Avoir le droit de visiter le studio de design d’un constructeur n’est pas donné à tout le monde. Mais au lieu de voir des concepts-cars, maquettes d’argile de futurs modèles ou murs de dessins, chez Hyundai Europe près de Francfort, nous avons eu droit à une visite réelle d’un monde… virtuel. Une sorte de metaverse en mode design, alors qu’il prend une nouvelle dimension chez le constructeur coréen.
« Le design est depuis quelques années le critère d’achat numéro un chez Hyundai », explique Thomas Bürkle, designer en charge du studio européen. Cet ex-BMW est depuis 2005 ici, à la tête d’un studio passé de 10 à désormais 70 personnes, signant des modèles de série comme les i10, i30, Tucson, Santa Fe, les modèles sportifs avec le label N, ainsi qu’une dizaine de showcars.
Grand fan de la Citroën SM, l’Allemand est loin d’être digital native mais il apprécie les possibilités offertes par nouvelles technologies qu’il nous co-présente avec Simon Loasby (vice-président à la tête de Hyundai Styling), pourtant à 10 000 km de l’Allemagne, en Corée.
Une proximité malgré la distance utilisée dans leur travail quotidien, comme pour discuter littéralement côte à côte des détails d’un pare-chocs ou d’une planche de bord. « Les designers trichent beaucoup, » s’amuse T. Bürkle. Et c’est justement pour coller aux réalités industrielles que les modèles de développement doivent être d’une précision extrême, sans oublier pourtant d’être les plus beaux possibles.
Jusqu’à il y a peu, les techniques des studios de design passaient par les étapes des sketchs classiques à la main, puis des maquettes de petite taille pour visualiser en trois dimensions les différents projets étaient réalisées, suivies pour les heureux élus de maquettes d’argile à l’échelle 1. Un travail long et coûteux pour des modèles lourds (2,5 tonnes) et fragiles à emmener dans les différents studios de la marque pour avoir les avis des différentes équipes et, étape capitale, la validation des patrons.
Ensuite, le « clay model » (maquette d’argile) est scanné pour commencer le travail sur les données numériques en vue de l’industrialisation. Mais ça, c’était avant l’avènement des studios de visualisation 3D qui équipent la marque depuis 2015. Cela a permis au process de design de passer à 80 % en digital. Voilà qui est bien tombé avec l’arrivée de la pandémie, période pendant laquelle le concept Seven a été développé en collaboration très étroite entre l’Allemagne et la Corée.
« Il ne s’agit pas tant d’écourter le temps de développement que de trouver plus tôt la maturité du design, penser l’intérieur à un stade plus précoce », explique T. Bürkle. Les arguments sont aussi une meilleure coordination du travail, une créativité boostée, des coûts réduits (-15 %), moins de gâchis de matériaux ainsi qu’une empreinte CO2 réduite avec moins de déplacements, même si c’est un argument un peu plus anecdotique à l’échelle d’un constructeur automobile dont le groupe a produit plus de 6 millions de voitures en 2021.
Garage XXL virtuel
Nous entrons dans une immense salle de 20 x 22 m, aménagée à cet effet dès 2017, moyennant un investissement de 1,5 million d’euros. Un immense mur de LEDs 8K de 6,5 m de large permet une première visualisation du modèle, avant de s’équiper pour la visualisation 3D.
Quarante-huit caméras Optitrack sont réparties tout autour du studio pour assurer le positionnement de chaque participant, avec un système de tracking actif ultra précis. 10 personnes peuvent simultanément se trouver autour d’une voiture projetée devant elles, équipée d’un ensemble casque de réalité virtuelle HP Reverb 2 et ordinateur embarqué HP avec Nvidia 2080 dans un sac à dos qui compose un sacré harnachement.
Une fois équipés, nous passons dans un monde virtuel dans lequel il faut un peu d’habitude avant de se sentir à l’aise. Le concept Seven est là, devant nous, en taille réelle et marcher autour du modèle demande un temps d’adaptation. Les autres journalistes sont visualisés par des avatars, tout comme Simon Loasby qui nous fait le tour du propriétaire.
Avec 2 200 pixels de large par œil, la définition reste relativement pixelisée, tandis que de petites saccades apparaissent parfois dans l’image lorsqu’on tourne la tête. Un rendu impressionnant tout de même, qui s’améliore lorsqu’on s’approche de près. Là, la peinture du concept virtuel révèle toutes ses subtilités, et chaque détail s’affine.
Différents environnements différents peuvent être projetés pour mettre la voiture dans des ambiances au choix. En manque de sensations encore plus réalistes ? Les équipes de Hyundai travaillent à la mise au point de gants pour obtenir une sensation de toucher.
Des photos des patrons de la marque avec ces équipements sur leurs costumes sombres leur donnent des airs d’insectes étranges, mais attention, c’est bien dans cet accoutrement que des décisions cruciales sont désormais prises, dans cette sorte de metaverse du design. Simon Loasby a toujours avec lui un kit complet qui permet de s’y immerger, qu’il appelle son kit James Bond : un sac à dos anonyme qui embarque l’ordi et le casque, et lui permet de faire une revue de design dans un Starbucks d’aéroport !
L’intérieur modélisé
Pour le développement de l’habitacle, les designers utilisent un système différent employant une technologie de réalité mixte. Les casques Vario XR-3 sont équipés de caméras pour visualiser l’environnement autour de l’auto (matérialisée par des sièges simplement) et, par exemple, pouvoir voir les personnes autour ou insérer différents environnements. Des contrôleurs Vive Pro permettent d’agir sur différents éléments de l’intérieur, comme ouvrir un rangement ou une porte par exemple.
Là aussi, l’image reste pixelisée, mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un outil de travail avec un focus sur les matériaux, et la rapidité de leur changement dans le système pour tester différentes solutions. Ici, il ne s’agit pas de données sous forme de polygones comme pour les jeux, mais directement NURBS (données déjà prêtes pour la construction directement) utilisés par le soft Autodesk VRED.
De quoi avancer au plus vite dans la traduction du Concept Seven en voiture de série est proche, puisque le SUV électrique Ionic 7 qui en découle est attendu sur nos routes pour mi-2023. Basé sur la plate-forme 100 % électrique du groupe coréen nommée e-GMP, c’est un gros SUV très habitable (et muni de matériaux anti-bactéries), avec un empattement géant de 3,20 m.
Il aura un design affirmé, puisque les modèles Ionic ont pour habitude de rester proches des concepts qui les annoncent, même si ces derniers sont pourtant très… conceptuels. En attendant, le vrai concept-car en dur présenté au salon de Los Angeles l’an dernier est toujours aux USA. Nous ne l’avons pas vu en vrai, mais nous le connaissons pourtant déjà bien en mode virtuel, comme nombre des quelque 600 designers de la marque aux 4 coins du monde.
Rendez-vous un mercredi sur deux sur Twitch, de 17h à 19h, pour suivre en direct l’émission SURVOLTÉS produite par Frandroid. Voiture électrique, vélo électrique, avis d’expert, jeux ou bien témoignages, il y en a pour tous les goûts !
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs. Ce contenu est fourni par Disqus.
Pour pouvoir le visualiser, vous devez accepter l'usage étant opéré par Disqus avec vos données qui pourront être utilisées pour les finalités suivantes : vous permettre de visualiser et de partager des contenus avec des médias sociaux, favoriser le développement et l'amélioration des produits d'Humanoid et de ses partenaires, vous afficher des publicités personnalisées par rapport à votre profil et activité, vous définir un profil publicitaire personnalisé, mesurer la performance des publicités et du contenu de ce site et mesurer l'audience de ce site (en savoir plus)
En cliquant sur « J’accepte tout », vous consentez aux finalités susmentionnées pour l’ensemble des cookies et autres traceurs déposés par Humanoid et ses partenaires.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment. Pour plus d’informations, nous vous invitons à prendre connaissance de notre Politique cookies.
Gérer mes choix