Pourquoi Windows XP est la version de l’OS la plus importante de l’histoire de Microsoft

 
Les 40 ans de Windows sont une occasion de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, s’adonner à un exercice un brin nostalgique pour se remémorer ses meilleurs (et pires) souvenirs sur Windows.
Crédit : Microsoft

Si j’ai découvert le monde du PC avec Windows 95 et le premier ordinateur familial, je me suis procuré ma première machine personnelle il y a plus de 20 ans. Pendant cette période, Windows XP était l’OS. Il apportait à l’époque des éléments fondateurs pour les prochaines versions.

Alors que Windows vit actuellement la plus grosse mutation de son histoire, on s’intéresse ici à l’histoire de Windows XP et pourquoi cette version deviendra la base de l’OS pour les 25 années qui suivront.

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La révolution visuelle de Windows XP

L’arrivée de Windows XP est un choc visuel pour les utilisateurs. Finies les barres des tâches grisâtres et les fenêtres anguleuses. Bienvenue à l’interface Luna avec sa barre bleue et son bouton Démarrer vert.

Les couleurs criardes, les ombres portées sous les icônes, le skeuomorphisme assumé dans l’air du temps et surtout le fond d’écran Bliss ont fait la légende de Windows XP. C’est une rupture radicale avec l’ère DOS de Windows qui se répercutera encore pendant bien des mises à jour.

C’est aussi Windows XP qui améliore l’affichage des polices grâce à la fonctionnalité ClearType, qui perdure encore aujourd’hui. Elle visait notamment à adapter le rendu des textes aux dalles LCD qui commençaient à se démocratiser au début des années 2000.

Source : ProOrdi Formation

Le nouveau menu Démarrer est l’un des plus appréciés de l’histoire de Windows, pour sa simplicité. Il intègre un système à deux colonnes, avec les programmes les plus fréquents à gauche et les dossiers système à droite (Mes Documents, Panneau de configuration, etc.).

L’OS de l’informatique personnelle

Si Windows XP a apporté autant de choses à Windows, c’est qu’il est arrivé à une époque où le PC commence à se démocratiser dans les foyers. La bureautique est déjà bien ancrée dans l’esprit des utilisateurs, mais Windows XP accélère dans de nombreux domaines, comme le jeu vidéo et le multimédia.

Surtout, les normes sans-fil en sont à leurs débuts : Windows XP intégrait un support basique du fameux Wi-Fi 802.11b avec l’arrivée du protocole de sécurité WPA pour chiffrer les réseaux avec le Service Pack 3. Le Bluetooth a lui aussi fait son arrivée avec le Service Pack 2 en 2004 et a introduit la fameuse icône officielle dans la barre des tâches.

Windows XP inaugure beaucoup de nouvelles normes et technologies sur PC, ce qui explique son énorme succès auprès des utilisateurs à l’époque.

Windows NT, un nouveau noyau fondateur

Alors que Windows 95 et 98 ont posé les bases d’un système d’exploitation avec une interface utilisateur, Windows XP a posé les jalons de ce que deviendra l’OS par la suite. Il s’agit de la version de la maturité.

Pour vous montrer l’étape qu’a marquée Windows, il faut voir Windows 95, 98 et Me comme des « coquilles » très sophistiquées posées sur MS-DOS, l’OS de Microsoft en ligne de commande. Windows 2000, réservé aux professionnels, a introduit le nouveau noyau NT qui sera le cœur de Windows XP. Et les améliorations sont nombreuses :

La « mémoire protégée »

C’est la différence la plus critique pour les utilisateurs dans leur travail quotidien, avec une couche de protection non négligeable contre les plantages système.

  • Sous Windows 95/98 (Héritage DOS) : sur ces versions, si un programme écrivait par erreur sur les secteurs d’un autre, alors tout le système s’écroulait. C’était le fameux Écran Bleu de la Mort (BSOD) immédiat.
  • Sous Windows XP (Noyau NT) chaque programme tourne dans une « bulle » isolée et étanche. Si Word plante, il ne casse que sa propre bulle. Le reste de Windows continue de tourner tranquillement sans afficher de BSOD. L’utilisateur aura juste à fermer le programme dysfonctionnel pour continuer à travailler.

Le HAL (Hardware Abstraction Layer)

Sous Windows 95 et 98, les programmes « communiquaient » directement avec le matériel (carte son, carte graphique) pour aller plus vite. Mais lorsque deux programmes essayaient de « parler » en même temps à l’un de vos composants, cela provoquait un conflit et donc, un plantage.

Le noyau NT a introduit le HAL (pour Hardware Abstraction Layer), une sorte de chef d’orchestre qui se place entre vos programmes et le matériel. Un programme passe ainsi une commande au HAL, qui la transmet ensuite au matériel via son pilote. Ce fonctionnement a mis fin à l’immense majorité des conflits matériels.

Le système de fichiers : NTFS vs FAT32

Windows 95 et 98 utilisaient le système FAT32, hérité de DOS. Windows XP a démocratisé le NTFS (New Technology File System). Ce système de fichiers, encore utilisé dans Windows 11, avait plusieurs avantages pour un disque système :

  • Pas de limite pratique de stockage (pour l’époque), alors que le FAT32 est limité à des fichiers de 4 Go.
  • Le système est journalisé, c’est-à-dire qu’il note tout ce qu’il fait avant chaque action sur votre disque. Cela permet d’accéder à un diagnostic précis lors d’un plantage.
  • Le NTFS a apporté le système de permissions sur les fichiers et dossiers, pour permettre à tel ou tel utilisateur de les ouvrir ou de les modifier. C’est devenu la base de la sécurité moderne.

Le vrai multitâche

Même si Windows 98 faisait du multitâche, il était souvent « coopératif ». Cela signifiait qu’un programme devait indiquer au système qu’il avait terminé ses calculs avant de laisser la place aux autres.

Mais dans bien des cas, des programmes mal développés refusaient de « rendre la main » et gelaient par là même tout le PC, y compris le curseur de la souris.

Le noyau NT est ainsi devenu le maître du multitâche : il donne la main à un programme, puis la reprend de force quelques millisecondes plus tard pour la donner à un autre. Aucun programme ne peut geler le système entier, car le noyau garde toujours le contrôle final.

Les autres fonctionnalités système incontournables d’XP

Windows XP a apporté de nombreuses autres fonctionnalités qui sont désormais légion sur les PC Windows. Introduites avec cette version de l’OS, elles ont évolué au fil des mises à jour jusqu’à aujourd’hui.

En vrac, on voit pour la première fois sur Windows :

  • Restauration du Système : la capacité de créer des « points de restauration » pour revenir à un état antérieur en cas de problème ou de mauvaise installation de pilote par exemple.
  • Prefetcher : une fonctionnalité qui accélérait le démarrage de Windows et le lancement des applications en anticipant les fichiers nécessaires. Nos SSD modernes n’en ont plus besoin, mais cette fonctionnalité accélérait grandement le lancement des applications.
  • Changement rapide d’utilisateur : il était désormais permis à plusieurs personnes d’ouvrir des sessions sur le même PC sans avoir à fermer les applications de l’utilisateur précédent.
  • Centre de sécurité et pare-feu :le tableau de bord centralisé de la sécurité sur Windows, encore présent aujourd’hui. Le pare-feu a connu une seconde jeunesse lors de la sortie du Service Pack 2 en 2004 ; il est désormais activé par défaut.
  • Configuration des programmes par défaut : suite aux procès antitrust, Microsoft a permis aux utilisateurs de choisir plus facilement leurs programmes par défaut (navigateur, lecteur média) au lieu de ceux de Microsoft.
  • Support des processeurs multicœurs : c’est pendant la vie de Windows XP que sont arrivés les premiers processeurs multicœurs et hyperthreading. Leur support était conditionné à l’installation du Service Pack 2 de Windows XP en 2005.

Toutes ces fonctionnalités, ou presque, sont désormais partie intégrante de Windows et ont marqué la transition vers l’informatique personnelle moderne.

Mon OS de cœur, encore en 2025

Pour revenir à mon expérience personnelle, c’est avec Windows XP que j’ai développé tout mon attrait pour les FPS sur PC. Ayant commencé Counter Strike et Quake III Arena sur Windows 98, Windows XP est ensuite devenu mon allié de choix en tant que joueur.

Ayant refusé la transition vers Windows Vista, j’ai finalement abandonné mon OS de cœur avec Windows 7, jugé comme le véritable remplaçant de Windows XP en 2009.

J’ai donc passé près d’une dizaine d’années sur cette version de Windows, sur laquelle j’ai acquis de nombreuses compétences techniques qui me servent aujourd’hui, aussi bien logicielles que matérielles.

C’est sur cette version que j’ai découvert MSN, IRC, ICQ et bien d’autres outils de messagerie sur lesquels je passerai ensuite des nuits entières. C’est aussi sur Windows XP que je commencerai ma carrière de rédacteur web, à laquelle je suis revenu récemment, en intégrant Frandroid.

Windows est désormais devenu une usine à gaz au contrôle qualité tout relatif. Fini le minimalisme des débuts, le code de Windows 11 est désormais un monstre de Frankenstein alors que Microsoft s’apprête à faire de son OS une vitrine de ses fonctionnalités IA.

Alors que Windows fête ses 40 ans, c’est avec un sentiment doux-amer que je regarde en arrière, vers la version avec laquelle tout s’est concrétisé pour moi et des millions d’utilisateurs.

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