Hong Kong : des messageries sans Internet utilisées par les manifestants

 

Les manifestations pro-démocratie à Hong Kong ont fait exploser les téléchargements d’applications de messagerie maillées, qui n’utilisent pas Internet et distribuent les messages de proche en proche par Bluetooth.

Des manifestations à Hong Kong en août 2019. Crédit : Studio Incendo // Flickr

Depuis juin, la ville semi-autonome de Hong Kong est parcourue de manifestations contre un projet de loi (aujourd’hui sur le point d’être retiré) permettant des extraditions judiciaires vers la Chine continentale. Même si Hong Kong jouit de libertés relatives, les autorités y surveillent de près les communications depuis le début des manifestations. Les SMS, les emails, et le service de messagerie WeChat — tous non chiffrés — sont donc abandonnés par certains manifestants au profit d’un autre type de messagerie : des services maillés en peer-to-peer, tels que Bridgefy ou FireChat.

Ces messageries sont aussi dites « hors ligne », car elles ne nécessitent pas d’accès à Internet pour fonctionner. Les messages chiffrés sont passés, par Bluetooth ou via la radio Wifi de l’appareil, à des téléphones proches disposant de la même application. Chacun de ces « sauts » peut s’effectuer sur une distance maximale d’une centaine de mètres. Si le destinataire est situé plus loin, le message peut ainsi sauter de proche en proche, sans jamais transiter par un serveur.

Messages d’alerte sans Internet

Bridgefy en particulier, dont le nombre de téléchargements a bondi de 3685% en deux mois, dispose également d’une fonction « diffusion » (broadcast) qui permet de communiquer à tous les autres téléphones situés dans un rayon de cent mètres. De quoi émettre des messages d’alerte ou d’urgence qui seront pris en compte par les utilisateurs physiquement proches.

De telles applications permettent de continuer à communiquer dans des endroits où le réseau mobile est saturé, comme dans une manifestation, ou si l’Internet est coupé, que ce soit par la volonté des autorités locales ou lors d’une catastrophe naturelle. On les avait ainsi retrouvées dans de précédents mouvements sociaux à Hong Kong ou à Taïwan, ainsi qu’au Cachemire ou sur des zones de tremblement de terre.