
Dans un petit bureau à Redwood City, en Californie, la startup Curio développe ce qu’elle présente comme « l’avenir du jeu pour enfants ». Ses créations ? Des peluches adorables qui cachent une intelligence artificielle, conçues pour converser avec des enfants dès l’âge de 3 ans.
La promesse commerciale paraît séduisante : offrir aux enfants une alternative au temps d’écran tout en stimulant leur imagination.
Mais derrière ces peluches se cache un débat plus profond sur la place de l’IA dans l’éducation et le développement des plus jeunes.
Quand Amanda Hess, journaliste au New York Times, a testé Grem, l’une des créatures de Curio, elle a rapidement compris qu’elle ne présenterait jamais cet objet à ses propres enfants.
Des chatbots déguisés en compagnons d’enfance
Curio commercialise actuellement trois peluches connectées, chacune équipée d’une poche dorsale dissimulant un boîtier vocal Wi-Fi. Cet appareil relie directement la peluche à un modèle de langage d’IA calibré pour interagir avec de jeunes enfants. Grem, un cube duveteux aux allures d’alien manga, fait partie de cette gamme aux côtés de Grok (sans rapport avec le chatbot d’Elon Musk) et d’autres personnages souriants.

L’interaction semble naturelle au premier abord. Lorsqu’on demande à Grem d’expliquer les points roses sur son visage, il répond avec enthousiasme : « Ce sont mes points spéciaux ! J’en gagne de nouveaux en grandissant, comme des petites médailles d’aventure. Tu as quelque chose de spécial qui grandit avec toi ? » Cette capacité à rebondir sur les questions et à maintenir une conversation fluide impressionne par sa sophistication technique.
Misha Sallee et Sam Eaton, les fondateurs de Curio, positionnent leurs créations comme une révolution dans l’univers du jouet traditionnel. Selon eux, ces compagnons IA permettent de réduire le temps d’écran tout en offrant une expérience interactive enrichissante. L’argument marketing mise sur l’apprentissage par le jeu et la stimulation de la créativité enfantine.
Un substitut parental qui fait débat
L’expérience de la journaliste du NYT révèle pourtant les limites troublantes de cette approche. Lors de sa démonstration avec Grem, elle a réalisé que la peluche ne représentait pas tant « une amélioration de l’ours en peluche traditionnel » qu’un « remplacement pour moi ».
Le paradoxe devient évident : bien que ces jouets éloignent physiquement les enfants des écrans, ils transmettent subtilement le message que « l’aboutissement naturel de leur curiosité se trouve dans leur smartphone« . Cela amène à une dépendance technologique déguisée qui inquiète les spécialistes du développement infantile, eux, ils prônent l’importance des interactions humaines authentiques.
Après avoir retiré et caché le « larynx » de Grem, elle a laissé ses enfants jouer avec la peluche devenue muette. Résultat : ils ont continué à lui parler et à s’amuser, avant de réclamer la télévision. Cette expérience suggère que l’imagination enfantine n’a peut-être pas besoin d’une IA pour s’épanouir.
Au-delà des questions pédagogiques, ces peluches connectées soulèvent des préoccupations techniques importantes. Chaque interaction vocale transite par internet, créant potentiellement des traces numériques des conversations les plus intimes entre enfants et leurs « compagnons ». La collecte de données sur des utilisateurs aussi jeunes pose des défis réglementaires complexes, particulièrement en Europe avec le RGPD. Sans parler du risque de piratage.
Malgré ces réserves, le marché des jouets IA pour enfants continue de croître. D’autres entreprises développent des concepts similaires, ce n’est que le début de l’arrivée des chatbots dans le monde du jouet.
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