moins d'un kilogramme. Est-ce vraiment nécessaire, mise à part une plus grande facilité pour le transport ? La nouvelle réglementation distingue les drones de moins de 2 kilogrammes pour les vols automatiques (plans de vol, Dronie Selfie, etc.) et Parrot est donc clairement au-dessous. Peut être un peu trop puisque pour atteindre ce niveau de légèreté, il faut faire des concessions. Si l'autonomie ne nous pose plus de problème, tout comme la stabilité de la connexion Wi-Fi, la qualité de la vidéo laisse encore à désirer. De même, le retour vidéo n'est pas très réactif pour des vols en FPV, c'est-à-dire en cas de pilotage sans regarder le drone, mais uniquement par le biais de l'écran d'une tablette.

Parrot conseille donc l'achat du Skycontroller - 500 euros - pour augmenter la qualité du retour vidéo mais il est aussi possible d'acheter le pack pour 949 euros. A ce prix, le Bebop 2 perd énormément d'intérêt. On trouve en effet le Phantom 3 Standard de DJI vendu pour 819 euros. La qualité vidéo sera supérieure, notamment grâce au capteur mais aussi par l'intermédiaire de la stabilisation mécanique. En revanche, la portée de la télécommande sera inférieure (environ 1 km) mais le retour vidéo de meilleure qualité. Le plus gros point noir du Phantom 3 Standard est en fait son poids : 1,2 kg qui rendra plus difficile son transport.

Pour résumer : Bebop 2 sans SkyController : non, mais le Bebop 2 nu avec une tablette : oui.

Points positifs
Parrot Bebop 2

  • Facilité d'utilisation

  • Légèreté

  • Bonne portée

  • Bonne autonomie

Points négatifs
Parrot Bebop 2

  • Qualité vidéo médiocre

  • Prix avec le Skycontroller

  • Pas de fonction follow-me

  • Latence et qualité du retour vidéo

Les derniers articles