Le Premier ministre Anthony Albanese a annoncé que cette législation sera présentée au Parlement d’ici la fin de l’année 2024. Après le projet de loi, la mesure entrera en vigueur douze mois dès son adoption et s’appliquera à toutes les principales plateformes, notamment Instagram, TikTok, Facebook, X (Twitter) et YouTube.
Point notable : aucune dérogation ne sera accordée, même avec le consentement parental. Les comptes existants des moins de 16 ans devront être supprimés, une décision qui soulève déjà de nombreuses questions pratiques quant à sa mise en œuvre.
Récemment, Instagram a lancé une fonction qui permet de créer un compte pour les ados. TikTok a aussi mis en place des mesures similaires pour prémunir les plus jeunes de diverses menaces.
Responsabilité des plateformes
La ministre des Communications, Michelle Rowland, a précisé que la responsabilité de l’application incombera aux entreprises technologiques. Ces dernières devront ainsi prouver qu’elles prennent des mesures raisonnables pour empêcher l’accès aux mineurs. Le commissaire australien à la sécurité en ligne (eSafety) sera chargé de faire respecter ces nouvelles règles, avec des sanctions renforcées pour les plateformes qui ne s’y conformeraient pas.
Un système de vérification complexe
Pour mettre en œuvre cette interdiction, l’Australie envisage une approche dite « double-blind tokenised ». Ce système permettrait à un tiers de vérifier l’âge des utilisateurs auprès des plateformes sans révéler d’autres informations personnelles. Des essais sont actuellement en cours pour tester différentes technologies de vérification d’âge.
Toutefois, on s’en doute, cette initiative suscite des débats. Certains experts remettent en question son efficacité, argumentant sur le fait qu’elle ne fait que reporter l’exposition des jeunes aux réseaux sociaux sans les préparer à en gérer les complexités. D’autres soulignent les difficultés techniques liées au contournement des systèmes de vérification d’âge. Lors de l’examen du projet de loi, Toby Murray, professeur associé d’informatique et de technologies de l’information à l’Université de Melbourne avertissait déjà à l’AFP : « Le gouvernement est en train d’essayer une technologie de vérification de l’âge. Mais on sait déjà que les méthodes actuelles ne sont pas fiables, trop faciles à contourner ou risquées pour la vie privée des utilisateurs ».
Force est de constater qu’il y a des problèmes similaires lorsqu’on veut mettre en place de telles fonctions pour refuser l’accès aux sites pornographiques aux seuls mineurs, par exemple.
Le porte-parole de l’opposition pour les communications australiens, David Coleman, a déclaré que l’utilisation des réseaux sociaux par les enfants est « l’une des questions déterminantes de notre époque ». Il insiste sur la nécessité d’une législation robuste sans failles, affirmant que des plateformes comme TikTok, Snapchat et Instagram ne peuvent jamais être rendues totalement sûres pour les enfants.
Pourquoi interdire l’accès aux réseaux sociaux à partir de 16 ans ?
L’âge de 16 ans a été choisi après une période de réflexion et de débat en Australie. Initialement, le gouvernement australien hésitait entre 14 et 16 ans comme seuil d’âge. En Australie, c’est le Premier ministre Anthony Albanese qui a tranché se prononçant en faveur de la limite de 16 ans. Un âge qui finalement été retenu.
Les autorités australiennes considèrent que les adolescents de moins de 16 ans sont particulièrement vulnérables aux effets négatifs des réseaux sociaux sur leur bien-être psychologique. Le gouvernement australien considère qu’à 16 ans, les adolescents sont mieux équipés pour gérer les complexités et les risques associés aux plateformes sociales.
Qu’en est-il en Espagne ou en France ?
En outre, cette limite s’aligne sur certaines initiatives similaires dans d’autres pays, comme l’Espagne qui a également choisi l’âge de 16 ans pour restreindre l’accès aux réseaux sociaux. Rappelons qu’en France, officiellement, l’inscription à un réseau social est interdit pour les moins de 15 ans sans l’autorisation d’au moins un des parents. D’après la loi du 7 juillet 2023 qui a ainsi fixé les règles de cette majorité numérique, les plateformes doivent vérifier l’âge des utilisateurs et le consentement parental. En cas de non-respect, les plateformes s’exposent à une amende pouvant atteindre 1% de leur chiffre d’affaires mondial.
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