L’existence même de cet iPad Pro M5 est une démonstration de force brute de la part d’Apple. À peine a-t-on eu le temps de digérer la puissance démesurée du modèle M4 que Cupertino nous balance une puce M5, censée écraser une concurrence… qui n’existe déjà plus depuis au moins trois ans. Pourquoi ? Parce qu’ils le peuvent. C’est la tablette de la démesure, celle que vous achetez non pas parce que vous en avez besoin, mais parce que vous voulez ce qui se fait de mieux sur cette planète, point final.
Mais au-delà de la fiche technique qui donne le tournis, la vraie question reste la même, lancinante et fatiguante : est-ce qu’on peut enfin bosser avec ce truc ? J’ai passé trois semaines avec la version 11 pouces, option nano-texturé, clavier Magic Keyboard et le Pencil Pro. J’ai monté des vidéos, retouché des photos, et tenté de ne pas hurler sur le gestionnaire de fichiers.
Apple iPad Pro 11 M5 (2025)Fiche technique
| Caractéristiques | iPad Pro 13″ (M5) |
| Écran | 13″ Tandem Oled (2752 x 2064 pixels), 120 Hz, option Nano-texturé |
| Puce | Apple M5 (10 cœurs CPU / 10 cœurs GPU sur modèles 1To+) |
| RAM | 12 Go (sur 256/512 Go) ou 16 Go (sur 1/2 To) |
| Stockage | 256 Go à 2 To |
| Connectivité | Wi-Fi 7 (Puce N1), Bluetooth 6.0, 5G (Puce C1X) |
| Batterie | ~10h (selon Apple), Charge rapide 50 % en 30 min |
| Épaisseur / Poids | 5,1 mm / 579 g |
| Prix de départ | 1 119 € (11″) |
L’exemplaire du test nous a été prêté par Apple.
Apple iPad Pro 11 M5 (2025)Design et ergonomie
Dès qu’on le sort de la boîte, la première réaction est toujours la même : un mélange de peur et d’excitation. 5,1 mm. Quand on tient ce rectangle de verre et d’aluminium à 2000 euros (avec les options), on a physiquement peur de le plier.

Je vous rassure, la structure interne semble avoir été renforcée, je l’ai balancé dans mon sac à dos sans housse (je suis un sauvage, je sais) et il n’a pas bougé. Mais cette finesse est presque dérangeante : nu, il est désagréable à tenir longtemps car les tranches sont un peu coupantes.

Parlons de cette option « verre nano-texturé ». C’est la première fois que je teste ça sur un iPad. Si vous bossez souvent en extérieur ou sous des néons de bureau agressifs, c’est une bénédiction. Les reflets disparaissent, « floutés » par la texture du verre. Par contre, on perd un chouïa de ce contraste infini de l’Oled. Le noir est profond, mais moins « liquide » que sur la version brillante. C’est un choix de confort visuel contre le piqué absolu.

L’îlot photo ? Toujours là, toujours bancal si vous posez l’iPad à plat sur une table. C’est exaspérant. Sans coque ou clavier, c’est inutilisable pour dessiner à plat. Heureusement, le Magic Keyboard (vendu au prix d’une tablette Android) gomme ce défaut.

D’ailleurs, ce clavier, la frappe est excellente, le trackpad en verre est divin, mais l’ensemble est trop lourd. Une fois assemblé, votre iPad Pro 13″ est aussi lourd qu’un MacBook Air. La portabilité ? Quelle portabilité ?

Côté connectique (sans s, vous noterez), on a un port Thunderbolt / USB-C. Un seul. Sur une machine « Pro ». C’est la blague récurrente d’Apple. Vous voulez brancher un écran ET charger ? Achetez un hub. Vous voulez brancher un SSD ET une carte SD ? Achetez un hub. À ce prix-là, c’est dommage. On aurait bien aimé avoir 2 ports USB. D’ailleurs, le clavier Magic Keyboard apporte un port USB-C supplémentaire.

Un mot sur l’utilisation au quotidien : en format 11 pouces, c’est une tablette de lit. On le tient à une main sans vous casser le nez s’il vous échappe. Par contre, ce n’est pas une tablette de bureau, une table à dessin numérique, ou un mini-ordinateur. On est un peu frustrés dès que l’on ouvre deux applications en même temps. Imaginez un MacBook avec un écran de 11 pouces… ça n’a jamais existé. Le MacBook Retina, on parle ici des produits récents, faisait 12 pouces.

L’Apple Pencil Pro se fixe toujours magnétiquement sur la tranche supérieure. La prise est solide, la charge par induction est magique. Mais attention quand vous le glissez dans un sac étroit, le stylet a toujours cette fâcheuse tendance à se détacher et à finir au fond du sac, couvert de miettes.

Enfin, Face ID en mode paysage (la caméra est sur le long bord) est enfin la norme. On ne cache plus la caméra avec son pouce en le tenant. Il était temps, ça fait juste 5 ans qu’on le demande.
Apple iPad Pro 11 M5 (2025)Écran
L’écran Tandem OLED débarque sur le 11 pouces. Concrètement, Apple empile deux dalles OLED l’une sur l’autre pour obtenir une luminosité démentielle (1000 nits en plein écran, 1600 nits en pic HDR) sans brûler les pixels. Le résultat ? C’est sublime. Les noirs sont abyssaux, le contraste est infini. Regarder une série comme Silo ou Foundation dans le train est une expérience visuelle meilleure que sur ma TV de salon.
Mais la grande nouveauté pour moi, c’est l’option verre nano-texturé. C’est la première fois que je la teste sur un iPad. La promesse ? « Diffuser la lumière ambiante pour réduire les reflets ». La réalité ? C’est de la sorcellerie. J’ai utilisé l’iPad en terrasse, grand soleil de midi tapant directement dessus. Sur un écran brillant classique, je n’aurais vu que mon propre reflet en train de plisser les yeux. Là, l’image reste visible, mate, douce.

Le toucher est aussi différent. C’est moins « verre », plus « papier ». Le Pencil Pro glisse dessus avec une légère friction qui ravira les dessinateurs. On a moins cette sensation de patiner sur de la glace. De plus, les traces de doigts marquent beaucoup moins. C’est un confort tactu-visuel indéniable pour qui bosse beaucoup.
Attention cependant, il y a un « mais ». La nano-texture crée un très léger grain sur l’image. On perd ce côté « tranchant » et chirurgical de l’écran brillant. Les noirs paraissent un poil moins profonds (plutôt gris très très foncé) quand il y a de la lumière directe. Si vous faites de la retouche photo pixel-perfect dans le noir complet, la version brillante reste techniquement supérieure.
Pour un usage mixte et nomade, le nano-texturé est une bénédiction. Mais Apple nous force la main : cette option n’est disponible que sur les modèles 1 To et 2 To. C’est une vente forcée déguisée. Vous voulez ne pas avoir de reflets ? Payez le stockage dont vous n’avez pas besoin. C’est mesquin, c’est Apple.
Apple iPad Pro 11 M5 (2025)Performances
Sous le capot, on trouve la puce M5. Sur le papier, c’est monstrueux, il n’y a pas d’autre mot. Apple a réussi à caser une puissance de calcul supérieure à 95 % des PC portables du marché dans une plaque de verre de moins de 5 mm d’épaisseur.
| Benchmark | iPad Pro M4 | iPad Pro M5 (M5) | Différence |
| GeekBench 6 (CPU Mono) | 3 783 | 4 164 | + 10 % |
| GeekBench 6 (CPU Multi) | 14 913 | 16 494 | + 10,6 % |
| GeekBench 6 (GPU Metal) | 54 841 | 74 093 | + 35,1 % |
| Geekbench AI (CPU Quantized) | 4 759 | 6 779 | + 42,4 % |
| 3DMark Wild Life Extreme | 51 FPS | 63,6 FPS | + 24,7 % |
| Speedometer 2.0 | 659 | 784 | + 19 % |
| Google Octane 2.0 | 101 062 | 135 517 | + 34 % |
Regardez cette ligne GPU Metal. Un gain de 35 % en un an, c’est monstrueux. Avec un score de 74 093, l’iPad Pro M5 humilie la plupart des PC portables dédiés à la création. Sur 3DMark Wild Life Extreme, on passe la barre symbolique des 60 FPS constants (63,6 pour être précis), là où le M4 peinait parfois à 50. Concrètement ? Resident Evil Village ou Death Stranding tournent avec une fluidité insolente, même avec les réglages graphiques poussés.
Côté CPU, l’évolution est plus douce (+10 %), mais c’est suffisant pour que Safari soit d’une rapidité instantanée (regardez le score Octane qui explose à 135 000 points !). Les pages web ne se chargent pas, elles apparaissent. Le montage vidéo 4K sur DaVinci Resolve est une blague pour cette puce : vous pouvez scroller dans la timeline comme si c’était du texte.
Mais attention, la physique a ses limites. Avec une telle puissance dans 4,9 mm d’épaisseur, la chauffe se fait sentir plus vite que sur le modèle précédent. Après 20 minutes de benchmark intensif (Wild Life Extreme), le dos de l’appareil, juste à côté du logo Apple, devient vraiment chaud. Pas brûlant, mais désagréable si vous le tenez en main.

Au quotidien, la fluidité est absolue. Ouvrir des applications, switcher entre elles, lancer l’appareil photo… tout est instantané. Il n’y a aucune friction. C’est agréable, mais c’était déjà le cas sur le M1, le M2 et le M4. La puissance brute ne se ressent vraiment que sur des tâches très spécifiques.
J’ai testé l’export d’une vidéo 4K de 10 minutes sur DaVinci Resolve. Le M5 avale ça en une poignée de secondes de moins que le M4. C’est mieux, oui. Mais est-ce que ça change votre vie ? Non. Par contre, si vous venez d’un iPad Pro 2018 ou 2020, la claque sera monumentale.
Là où le M5 brille, c’est sur les jeux. J’ai lancé Zenless Zone Zero et Resident Evil 4 avec les graphismes au maximum. Le 120 Hz est maintenu, les effets de lumière sont dingues. Et surprise : ça ne chauffe pas. Ou très peu. Le châssis en alu dissipe la chaleur de manière remarquable. Après 30 minutes de jeu intensif, le dos est tiède, jamais brûlant. Pour rappel, c’est une puce M5 sans refroidissement actif.

L’apport des 12 Go de RAM (sur mon modèle de test, c’est même 16 Go car j’ai la version 1 To) est invisible mais vital. Les applications ne se rechargent pas quand on revient dessus après avoir ouvert trois autres trucs gourmands. Safari garde mes onglets en mémoire sans broncher. C’est un confort de travail réel.
L’IA ? Le Neural Engine du M5 est monstrueux sur le papier. C’est cool pour épater la galerie, mais l’écosystème logiciel n’exploite pas encore vraiment cette puissance au quotidien.
Parlons autonomie. Apple promet 10 heures. Dans la réalité, avec l’écran OLED poussé un peu fort (ce qu’on fait souvent pour en profiter), on est plutôt sur 8h de productivité mixte. C’est bien, mais ça ne progresse pas. C’est même décevant par rapport à MacBook Air. L’iPad Pro devrait afficher 15 heures d’autonomie.
La vraie révolution, c’est la charge rapide. Enfin ! Avec un chargeur 60W (non fourni, évidemment, il faut l’acheter à part), j’ai récupéré 50 % de batterie en 28 minutes chrono. C’est pas mal du tout, mais ce n’est pas ce qui se fait de mieux sur le marché.
Apple iPad Pro 11 M5 (2025)Logiciel
iPadOS 26 apporte des améliorations, c’est indéniable, mais il reste le goulot d’étranglement de cette machine.

Comparons avec un MacBook. Sur macOS, je peux redimensionner mes fenêtres au pixel près, jeter un fichier sur le bureau, installer un plugin obscur pour mon navigateur, et gérer mes fichiers audio comme je veux. Sur iPadOS, tout est « sanitarisé ». Stage Manager sur un écran de 11 pouces est une expérience claustrophobe. Dès qu’on met plus de deux fenêtres, c’est le chaos. On passe son temps à masquer des trucs sans le vouloir.

L’application Fichiers a progressé, mais ce n’est toujours pas le Finder. Essayer de copier 50 Go de rushs vidéo depuis un SSD externe reste une aventure stressante où l’on n’est jamais sûr que la copie va aller au bout sans planter si l’écran se met en veille. C’est inacceptable pour une machine « Pro ».
Cependant, il faut reconnaître les points forts. Le retour du Slide Over (la petite fenêtre flottante qu’on peut cacher sur le côté) est une bénédiction, surtout sur le 11 pouces. C’est parfait pour avoir Spotify ou Slack dispo en un geste sans casser votre espace de travail principal.

Les applications « Desktop Class » commencent à être crédibles. Final Cut Pro et Logic Pro sur iPad sont des tours de force d’interface tactile. Mais elles demandent un abonnement mensuel et l’interface sur 11 pouces est très, très chargée. On sent que c’est pensé pour le 13 pouces. Sur le 11, on plisse les yeux pour toucher les petits boutons.

Le support de la souris et du trackpad est excellent, fluide, mais le curseur « rond » qui se transforme selon les éléments reste moins précis qu’une flèche classique pour du texte ou du tableur Excel intensif. On s’y fait, mais on sent toujours une légère friction cognitive.
Est-ce que l’iPad Pro M5 peut remplacer un Mac ? Non. Et Apple ne veut pas qu’il le fasse. C’est un appareil complémentaire formidable, un outil de création ultra-focus, mais dès qu’on veut faire du « vrai » multitâche complexe, on se heurte aux murs du jardin clos d’Apple.
Le système est stable, certes. Mais il est rigide. La personnalisation de l’écran d’accueil s’est améliorée (on peut enfin mettre les icônes où on veut, révolution !), mais ça reste de la cosmétique. Le cœur du système n’a pas la souplesse d’un OS de bureau, et avec une puce M5, c’est un gâchis frustrant.
Le verdict logiciel est simple : si votre travail tient dans une seule fenêtre (écrire, dessiner, jouer), c’est le paradis. Si votre travail implique de jongler entre 4 applis, de gérer des fichiers et de connecter des périphériques bizarres, gardez votre Mac.
Apple iPad Pro 11 M5 (2025)Connectiques, caméra et audio
Côté connectique, c’est le désert. Un seul port USB-C Thunderbolt 4. C’est rapide (40 Gb/s), c’est puissant, mais c’est unique. Vous allez vivre avec des dongles. À noter : le Wi-Fi 7 (via la puce N1) assure des débits théoriques fous, mais j’ai surtout noté une bien meilleure stabilité du signal à longue distance de ma box. Le Bluetooth 6.0 est là, prêt pour le futur.

Les caméras ? À l’arrière, c’est propre, ça filme en 4K ProRes, le LiDAR est génial pour la réalité augmentée (si vous êtes architecte ou décorateur). Pour les autres, ça sert à scanner des documents avec une qualité luxe. La caméra avant, enfin en paysage, change la vie pour les visios. La fonction Cadre Centré (Center Stage) fonctionne bien, même si elle donne parfois un peu le mal de mer à vos interlocuteurs en zoomant trop vite.


L’audio est magique. Je ne sais pas comment les ingénieurs d’Apple font pour sortir un son pareil d’une tranche de 5 mm. Il y a 4 haut-parleurs, ça a du coffre, des basses (toutes proportions gardées) et une spatialisation stéréo bluffante quand on tient la tablette en paysage. C’est largement suffisant pour écouter de la musique ou regarder un film dans une chambre d’hôtel sans enceinte externe.
Apple iPad Pro 11 M5 (2025)Prix et alternatives
Le ticket d’entrée est fixé à 1 119 euros pour le modèle 11 pouces Wi-Fi en 256 Go. C’est exactement le même tarif de lancement que l’iPad Pro M4 l’an dernier, Apple n’a donc pas eu l’audace d’augmenter la facture, mais ne l’a pas allégée pour autant.
Attention, ce prix d’appel est un leurre. La configuration testée (1 To + Cellulaire + Nano) vous coûtera la bagatelle de 2 229 euros, sans compter le clavier (349 €) ni le Pencil Pro (149 €). Vous voilà avec une addition finale dépassant les 2 500 euros pour une tablette de 11 pouces.
C’est d’autant plus douloureux que l’iPad Pro M4, sorti il y a tout juste un an, reste en embuscade. Lancé lui aussi à 1 219 euros, on le trouve désormais neuf ou reconditionné autour de 950 à 1 000 euros.
Il possède déjà cet écran OLED sublime (en version brillante) et un châssis identique au millimètre près. Soyons lucides : à moins d’avoir un besoin vital de la puce M5 pour des rendus 3D spécifiques ou de vouloir absolument l’option mate pour travailler en plein soleil, l’ancien modèle offre 98 % de l’expérience pour 300 euros de moins.





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