
La hache de guerre est déterrée, et pas qu’un peu. Vendredi, la Commission européenne a décidé de frapper là où ça fait mal en infligeant une amende de 120 millions d’euros au réseau social X. C’est la première fois que l’Europe sort le bâton pour « non-conformité » dans le cadre du Digital Services Act (DSA).
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Le montant peut sembler dérisoire pour un homme qui envoie des fusées dans l’espace, mais la symbolique est énorme. L’Europe reproche à X d’avoir transformé un outil de confiance, la certification, en produit marketing trompeur. La réaction d’Elon Musk ? Il ne s’est pas contenté de contester. Il a appelé à « abolir » l’Union européenne, en qualifiant les régulateurs de « commissaires woke de la Stasi ». Rien que ça.
« L’Union européenne devrait être abolie et la souveraineté rendue aux pays, afin que les gouvernements puissent mieux représenter leurs citoyens. »
Mais attendez. Derrière les tweets incendiaires et les postures politiques, il y a des faits techniques et des infractions précises que X a commises. Et c’est là que ça devient intéressant pour nous.
Les coches bleues : l’arnaque à la crédibilité
Le cœur du problème, c’est ce petit badge bleu. Avant le rachat par Elon Musk en 2022, une coche bleue signifiait : « Nous avons vérifié l’identité de cette personne, c’est bien elle ». C’était un gage d’authenticité pour les journalistes, les politiques, ou les célébrités.

Aujourd’hui ? C’est simple : vous payez, vous l’avez. La Commission européenne a tranché : c’est une pratique de conception trompeuse (un dark pattern). En permettant à n’importe qui d’acheter ce statut sans vérification d’identité réelle, X brouille les pistes. L’utilisateur lambda pense interagir avec un compte vérifié, alors qu’il parle potentiellement à un bot ou un arnaqueur qui a lâché 9,60 € par mois.
Le verdict de Bruxelles est sans appel : ce système empêche les utilisateurs de prendre des décisions éclairées et « compromet la capacité à distinguer les comptes authentiques« . En clair, X vend de la fausse confiance. Et l’Europe n’aime pas ça.
Transparence : le grand flou artistique
Ce n’est pas le seul reproche. Le DSA impose aux très grandes plateformes une transparence totale sur la publicité et les données publiques. L’objectif est de permettre aux chercheurs de traquer la désinformation ou les ingérences étrangères.
Sur ce point, X a tout faux. La Commission pointe du doigt une base de données publicitaire mal fichue, lente et complexe, conçue, volontairement ou par incompétence, pour décourager toute analyse sérieuse. De même, l’accès aux données publiques pour les chercheurs agréés est devenu un parcours du combattant.
Là où TikTok a fini par plier et accepter les règles de transparence (une procédure parallèle contre eux a été close vendredi), X a choisi l’affrontement. C’est une stratégie risquée, mais cohérente avec la vision libertarienne absolue d’Elon Musk.
Vers une guerre commerciale transatlantique ?
Maintenant, regardons plus large. Cette amende dépasse le cadre de la tech. Elle intervient alors que Donald Trump est de retour à la Maison-Blanche. Et ses alliés n’ont pas tardé à monter au créneau. J.D. Vance, le vice-président élu, et Marco Rubio, chef de la diplomatie, ont immédiatement politisé l’affaire.
Pour eux, ce n’est pas une question de régulation, c’est une attaque contre « les entreprises américaines ». Marco Rubio parle d’une attaque contre « le peuple américain par des gouvernements étrangers« . La menace est à peine voilée : si l’Europe continue de réguler les Big Tech US, les États-Unis pourraient riposter, probablement via des droits de douane ou des tensions diplomatiques accrues.
L’Europe se retrouve prise en étau. D’un côté, elle veut appliquer ses lois démocratiques (le DSA). De l’autre, elle fait face à une administration américaine qui considère toute régulation comme de la censure ou du protectionnisme déguisé. Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, a tenté de calmer le jeu en rappelant que « la règle est la même pour tous« . Mais face à la rhétorique d’Elon Musk et Donald Trump, l’argument juridique pèse peu.
C’est simple : X a maintenant 60 jours pour proposer des mesures correctives sur les coches bleues. S’ils ne font rien ? Des pénalités journalières pourraient tomber. Elon Musk paiera-t-il ? Probablement. Changera-t-il son système ? J’en doute. Ce bras de fer ne fait que commencer.
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