Elon Musk lance son Wikipédia « amélioré » : c’est du copier-coller avec l’ego de Musk dedans, de l’extrême droite et du climatoscepticisme en bonus

 
Elon Musk promettait une « amélioration massive » de Wikipédia. Ce qu’il livre ? Une copie mot pour mot de l’encyclopédie collaborative, bourrée de contenus d’extrême droite et de révisionnisme historique. Grokipedia, lancée cette semaine, illustre parfaitement la dérive idéologique du milliardaire : recycler le travail des autres pour propager sa vision du monde.
Page Elon Musk sur le site Grokipedia

Grokipedia est en ligne depuis lundi. L’encyclopédie propulsée par l’IA de xAI devait concurrencer Wikipédia avec du contenu vérifié automatiquement. Vous allez voir, la réalité est différente.

Première révélation, et elle fait mal : Grokipedia pompe directement sur Wikipédia en version anglaise. The Verge a repéré plusieurs pages avec la mention discrète « Ce contenu est adapté de Wikipédia ». Les pages PlayStation 5 et Lincoln Mark VIII sont identiques, mot pour mot, ligne pour ligne à leurs homologues sur Wikipédia.

Page d’accueil de Grokipedia

L’ironie est délicieuse. Elon Musk, qui critique Wikipédia depuis des mois et promettait de « purger la propagande », construit son alternative… en pillant l’original. Même la Wikimedia Foundation le souligne avec élégance : « Même Grokipedia a besoin de Wikipédia pour exister« .

Le design ? Basique. L’édition collaborative ? Inexistante pour l’instant (alors que c’est le cœur de Wikipédia). La véracité vérifiée par l’IA ? C’est problématique.

L’extrême droite en mode encyclopédie

Maintenant, passons aux contenus originaux de Grokipedia. C’est là que ça devient vraiment inquiétant.

L’article sur le changement climatique élimine toute mention du « consensus scientifique quasi unanime » pour le remplacer par des critiques de ce consensus. Il accuse Greenpeace et les médias de « contribuer à accroître l’inquiétude du public » sans « preuves empiriques proportionnées ». C’est du climatoscepticisme à peine voilé.

Sur la pornographie gay, Grokipedia affirme faussement que sa prolifération a aggravé l’épidémie de sida dans les années 1980. C’est historiquement faux et profondément homophobe. L’article prétend que les « comportements idéalisés dans la pornographie » ont « directement aligné » avec les modes de transmission du VIH. Une réécriture de l’histoire qui stigmatise la communauté gay.

Concernant les personnes transgenres, le terme péjoratif « transgenderism » apparaît, les femmes trans sont désignées comme « des hommes biologiques » représentant des « risques pour la sécurité des femmes ». L’article suggère que les réseaux sociaux créent une « contagion » augmentant le nombre de personnes trans. C’est la rhétorique transphobe classique de l’extrême droite américaine.

L’IA comme outil de vérification : un pari risqué

Grokipedia affirme que chaque article est vérifié par l’IA Grok. Le problème : les grands modèles de langage ont deux limites bien documentées.

D’abord, ils « hallucinent » régulièrement, ils génèrent des informations factuellement incorrectes avec une assurance déconcertante. Ensuite, ils amplifient les biais présents dans leurs données d’entraînement. Une IA entraînée sur des sources déséquilibrées produira du contenu déséquilibré.

Wikipédia fonctionne avec des milliers de contributeurs bénévoles qui sourcent, débattent, corrigent. C’est lent, conflictuel parfois, mais transparent. Grokipedia propose une vérification automatisée par IA, sans possibilité d’édition collaborative (pour l’instant). Difficile de savoir qui décide quoi, sur quels critères.

Cette opacité devient problématique quand on voit les angles adoptés sur certains sujets sensibles. L’IA reflète-t-elle simplement ses données d’entraînement, ou y a-t-il eu des choix éditoriaux humains en amont ?


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