« Une décision inattendue, brutale et non concertée » : coup dur pour la voiture à hydrogène avec le licenciement de 70 % des salariés de la plus grande usine d’Europe

Quand les constructeurs cherchent à faire des économies, ils ne le font pas généralement avec le dos de la cuillère, en particulier Stellantis qui, au mois de juillet dernier, avait annoncé abandonner l’hydrogène.

Annoncée ce 16 juillet 2025 par le biais d’un communiqué de presse, la décision du groupe Stellantis a été annoncé sans appel : il n’y aura pas de nouveaux utilitaires à hydrogène dans la gamme Stellantis Pro One. La production en série, qui devait débuter cet été sur les sites de Hordain (France) et Gliwice (Pologne), est purement et simplement annulée.

À l’époque, Stellantis justifiait cela par le fait que le « marché de l’hydrogène demeure un segment de niche, sans perspectives de rentabilité économique à moyen terme. »

Une technologie encore loin d’être mature et économiquement viable

Le groupe ne s’était d’ailleurs pas caché et avait invoqué clairement les raisons de ce retrait en trois points : l’absence d’un réseau de ravitaillement suffisant, le coût de la technologie, et le manque d’incitations pour convaincre les professionnels d’investir.

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Et forcément, avec un prix deux, voire trois fois plus élevé qu’un modèle thermique équivalent, le tout avec des contraintes plutôt costaudes, le seul argument du « zéro émission » ne tenait pas debout, en dépit qui plus est d’un rendement catastrophique pour le moment et d’une production encore majoritairement très polluante.

Stellantis entraîne aussi dans sa chute l’usine de Saint-Fons, près de Lyon. Symbio s’apprête à sacrifier 358 postes sur les 506 que compte actuellement le site, selon les informations de l’AFP confirmées par BFM Business.

Cette coentreprise détenue par Michelin, Forvia et Stellantis paie aujourd’hui le prix fort d’une stratégie mise à terre par le départ brutal de Stellantis.

Le divorce avec Stellantis, une bombe à retardement

L’aventure était pourtant assez récente. Retour en arrière, décembre 2023. Les rubans sont coupés dans l’euphorie générale : Symbio inaugure fièrement la plus grande usine européenne de piles à combustible.

L’État français a mis la main à la poche avec 600 millions d’euros de subventions. Les objectifs affichés donnent le vertige : 15 000 systèmes produits en 2024, 50 000 dès 2026. Le site doit tourner à 80 % pour Stellantis, censé équiper ses utilitaires, bus et pick-up avec cette technologie prometteuse.

Mais en juillet dernier, le couperet tombe. De son côté, Michelin, autre actionnaire, dénonce alors une « décision inattendue, brutale et non concertée ». Pour les salariés, c’est la douche froide. Vincent Guilly, secrétaire CSE de Symbio, pointe du doigt une dépendance excessive : « Stellantis a cannibalisé nos équipes, tout le bureau d’étude ne travaillait plus que pour eux, on ne pouvait pas développer d’autres projets en parallèle. »

Le constructeur a d’ailleurs chiffré à 700 millions d’euros le coût de cet abandon de son programme hydrogène.