« Le projet n’est pas viable » : coup dur pour les usines européennes de batteries pour voitures électriques

Les projets des gigafactories européennes de batteries pour voitures électriques, longtemps présentées comme un vecteur principal d’émancipation vis-à-vis de la Chine, vivent un moment critique : celui de la montée en cadence.

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En premier plan, ACC (Automotive Cell Company), coentreprise entre Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz, peine à sortir ses cellules de son usine à Billy-Berclau (62). Ses deux autres projets d’usine étaient gelés ; le quotidien économique italien Milano Finanza va plus loin et annonce que le projet d’usine à Termoli, actuellement en pause, serait purement et simplement annulé.

Une usine « pas viable »

Le journal italien se base sur des sources internes, et indique qu’ACC serait sur le point d’annoncer que « le projet n’est plus viable en raison des difficultés techniques, financières et stratégiques » – notamment suite à l’annulation du financement du gouvernement italien.

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Située à Termoli, sur un site Stellantis chargé de fabriquer des moteurs thermiques et des boîtes de vitesses, cette usine de batteries était l’un des trois pôles d’ACC après Billy-Berclau et avec un site allemand, à Kaiserslautern, lui aussi en pause.

Interrogé par Reuters, un porte-parole rétorque que « ACC se concentre sur l’amélioration de l’efficacité et de la compétitivité de sa production dans sa gigafactory de Billy-Berclau », et que 10 000 voitures électriques roulent déjà avec des batterie ACC – le MF rétorque que ce niveau est « jugé bien inférieur aux attentes » et que « les coûts de production sont supérieurs de 20 à 25 % à ceux des concurrents asiatiques ».

Il est vrai que les premières voitures électriques utilisant des cellules ACC, comme la DS N°8, fleuron de Stellantis, connaissent des débuts difficiles, entre recharges chaotiques et capacité réelle de la batterie bien inférieure aux attentes ; Peugeot annonce de son côté une livraison en septembre 2026 d’un E-3008 à batterie ACC commandé en novembre 2025, preuve des difficultés de l’usine à sortir suffisamment de cellules pour répondre à la demande.

Une erreur stratégique qui se paie cash

Si Antonio Filosa, nouveau PDG de Stellantis, « attend une décision d’ACC d’ici la fin de l’année » pour cette usine à Termoli, le groupe mise en parallèle sur un autre partenaire pour ses batteries : CATL, le leader mondial du secteur.

Les deux acteurs ont ainsi signé un accord pour fabriquer une usine de batteries en Espagne, à proximité de l’usine de Saragosse, d’où devraient sortir les voitures électriques chinoises de Leapmotor à terme.

Spécificité importante de cette usine : elle fabriquera des cellules LFP (lithium – fer – phosphate), endurantes et bon marché, qui connaissent une montée en flèche de leur popularité ; de son côté, ACC n’avait parié que sur la chimie NMC (nickel – manganèse – cobalt), plus performante mais bien plus coûteuse, la rendant moins attractive pour les voitures électriques d’entrée de gamme.

Cette erreur stratégique pourrait donc se payer cher, d’autant plus que CATL semble ne prendre aucun risque pour l’usine espagnole en important les travailleurs et les outils de production directement depuis la Chine. Espérons maintenant que l’usine française d’ACC parvienne rapidement à corriger ses erreurs de jeunesse pour gagner en viabilité.