Intégration de Google dans Siri : l’ère de la détente avec Apple ?

 

Après avoir privilégié Bing pour les résultats de recherche de Siri, Apple investit Google comme prestataire par défaut de son assistant vocal. Une détente après une relation parfois tumultueuse entre les deux géants.

Google indissociable du premier iPhone

Google et Apple, c’est une longue histoire que l’on fera débuter, pour les besoins de cette chronique, au lancement du premier iPhone. Google est alors un partenaire privilégié d’Apple et Eric Schmidt, présent sur scène lors de la révélation de Macworld 2007, siège à son conseil d’administration. Les services de Google sont omniprésents sur l’écran, alors unique, du premier iPhone. L’application Plans utilise les données de Google Maps, Google est naturellement le moteur de recherche par défaut de Safari, et une appli YouTube, développée par Apple, fait partie des quelques apps standard, que l’on ne peut pas encore compléter avec l’App Store.

2012 : Apple prend ses distances

Évidemment, les relations vont vite s’envenimer avec l’arrivée d’Android. On ne va pas refaire l’histoire de la « guerre thermonucléaire » chère à Steve Jobs, simplement rappeler que le torchon brûle et qu’en 2012, Apple se met à afficher ouvertement sa volonté de se débarrasser, autant que faire se peut, de sa dépendance aux services Google. L’app YouTube made in Apple est supprimée d’iOS 6, et Plans se passe des données de Google Maps, remplacé par un mélange encore très mal maîtrisé de sources diverses (TomTom, Open Street Maps…). Le changement est accueilli de manière catastrophique, le nouveau Plans et ses erreurs monumentales sont la risée du web, et Tim Cook se fend même d’une lettre ouverte d’excuses.

C’est mal parti, mais ça n’empêche pas Apple de persévérer dans cette voie avec Siri en guise de cheval de Troie. Parallèlement à des efforts notables pour améliorer la fiabilité de Plans, Apple donne de plus en plus de pouvoir à son assistant vocal, et paraît mettre un point d’honneur à court-circuiter Google : les résultats de recherche utilisent Bing, le moteur de Microsoft, et Apple développe des partenariats directs avec des fournisseurs de données pertinents dans les principaux domaines susceptibles d’intéresser les utilisateurs.


Qu’est ce qu’on cherche sur le web ? Entre autres : les résultats de son équipe préférée, un film à aller voir au cinéma, un restaurant à réserver… Fandango (achat de tickets de cinéma), OpenTable (réservation de restaurant), Yelp ou Wolfram sont mis à profit pour répondre directement aux requêtes des utilisateurs sans passer par la case Google.

Apple et Google : des besoins mutuels

Cette politique a donc partiellement pris fin à l’occasion de la sortie de iOS 11 et macOS High Sierra : les résultats web et vidéo des requêtes de Siri sur iPhone et iPad, ou Spotlight sur macOS sont désormais fournis par Google. Selon TechCrunch, Apple a déclaré, dans un communiqué, avoir « d’excellentes relations avec Google comme avec Microsoft », et avoir pris cette décision dans le but de fournir une expérience plus cohérente pour les utilisateurs. Microsoft n’est toutefois pas complètement écarté : la recherche d’images s’effectue toujours depuis Bing !

Si le souci de cohérence est une raison valable, on peut aussi y voir la conséquence d’une relation indissociable d’une part comme de l’autre. Google ne peut pas se passer de l’iPhone : la firme Bernstein estime à 3 milliards de dollars la somme dont la firme de Mountain View s’acquittera en 2017 pour demeurer moteur de recherche par défaut de Safari. Une facture salée, mais pas tant que ça quand le même cabinet affirme que l’iPhone représente 50 % de ses revenus sur les recherches mobiles.

De l’autre, Apple semble se rendre compte que Google est la source de données que l’on s’attend de voir derrière une recherche web. Un iPhone qui renverrait uniquement des résultats de recherche Bing ou Duck Duck Go, sans remettre en cause la qualité de ces moteurs, serait sans doute mal perçu. D’ailleurs, faut-il encore arriver au cas de la recherche web, les services précités arrivant toujours en premier le cas échéant. Toujours est-il qu’à l’heure où l’entreprise cherche à diversifier ses revenus face à un tassement des ventes d’iPhone, 3 milliards de dollars pour sa division services, ça ne se refuse pas ! Le temps de la guerre thermonucléaire semble bien terminé.


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