Byton, la voiture conçue comme un objet connecté

 

La start-up Byton propose au CES un concept à l’intérieur assez hallucinant avec un écran XXXL et une vision très poussée de l’interface personne-machine, pour un prix annoncé très agressif. Enfin la bonne formule pour contrer Tesla ?

Une start-up automobile chinoise électrique, automobile et autonome au CES ? Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à un tel lancement en fanfare, on se souvient du show Faraday Future de l’an passé… et de ce qui reste aujourd’hui du projet : un grand point d’interrogation. L’avenir dira s’il se concrétise, mais le concept de Byton (pour bytes on wheels) semble cocher pas mal de cases pour se donner toutes les chances. « Nous voulons créer le premier véhicule intelligent intuitif », explique sur la scène du Mandalay Bay l’un des deux cofondateurs allemands de cette start-up aux capitaux chinois.

Pour comprendre cela, il est logique d’aborder cette auto par son habitacle. Et son immense écran (fourni par BOE) qui parcourt la planche de bord sur toute sa largeur, un espace de partage d’expérience, toujours selon le vocabulaire très marketing de la toute jeune marque. L’ergonomie est très importante ici et l’expérience client est voulue particulièrement simple et multimode. Car si l’écran géant n’est pas tactile, la mini tablette au centre du volant (première mondiale en production) l’est et elle permet de contrôler certaines fonctionnalités.

Des emplacements pour smartphones dans les contreportes permettent de les intégrer dans l’auto et de les utiliser également comme commandes tactiles des interfaces de bord. Le système peut être commandé aussi en mode gestuel avec retour haptique, ou avec la voix avec Amazon Alexa. Il est également capable de reconnaissance faciale, dès l’approche à l’extérieur de la voiture, avec des caméras dans les montants latéraux. C’est le moyen bien entendu de personnaliser l’auto aux goûts, réglages et habitudes du conducteur. Et l’engin continuera de lui-même à progresser dans la connaissance des habitudes de son propriétaire grâce à l’incontournable capacité d’intelligence artificielle qu’elle contient.

La santé est aussi mise sous surveillance avec un capteur cardiaque et diverses analyses permanentes. L’interface elle-même semble très claire, très pure dans son design. Un indice, peut-être : le directeur responsable de ce domaine est un ancien de chez Apple et les bureaux de Byton travaillant sur l’UI sont dans la Silicon Valley – where else ? D’ailleurs, la marque concentre des dirigeants venus de chez Tesla, BMW, Apple ou Google… L’idée est d’en faire le véhicule le plus avancé du marché à son lancement à la fin 2019.

Un lounge digital, comme le décrivent ses créateurs, avec un univers permettant de connecter smartphone ou tablette avec l’auto dans un univers unifié, reprenant les interfaces d’un device à l’autre. Côté connectivité, le véhicule compte bénéficier des avantages de la 5G et il s’affiche capable d’un débit de 10 Gb/s avec ses antennes intégrées invisibles. Une équipe dédiée se consacre aux questions de sécurité du système (Byton Security Lab) avec un cloud sécurisé.

Et les données personnelles ? Chez Byton, on assure que le business model permet de gagner de l’argent avec la simple vente de la voiture, non de contenu ou de pub, et que les données sont protégées. Le hardware comme le soft pourront (devront !) évoluer au cours de la vie de la voiture.

 

45 000 $ d’ici 2 ans

Dans leur usine de Nanjing qui sera flambante neuve, Byton prévoit de construire son modèle en grande série dès la fin 2019 — ce qui paraît très ambitieux — avec un prix d’entrée de gamme à seulement 45 000 dollars, plus proche d’une Tesla Model 3 que d’une Model S. Un tarif franchement agressif qui est dû, selon un cadre de la marque, à la volonté de rester dans une définition raisonnable, sans vouloir battre des records d’accélération à tout prix ni vouloir intégrer tous les équipements possibles et imaginables. À voir.

Deux versions sont au programme, avec 272 à 476 ch (520 km d’autonomie et 400 km récupérés en 30 minutes de charge pour la plus puissante) et respectivement un ou deux moteurs. Mais, rappellent les dirigeants de la marque, plus que les chevaux, c’est la puissance digitale qui compte ici.

Question design, cette auto se la joue aussi (relativement) modeste, avec des dimensions acceptables sur nos routes européennes 4,85 x 1,65 x 1,94 m. Son dessin très pur de SUV pas trop massif est signé du Français Benoit Jacob, qui a dessiné la supercar hybride BMW i8.

 

Conduite autonome de niveau 3 ou 4

Électrique, ultra connecté, ce véhicule est bien entendu promis à être capable de conduite autonome, de niveau 3 dans un premier temps (retour possible rapide du conducteur au volant), puis 4 (2020 est annoncé, ce qui semble optimiste), au fur et à mesure des évolutions de la législation. Un partenariat avec un spécialiste de la conduite autonome va d’ailleurs très bientôt être annoncé.

Avec l’arrivée de ce nouveau challenger, reste à savoir qui de Faraday Future, NIO, Lucid Motors, WM et d’autres aura un jour droit à sa couronne de vrai « Tesla killer »… Aucune personne raisonnable ne parierait un euro sur cette question. Mais Byton annonce déjà d’autres modèles sur sa plateforme modulable 100 % électrique, comme une berline et un monospace. Un plan possible si sa première étape rencontre le succès escompté.