
Apple vient d’annoncer son nouveau MacBook Pro M5; « le prochain grand pas en avant en matière d’IA« . Performances en hausse, puce plus rapide, autonomie phénoménale de 24 heures… Sur le papier, tout brille.
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Dans les faits ? Cette mise à jour est légère, avec son lot de compromis et d’absences qui interrogent sérieusement. Pire encore, Apple en profite pour retirer discrètement le chargeur de la boîte en Europe, tout en baissant le prix de 100 € pour faire croire à une bonne affaire.
Toujours pas d’OLED : on patiente jusqu’à quand ?
Commençons par l’éléphant dans la pièce : l’écran. Le MacBook Pro M5 garde exactement le même écran Liquid Retina XDR mini-LED que les générations précédentes. Rien n’a bougé. Même technologie, même dalle, mêmes 1600 nits en HDR, même rapport de contraste. C’est un excellent écran, personne ne dit le contraire. Mais voilà : en 2025, on attend autre chose d’Apple.
L’iPad Pro a basculé sur OLED depuis deux générations maintenant, avec son superbe écran « Ultra Retina XDR » qui offre des noirs parfaits, un contraste infini et une finesse d’affichage impressionnante. Les PC portables haut de gamme de la concurrence (Dell XPS, Lenovo ThinkPad X1, Asus Zenbook) proposent de l’OLED depuis plusieurs années déjà. Même certains Chromebooks premium s’y mettent.

Et Apple ? Apple temporise. Les rumeurs parlent d’un passage à l’OLED pour 2026 ou 2027 avec les futures puces M6, peut-être accompagné d’un redesign complet. Autrement dit : si vous achetez un MacBook Pro M5 aujourd’hui, vous savez déjà que dans 12 à 18 mois maximum, une version nettement supérieure arrivera avec une technologie d’affichage d’une toute autre dimension.
C’est frustrant. C’est même carrément agaçant pour ceux qui hésitent à investir 1800 € (minimum) dans un ordinateur professionnel censé durer plusieurs années. Le mini-LED reste excellent en luminosité pure, mais l’OLED offre une qualité d’image globalement supérieure avec ses noirs absolus, son contraste pixel par pixel, son HDR et sa réactivité. Pour un outil de création visuelle professionnelle, ça compte énormément.
Pourquoi Apple bloque ? Probablement des questions de coûts de production, de fiabilité sur la durée (l’OLED peut souffrir de burn-in), et surtout de stratégie produit. Pourquoi donner l’OLED maintenant alors qu’on peut le garder en argument de vente majeur pour la prochaine vraie refonte du MacBook Pro ? C’est du calcul commercial pur et dur, au détriment des clients qui achètent aujourd’hui.
Pas de M5 Pro ni M5 Max : une gamme bancale
Deuxième problème de taille : Apple ne lance que le MacBook Pro M5 de base, avec la puce M5 standard. Les versions M5 Pro et M5 Max n’existent pas encore. Elles arriveront « plus tard », probablement début 2026 selon les rumeurs habituellement bien informées.
Résultat concret ? En octobre 2025, vous avez le choix entre un MacBook Pro 14 pouces avec puce M5 toute neuve, ou des MacBook Pro 14 et 16 pouces avec puces M4 Pro et M4 Max de la génération précédente. C’est bancal, c’est confus, et ça complique sérieusement les décisions d’achat.

Un créatif professionnel qui a besoin de puissance GPU pour du montage vidéo 8K, du rendu 3D lourd, ou de la simulation complexe doit choisir : soit prendre un M4 Pro/Max maintenant en sachant qu’il sera « obsolète » (techniquement parlant) dans quelques mois, soit attendre potentiellement six mois ou plus pour les M5 Pro/Max qui n’ont même pas de date annoncée.
Pourquoi ce lancement en deux temps ? Apple teste probablement une nouvelle stratégie de mise sur le marché, étalant ses annonces produits sur l’année plutôt que de tout concentrer en octobre-novembre. Ça permet de maintenir l’attention médiatique plus longtemps et de mieux gérer les stocks et la production. Mais pour les clients ? C’est juste chiant.

Pour pas mal d’utilisateurs professionnels, la puce M5 de base ne suffira tout simplement pas. Elle reste limitée à 10 cœurs GPU, ce qui peut vite montrer ses limites dans certains métiers. Ceux qui ont vraiment besoin d’un MacBook Pro performant devront donc soit se rabattre sur du M4 Pro/Max « ancien », soit patienter.
Pas de Wi-Fi 7 : la connectivité oubliée
Troisième couac, et celui-là est particulièrement incompréhensible : le MacBook Pro M5 ne supporte pas le Wi-Fi 7. Il reste bloqué sur Wi-Fi 6E, la même génération que les modèles M4 de l’année dernière.
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Le plus absurde ? L’iPad Pro M5, annoncé le même jour, a lui le droit au Wi-Fi 7. Les iPhone 17 et 17 Pro sortis le mois dernier ont le Wi-Fi 7. Même l’iPhone Air, le modèle « économique » de la gamme, a le Wi-Fi 7. Mais le MacBook Pro, ordinateur professionnel à 1800€ minimum, sensé durer plusieurs années et utilisé dans des environnements exigeants ? Non, pas de Wi-Fi 7 pour vous.
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Mais le Wi-Fi 7, c’est vraiment utile ? me direz-vous. Oui, carrément, surtout dans un contexte professionnel. Le Wi-Fi 7 (802.11be) offre des débits théoriques jusqu’à 46 Gbit/s, soit environ 4,8 fois plus rapide que le Wi-Fi 6E. Plus important encore : il améliore drastiquement la latence et la stabilité de connexion dans des environnements denses avec beaucoup d’appareils connectés.
Mais surtout, c’est une question de pérennité. Acheter un ordinateur professionnel à 1800 euros en 2025 sans Wi-Fi 7, c’est quand même dommage.
Pourquoi Apple a fait ce choix ? Probablement une question de coûts de production et de priorités. Intégrer le Wi-Fi 7 nécessite des composants plus chers et potentiellement plus de place sur la carte mère. Apple a visiblement décidé que ce n’était « pas prioritaire » pour le MacBook Pro, il réserve cette technologie aux appareils mobiles (iPhone, iPad) où la connectivité sans fil est plus critique. C’est un raisonnement qui se défend sur le papier.
Plus de chargeur en Europe : la radinerie qui s’assume
Et maintenant, parlons du petit détail sordide qu’Apple a glissé discrètement dans les specs du MacBook Pro M5 européen : il n’y a plus de bloc secteur dans la boîte. Vous avez juste le câble USB-C vers MagSafe 3, et c’est tout. Si vous voulez un adaptateur secteur, il faudra le payer en supplément.
Concrètement, ça donne quoi ? Deux options :
- L’adaptateur 70W à 65 € qui charge « normalement »
- L’adaptateur 96W à 85 € qui ajoute la charge rapide (50% en 30 minutes)
Attendez, mais le prix a baissé de 100 € par rapport au modèle M4, non ? Oui, de 1899 € à 1799 €. Sauf qu’en retirant le chargeur qui coûtait probablement 20-30 € en coût de production réel (vendu 65-85€ au détail), Apple se fait en fait une meilleure marge qu’avant. Et vous, vous êtes perdants.
Le calcul est simple :
- Avant (M4) : 1899 € avec chargeur inclus
- Maintenant (M5) : 1799€ sans chargeur + 65-85 € de chargeur = 1864-1884 € au total
Apple justifie cette décision par l’écologie. Oui, beaucoup de clients ont déjà des chargeurs USB-C, inutile d’en produire des nouveaux systématiquement. L’argument se défend… jusqu’à un certain point. Oui, si vous upgrader depuis un MacBook M1/M2/M3/M4, vous avez probablement déjà un chargeur compatible. Mais pour un premier achat Mac ? Pour quelqu’un qui vient de PC ? C’est simplement une dépense supplémentaire obligatoire.
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La bonne nouvelle ? Les chargeurs tiers USB-C PD (Power Delivery) de 65-100W fonctionnent parfaitement avec le MacBook Pro et coûtent souvent 20-40 € chez des marques réputées comme Anker, Ugreen ou Baseus. Si vous devez acheter un chargeur, autant prendre un modèle tiers : moins cher, souvent plus compact, parfois avec plusieurs ports USB pour charger d’autres appareils simultanément. Apple facture une prime de marque totalement injustifiée sur ces accessoires.
Mais avouez que ça fait « cheap » pour un ordinateur portable professionnel à quasi 2000€. C’est mesquin, c’est calculateur, et ça donne une mauvaise image. Surtout quand on sait qu’Apple affiche des marges bénéficiaires confortables sur ses Mac (probablement 30-40 % de marge brute).
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L’autonomie stagne à 24 heures (mais c’est déjà excellent)
Nuançons un peu : tous les points précédents sont de vrais problèmes. Celui-ci, beaucoup moins. Apple annonce toujours une autonomie « phénoménale » de 24 heures pour le MacBook Pro M5, exactement comme pour le modèle M4. Pas de progrès, donc. Mais franchement, 24 heures d’autonomie sur un ordinateur portable performant, c’est déjà absolument excellent.
Pour contextualiser : 24 heures selon Apple, c’est en lecture vidéo en streaming, scénario le plus favorable. En usage réel mixte (navigation web, traitement de texte, visio, un peu de montage photo/vidéo), vous tiendrez probablement entre 12 et 18 heures selon l’intensité de vos tâches. Ce qui reste largement suffisant pour une journée de travail complète, voire deux jours légers.
Les PC portables concurrents Windows, même haut de gamme, peinent généralement à dépasser 8-12 heures d’autonomie réelle. Les Dell XPS, Lenovo ThinkPad X1, HP Spectre et autres machines Windows avec processeurs Intel ou AMD offrent rarement plus de 10-12 heures en usage mixte. Apple garde donc un avantage significatif grâce à l’efficacité énergétique de ses puces Apple Silicon.

Pourquoi l’autonomie ne progresse pas ? Parce qu’elle n’a pas vraiment besoin de progresser à ce stade. Apple a atteint un point d’équilibre où la majorité des utilisateurs n’ont jamais besoin de recharger pendant une journée de travail. Pousser vers 30-36 heures nécessiterait soit une batterie beaucoup plus grosse (donc plus lourde, plus chère), soit des compromis sur les performances (processeur moins puissant en mode batterie).
La vraie question est ailleurs : est-ce que les performances restent identiques sur batterie et sur secteur ? Apple affirme que oui, contrairement à beaucoup de PC portables Windows qui brident leurs performances quand ils sont débranchés. Si c’est effectivement le cas (c’est ce que l’on observe généralement), alors cette autonomie de 24 heures avec performances constantes est un vrai atout.
Bref, sur ce point précis, difficile de vraiment reprocher quoi que ce soit à Apple. 24 heures, c’est déjà top. Aurait-on aimé voir 30 heures ? Bien sûr. Mais c’est loin d’être le problème principal de ce MacBook Pro M5.
Les autres compromis qui agacent
Au-delà de ces quatre points majeurs, le MacBook Pro M5 traîne quelques autres petits compromis qui, accumulés, donnent l’impression d’une mise à jour vraiment minimale.
Design inchangé. Exactement le même châssis que les M4, M3, et même M2. Même épaisseur, même poids, mêmes dimensions, mêmes coloris (noir sidéral et argent). Pour un produit censément « nouveau », ça fait quand même très réchauffé. Les MacBook Pro gardent ce design depuis 2021, soit quatre ans maintenant. Un petit rafraîchissement esthétique n’aurait pas fait de mal.
Connectique identique. Trois ports USB-C/Thunderbolt 4 (pas Thunderbolt 5), un HDMI 2.1, un slot SD, un mini-jack 3,5mm, et le MagSafe 3 pour la charge. C’est une bonne sélection de ports, personne ne dit le contraire. Mais pas d’évolution par rapport aux générations précédentes. Pas de Thunderbolt 5 pour des débits encore plus élevés (jusqu’à 80 Gbit/s vs 40 Gbit/s pour le TB4).
Webcam Center Stage de 12 mégapixels. Excellente caméra, pas de débat là-dessus. Le Center Stage (cadrage automatique qui vous suit pendant les visioconférences) est une fonctionnalité vraiment pratique. Mais encore une fois : c’est exactement la même caméra que l’année dernière. Aucune amélioration logicielle ou matérielle annoncée.
Haut-parkeurs à six haut-parleurs. Le système audio des MacBook Pro est réputé excellent, parmi les meilleurs sur ordinateurs portables. Spatial Audio, rendu spatial, basses profondes pour un laptop. Super. Mais toujours pareil que les modèles précédents, aucune évolution mentionnée.
RAM de départ à 16 Go. C’est correct pour 2025, et c’est mieux que les 8 Go ridicules qu’Apple imposait il y a encore quelques années sur ses modèles de base. Mais pour un ordinateur « Pro » à 1800 € qui mise sur l’IA et les gros modèles de langage locaux, 16 Go commencent à être justes. Passer à 24 Go coûte 250 €, passer à 32 Go coûte 500 €. Ces tarifs restent scandaleusement élevés comparés aux coûts réels de la mémoire.
SSD de départ à 512 Go. Pareil, c’est le strict minimum acceptable en 2025 pour un ordinateur pro. Monter à 1 To coûte 250 €, monter à 2 To coûte 750 €, et atteindre le maximum de 4 To vous coûtera 1500 € supplémentaires. Ces prix de SSD sont délirants. Un SSD 2 To NVMe Gen4 de qualité se trouve à 150-200 € dans le commerce. Apple vous le facture 750€. C’est du vol, mais bon, on connaît la chanson avec Apple.
Alors ?
Ce MacBook Pro M5 illustre parfaitement le problème actuel d’Apple avec ses Mac : la firme américaine est en mode pilotage automatique, sortant des mises à jour mineures et prévisibles sans vraie innovation ni prise de risque.
Oui, les puces Apple Silicon restent excellentes et dominent largement la concurrence sur le rapport performances/efficacité énergétique. Oui, l’écosystème macOS + hardware Apple offre une expérience utilisateur généralement fluide et cohérente. Personne ne conteste ces points.
Mais franchement, ce MacBook Pro M5 donne l’impression d’un simple refresh obligatoire pour cocher la case « nouveau produit 2025 » sans vraiment réfléchir à ce que les utilisateurs attendent et méritent. Pas d’OLED, pas de Wi-Fi 7, pas de M5 Pro/Max au lancement, et en prime on retire le chargeur de la boîte tout en prétendant baisser les prix.
Apple sait très bien que ses clients Mac sont captifs d’un écosystème et que la concurrence Windows/Linux ne représente pas une vraie menace pour la majorité d’entre eux. Alors pourquoi se fatiguer à innover vraiment ? On sort une nouvelle puce chaque année avec des gains de performances incrémentaux, on garde le même design pendant 4-5 ans, on se nourrit bien sur les marges en facturant la RAM et le SSD à prix d’or, et voilà.
Le MacBook Pro M5 n’est pas un mauvais ordinateur. C’est même objectivement une excellente machine qui fera parfaitement le job pour la grande majorité des utilisateurs. Mais c’est aussi une mise à jour paresseuse qui aurait mérité bien mieux. Et ça, franchement, ça commence à se voir.
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