« La Chine finira par l’emporter », le CEO de Nvidia Jensen admet que la Chine va gagner la guerre de l’IA

 
Le CEO de Nvidia vient de dire tout haut ce que personne n’osait formuler clairement : la Chine finira par remporter la course à l’IA. Pas « peut-être », pas « si les conditions changent », non, carrément « finira par ». Et ses arguments sont béton : pendant que les États-Unis s’empêtrent dans leurs restrictions à l’export et leurs pénuries d’électricité, Pékin construit 29 centrales nucléaires et subventionne à 50 % l’énergie de ses data centers IA.

Jensen Huang ne tourne pas autour du pot : « L’électricité est gratuite en Chine ». La formule est provocante, mais le mécanisme est simple et redoutable. Depuis cette semaine, toute entreprise chinoise qui utilise exclusivement des puces locales (donc pas Nvidia) bénéficie d’une réduction de 50 % sur sa facture d’électricité.

Faites le calcul. Même si une carte Nvidia offre deux fois plus de performances qu’un accélérateur chinois, l’énergie à moitié prix compense largement l’écart. Sur un data center qui consomme des dizaines de mégawatts en continu, on parle de millions d’économies annuelles. C’est du dumping assumé, et ça fonctionne.

Aux États-Unis pendant ce temps ? Les géants tech se battent pour sécuriser de l’électricité. Microsoft rallume Three Mile Island (une centrale nucléaire fermée), Amazon et Google signent des contrats avec des fournisseurs de mini-réacteurs qui n’existent pas encore, Meta annonce des centrales pour 2030. Bref, ils courent après un approvisionnement que la Chine a déjà sécurisé.

La Chine construit pendant que l’Amérique planifie

Les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie atomique sont sans appel : 29 centrales nucléaires en construction en Chine.

Aux États-Unis ? Zéro. Plusieurs entreprises évoquent des petits réacteurs modulaires (SMR) depuis des années, mais aucun n’est opérationnel à l’échelle commerciale.

Et ce n’est pas tout. La Chine développe simultanément :

  • Le solaire et l’éolien à une vitesse hallucinante
  • Des mégaprojets hydroélectriques comme le barrage de Medog, prévu pour 2033
  • Des centrales à charbon qui continuent d’assurer la base de production (oui, malgré la com’ verte)
Le barrage de Medog

Le mix est pragmatique : tant que les renouvelables sont intermittents, le nucléaire et le charbon gardent les data centers allumés. La Chine ne connaît pas les « pénuries d’électricité » qui freinent déjà l’expansion IA côté américain.

Les restrictions US accélèrent l’autonomie chinoise

Ironie du sort : les restrictions américaines sur l’export de puces avancées vers la Chine ont probablement accéléré le développement de l’écosystème IA local. Quand vous ne pouvez plus acheter de H100, vous construisez vos propres accélérateurs. Quand OpenAI vous ferme l’accès aux API, vous financez DeepSeek et Baidu.

Et le résultat est là : DeepSeek-R1 affiche des performances comparables à GPT-4o en raisonnement, mathématiques et code, tout en étant jusqu’à 32 fois moins cher par million de tokens GPT-4o vs Deepseek-R1.

Pour aller plus loin
L’IA DeepSeek est gratuite et puissante : découvrez pourquoi et comment l’utiliser

Sur le benchmark MMLU, DeepSeek V3 atteint 88,5 contre 87,2 pour GPT-4o, et surpasse également ce dernier en génération de code avec un score de 82,6 contre 80,5 sur HumanEval.

Pour aller plus loin
DeepSeek aurait dépensé 266 fois plus que ce qu’elle prétend

Baidu ERNIE 4.5 surpasse GPT-4.5 dans de nombreux benchmarks tout en ne coûtant que 1 % du prix de son concurrent américain, avec des tarifs bien plus bas. Sur les tests multimodaux, ERNIE 4.5 Turbo obtient un score moyen de 77,68 contre 72,76 pour GPT-4o

Et ERNIE X1 ? Baidu affirme qu’il offre des performances équivalentes à DeepSeek R1 pour moitié prix. Le message est clair : performances comparables, mais à des coûts défiant toute concurrence..

L’open source chinois vs les jardins fermés occidentaux

Il y a un autre élément stratégique que beaucoup sous-estiment : la Chine mise massivement sur l’open source. DeepSeek publie ses poids et son code. Baidu annonce l’ouverture d’ERNIE 4.5. Alibaba maintient Qwen en open source. Cette transparence crée un écosystème où les améliorations se propagent rapidement entre acteurs.

Pendant ce temps, OpenAI, Anthropic et Google gardent leurs modèles fermés (ou presque). Stratégie commerciale défendable, certes, mais qui ralentit l’innovation externe et limite l’adoption dans des contextes sensibles (santé, défense, administrations qui exigent souveraineté et contrôle total).

L’open source ne concerne pas que l’idéologie du partage. C’est une arme industrielle : elle permet l’audit, la personnalisation, le déploiement on-premise, et élimine la dépendance à un fournisseur américain. Pour beaucoup d’entreprises et de gouvernements, c’est décisif.

Ce n’est pas une prédiction, c’est une observation

Jensen Huang ne fait pas de la géopolitique de salon. Il dirige le groupe qui vend les pioches pendant la ruée vers l’or de l’IA. Il voit les commandes, il connaît les infrastructures, il comprend où vont les investissements réels.

Quand il dit que la Chine va gagner « sauf changement de situation« , il ne souhaite pas ce scénario, il le constate. Et son message sous-jacent est transparent : les États-Unis doivent bouger sur l’énergie, maintenant, massivement, sinon l’avance technologique ne servira à rien.

Vous pouvez avoir les meilleurs modèles du monde, si vous n’avez pas l’électricité pour les faire tourner à l’échelle, vous perdez. C’est mathématique. Et actuellement, les mathématiques favorisent Pékin.


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