Test des Synology RT2600ac et MR2200ac : les anti Google Wifi

 

Synology propose depuis peu une gamme de routeurs capables d’installer un réseau Wi-Fi maillé. Sont-ils aussi réussis que ses réputés NAS ? Réponse dans ce test.

Test réalisé avec des routeurs prêtés par Synology, avec SRM 1.2.1-7779 Update 1

Il y a deux ans, Google a lancé Google Wifi en France, avec lequel il a popularisé une nouvelle catégorie de produits Wi-Fi : des routeurs/points d’accès Wi-Fi aboutis et fiables, comblant aisément les lacunes des points d’accès intégrés aux « box » de nos fournisseurs d’accès à internet.

D’autres marques ont développé depuis des solutions concurrentes. C’est le cas de la plupart des fabricants d’équipements réseaux : Netgear par exemple propose la gamme Orbi, Linksys la gamme Velop et TP-Link la gamme Deco.

Certaines marques plus spécialisées ont saisi l’aubaine. C’est le cas d’Ubiquiti, qui se consacrait jusqu’alors à l’entreprise, mais qui s’est ouvert au grand public avec la gamme AmpliFi. Et c’est aussi le cas de Synology, spécialiste du NAS qui s’est diversifié et a lancé une gamme de routeurs Wi-Fi, à laquelle nous nous intéressons dans ce test.

 

Aux antipodes de Google Wifi

Après avoir testé Google Wifi, que nous jugions performant, mais si simple qu’il en devenait complexe, nous testons ici deux produits à l’opposé du spectre, les Synology RT2600ac et MR2200ac, successeurs d’un RT1900ac lancé en 2015. Les routeurs Wi-Fi de Synology sont effectivement des produits ultra polyvalents, aux personnalités multiples, qui conviennent aussi bien aux profanes, qui les installeront en quelques étapes via l’application mobile, qu’aux nerds, qui bricoleront une installation multifonctions sur-mesure.

Nous vous proposons un test deux-en-un, car les deux routeurs de Synology reposent sur le même logiciel et partagent ainsi la quasi-totalité de leurs fonctionnalités. Le Synology Router Manager (SRM) est dérivé du DiskStation Manager (DSM) qui a fait la réputation de Synology sur le marché des NAS. On retrouve ainsi l’interface d’administration sous forme de bureau, et ces routeurs remplissent certaines des fonctions essentielles d’un serveur de stockage.

 

RT2600ac et MR2200ac : quelles différences ?

Bien que les Synology RT2600ac et MR2200ac reposent sur le même logiciel, ils présentent quelques différences, sur le plan du design, de la connectivité, des performances et des fonctionnalités.

Lancé fin 2016 pour remplacer le RT1900ac, le RT2600ac est un routeur haut de gamme, imposant, avec un logement SD, 2 ports USB, 5 ports Gigabit Ethernet et 4 antennes externes. Exploitant les technologies 802.11ac Wave 2 (rebaptisée Wi-Fi 5) et MU-MIMO 4×4, il offre aux appareils compatibles une bande passante théorique de 800 Mb/s sur la bande des 2,4 GHz et de 1733 Mb/s sur celle des 5 GHz, soit une bande passante cumulée de 2533 Mb/s.

Le MR2200ac (MR pour Mesh Router) inaugure comme son nom l’indique une nouvelle série destinée à confectionner un réseau Wi-Fi maillé constitué de plusieurs points d’accès. Ce modèle lancé fin 2018 est plus compact, plus discret avec ses antennes internes, et moins cher à l’unité, donc moins performant. Ce modèle exploite le 802.11ac Wave 2 et le MU-MIMO 2×2 sur trois bandes. Il cumule 2133 Mb/s, avec 400 Mb/s sur celle des 2,4 GHz, 867 Mb/s sur une première bande 5 GHz et 867 Mb/s supplémentaires sur une seconde bande 5 GHz. De quoi maintenir d’assez bons débits avec plusieurs points d’accès en cascade. Il se contente de deux ports Gigabit Ethernet et d’un seul port USB 3.0.

Un ou plusieurs MR2200ac peuvent étendre la couverture d’un MR2200ac ou d’un RT2600ac principal, mais un RT2600ac ne peut pas étendre la couverture d’un MR2200ac.

 

Mise en route simplissime avec l’application mobile

Bien que les routeurs Synology soient beaucoup plus complets que Google Wifi, ils ne sont pas plus complexes à mettre en route. On branche son ou ses points d’accès au courant, on relie l’un d’eux (le « principal ») à la box de son FAI avec le câble Ethernet fourni. Puis on peut utiliser l’application mobile DS Router, disponible sur l’App Store ou le Google Play Store. En quelques étapes, on configure son compte administrateur, son réseau Wi-Fi, on ajoute d’éventuels points d’accès supplémentaires et on configure si on le souhaite l’accès externe en créant un identifiant QuickConnect. La procédure est à la portée du premier venu et le réseau est opérationnel en quelques minutes.

À noter : l’ajout des points d’accès supplémentaires se fait obligatoirement en Wi-Fi, mais on peut ensuite les relier au routeur par Ethernet. De quoi éloigner les points d’accès, réduire le chevauchement de leurs signaux, et donc couvrir des surfaces plus importantes à moindres frais.

Dès lors, l’application DS Router offre les fonctions essentielles. Elle affiche une vue d’ensemble du réseau, avec la bande passante internet cumulée, elle liste les appareils connectés, avec leurs bandes passantes et leurs débits, et permet de les prioriser ou au contraire de les brider ou de les bloquer. Elle permet d’activer le réseau Wi-Fi invité (isolé du réseau principal), de modifier les réglages principaux du réseau Wi-Fi ainsi que de la fonction Safe Access, sur laquelle nous revenons plus loin.

Une interface d’administration aboutie et bien remplie

Si l’application mobile suffira aux débutants, les technophiles se tourneront vers l’interface d’administration, accessible depuis un ordinateur à l’adresse https://router.synology.com, pour accéder à de nombreuses options et fonctionnalités supplémentaires.

Inspirée du DiskStation Manager, le Synology Router Manager propose dans un navigateur internet une interface familière inspirée d’un véritable système d’exploitation, avec son bureau, son menu d’applications, son centre de notifications et ses fenêtres.

On y trouve notamment le « Centre réseau », avec lequel on gère l’accès à internet et les fonctions de routeur. C’est là qu’on gère le pare-feu, qu’on transmet des ports, qu’on fixe les adresses IP, qu’on priorise ou qu’on bride les adresses IP de certains appareils. C’est aussi là qu’on bascule sur le partage de connexion 3G ou 4G d’un iPhone ou d’un smartphone Android relié par USB, en cas de panne de sa connexion principale.

C’est là, enfin, qu’on accède à certains réglages avancés (usurpation d’adresse MAC, options du client DHCP) qui permettent aux plus téméraires de remplacer la box de leur FAI par le routeur Synology, souvent au prix des fonctions de télévision et de téléphone du FAI. À défaut, on peut passer du mode de fonctionnement Routeur sans fil à Point d’accès sans fil, sans renoncer à aucune autre fonction que celle de routeur, contrairement à ce qu’impose Google Wifi. Ceci évite au routeur Synology d’utiliser un sous-réseau séparé de celui de la box et des appareils qui lui seraient reliés en Ethernet (à commencer par le décodeur TV).

C’est tout le réseau local ou rien

L’application « Wi-Fi Connect » quant à elle rassemble comme son nom l’indique les réglages Wi-Fi. On y paramètre et on y active notamment le réseau invité. Malheureusement, contrairement à Google Wifi, SRM ne permet pas de rendre accessibles par les invités seulement certains appareils, tels qu’un téléviseur ou une enceinte connectée. C’est tout le réseau local ou rien. C’est aussi dans cette application qu’on pourra activer le nouveau standard WPA3, plus sécurisé, dès que les premiers clients Wi-Fi seront compatibles. Et c’est dans cette application que les utilisateurs possédant seulement un RT2600ac peuvent activer une largeur de canal de 160 MHz sur la bande des 5 GHz, permettant d’atteindre la bande passante théorique de 1,7 Gb/s avec les appareils compatibles.

Des fonctions avancées de sécurité

Lancée avec SRM 1.2 à la conférence Synology 2019, la nouvelle application phare du SRM est « Safe Access », qui promet comme son nom l’indique de sécuriser le réseau. À l’aide de Google Safe Browsing et d’une base de données maison, l’application inspecte les paquets (DPI)  provenant d’internet pour bloquer les intrusions, les sites internet jugés dangereux, le phishing ou les « virus ».

Elle offre aussi des fonctions avancées de « contrôle parental ». On peut créer des profils utilisateurs, y associer des appareils, et planifier les périodes d’accès autorisé à internet ou définir un quota temporel. Plus rare, on peut aussi filtrer les connexions à certains sites ou à certaines catégories de sites (publicité, adulte, piratage, réseaux sociaux, shopping…). Les parents ou les patrons sont notifiés en cas de tentatives, puis les enfants ou les employés bloqués peuvent faire des demandes de dérogation.

Malheureusement, lorsque le routeur bloque l’accès à un site internet sécurisé (HTTPS), soit la plupart des sites, la page de demande d’accès présente le mauvais certificat TLS et la mauvaise adresse IP. Il faut donc accepter le faux certificat pour faire sa demande, puis réinitialiser le cache DNS, des manipulations complexes et qui nécessitent souvent les droits d’administration sur l’ordinateur. Surtout, les victimes de « censure » n’auront qu’à couper le Wi-Fi et à passer en 4G pour contourner le filtrage.

Les utilisateurs possédant seulement un RT2600ac peuvent aussi installer l’application « Threat Prevention », une solution de sécurité complémentaire qui bloque les paquets malveillants, pour les appareils des utilisateurs comme pour les objets connectés. Malheureusement, il faut être très expérimenté pour analyser les dizaines d’événements quotidiens. Le MR2200ac n’est pas compatible avec cette application.

Du Wi-Fi aussi rapide que du Gigabit Ethernet

La plupart des appareils mobiles modernes offrent une bande passante théorique maximale de 867 Mb/s. En pratique, avec iperf3 vers et depuis un serveur local, nos iPad Pro 10,5″ et iPhone XR ont obtenu des débits d’environ 500 Mb/s à proximité immédiate du RT2600ac ou du MR2200ac.

Avec le beamforming, qui focalise les ondes, les débits se maintiennent à environ 250 Mb/s aux quatre coins d’un appartement de 50 mètres carrés. Soit au moins 10 fois le débit nécessaire à n’importe quel service en streaming, et de quoi sauvegarder rapidement ses photos et vidéos sur iCloud ou Google Photos, ou de quoi synchroniser rapidement des films ou de la musique pour une consultation hors ligne, si on a la chance d’avoir une connexion internet à la hauteur.

En Wi-Fi maillé, les appareils perdent seulement 100 Mb/s lorsqu’ils sont connectés à un MR2200ac satellite, relié au point d’accès principal en Wi-Fi à travers une cloison.

Pour tester le Wi-Fi à 1,7 Gb/s du RT2600ac, nous avons emprunté un Dell Precision 5530 à son fabricant. Cet ordinateur portable dernier cri embarque un chipset Intel Wireless-AC 9560, l’un des seuls prenant en charge une largeur de bande de 160 MHz. Précisons que le serveur de test de débit est connecté au réseau local en Gigabit Ethernet et que le débit maximal théorique est donc limité à 1000 Mb/s.

Aussi rapidement qu’en Ethernet

À proximité immédiate du routeur, l’ordinateur négocie bien une liaison à 1,7 Gb/s, et notre test iperf3 obtient des débits d’environ 950 Mb/s, équivalents à ceux qu’on obtient en… Gigabit Ethernet ! Et on transfère des fichiers à 100 Mo/s (soit 800 Mb/s) via le protocole SMB vers un NAS, aussi rapidement qu’en Ethernet. Séparé par 2 cloisons, le débit se maintient à environ 500 Mb/s.

Enfin, nous avons mesuré l’influence des fonctions de contrôle du trafic sur les débits. Sur le RT2600ac, qui prend en charge l’accélération matérielle des couches hautes du modèle OSI, ni le contrôle du trafic, ni Safe Access, ni Threat Prevention n’ont d’influence sur les débits. On profite pleinement d’une connexion FTTH à 1 Gb/s avec toutes ces fonctions activées. Sur le MR2200ac en revanche, l’activation du contrôle du trafic ou de Safe Access bride la connexion à internet à environ 350 Mb/s.

Les fonctions d’un NAS premier prix

En plus de ses fonctions de routeur et de point d’accès Wi-Fi, les Synology RT2600ac et MR2200ac remplissent quelques-unes des fonctions de base d’un NAS.

Ils proposent surtout des fonctions de serveur de fichiers. On peut insérer une carte mémoire dans le logement SD (monté à l’envers) ou relier un support de stockage au port USB 3.0 (également à l’envers), ce qui ouvre de nombreuses perspectives. On peut transférer des fichiers depuis le réseau local via les protocoles SMB 3 ou AFP, et depuis internet via un navigateur internet ou via l’application mobile DS File. On peut aussi synchroniser automatiquement des dossiers, à la manière de Dropbox et consorts, via l’application maison Cloud Station Drive. Et on peut sauvegarder ses ordinateurs via l’application Cloud Station Backup ou via Time Machine.

Si les débits, de l’ordre de 20 Mo/s (160 Mb/s), sont indignes avec une carte SD capable de faire 10 fois mieux, ils sont honorables avec un SSD relié en USB 3.0 : 90 Mo/s en lecture, 60 Mo/s en écriture.

 

Enfin, SRM propose quelques applications supplémentaires dans un « Centre de paquets ». On y trouve un serveur multimédia (DLNA), permettant de diffuser de la vidéo, de la musique ou de la photo vers des appareils compatibles. On y trouve également un paquet « VPN Plus Server », permettant de se connecter à distance à son réseau local, via un navigateur internet (fonction WebVPN maison), ou via les protocoles OpenVPN ou L2TP/IPSec (mais pas via le jeune et génial WireGuard). On y trouve enfin un paquet « Download Station », un client BitTorrent, qui ne télécharge qu’à 4 à 8 Mo/s un torrent téléchargé à 30 Mo/s avec la même application par un véritable NAS Synology.

Par rapport à un NAS Synology en vogue comme le DS218+, équipé d’un processeur x86 Intel Celeron J3355 et de 2 Go de mémoire vive, les routeurs Synology sont nettement moins performants. Le RT2600ac repose en effet sur un SoC Qualcomm IPQ8065 à quatre cœurs ARM, dont deux cœurs Qualcomm Krait 300, ceux du Snapdragon 600 de 2013, cadencés à 1,7 GHz, et embarque 512 Mo de mémoire vive DDR3L. Le MR2200ac se contente quant à lui d’un Qualcomm IPQ4019 à quatre cœurs ARM Cortex-A7, datant eux aussi de 2013, cadencés à 717 MHz, et de 256 Mo de mémoire DDR3L.

Ceci explique que l’interface d’administration mette parfois plusieurs secondes à valider une action, et que le catalogue d’applications soit si restreint… Mais il faut bien que Synology vende des NAS !

Prix et disponibilité

On peut retrouver le Synology MR2200ac à moins de 150 euros sur Amazon et le Synology RT2600ac à moins de 250 euros sur Cdiscount.

A titre de comparaison, le Google Wifi s’affiche à moins de 115 euros sur Amazon et le Netgear Orbi est disponible à moins de 120 euros toujours sur Amazon.


Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

Note finale du test
9 /10
Les Synology RT2600ac et MR2200ac sont d'excellents routeurs Wi-Fi, performants et surtout polyvalents.

Le RT2600ac réjouira les technophiles, auxquels il offrira d'excellents débits Wi-Fi, pouvant égaler dans des conditions optimales ceux d'une liaison Gigabit Ethernet. Sauf si on le possédait déjà, on déconseille d'ailleurs de l'associer à un ou plusieurs MR2200ac : on réduirait ses performances, pas son encombrement !

On conseille le MR2200ac à ceux qui ont besoin de plusieurs points d'accès pour couvrir correctement de grandes surfaces. Et aux débutants, car leur mode de fonctionnement point d'accès les rendent en fait plus pratiques que des Google Wifi.

Le principal regret est que leurs SoC soient si anciens et si lents, ce qui limite excessivement leurs capacités en tant qu'alternatives à un véritable NAS.

Points positifs
Synology RT2600ac et MR2200ac

  • Performances réseau

  • Expérience utilisateur

  • Fonctionnalités

  • Qualité de fabrication

Points négatifs
Synology RT2600ac et MR2200ac

  • Choix de SoC mesquin

  • Performances du lecteur SD du RT2600ac

  • Encombrement du RT2600ac