Le tout récent Galaxy Z Fold 5 attire forcément des regards. Après tout, il s’agit du nouveau porte-étendard de Samsung du côté des smartphones pliants. Ce modèle représente donc la quintessence de tout le savoir-faire du constructeur coréen. Pourtant, force est de constater qu’il y a peu d’évolutions visibles d’une génération à l’autre.
Le Galaxy Z Fold 5 est évidemment un très bon produit sur le plan technologique. Toutefois, il ressemble tout de même beaucoup au Galaxy Z Fold 4… voire au Galaxy Z Fold 3 si on cherche la petite bête. Ou disons plutôt que les améliorations apportées chaque année servent surtout à peaufiner le produit sans qu’il y ait d’évolution marquant les esprits.
Samsung serait-il fainéant ? Sans idée ? Fort heureusement, l’explication n’est pas aussi simple.
Les contraintes du Galaxy Z Fold 5
Nous avons pu converser avec Won-Joon Choi, un haut responsable chez Samsung à la tête du pôle R&D de la division mobile. Il en profite notamment pour détailler toute la difficulté à concevoir une charnière résistante à l’eau (et peut-être un jour à la poussière) ou encore les raisons qui empêchent l’intégration du S Pen dans le Fold 5.
Or, ce n’est pas tout. Il met en lumière le fait que le moindre changement sur un format pliable engendre beaucoup plus de travail en coulisses qu’un téléphone classique. L’organisation des composants internes est donc radicalement différente et, sur le Fold 5 par exemple, le moindre millimètre compte. Il faut notamment gérer l’encombrement de deux batteries et l’intégration (non négligeable en termes d’espace) de deux écrans.
Par rapport à un Galaxy S23 Ultra — qui représente aussi la crème de la crème chez Samsung — le Galaxy Z Fold 5 doit aussi composer avec une charnière, plus de circuits, un format plus fin lorsque déplié ou encore une quantité non négligeable d’aimants.
Tout ce qui se cache derrière le S Pen plus fin
Won-Joon Choi s’attarde d’ailleurs sur ces fameux aimants pour donner un exemple assez concret. Le Galaxy Z Fold 5 — tout comme le Galaxy Z Flip 5 — est équipé d’aimants qui permettent de bien maintenir le smartphone fermé quand il est plié.
Toutefois, lorsqu’il a été question de rendre le Fold 3 compatible avec le S Pen, ces mêmes aimants ont représenté une difficulté. Le stylet de Samsung marche grâce au principe de résonance électromagnétique dont le fonctionnement est forcément mis à mal par les aimants.
Pour contrer ces interférences, Samsung était contraint d’intégrer des composants suffisamment gros dans le stylet, et donc de proposer un S Pen relativement encombrant. Cependant, pour accompagner la sortie du Galaxy Z Fold 5, le constructeur a réussi à produire un S Pen 41 % plus fin, passant ainsi d’une épaisseur de 7,1 mm à 4,35 mm.
Comment Samsung a-t-il pu faire cela malgré l’obstacle des aimants ? Won-Joon Choi évoque « de nombreuses optimisations » sur les composants internes et leur intégration. Surtout, le responsable explique que Samsung a dû, en quelque sorte, développer un matériau spécial pour cela.
Le S Pen intègre du ferrite — une « céramique ferromagnétique obtenue par moulage à forte pression et à haute température à partir d’oxyde de fer(III) Fe₂O₃XO » selon Wikipédia. Et le géant sud-coréen a trouvé une façon d’optimiser ce matériau de sorte à réduire la taille du stylet sans que les aimants viennent gêner son fonctionnement.
Un stylet plus fin ne représente pas forcément une nouveauté exceptionnelle aux yeux du grand public. Mais le récit de Won-Joon Choi permet de se rendre compte que même une évolution aussi mineure présente des challenges qu’on ne soupçonnerait pas.
Le Fold évolue lentement, mais sûrement
Cet exemple de la miniaturisation du S Pen rappelle aussi que Samsung a dû se creuser les méninges pour intégrer une couche de cuivre sous l’écran pliable. Le constructeur admet ne pas pouvoir plier ce matériau, donc il a fallu intégrer deux plaques distinctes avec un vide au niveau de la pliure. Et pour assurer un bon fonctionnement du stylet sur cet endroit précis de la dalle, le constructeur a conçu, entre autres choses, un algorithme de prédiction pour que l’utilisateur ou l’utilisatrice ne s’aperçoive de rien.
Plus globalement, Won-Joon Choi rappelle que le Galaxy Z Fold 5 est moins épais de 21 % par rapport au premier Fold et plus léger de 29 grammes. Il propose de plus un écran externe plus large de 3,5 mm. En d’autres termes, le Fold évolue lentement, mais il évolue tout de même.
« On a dû développer chaque année plein de composants pour arriver à ce genre de progrès », souligne le dirigeant du pôle R&D pour défendre sa paroisse. Pour permettre le Flex Mode depuis le Fold 2, il a fallu repenser toute la charnière. Pour la certification IPX8 sur le Fold 3, il a fallu, entre autres, créer un lubrifiant anti-corrosion agissant comme un joint. Pour affiner le Fold 4, il a fallu, à nouveau, trouver une nouvelle manière de concevoir la charnière. Puis encore une nouvelle fois sur le Fold 5 qui, en plus, se ferme complètement.
D’une année à l’autre, nous autres consommateurs et consommatrices voyons (trop) peu d’évolutions. Du côté des ingénieurs de Samsung, la moindre de ces améliorations est le fruit, semble-t-il, d’un long et dur labeur.
Un problème anecdotique ?
Après avoir pris connaissance des explications de Won-Jonn Choi, on peut continuer de trouver les évolutions du Fold quelque peu ennuyeuses. En revanche, on comprend un peu mieux les obstacles auxquels est confronté Samsung.
Pour prendre un peu plus de recul encore, nous pourrions ajouter qu’il ne s’agit finalement pas d’un problème si grave. Les férus absolus de nouvelles technologies sont forcément déçus par l’absence d’effet waouh d’une génération à l’autre. En revanche, une personne ayant déjà acheté un Fold a, a priori, déjà affaire à un excellent smartphone qu’elle peut garder des années durant.
Constater que Samsung n’incite pas trop à changer de smartphone chaque année est globalement une bonne chose pour des habitudes de consommation plus responsables. Il faut tout de même rappeler que les Galaxy Z Fold représentent une importante vitrine technologique pour Samsung. La marque se doit donc aussi de réussir à renouveler sa formule de manière pertinente pour garder ce statut de pionnier dans l’univers des smartphones pliants.
NB. Notre journaliste Omar Belkaab était présent à Séoul et Suwon en Corée du Sud dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Samsung du 23 au 28 juillet 2023.
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