30 jours avec l’iPhone Air : j’avais tort de le détester autant

Un choix qui fait sens à bon prix

 
Retour d’expérience après 30 jours avec l’iPhone Air : comment un produit universellement critiqué (moi le premier) peut finalement faire sens.

J’ai passé trente jours avec l’iPhone Air dans la poche. Celui que tout le monde déteste. Celui qu’on critique sans l’avoir touché. Mes collègues de Frandroid étaient surpris que je le choisisse pour mon usage perso, mes potes geeks se marraient. Moi ? J’étais surtout curieux de comprendre pourquoi Apple avait sorti ce smartphone.

Contexte : pourquoi j’ai choisi l’Air

Avant l’Air, j’utilisais un iPhone 17 Pro pour le test de Frandroid, et j’utilise toujours un Pixel 10 Pro en parallèle d’iOS. Format Pro, écran 6,7 pouces : c’est ma taille préférée. Assez grand pour être confortable, pas trop pour rester maniable. Quand Apple a annoncé l’Air dans ce gabarit, je me suis dit que c’était le moment parfait pour tester un smartphone mince et plus grand.

Tout le monde tapait sur l’Air avant même sa sortie. Les caractéristiques sur papier faisaient peur : une seule caméra, batterie ridicule, des compromis partout et un prix stratosphérique. Mais justement. Les produits les plus intéressants à tester sont ceux qui divisent. Ceux dont on ne sait pas s’ils sont géniaux ou complètement ratés avant de les avoir vraiment utilisés.

On a publié un test complet sur Frandroid (allez le lire pour les benchmarks et mesures précises). Ici, c’est différent : c’est mon ressenti après trente jours d’usage réel. Les moments où j’ai adoré. Ceux où j’ai ragé.

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La finesse : 5,64 mm

Commençons par l’évidence : l’iPhone Air est défini par sa finesse. 5,64 mm d’épaisseur. C’est un chiffre. Sur le papier, ça paraît anecdotique face aux compromis techniques.

Dans la main ? C’est une révélation quotidienne.

Apple iPhone Air // Source : Chloé Pertuis pour Frandroid

Chaque fois que je reprends mon Pixel 10 Pro (que j’adore pourtant), j’ai l’impression physique de tenir une brique. Pas parce que le Pixel est mal coçu. Juste parce que l’Air a recalibré mes attentes. 8-9 mm d’épaisseur, qui paraissaient normaux il y a un mois, donnent maintenant une sensation de retour en arrière.

Le plus dingue, c’est le poids quasi inexistant. Plusieurs fois par semaine, je me suis surpris à taper mes poches de jean en panique, persuadé d’avoir oublié mon téléphone quelque part. Il était bien là. Je ne le sentais juste pas. Jamais un smartphone ne m’avait fait cet effet.

En poche avant de pantalon : il se fait oublier. En poche arrière de jean : on ne le sent pas quand on s’assoit (contrairement à tous les autres smartphones que j’ai testés). Dans la main, l’écran 6,7 pouces reste praticable à une main alors que ça devrait être impossible à cette diagonale.

Apple a fait un pari radical : sacrifier une fiche technique pour gagner en confort physique. Trente jours plus tard, je comprends pourquoi certains sont prêts à accepter les compromis. La finesse n’est pas qu’un argument marketing. Elle change la relation au smartphone au quotidien.

Mention spéciale à la qualité d’assemblage exemplaire. Aucune flexion malgré les 5,64 mm. Aucun craquement. Aucun jeu dans le châssis. Apple a clairement mis les moyens sur l’ingénierie de ce cadre ultra-fin. On sent la R&D. Ça ne plie pas comme une feuille de papier. C’est solide. Rassurant.

L’écran : ici, Apple n’a rien sacrifié

Parlons d’abord de ce qui fonctionne parfaitement : l’écran ne fait aucun compromis. Et heureusement, parce que c’est là que j’aurais le plus souffert au quotidien.

Dalle OLED magnifique, 120 Hz fluides, luminosité excellente même en plein soleil. Les noirs sont profonds, les couleurs justes, la fluidité irréprochable. Apple a su où ne pas rogner.

Le passage du format standard au même gabarit sur iOS s’est fait sans douleur. L’écran plus grand, c’est vraiment un gain en confort pour la lecture, les vidéos, la navigation web. Même pour taper des textes longs (comme celui-ci, rédigé en partie sur le Air), le clavier bénéficie de la surface.

Scroller sur iOS avec cet écran est un plaisir pur. La fluidité d’iOS combinée à ce 120 Hz, c’est du velours. Apple maîtrise l’optimisation écran-logiciel comme personne.

Un détail qui compte : pas de surchauffe visible de la dalle malgré la finesse. J’ai eu peur que le manque d’espace pour dissiper la chaleur impacte l’écran lors des usages intensifs. Ça n’a jamais été le cas. Trente jours, zéro souci.

Photo : la frustration du choix radical

Bon. On y vient. Le gros problème de l’Air, celui qu’on ne peut pas contourner.

Apple iPhone Air // Source : Chloé Pertuis pour Frandroid

Une seule caméra arrière en 2025, c’est un choix tranché qui ne pardonne pas. Pas d’ultra-grand-angle pour les paysages ou l’architecture. Pas de téléobjectif pour zoomer sans dégradation. Au-delà de 2x, le zoom numérique se casse la gueule. La qualité part en couille rapidement.

Pour quelqu’un qui aime photographier (c’est mon cas), c’est frustrant au quotidien. Combien de fois j’ai voulu capturer un paysage large, un bâtiment en contre-plongée, un détail au loin… et je me suis rappelé que je n’avais qu’un seul capteur. Ce sentiment de manque devient vite récurrent.

La caméra principale reste de qualité, ne nous mentons pas. Les photos en bon éclairage sont excellentes. Le traitement logiciel d’Apple (Smart HDR 5, Deep Fusion) fait son taf. Mais la polyvalence, elle, a disparu. C’est le prix de la finesse.

Mais attendez : la caméra frontale est une bombe

Là où Apple a mis le paquet, c’est sur la caméra selfie. Et franchement, c’est une tuerie.

18 mégapixels avec autofocus (enfin !), capteur carré qui permet un recadrage intelligent, Center Stage qui élargit ou pivote automatiquement le cadre. Vous pouvez prendre des selfies en portrait ou paysage sans jamais tourner le smartphone. L’IA recadre en temps réel.

Pour les photos de groupe, le champ s’élargit automatiquement quand plusieurs visages sont détectés. C’est brillant. Mode Nuit, Smart HDR 5, Deep Fusion, portraits avec contrôle de mise au point après coup… Cette caméra frontale fait mieux que 80 % des capteurs principaux de smartphones de 2022.

La vidéo 4K HDR est ultra stabilisée. J’ai filmé en marchant : le résultat est bluffant. Et le « Dual Capture » (filmer simultanément avec les deux caméras) est parfait pour les créateurs de contenu. Vous vous filmez en expliquant ce que vous filmez. C’est con, mais ça marche. Et oui, Samsung le fait depuis longtemps.

Dommage qu’Apple ait bloqué le RAW photo et vidéo. Ça confirme que l’Air vise le grand public Instagram/TikTok, pas les créateurs ou les photographes pros. Une petite radinerie supplémentaire qui en dit long sur le positionnement.

Photo acceptable selon votre usage

Si vous photographiez principalement des gens, des scènes de vie, du quotidien : ça passe largement. La caméra principale + la frontale couvrent 80 % des usages normaux.

Si vous aimez la photo créative, les paysages, les détails architecturaux, les zooms : passez votre chemin. Vous allez souffrir quotidiennement de ces absences.

Moi ? J’ai survécu. Mais j’ai été frustré. Souvent. Heureusement que le Pixel 10 Pro n’était pas loin.

Performance : l’A19 Pro bridé qui ne l’est jamais vraiment

Sur le papier, l’A19 Pro dans un châssis de 5,64 mm, ça ne peut que throttle. La chaleur ne se dissipe pas. Les performances s’écroulent. C’est la théorie.

Dans les faits ? Ça m’est arrivé rarement. Genre très rarement.

Navigation ultra-fluide en toutes circonstances. Les apps s’ouvrent instantanément. Le multitâche ne bronche jamais. Scroller sur Twitter, consulter mes mails, lire des articles, regarder des vidéos, éditer des photos basiques : zéro lag, jamais.

Le throttling n’apparaît que sur des usages très spécifiques : session gaming prolongée, export vidéo 4K, ou utilisation GPS + streaming musical + fond d’écran actif en plein cagnard d’été (c’était au Portugal fin octobre, mais 30 degrés quand même). Autrement dit : 95 % des utilisateurs ne verront jamais ce throttling.

Pour mon usage quotidien (réseaux sociaux, édition photo légère, navigation web intensive, apps de productivité), je n’ai jamais senti de ralentissement. L’A19 Pro, même bridé, reste une puce puissante.

Autonomie : le vrai talon d’Achille, mais pas catastrophique

Oui. L’autonomie est mauvaise. Pas catastrophique. Juste mauvaise.

Certains jours, je rechargeais avant le dîner (18h). D’autres, ça tenait jusqu’à la charge du soir (23h) sans souci. Tout dépend de l’usage. Journée calme avec consultation sporadique ? Ça passe. Journée intensive avec GPS, photos, streaming ? Vous cherchez une prise vers 17h.

En moyenne, je finissais entre 10 % et 20 % de batterie vers 22h. C’est gérable. Mais ça demande une vigilance que je n’avais pas avec le Pixel 10 Pro. Avec lui, je finissais systématiquement au-dessus de 40%.

J’avais pris une batterie externe en vacances par précaution. Elle m’a finalement été peu utile, moins que prévu. Deux recharges sur dix jours. Mais l’avoir dans le sac, c’était rassurant.

Mon inquiétude : le vieillissement

Ce qui me fait vraiment peur, c’est le vieillissement de la batterie.

Dans un an, elle sera à 95 % de capacité. OK, gérable. Dans deux ans, 85 %. Là, ça commence à sentir le roussi. Après, ça se stabilise autour de 80% (voire en-dessous selon le nombre de cycles).

Si vous achetez un Air d’occasion, vérifiez impérativement la santé de la batterie. En-dessous de 90 % ? Attention, sérieusement. Vous allez galérer. Entre 90 % et 95 % ? Ça peut passer si le prix est bon.

Son : le second pire compromis de l’Air

Après l’autonomie, voici le deuxième gros problème : le son.

Haut-parleur mono. En 2025. Sur un smartphone à plus de 1000 balles. C’est juste pathétique.

Le son est plat, pas fort, pas de spatialisation. Pour avoir le même volume qu’un iPhone 17 Pro, il faut pousser 2-3 crans de plus. Regarder une vidéo YouTube, écouter un podcast en cuisinant, se matter une série en voyage sans écouteurs : l’expérience est dégradée.

Ce n’est pas juste une question d’audiophile. C’est une question de confort d’usage basique. Le son mono en 2025, sur ce segment de prix, c’est de la radinerie pure. Apple aurait pu caser deux HP dans 5,64 mm. Ils l’ont fait sur l’iPad Pro 2024 (5,1 mm). Ils ont choisi de ne pas le faire.

Ce compromis me gonfle plus que l’autonomie ou la caméra unique. Parce qu’il n’a aucune justification technique. C’est juste du choix marketing déguisé en choix de design.

Heureusement, avec des AirPods ou n’importe quels écouteurs Bluetooth, le problème disparaît. Mais quand même. On ne devrait pas avoir besoin d’écouteurs pour avoir un son correct sur un smartphone premium.

Le prix : catastrophe au lancement, opportunité aujourd’hui

1299 € au lancement. À ce prix, l’Air était indéfendable. Un iPhone 17 Pro à 1229€ offrait tellement plus : triple capteur, autonomie solide, son stéréo, construction plus conventionnelle.

Mais aujourd’hui ? On le trouve à 820 € en Marketplace, quelques semaines seulement après son lancement. C’est du jamais vu chez Apple. Un produit qui décoté si vite, ça n’existe pas chez Apple.

Pourquoi cette chute ? Simple : offre-demande. Apple a surestimé l’appétit du marché pour un produit si radical. Les stocks s’accumulent. Les revendeurs bradent. Certaines rumeurs parlent même d’un arrêt de production (non confirmé officiellement, mais les signaux sont là).

À 820 €, il devient moins cher qu’un iPhone 17 standard (859 €). Et là, l’équation change complètement. Vous avez l’écran Pro, la puce Pro, le format Max, pour moins cher qu’un modèle standard. Les compromis photo/son/autonomie deviennent acceptables vu la différence de prix.

Ce que j’ai appris : tenir l’Air change tout

Inutile jusqu’au moment où on l’a en main. C’est la phrase qui résume le mieux le Air.

Sur le papier, c’est un produit bancal. Des compromis partout. Un positionnement tarifaire lunaire. Des choix techniques discutables. Sur le papier, je ne l’aurais jamais acheté.

Dans la main, quotidiennement, pendant 30 jours ? L’expérience est différente. La finesse n’est pas qu’un argument marketing. Elle change physiquement la relation au smartphone. Vous le sentez moins. Vous l’oubliez. Il disparaît.

J’avais tort sur l’Air. Pas complètement. Les défauts sont bien réels. Mais j’avais tort de penser qu’on ne pouvait pas accepter ces compromis. Certaines personnes, avec certains usages, trouveront un bonheur quotidien avec ce smartphone.

La haine autour de ce modèle paraît forcée. Oui, il n’est pas pour tout le monde. Non, ce n’est pas un échec total. C’est juste un produit radical, qui assume des choix extrêmes. Et qui, au bon prix, trouve son public.

Moi ? Je le garde encore un moment. Pas pour toujours. Mais assez longtemps pour profiter de cette finesse unique.

En attendant, je continue d’oublier qu’il est dans ma poche. Et franchement, c’est plutôt agréable.


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