Test Marshall Emberton III : l’icĂ´ne Bluetooth peaufine sa formule

Enceintes bluetooth • 2024

La superstar des enceintes nomades est de retour. L'Emberton III conserve son look d'ampli iconique, mais promet des améliorations ciblées sous le capot. Face à une concurrence féroce, cette mise à jour subtile est-elle suffisante ?
Marshall Emberton III
 
Marshall Emberton III
L’enceinte Bluetooth Marshall Emberton III // Source : Tristan Jacquel

Le marchĂ© des enceintes Bluetooth nomades est en croissance mais particulièrement compliquĂ©. Entre les modèles ultra-robustes pour baroudeurs, les enceintes festives bardĂ©es de LED et les options plus audiophiles, il est parfois difficile de s’y retrouver. Et puis, il y a Marshall.

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La marque, lĂ©gendaire pour ses amplis qui ont façonnĂ© le son du rock depuis des dĂ©cennies, a rĂ©ussi un tour de force : transposer cet hĂ©ritage dans des produits grand public sans (trop) se renier. Le savoir-faire de Marshall, c’est ce mĂ©lange unique d’esthĂ©tique vintage assumĂ©e et d’une signature sonore reconnaissable. La marque n’est pas dans la course Ă  la fonctionnalitĂ© Ă  tout prix ; elle vend une expĂ©rience, un objet statutaire autant qu’un appareil audio. Cette philosophie se retrouve pleinement dans l’Emberton III venant logiquement succĂ©der Ă  l’Emberton II.

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Marshall pratique une stratĂ©gie d’Ă©volution itĂ©rative, presque Ă  la manière d’Apple. Pourquoi changer une formule qui fonctionne ? La silhouette reste la mĂŞme, les matĂ©riaux aussi. Au dĂ©ballage, la première impression est ainsi familière. On retrouve la petite brique dense, le revĂŞtement en similicuir texturĂ©, le logo en laiton qui brille ostensiblement. C’est Ă  la fois rassurant et un poil dĂ©cevant. On cherche la nouveautĂ©, le petit « plus » qui trahirait la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Il faudra allumer l’enceinte et tendre l’oreille pour espĂ©rer trouver les vraies diffĂ©rences.

Spécifications techniques

Ce test a été réalisé avec une enceinte prêtée par Marshall.

Ça marche, alors on continue

PosĂ©es cĂ´te Ă  cĂ´te, il est quasiment impossible de distinguer une Emberton II d’une Emberton III. On retrouve cette forme de brique compacte, immĂ©diatement identifiable. Marshall a procĂ©dĂ© Ă  des ajustements si mineurs qu’ils sont imperceptibles Ă  l’Ĺ“il nu. L’enceinte a pris quelques millimètres en profondeur, perdu 30 grammes Ă  670 g, mais conserve des dimensions qui en font un modèle de portabilitĂ©. Elle se glisse facilement dans un sac, prĂŞte Ă  vous suivre partout. Le changement majeur vient de la rĂ©organisation de la partie supĂ©rieure et d’une encoche pour fixer une dragonne.

Marshall Emberton III
Les Marshall Emberton II et Marshall Emberton III (dessous) // Source : Tristan Jacquel

Une conception robuste et fiable

La sensation en main est rassurante. Le poids (670 grammes) est consĂ©quent pour sa taille, ce qui donne une impression de densitĂ© et de robustesse. L’assemblage est irrĂ©prochable. L’Emberton III est gainĂ©e d’un Ă©pais revĂŞtement en similicuir grainĂ©, composĂ© Ă  80 % de plastiques recyclĂ©s. Ce matĂ©riau offre non seulement une excellente prise en main, mais assure aussi une stabilitĂ© parfaite une fois l’enceinte posĂ©e. Les grilles mĂ©talliques avant et arrière, avec leur maillage large et rigide, protègent efficacement les haut-parleurs tout en participant Ă  l’esthĂ©tique « ampli ». C’est du solide, du bien fini, du Marshall pur jus.

Marshall Emberton III
Les LED ne peuvent être désactivées // Source : Marshall Emberton III

L’ergonomie a Ă©tĂ© subtilement repensĂ©e. Le fameux joystick multidirectionnel en laiton, si agrĂ©able Ă  manipuler, ne gère plus la mise sous tension. Il est dĂ©sormais dĂ©diĂ© au contrĂ´le du volume (haut/bas), au changement de piste (gauche/droite) et Ă  la lecture/pause (appui simple). Pour allumer ou Ă©teindre l’enceinte, il faut maintenant utiliser un bouton dĂ©diĂ©, situĂ© juste Ă  cĂ´tĂ© de celui pour l’appairage Bluetooth. C’est un changement logique qui Ă©vite les extinctions accidentelles.

La jauge de batterie, composĂ©e de dix petites LED rouges, reste un Ă©lĂ©ment de design fort, toujours visible et pratique pour connaĂ®tre l’autonomie d’un coup d’Ĺ“il.

Marshall Emberton III
Une encoche permet dĂ©sormais d’utiliser une dragonne (non fournie) // Source : Tristan Jacquel

Le port de charge USB-C, non protĂ©gĂ©, se trouve sur le flanc droit, Ă  cĂ´tĂ© d’une encoche permettant d’attacher une dragonne (non fournie).

Résistance à toute épreuve (ou presque)

L’Emberton III conserve sa certification IP67. Cela signifie qu’elle est totalement protĂ©gĂ©e contre la poussière et peut rĂ©sister Ă  une immersion complète dans l’eau jusqu’Ă  1 mètre de profondeur pendant 30 minutes.

Marshall Emberton III
Étanche et renforcée, la Marshall Emberton III ne craint pas grand chose // Source : Tristan Jacquel

C’est un atout majeur qui la rend parfaitement adaptĂ©e Ă  un usage en extĂ©rieur, que ce soit au bord de la piscine, Ă  la plage ou sous une averse. Attention cependant, elle n’est pas conçue pour flotter. Si elle tombe dans l’eau, il faudra la repĂŞcher.

Architecture interne : l’Ă©volution discrète

Marshall reste fidèle Ă  ses choix techniques. En Ă´tant la gaine, on dĂ©couvre une configuration qui a fait ses preuves. L’Emberton III embarque deux transducteurs large-bande d’environ 5 cm, chacun couplĂ© Ă  un radiateur passif. Cette architecture est doublĂ©e : on retrouve la mĂŞme configuration sur la face avant et la face arrière.
Le choix de transducteurs large-bande, sans tweeter dédié pour les aigus, est un compromis. Il permet de conserver un format compact et de maîtriser les coûts et la consommation énergétique.

Marshall Emberton III
Ă€ gauche, le radiateur passif de basses frĂ©quences, Ă  droite le petit transducteur actif de 5 cm de l’enceinte. // Source : Tristan Jacquel

Cependant, ce choix technique a des consĂ©quences directes sur la performance audio : il est physiquement difficile pour un seul type de haut-parleur de reproduire avec une extrĂŞme prĂ©cision Ă  la fois les basses profondes et les aigus les plus fins. Des concurrentes comme la JBL Flip 7 font le choix d’intĂ©grer un tweeter sĂ©parĂ©, ce qui leur donne potentiellement un avantage en termes de clartĂ© dans les hautes frĂ©quences.

Deux amplificateurs de 10 W chacun sont embarquĂ©s, soit la mĂŞme puissance que l’Emberton II. Pour autant, le volume snore annoncĂ© est dĂ©sormais de 90 dB contre 87 dB Ă  1 mètre. Plusieurs hypothèses sur ce point : soit les transducteurs ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des modèles au rendement supĂ©rieur, soit l’amplification a Ă©tĂ© dĂ©bridĂ© par l’emploi d’une meilleure batterie. Quoiqu’il en soit, ces 3 dB gagnĂ©es Ă  pleine puissance, Ă©quivalent Ă  un doublement de la puissance perçue. C’est une bonne nouvelle.

Marshall Emberton III
La Marshall Emberton III sans sa gaine // Source : Tristan Jacquel

Fonctionnalités : le minimum syndical, mais modernisé

La mise Ă  jour la plus significative est sans doute l’intĂ©gration du Bluetooth 5.3, compatible LE Audio et surtout Auracast. Cette nouvelle norme de diffusion audio permet de connecter plusieurs enceintes compatibles (mĂŞme de marques diffĂ©rentes) Ă  une seule source. C’est une alternative plus universelle aux modes « Party » propriĂ©taires des marques.

La connexion est stable et la portée, annoncée à 100 mètres en champ libre, est en pratique limitée par la source, la quasi totalité des smartphones couvrant une dizaine de mètres.

L’application Marshall Bluetooth est Ă  l’image de l’enceinte : simple, voire simpliste. Elle permet de mettre Ă  jour le firmware et propose deux options principales. La première est un Ă©galiseur avec trois prĂ©rĂ©glages : « Marshall » (signature par dĂ©faut), « Push » (basses et aigus accentuĂ©s) et « Voice » (mĂ©diums mis en avant). Pas de rĂ©glage manuel, ce qui est frustrant pour qui aime sculpter son son. La seconde option est un mode de prĂ©servation de la batterie qui limite la charge Ă  80 % et la ralentit pour prolonger sa durĂ©e de vie. On aurait aimĂ© plus de contrĂ´le : dĂ©sactiver les sons de dĂ©marrage, ajuster l’intensitĂ© des LED, etc.

Les appels en mains libres, la nouveauté !

Autre nouveautĂ©, l’Emberton III intègre dĂ©sormais un microphone. Il est donc possible de prendre des appels directement depuis l’enceinte.

Marshall Emberton III
Le microphone est installé à gauche du bouton en laiton // Source : Tristan Jacquel

La qualitĂ© est correcte en environnement calme : votre interlocuteur vous entend distinctement et vice-versa. En revanche, en extĂ©rieur ou dans un lieu bruyant, le micro montre vite ses limites, en captant beaucoup de sons parasites. C’est une fonction d’appoint pratique, mais qui ne remplacera pas un vrai kit mains libres.

Un son stéréo à double tranchant

Marshall met en avant sa technologie « True Stereophonic », qui est en rĂ©alitĂ© une diffusion bidirectionnelle. Le son est Ă©mis par l’avant et par l’arrière, crĂ©ant une scène sonore Ă  180 degrĂ©s. C’est un atout indĂ©niable lorsque l’enceinte est placĂ©e au centre d’une table entre deux personnes, ou pour sonoriser une pièce de manière plus homogène. Chacun profite du mĂŞme volume sonore.

Mais il y a un hic. Le canal gauche est diffusĂ© par une face, le droit par l’autre. Si vous Ă©coutez un morceau avec un « panning » stĂ©rĂ©o très marquĂ© (comme sur de vieux titres des Beatles ou certains morceaux de Pink Floyd), l’effet est dĂ©routant. Un solo de guitare peut se retrouver projetĂ© Ă  l’opposĂ© de vous, Ă©touffĂ© et distant. Cette diffusion « stĂ©rĂ©o » est donc souvent plus une gĂŞne qu’un atout pour une Ă©coute solo attentive. Pour une musique d’ambiance, cela passe totalement inaperçu.

Une signature sonore douce

Ă€ l’Ă©coute, l’Emberton III dĂ©livre un son Ă©quilibrĂ© et plutĂ´t agrĂ©able. Mais il ne faut pas s’attendre au fameux son rock de Marshall. Pour cela, il vaut mieux se tourner vers la Middleton.

Marshall Emberton III

Le grave est court en extension, ce qui est attendu au regard du gabarit, correct en volume nĂ©anmoins. Le mĂ©dium est gĂ©nĂ©reux dans sa partie basse (200-400 Hz), et l’enceinte incarne ainsi bien les voix. La courbe est ensuite descendante (400 Hz-8 kHz), le haut-mĂ©dium et l’aigu en retrait afin d’adoucir la restitution lorsqu’on pousse franchement le volume. En fin de bande, un pic de brillance dans l’extrĂŞme aigu vient flatter l’oreille. Ainsi, la restitution est douce, mais faute de tweeter dĂ©diĂ©, la prĂ©cision déçoit un peu. Sur des morceaux riches en cymbales ou en instruments acoustiques, le rendu est moins ciselĂ© que celui d’une Sonos Roam 2 ou une JBL Flip 7.

Le bémol : le dynamisme et la diffusion stéréo

Le principal dĂ©faut de la Marshall Emberton III, c’est son manque de dynamisme. Le son est compressĂ©, sans relief marquĂ© ni capacitĂ© d’impact. ComparĂ©e Ă  une Beats Pill (2024) ou une JBL Flip 6/7, la restitution est moins percutante, moins engageante. C’est une enceinte plus « paisible » que festive.

Marshall Emberton III

Ă€ plein volume, l’enceinte se dĂ©fend bien et ne sature pas, mais le son devient plus criard, les mĂ©diums prenant le pas sur le reste du spectre.

La marathonienne de sa catégorie

C’est l’un des points forts incontestables de l’Emberton III. Marshall annonce 32 heures d’autonomie, et nos tests confirment cette excellente performance, sauf lorsqu’on Ă©coute au-delĂ  de 80 % et alors il faut compter sur une grosse dizaine d’heures. En Ă©coute Ă  volume modĂ©rĂ© (autour de 50 %), les 30 heures sont atteintes. Cela la place parmi les meilleures du marchĂ©.

Marshall Emberton III
La position verticale est possible avec une bonne stabilité // Source : Tristan Jacquel

La recharge est Ă©galement efficace. L’enceinte est compatible avec la charge rapide (15 W). Une pause de seulement 20 minutes sur le secteur permet de rĂ©cupĂ©rer environ 6 heures d’Ă©coute, ce qui est très apprĂ©ciable. Pour une charge complète de 0 Ă  100 %, il faut compter environ 2 heures et 30 minutes, un temps très raisonnable. Le mode de prĂ©servation de la batterie est un ajout intelligent pour ceux qui veulent maximiser la durĂ©e de vie de leur produit sur le long terme.

Le prix du style

L’enceinte Marshall Emberton III, disponible en trois coloris (noir, crème, sauge) est proposĂ©e au prix de 179 euros. Son tarif se justifie surtout par son design iconique, sa qualitĂ© de fabrication irrĂ©prochable et son autonomie record.

Si l’on accepte une puissance en très lĂ©ger retrait, l’Emberton II dĂ©sormais disponible Ă  99 euros constitue une excellente alternative.

Notre avis sur Le Marshall Emberton III

Design
9
Un design iconique et intemporel, des matériaux de qualité et un assemblage parfait. La légère réorganisation des boutons est bienvenue. C'est un sans-faute, un objet magnifique qu'on est fier de montrer et qui respire la solidité. L'ajout de plastiques recyclés est un plus appréciable.
Logiciel
7
L'essentiel est lĂ  avec le Bluetooth 5.3 Auracast et l'ajout d'un micro. Cependant, l'application est beaucoup trop basique et manque cruellement d'options de personnalisation (EQ manuel, gestion des LED/sons). On est sur un service minimum pour une enceinte Ă  ce prix.
Audio
7
Un son globalement plaisant et équilibré, mais qui manque de dynamisme et de finesse dans les aigus. La diffusion stéréo bidirectionnelle est une fausse bonne idée pour une écoute attentive. Elle est surpassée sur le plan de la clarté et de l'impact par ses principales concurrentes.
Autonomie
10
Exceptionnelle. Avec plus de 30 heures d'écoute réelle, c'est la championne de sa catégorie. La charge rapide est efficace et le mode de préservation de la batterie est un gage de durabilité. C'est son atout maître, sans contestation possible.
Note finale du test
7 /10
Alors, cette Marshall Emberton III, évolution réussie ? La réponse est nuancée. Marshall a réussi à peaufiner sa formule sans la dénaturer. L'autonomie, déjà excellente, s’améliore encore, et la modernisation de la connectivité avec Auracast est une bonne chose pour l'avenir. La qualité de fabrication et le design restent les arguments massue de cette enceinte : c'est un très bel objet, robuste et agréable à utiliser.

Cependant, sur le terrain de la performance audio pure, l'Emberton III stagne et se fait dépasser. Face à des rivales comme la JBL Flip 7 ou la Sonos Roam 2, elle manque de clarté, d'impact et de polyvalence. Son fameux son "True Stereophonic" est un gadget qui peut même s'avérer contre-productif.

À qui s'adresse-t-elle ? L'Emberton III est l'enceinte parfaite pour ceux pour qui le style est aussi important que le son. Si vous cherchez une enceinte nomade au design incomparable, avec une autonomie à toute épreuve pour vous accompagner en musique d'ambiance pendant des jours, elle est un excellent choix. C'est un produit "lifestyle" avant d'être un produit purement audiophile.

L'évolution depuis l'Emberton II est-elle justifiée ? Pas vraiment. Les gains en autonomie et l'ajout du micro sont appréciables, mais ne justifient pas de changer si vous possédez déjà la version précédente. Pour un nouvel acheteur, le choix dépendra des priorités : le style et l'endurance pour la Marshall, la performance sonore pure pour ses concurrentes. L'Emberton III reste une proposition séduisante et unique, mais elle n'est pas, à notre sens, la référence incontournable de sa catégorie.

Points positifs du Marshall Emberton III

  • Un design absolument iconique et une qualitĂ© de fabrication irrĂ©prochable

  • Une autonomie colossale

  • Une simplicitĂ© d'utilisation enfantine

  • Une excellente robustesse et une Ă©tanchĂ©itĂ© IP67

  • Le son bidirectionnel, pratique pour une Ă©coute Ă  plusieurs autour de l'enceinte

  • Fonction appels mains libres

Points négatifs du Marshall Emberton III

  • Un son qui manque de dynamisme et de punch

  • Des aigus manquant de finesse (absence de tweeter)

  • La diffusion stĂ©rĂ©o avant/arrière, parfois frustrante en Ă©coute solo

  • Une application mobile limitĂ©e

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