On a trouvé et testé l’anti-ChatGPT : Euria est suisse, gratuit et chauffe des appartements

 
Vous en avez marre que vos conversations avec les chatbots servent à entraîner les futurs modèles de la Silicon Valley ? Regardez du côté de la Suisse. Infomaniak lance Euria, une IA générative gratuite qui joue la carte de la confidentialité absolue. Pas de profilage, pas d’entraînement sur vos datas, et une infrastructure 100 % renouvelable.

Alors que OpenAI et Google se battent à coup de milliards de dollars et de gigawatts, plusieurs autres solutions existent. Il y a Mistral avec Le Chat évidemment, Proton a également son chatbot, et désormais Infomaniak débarque avec une approche radicalement différente.

L’hébergeur suisse lance Euria, un assistant IA grand public disponible sur mobile et web. Ce n’est pas juste un « wrapper » de plus.

Euria se positionne comme une IA souveraine. Concrètement ? Elle est hébergée intégralement en Suisse, ne partage rien avec des tiers et, surtout, ne s’entraîne pas sur vos données. Mais le plus impressionnant est ailleurs : l’infrastructure qui propulse cette IA est conçue pour réinjecter sa chaleur dans le réseau urbain de Genève. C’est simple : utiliser Euria, c’est littéralement chauffer le salon de quelqu’un

Ce que Euria a dans le ventre

Techniquement, comment ça marche ? Infomaniak ne développe pas son propre LLM (Large Language Model) de zéro, ce qui coûterait des centaines de millions. L’entreprise fait le choix open-source de l’orchestration. Euria s’appuie sur des modèles Open Source de pointe, comme Mixtral 8x7B de Mistral AI, qu’elle héberge sur ses propres serveurs.

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Euria utilise en réalité un bouquet de modèles selon la tâche, incluant Mistral (Mixtral 8x7B et 8x22B), mais aussi Llama 3 (Meta) et Whisper (OpenAI) pour la transcription.

En clair : vous avez la puissance d’un GPT-3.5/4 sans les compromis de confidentialité. L’IA permet de :

  • Générer du texte et du code
  • Analyser des documents (PDF, Excel, Word)
  • Transcrire des fichiers audio (adieu les mémos vocaux interminables)
  • Interpréter des images
  • Naviguer sur le Web pour des infos fraîches

Le système est intelligent : si votre requête ne nécessite pas une recherche Web énergivore, Euria répond instantanément avec ses connaissances internes.

Comparé à la version gratuite de ChatGPT, Euria est plus généreuse, sans création de compte obligatoire pour les fonctions de base.

Le datacenter qui chauffe votre douche

C’est là que ça devient techniquement fascinant. Euria tourne dans le nouveau datacenter D4 d’Infomaniak à Genève. Ici, pas de gaspillage.

Le système fonctionne en trois boucles fermées. L’air chaud des serveurs (45°C) est capté par un échangeur air-eau. Cette eau est ensuite portée à 67°C (voire 82°C en hiver) via des pompes à chaleur industrielles, avant d’être injectée directement dans le réseau de chauffage à distance de Genève (SIG).

Le bilan ?

  • 14 GWh d’énergie valorisée par an à pleine charge.
  • L’équivalent de la consommation de 6 000 logements.
  • 3 600 tonnes de CO2 économisées par an (en remplaçant du gaz).

Infomaniak ne fait pas de « greenwashing ». Ils transforment littéralement le calcul informatique en radiateur géant. C’est un modèle d’efficience énergétique (PUE de 1.11) que l’industrie entière devrait copier.

Confidentialité

Le problème avec ChatGPT ou Gemini, c’est l’opacité. Vos données servent-elles à entraîner GPT-5 ? Probablement. Avec Euria, la règle est stricte : aucune donnée ne sert à l’entraînement.

Pour les secteurs sensibles (santé, droit, finance), c’est un argument massue. Les échanges sont chiffrés, stockés exclusivement en Suisse (RGPD et LPD compliant). Il y a même un mode éphémère où rien n’est conservé. Pour avoir testé des solutions « souveraines » par le passé qui étaient des coquilles vides, ici l’infrastructure suit la promesse marketing.

C’est pour qui ? On a testé !

Si vous cherchez l’IA la complète, GPT-4.5 ou Gemini 3 Pro gardent une longueur d’avance. Les modèles Open Source comme Mixtral sont bons, factuels, directs, mais ils manquent parfois de contexte pour avoir une réponse complète et juste.

Ne rangez pas encore votre esprit critique. Nous avons mis Euria à l’épreuve sur un sujet que je maîtrise sur le bout des doigts : Frandroid. Le résultat ? Une hallucination spectaculaire. L’IA m’a soutenu avec un aplomb déconcertant, et même après lui avoir demandé de vérifier, que Frandroid appartient au groupe Webedia.

C’est factuellement faux. Pire, elle présente cette énormité sous une rubrique « Détails vérifiés » avec des coches vertes rassurantes, citant même une date de rachat imaginaire en 2013.

C’est le danger classique de ces modèles : la forme est si confiante qu’on a envie d’y croire. La leçon est simple : Euria est un outil, mais comme ses concurrents américains, elle peut raconter n’importe quoi avec une autorité d’expert. Ne lui faites pas une confiance aveugle, vérifiez toujours vos sources.

Pour 95 % des usages quotidiens (résumer un PDF, rédiger un mail, chercher une info, traduire), Euria fait le job, et le fait bien. Pour des réponses précises et des recherches, méfiez-vous.

L’intégration à l’écosystème kSuite (Drive, Mail) en fait un outil de productivité redoutable pour les pros. Et le prix ? Gratuit pour le grand public, ou inclus dans les offres kSuite (dès 19 €/an).

Ici, Infomaniak prouve qu’on peut faire de la tech de pointe sans vendre son âme à la Silicon Valley ni détruire le climat. C’est une alternative crédible et éthique, à vérifier désormais si elle est vraiment performante. Et ça, c’est à nous de le faire.

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