S’il y a une chose que le web moderne, la multiplication des plateformes et les outils de socialisation numérique ont permise, c’est la facilité à se faire connaître et reconnaître pour ses talents. Humoriste, chanteur, acteur, spécialiste du DIY ou expert en tous genres : si vous avez une corde talentueuse à votre arc, Internet permet de la mettre en valeur. Et dans le meilleur des cas, vous pouvez même la monnayer.
Il y a certes YouTube ou encore Instagram et TikTok qui permettent à des « créateurs » d’être rémunérés en fonction du nombre de vues, des partenariats avec les plateformes ou des sponsors, voire de la publicité. Le service de courtes vidéos musicales initialement a longtemps refusé de payer les « stars » de sa plateforme, mais a fini par créer un fonds de 200 millions de dollars pour les épauler et les faire surtout rester.
Et il y a un autre moyen de financer son savoir-faire de manière plus gratifiante : les dons individuels. Après Twitch ou encore Clubhouse, Twitter a également trouvé le moyen de faire rester ses utilisateurs les plus assidus et initiateurs de conversations en les rémunérant : Tip Jar ou le pot à pourboires des followers.
Des stars rémunérées par leurs fans plus que par les plateformes qu’ils valorisent
Twitch a été le véritable instigateur de ce mode de rémunération pour un streamer en invitant (incitant ?) les spectateurs à reconnaître le talent de la personne qu’ils suivent et en contribuant de quelques euros pour cela. Cela passe de manière indirecte en achetant et reversant des bits, une monnaie virtuelle qui s’échange contre de vrais euros et fonctionne comme des pourboires.
Cela peut également prendre la forme de subs, des abonnements mensuels (environ 5 dollars, et jusqu’à 25 dollars pour l’année) à une chaîne en échange de fonctionnalités spécifiques réservées aux donateurs, et aussi d’une petite mention sur la chaîne en direct en guise de remerciement (et de flatterie pour l’ego de celui qui a donné et se retrouve ainsi à profiter d’une petite visibilité temporaire auprès de son idole). Les plateformes en ponctionnent une partie, mais la majeure repartie revient aux streamers (50% et même 70% pour ceux qui ont plus de 10 000 abonnés).
Sur des sites de conseils aux streamers, on trouve même des suggestions de Hall of dons pour remercier les contributeurs les plus généreux et motiver « d’autres personnes en manque de visibilité à se manifester » pour faire un don, une façon de pousser les donateurs dans « une compétition » pour multiplier les gains… Une attitude un peu mercantile, mais qui reflète une réalité : aujourd’hui, la jeune génération n’hésite pas à sortir quelques euros pour saluer le travail des streamers, Youtubeurs, influenceurs et autres qui leur font passer un bon moment sur internet. Ca ne pose pas de problème de « payer pour ce qu’on regarde et apprécie », résument les donateurs. Ninja, la star de Twitch, qui partit un temps chez feu Mixer pour un très gros chèque avant de revenir, reconnaissait ainsi gagner plus de 500 000 dollars par mois.
Clubhouse, Twitch : le coeur sur le portefeuille des utilisateurs
La communauté se retrouve ainsi au cœur du système. Ses utilisateurs sont à la fois spectateurs, admirateurs, fidèles et contributeurs autant moraux que financiers. En comptant sur leur générosité, les plateformes qui adoptent ce fonctionnement se délestent de la nécessité aussi de sortir le chéquier pour garder les talents les plus actifs et les plus suivis. Cela se joue alors à la commission prise.
Clubhouse, la nouvelle application de réseautage audio tendance réunion entre happy few, a trouvé la solution. Elle s’est alliée à Stripe pour monter un système de paiement (Clubhouse Payments) qui permet aux utilisateurs de verser quelques euros aux créateurs qui le méritent selon eux. La somme est intégralement reversée aux créateurs, avec une petite ponction pour frais de service faite par Stripe, Clubhouse affirme ne rien percevoir et veut privilégier la monétisation directe pour éviter la publicité. Mais au final, pour faire tourner le service, ce sont les utilisateurs-spectateurs qui ouvrent le porte-monnaie.
C’est une nouvelle façon de faire du mécénat, dans la foulée de ce que fut initialement le positionnement du crowdfunding qui permettait à tout un chacun de se muer en business angel d’un nouveau genre ou bienfaiteur sans avoir besoin de sortir des millions pour soutenir un projet. Il existe une génération qui a grandi avec Internet et qui est sans doute plus prompte à payer pour ce qu’elle voit alors que ses aînés, biberonnés à la télévision qui s’anime sous leurs yeux, n’ont pas évolué avec cet automatisme (la redevance était là pour cela d’une certaine manière).
Vous voulez gagner votre vie sur Twitter ? Passez à Tip Jar
Le dernier acteur de la tech à emboîter le pas du financement de talent est assez inattendu. Twitter a dévoilé en fin de semaine Tip Jar, un dispositif qui permet d’envoyer de l’argent à un utilisateur pour le récompenser. De quoi ? Sur Twitter, c’est un peu particulier à définir. Ici, pas ou peu de comptes qui inondent les timelines de leur créativité visuelle ou d’un talent quelconque. Eventuellement, certains brillent par leur humour ou leur finesse d’esprit. D’autres misent sur leur partage de connaissances ou leurs analyses pertinentes.
Alors dans un premier temps, Twitter a décidé de débloquer la fonction pour un petit nombre de comptes utilisateurs (experts, ONG, journalistes) avant de l’élargir par la suite à des influenceurs et aux « voix qui créent la conversation », explique-t-on du côté du petit oiseau bleu.
Nous faisons partie des rares comptes français qui ont pu tester la fonctionnalité. L’occasion de comprendre comment fonctionne ce nouveau système.
Tip Jar, qu’est-ce que c’est ?
Tip Jar est un nouveau moyen d’envoyer et de recevoir des dons pour les comptes autorisés. Pour savoir si vous y avez le droit, il suffit de voir si une icône en forme de billet apparaît à côté de votre nom sur l’application. Sur la version desktop, vous ne pouvez pas faire de don et rien n’est signalé. Tout passe donc par votre smartphone ou tablette, avec les applications de paiement déjà installées si possible.
Comment fonctionne Tip Jar ?
- Vous êtes le titulaire du compte
Si vous êtes l’heureux bénéficiaire de la fonction, il vous suffit de l’activer en allant dans Pot à Pourboires et en autorisant les dons. Vous choisissez ensuite les services et plateformes de paiement que vous souhaitez parmi la liste fournie (PayPal, Venmo, Cash App, Patron, Bandcamp). Pour le moment, la fonction est uniquement disponible en anglais.
PayPal et Patreon sont les services majoritairement utilisés en France. Pour l’un comme pour l’autre –et même tous de manière générale–, pensez à bien vérifier ce qui apparaîtra pour vos donateurs comme votre profil « public ». Il n’est pas là question de faire des transferts d’argent ou des remboursements entre amis. De parfaits inconnus peuvent prendre connaissance de votre véritable nom, d’une adresse email associée à votre compte de paiement, voire à votre adresse si vous l’avez renseignée. N’hésitez pas à prendre le temps de paramétrer votre compte PayPal ou autre pour vous assurer que rien de compromettant ne se retrouve à la vue du plus grand nombre.
- Vous voulez faire un don
En cliquant sur l’icône du compte, vous pouvez choisir le service de paiement qui vous convient dans la liste décidée par le titulaire du compte. Vous êtes ensuite orientés vers l’application partenaire. « Vous pouvez ainsi montrer votre soutien en versant le montant de votre choix », souligne Twitter qui précise bien qu’aucune commission n’est perçu par la firme californienne.
Il faut bien reconnaître que la manipulation, pour créer son compte ou faire un don, est extrêmement simplifiée et rapide. Cela incitera bien davantage au don « coup de coeur » ou « impulsif ». Il suffit de cliquer et, en quasiment trois clics, l’affaire est pliée. Reste à savoir à qui donner et pourquoi. Et c’est peut-être là la principale interrogation.
Si les Twittos les plus influents ne seront pas un choix évident, car on ne sait trop quoi valoriser avec ce don, Twitter offre là aux ONG et autres associations un outil fabuleux pour permettre des dons beaucoup plus simples. Le tout sans prendre de commissions au passage, ce qui est à saluer de la part de la firme de Jack Dorsey qui ne paraît pas chercher une source financière.
Nous concernant, et après une petite journée avec la fonction ouverte, nous n’avons récolté qu’un tout petit euro (merci Bastien !). Il va falloir trouver une recette plus convaincante ou se montrer plus investi sur Twitter pour espérer y faire fortune…
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