Les régulateurs britanniques disent stop : Meta va devoir revendre Giphy

Et si l'empire bâti sous l'ère Facebook commençait à décatir ?

 

Les autorités britanniques à la concurrence (CMA) viennent de rendre leur verdict quant au rachat de Giphy par Facebook (Meta). Sans surprise, il est demandé au géant américain de revendre la plateforme de partage d'images animées.

Le logo de Giphy // Source : GIPHY

C’était plus que pressenti, c’est désormais officiel : les régulateurs britanniques (Competition and Markets Authority, CMA) ordonnent formellement à Meta (maison mère de Facebook, Instagram, WhatsApp…), de revendre la plateforme Giphy, rachetée par le géant californien pour 400 millions de dollars au printemps 2020. Cette décision fait suite à une enquête approfondie menée depuis plusieurs mois par les autorités anglaises, visant à déterminer si oui ou non cette acquisition avait un impact négatif sur la concurrence, entre autres sur le marché publicitaire.

En août dernier, les conclusions de l’enquête préliminaire, rendues publiques, n’allaient déjà pas du tout dans le sens de Meta. La CMA estimait alors qu’une cession du service de partage de GIFs serait « la seule manière efficace de résoudre les problèmes de concurrence (…) identifiés ». Il était alors déjà suggéré que « Facebook vende Giphy, dans son intégralité, à un acheteur approprié ».

Circonscrire la domination de Meta sur le marché

Les conclusions définitives de l’enquête, partagées ce 30 novembre dans un communiqué de presse, sont globalement identiques. Les régulateurs britanniques statuent que le rachat de Giphy par Meta pourrait impacter la saine concurrence entre les différentes plateformes sociales. Selon la CMA, cette acquisition pourrait être utilisée par Meta pour attirer plus de trafic sur ses propres applications au détriment des autres.

Les autorités anglaises estiment par ailleurs que Meta pourrait utiliser Giphy comme levier pour forcer d’autres plateformes à lui céder les données personnelles de leurs utilisateurs (en l’échange d’un accès à son imposante bibliothèque de GIFs). La CMA établit enfin que cette acquisition tue dans l’œuf la concurrence que la régie publicitaire de Giphy aurait pu faire à celle de Meta.

Mark Zuckerberg, lors de la présentation de Meta // Source : Meta

« L’association entre Facebook et Giphy a déjà éliminé un concurrent potentiel sur le marché de la publicité par affichage », lit-on notamment. « Si aucune mesure n’est prise, cela permettra également à Facebook d’accroître encore davantage son influence prédominante sur le marché des médias sociaux, en contrôlant l’accès de ses concurrents aux GIFs [proposés par] Giphy » .

« En exigeant de Facebook qu’il revende Giphy, nous protégeons des millions d’utilisateurs de médias sociaux et nous encourageons la concurrence et l’innovation dans la publicité numérique », statue enfin Stuart McIntosh, en charge de l’enquête. Comme le souligne The Verge, c’est la première fois que la CMA tente d’annuler une acquisition opérée par un géant de la Tech.

De son côté, Meta pourrait faire appel de cette décision. Interrogé par The Verge, le groupe a notamment déclaré que « les utilisateurs et Giphy sont mieux lotis avec le soutien de [son] infrastructure, de [son] savoir-faire et de [ses] ressources ». « Ensemble, Meta et Giphy amélioreront la solution de Giphy pour les millions de personnes, d’entreprises, de développeurs et de partenaires API au Royaume-Uni et dans le monde entier qui utilisent Giphy chaque jour, offrant ainsi plus de choix à chacun ». Raisonnement plus percutant peut-être, Meta avance que la décision des autorités anglaises à la concurrence « envoie un message glacial aux jeunes entrepreneurs : ne créez pas de nouvelles start-up car vous ne pourrez pas les vendre ».

Des arguments qui n’ont visiblement pas pesé bien lourd pour la CMA. L’autorité britannique, s’est pour sa part plaint du comportement de Meta, qui « refusait consciemment de fournir toutes les informations requises » durant l’enquête. Une attitude qui a valu au groupe une amende de 50 millions de livres sterling (soit presque 59 millions d’euros) fin octobre dernier.


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