Les voitures électriques 100 % fabriquées en Europe pourraient faire face à un grand problème

 

Avec le développement des voitures électriques, la production de batteries devient un enjeu majeur. Pour la Cour des comptes européenne, le plan de bataille de l'Europe dans ce domaine présente des failles.

Usine Audi
Usine Audi

L’Europe a fait le choix radical d’interdire les ventes de voitures thermiques à partir de 2035. Cette décision fait de la production de batteries pour les voitures électriques un enjeu absolument majeur sur la plan industriel. En l’état actuel des choses, c’est surtout l’Asie et plus spécifiquement la Chine qui profitent de l’essor des voitures électriques.

L’Europe a fini par se réveiller et cherche désormais à rattraper son retard. Dans cette optique, la Commission a échafaudé un plan de bataille en 2018. La Cour des comptes estime néanmoins que la stratégie de l’Union comporte des failles. Dans un rapport publié en début de semaine, elle fait part de ses inquiétudes et en appelle à un « nouvel élan stratégique ».

Une Europe trop dépendante de l’étranger

Le document pointe le problème de l’approvisionnement en matières premières et le risque d’une pénurie mondiale. L’Europe est aujourd’hui dans une situation délicate, puisqu’elle dépend encore beaucoup trop de pays tiers. Selon les données de la Cour des comptes, la dépendance à l’égard de l’étranger atteint en moyenne 78 % pour le cobalt, le nickel, le lithium, le manganèse et le graphite naturel.

Le fait que les importations proviennent d’un petit nombre de pays affaiblit encore un peu plus la position de l’Europe. « Environ 87 % du lithium brut, 68 % du cobalt brut, 41 % du manganèse et 40 % du graphite naturel brut sont importés d’un seul pays », note par exemple la Cour dans son rapport. Or plusieurs pays importateurs connaissent une situation politique instable. Comme l’Europe n’a pas toujours pu sécuriser ses approvisionnements par des accords de libre-échange, la situation pourrait un jour devenir périlleuse.

Usine batterie Europe
La future usine de batteries de Volkswagen

En 2021, 76 % des batteries de voitures électriques provenaient de Chine, 7 % seulement d’Europe. Les chiffres montrent bien l’étendue du défi à relever pour l’Union européenne. Les États-Unis sont, eux aussi, à la traîne, avec là aussi 7 % de la production mondiale. Ils cherchent néanmoins à combler leur retard, à travers notamment une série de subventions et d’allègements fiscaux pour les entreprises qui décident d’implanter leur usine dans le pays. Face à cela, la Cour des comptes estime que l’Union doit elle aussi revoir sa réglementation pour être plus compétitive et rester dans la course.

Le risque de l’explosion du prix des voitures électriques

Alors que certains constructeurs promettent de démocratiser les voitures électriques à court ou moyen terme, la Cour des comptes s’alarme d’une possible hausse des prix dans les années à venir. Elle explique même dans son rapport que « les batteries et par conséquent les véhicules électriques pourraient devenir inabordables pour un grand nombre de propriétaires », à cause de « l’augmentation du coût de facteurs de production tels que l’énergie et les matières premières ».

Aussi, pour arriver à baisser les prix de façon significative, les constructeurs seront peut-être contraints d’utiliser des batteries plus petites, quitte à sacrifier un peu l’autonomie. C’est une réflexion que mènent d’ailleurs Dacia et plus généralement le groupe Renault.

Bref, l’Europe a encore beaucoup de défis à relever, et il faudra agir vite, car l’échéance de 2035 n’est pas si lointaine. La Cour des Comptes demande d’ailleurs à la Commission de revoir son plan d’action de 2018 pour rester dans la course.


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