Chromebook, chronique d’un technophile connecté

 

En août dernier, j’ai fait l’acquisition d’un Samsung Serie 3 Chromebook. Après plusieurs mois, voici mon verdict : un Chromebook peut-il remplacer un PC portable pour le travail et le divertissement ? Je tente d’y répondre à travers mon expérience.

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Il est impressionnant de voir comment Google arrive, finalement, à imposer ses Chromebook. En effet, ils ont cartonné pendant les fêtes de fin d’année (aux États-Unis) et ils commencent à faire trembler Microsoft. Comment expliquer cela ? Par les tarifs plutôt bas des machines sous Chrome OS et par le marketing de Google. L’OS de Mountain View monte doucement, mais sûrement.

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Amérique du Nord : navigation web

Il était une fois…

En 1998, le département américain de la Justice a intenté une action antitrust contre Microsoft pour une variété de pratiques anticoncurrentielles dans l’industrie du logiciel : parmi elles, le fait d’imposer Internet Explorer comme navigateur par défaut de l’OS Windows. Le procès a révélé bien des tactiques et des manipulations de marché pour le compte de Microsoft. Mais l’argument central de Redmond est que, avec la montée d’Internet, le navigateur est devenu une partie intégrante du système d’exploitation, et que les navigateurs concurrents autonomes tels que Netscape et Opera se sont mués en des produits moribonds d’une époque de transition.

Microsoft fait valoir qu’il était nécessaire de faire évoluer le système d’exploitation pour s’adapter à l’ère Internet, pour rester compétitif . Une revendication qui semblait ridicule dans les années 90, quand le géant du logiciel semblait avoir un pouvoir de marché indomptable.

Que s’est-il passé en plus de dix ans ? En 2011, Google a officiellement annoncé son intention de créer un système d’exploitation complet basé sur le Web. L’OS a été conçu pour fonctionner sur les netbooks avec x86 ou les processeurs ARM, et le tout sera construit autour du navigateur Chrome de Google. Bien entendu, les échos des années 90 sont abondants.

Aujourd’hui, de nombreux gouvernements ont Google en ligne de mire. Ils estiment que Google possède une position de monopole potentiel dans la recherche Web et le monde de la publicité en ligne. Google nous rabâche que les choses ne sont pas si claires. Comme exemple, la firme n’hésite pas à citer les efforts fournis par Microsoft pour imposer le moteur de recherche Bing. Pendant ce temps, le monde des navigateurs est en pleine effervescence avec d’excellentes offres : Mozilla, Opera, Apple, Google et Microsoft. La concurrence n’a jamais semblé si abondante.

Et il me semble que, dans les années 1990, Microsoft avait raison et la Justice a eu tort. Chrome OS conçoit le navigateur comme l’épine dorsale de l’OS. Si Microsoft avait vraiment été forcé de procéder à un divorce entre Internet Explorer et Windows, Windows serait complètement hors de propos aujourd’hui. Il serait impossible pour Microsoft de rivaliser avec Google.

Dans le monde des technologies, avec l’essor actuel des systèmes d’exploitation pour mobiles, l’argument « nous ne sommes pas dans une position de monopole » est tout aussi prémonitoire que celui de Microsoft dans les années 90, qui prétendait : « le navigateur est le système d’exploitation ». Comme le dit souvent Google, la concurrence est juste à un clic.

 

Chrome OS ?

La croissance de Google a coïncidé avec la croissance d’Internet. Google est une société qui a toujours été sur les devants. Depuis 2004, les efforts ont été essentiellement consacrés au navigateur et à ce que nous pouvons faire à l’intérieur même du navigateur. Le soi-disant concept de Web 2.0 a seulement aidé à améliorer l’expérience à l’intérieur de ce fameux navigateur, en remplaçant ainsi lentement le bureau…

Grâce aux avancées des nouvelles technologies, au mobile, à l’augmentation des bandes passantes et de la fameuse loi de Moore, le concept d’un système d’exploitation web est devenu une réalité. Le web n’est pas vraiment un OS dans le sens classique du terme, mais plutôt une plateforme pour « faire des choses » : pour passer des appels téléphoniques, pour jouer, pour rédiger des documents, pour envoyer des courriels et même pour éditer des photos.

Nous sommes passés d’un monde où nous avions des disques fiables et des réseaux non-fiables, à un monde où nous avons des réseaux fiables et pratiquement pas de disques.

Comme je l’expliquais en préambule, Google est enfin arrivé à sortir un système d’exploitation basé sur Chrome, qui n’est rien de plus qu’un navigateur fonctionnant sur ​​une version allégée de Linux. En fin de compte, Chrome OS permet de « faire des choses » sur le web, à l’intérieur même d’un navigateur. Apple, bien sûr, a choisi une approche différente pour son système d’exploitation. L’iOS qui alimente l’iPhone, l’iPod touch et l’iPad favorise l’idée d’utiliser des petits morceaux de code pour effectuer des tâches dédiées, en intégrant si nécessaire le navigateur au sein des applications. Comme sur Android…

 

Le contexte

Utilisateur d’une Surface 2 (Windows 8.1 RT) et d’un MacBook Air 11 pouces (OS X Mavericks), j’essaie d’optimiser et de gagner du temps. En effet, j’utilise une multitude de logiciels, de scripts, d’extensions qui facilitent mes tâches quotidiennement. À ce propos, je suis un gros consommateur du logiciel Alfred et d’Automator sur OS X, et un utilisateur modéré de la suite Adobe (Photoshop, Illustrator, etc.). Pour ce qui est des tâches liées à la bureautique, j’ai déjà opté pour Google Drive depuis plusieurs années, excepté lorsque les travaux nécessitent des fonctions poussées (j’utilise Keynote/PowerPoint, mais aussi Excel en parallèle). Côté navigateur, j’ai lâché Internet Explorer depuis une période que je ne peux plus déterminer (sauf sur la Surface 2, où l’on a malheureusement pas le choix), et j’utilise Chrome – et dans de rares occasions, Safari et Firefox.

 

Une interface minimaliste et épurée 

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Bref, maintenant que le contexte est posé, nous allons pouvoir commencer ce long récit de mon expérience avec Chrome OS. La première chose qui m’a évidemment surpris, c’est cette interface très minimaliste. Sur OS X et Windows, nous nous sommes habitués à avoir des pop-ups dans tous les sens, sans oublier les notifications et les widgets. Chrome OS possède une interface épurée, et on retrouve l’essentiel des fonctions (date, heure, WiFi, batterie, applications ouvertes, etc.). L’interface me rappelle quelques interfaces graphiques de distributions Linux.

 

Le démarrage rapide

La très grande majorité des Chromebook possède du SSD pour le stockage, il en résulte un démarrage plutôt rapide de la machine. En effet, elle démarre en moins de 10 secondes à froid. Habitué du MacBook Air 11 pouces et son SSD de 128 Go, cela ne m’a pas choqué.

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Néanmoins, je dois avouer que cela impressionne les utilisateurs de PC « classiques ». Comme les OS récents, vous n’aurez pas vraiment besoin d’éteindre complètement votre machine. Chrome OS passe en veille instantanément et ne consomme alors quasiment rien.

 

Un pavé tactile fonctionnel

J’ai passé quelques minutes à dompter le pavé tactile. En effet, Google met en place un mini tutoriel permettant de prendre en main ce touchpad en quelques minutes. Clic droit, clic gauche, double clic, défilement, glisser-déposer… La liste est longue et l’on se retrouve à déplacer l’icône de Chrome comme un chien qui court après un bâton. Heureusement, après ce mini-tuto, l’engin est fonctionnel. Je dois dire que je n’ai rien à reprocher à ce pavé tactile, il est aussi pratique que les grands pavés tactiles des MacBook. Il gère le multitouch et l’expérience est « lisse ».

 

La synchronisation de votre compte Google

Vient la synchronisation du compte Google. En effet, vous allez devoir rentrer votre login et mot de passe Google. Le Chromebook va ensuite aller charger le maximum d’éléments qu’il parvient à trouver sur les serveurs de Google : vos extensions, vos modules, votre historique de navigation, vos logins et mots de passe, vos signets… et cela en quelques minutes.

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J’ai également retrouvé mes onglets récemment ouverts : Gmail, Evernote, TweetDeck, Facebook, Feedly et FrAndroid bien entendu.

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Enfin, Google Remote Desktop… une sorte de client VNC plus facile d’accès.

 

Les périphériques et les mises à jour

Un des points forts de Chrome OS est la gestion de plusieurs périphériques, qui ne nécessite pas d’installer des pilotes. Mon imprimante, mon clavier, mes différents éléments stockage ont fonctionné parfaitement via le port USB ou sans fil. Notons également la gestion des mises à jour : tout est automatique, des mises à jour du système à celles des applications.

 

La gestion des e-mails

Chez Humanoid, nous avons opté pour les outils Google Apps. La messagerie est donc liée à Gmail, et cela colle bien à l’expérience Chrome OS. Justement, j’ai tenté d’utiliser un compte Microsoft Exchange et je n’ai trouvé aucune solution simple. Il n’existe pas de clients de messagerie : on doit donc ruser et paramétrer son compte Exchange à travers Gmail (en passant par le serveur POP3 ; je n’ai pas trouvé un moyen de gérer le cryptage SSL).

 

Les alternatives à Microsoft Office

Comme sur votre navigateur, il est possible d’installer des apps. Les apps de Google permettent de retrouver l’essentiel. Par exemple, l’extension Google Drive permet de pouvoir continuer à éditer ses documents sans Internet. Et cela fonctionne… plutôt bien. En effet, la synchronisation avec le serveur se fera dès lors que vous pourrez vous reconnecter. En attendant, tout est stocké dans la machine. Je pense que vous ne serez pas perdu sans la suite Office, même s’il m’est difficile de le parier. En effet, j’utilise déjà Google Drive depuis plusieurs années (Google Documents avant). Néanmoins, l’outil de Google est désormais assez complet. De plus, vous pouvez accéder à Office 365 depuis le navigateur Chrome, et vous retrouvez l’essentiel des outils Office dans « le cloud ». Enfin, j’ai noté la présence de Quick Note, un outil de gestion de notes plutôt efficace.

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Si vous avez des difficultés avec Google Drive, je le comprends ; vous pouvez également opter pour Zoho Writer.

L’éditeur d’images Aviary m’a permis de retoucher rapidement quelques images, et cela sans avoir de connexion. Il existe d’autres outils bien pratiques pour les photos et images : Pixlr et Volière. Avec l’outil Picnik, je n’ai même pas pu ouvrir des images de plus de 4 Mo : « manque de mémoire ».

 

La VoIP et le reste

J’ai ensuite essayé d’utiliser Skype. Et… je n’ai pas trouvé de client ad hoc. Pour le VoIP, il faudra se tourner vers Hangouts. Ce dernier outil, de Google, fonctionne parfaitement sur Chrome OS. Texte, son, vidéo, appels… L’outil est complet, et je l’utilise déjà depuis plusieurs mois dans des contextes privés et professionnels.

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Comme les ultrabooks récents ou les tablettes hybrides, je n’ai trouvé aucun Chromebook équipé d’une prise Ethernet. Vous devrez débourser 10 euros dans un câble USB > RJ45.

Pour la musique, je suis un accro de Spotify. Heureusement, le service de musique en streaming a lancé une version web de son lecteur. Et malheureusement, je n’ai pas réussi à stocker des playlists en hors-ligne. Même chose avec Google Music, pas moyen de stocker mes MP3 (pourtant sur le serveur de Google) en hors-ligne. J’ai donc opté pour une… simple clé USB dans laquelle se trouvaient mes MP3. Une méthode rudimentaire mais qui fonctionne…

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En optant pour le Samsung Serie 5, je savais que j’avais opté pour les caractéristiques les plus faibles parmi les Chromebooks. En effet, on retrouve une « vielle » architecture ARM Exynos double-cœur. Cela permet tout de même de lire des vidéos en 720p sur YouTube de façon plutôt fluide, ou d’afficher du 1080p avec la sortie HDMI. Dans les autres lecteurs HTML5/Flash, j’ai rencontré des saccades sur Canal+, Vimeo ou encore Dailymotion. Je mets ces « saccades » sur le dos de ce processeur un peu trop léger…

Pour les jeux, vous pouvez accéder à tous les jeux Flash. Mais ce n’est pas la seule solution, on retrouve une multitude de jeux sur le Web Store, la plupart peuvent se jouer hors-ligne. Au côté du vieillot Angry Birds HD, se trouve une multitude de clones de jeux classiques : PacMan, Missile Command… La qualité varie beaucoup. On retrouve également de nombreux jeux free-to-play, ceux que l’on peut également trouver sur Facebook. En élargissant vos recherches, vous tomberez sur d’excellents jeux Flash. Par exemple, Dream Machine. Même constant que pour la vidéo, le Chromebook grince des dents, même sur Angry Birds HD. Toujours ce manque de puissance… J’ai noté de gros soucis de performances.

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Continuons avec ce qui fâche : les conversions de fichiers (ZIP, RAR, etc.) sont loin d’être évidentes, la lecture de DiVX peut poser problème, les fichiers Office ne peuvent pas être édités dans les meilleures conditions, il n’existe pas des clients pour toutes les solutions (j’aimerais bien un client Dropbox par exemple), certaines commandes sont compliquées et les réglages sont difficiles à trouver… Google a encore du travail pour rationaliser et simplifier la manière dont Chrome OS fonctionne. Aujourd’hui, j’aurais tendance à vous conseiller d’acquérir un PC sous Windows 8.1 (si possible avec le processeur Intel Atom Bay Trail) et d’y installer Chrome. Google doit répondre à de nombreuses problématiques.

 

Chrome OS reste limité, mais…

En tant que consommateur, vous allez trouver Chrome OS très limité, en particulier avec les notions que nous avons de ce qu’un ordinateur personnel est censé faire. De plus, la disponibilité des smartphones et des tablettes rend Chrome OS… moins « nécessaire ». Néanmoins, Chrome OS pourrait s’adapter aux environnements professionnels. En effet, les entreprises vont pouvoir déployer des ordinateurs à faible coût pour certaines tâches spécifiques, sans entretien particulier et avec un minimum de soucis liés à la sécurité. Elles vont pouvoir déployer des applications de façon centralisée en limitant les problèmes de sécurité et les tracas de maintenance. On pourrait retrouver très vite des Chromebook pour la réservation d’avion, les points de vente, dans l’éducation, la logistique, etc.

Pourquoi tant de nombreux utilisateurs occasionnels ont-ils acheté un iPad pour remplacer leur ordinateur portable (ou leur vieux PC) ? Parce que c’est rapide, simple et épuré. On ne peut pas faire fonctionner Photoshop, mais ce n’est pas grave. L’analogie n’est pas parfaite, mais les Chromebook apportent la même philosophie : rapides, simples et épurés. Ils démarrent en quelques secondes, ils ne ralentissent pas au fil du temps, vous avez la la dernière version de toutes vos applications (tout le temps) et vous ne vous souciez pas des problèmes de sécurité (je déteste installer des anti-virus et anti-malwares, sous oublier le pare-feu)… Toute l’industrie du logiciel se déplace vers le web. Microsoft a lancé Office 365, Adobe a lancé sa solution « cloud », Spotify son interface web, Skype également, et il est déjà possible de réaliser de l’édition de photos et du montage vidéo depuis un navigateur web.

Je vous l’accorde, le passage à une machine qui dépend d’une connexion Internet est un peu effrayant au début, mais considérez ceci : quelle est l’utilité de votre ordinateur de bureau ou de ordinateur portable sans accès à Internet ? La semaine dernière, nous avons connu une désynchronisation de la ligne ADSL OVH chez Humanoid, Internet est tombé en panne, et devinez ce que nous avons fait : nous sommes tous rentrés chez nous pour travailler.

Les connexions WiFi, l’arrivée de la 4G… très bientôt, nous n’aurons plus une parcelle de la planète sans connexion disponible. Il sera bientôt possible de se connecter dans le RER à Paris en 4G ou en WiFi dans l’avion en traversant l’espace aérien européen.

Évidemment, Chrome OS n’est pas le remplaçant parfait et évident de Windows et OS X. Vous êtes nombreux à avoir des raisons parfaitement valables qui expliquent pourquoi vous ne voulez pas d’un Chromebook, mais Chrome OS a du sens pour les utilisateurs et mérite de trouver un public plus large.


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