Pixel Buds 2a : « Si l’étui de recharge est étonnamment réparable, c’est loin d’être le cas pour les écouteurs »

Dans son démontage complet des Pixel Buds 2a, iFixit déballe un produit schizophrène. En effet, un écrin qui sert à ranger et à recharger les écouteurs qui est pensé pour durer et être entretenu, entourant des écouteurs toujours bloqués dans la logique du tout-collé.

Sans grande surprise, l’équipe conclut à un score provisoire de 4/10 en réparabilité, montrant un vrai progrès côté boîtier, mais d’un statu quo inquiétant sur l’essentiel, à savoir les buds eux‑mêmes.​

Les ingénieurs de la plateforme de réparation décrivent les écouteurs comme un « puzzle collé » qui exige gabarit sur‑mesure, air chaud et manipulation chirurgicale, très loin de toute intervention envisageable par un particulier.

En toile de fond, plus d’un milliard de paires d’écouteurs vendues chaque année, toutes marques confondues et dont la plupart finissent à la poubelle dès que la batterie flanche faute de solution de remplacement simple.

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Des oreillettes conçues… puis sacrifiées par la colle

L’ouverture d’un Pixel Buds 2a commence par un travail de sape le long de la jonction de la coque, totalement scellée à l’adhésif. Même pour des techniciens équipés, l’opération déforme le plastique, marque la surface et laisse les buds dans un état qui ne permet plus un remontage « propre ».​​

Une fois la coque forcée, la scène intérieure est frustrante : un joint périphérique assure l’étanchéité, laissant imaginer qu’une conception pensée pour l’entretien avait été envisagée. Mais la petite batterie bouton de 0,297 Wh, pourtant reliée via deux broches qui pressent sur un PCB flexible – un choix qui crie « remplaçable » – est littéralement cimentée dans son logement, au point d’être détruite lors de l’extraction malgré la chaleur et l’alcool isopropylique.​​

Pour iFixit, pourtant, tout indique un plan initial de batterie échangeable, abandonné en cours de route au profit de la colle, probablement par manque de temps ou de ressources d’ingénierie pour finaliser un vrai design modulaire. Résultat : les buds deviennent des consommables à durée de vie limitée par la batterie, à l’opposé du discours actuel sur la durabilité et la maîtrise des déchets électroniques.​

Un boîtier qui frôle l’exemplarité

À contrario, le changement de ton est total en ce qui concerne le démontage du boîtier de charge, décrit comme un « arc de rédemption » par iFixit. Sous le couvercle, deux simples vis Torx, bien visibles, suffisent à libérer l’ensemble du bloc interne, qui coulisse hors de la coque sans colle ni clips destructeurs.​

L’architecture interne repose sur un joint IPX4 remplaçable pour la résistance aux éclaboussures, à la place des cordons de colle habituellement utilisés pour « sceller » ces produits. Au centre, une batterie de 1,53 Wh se retire par une languette de tirage, sans outil, clairement marquée dans le vert menthe interne que Google réserve désormais aux éléments destinés à être manipulés lors d’une réparation.​​

L’électronique suit la même logique : quelques vis, un connecteur unique à pression et aucun piège de design cherchant à cacher la visserie pour une pseudo pureté esthétique. Sur ce point précis, iFixit va jusqu’à estimer que Google dépasse, par certains aspects, le niveau de modularité déjà très avancé du boîtier des Fairbuds de Fairphone, pourtant gratifiés d’un 10/10 en réparabilité dans cette catégorie.​

Google, bon élève… à moitié seulement

Depuis plusieurs générations de Pixel, Google cultive l’image d’un constructeur favorable au droit à la réparation, avec des manuels officiels, des partenariats de pièces détachées et des produits mobiles mieux notés en réparabilité que la moyenne du marché. Les Pixel Buds 2a suivent donc partiellement dans cette trajectoire : guides de remplacement de batterie disponibles pour le boîtier, architecture interne lisible et absence de colle dans cette partie du produit.​

Mais le fait de réserver ce traitement exemplaire au seul boîtier laisse un message ambigu, d’autant que la documentation officielle s’arrête justement à cette batterie externe et n’aborde jamais celle des oreillettes. L’impression dominante chez iFixit est celle d’un produit arrêté « en cours de route », avec un design qui anticipe la réparabilité des buds (batterie à broches, joint périphérique), mais un arbitrage final qui les fige dans une logique malheureusement jetable.​​

Un révélateur des contradictions du marché TWS mais aussi des casques

Cette faible, pour ne pas dire irréparabilité des Pixel Buds 2a met en lumière une contradiction plus large qui traverse l’ensemble des écouteurs true wireless.
Quelques références militantes, comme les Fairbuds, prouvent qu’une approche modulaire et totalement réparable est déjà possible, mais la majorité des acteurs continuent de coller leurs produits pour des raisons de coût, de compacité et de certification d’étanchéité.​ C’est le même constat pour les casques audio. Toutefois, certaines marques nous ont confié travailler sur le sujet car prochainement la Commission européenne va les obliger à proposer des dispositifs où il sera facile de changer, au moins la batterie.