Hong Kong : Apple obéit à la Chine et bannit deux applications de son App Store

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Apple a retiré deux applications à la demande du gouvernement chinois. Elles étaient utilisées dans le cadre des manifestations de Hong Kong.
Des manifestations à Hong Kong en août 2019. Crédit : Studio Incendo // Flickr

Alors que le mouvement protestataire continue de plus belle à Hong Kong, les grandes entreprises internationales font face à des choix politiques cruciaux.

Si Blizzard est pour le moment sous le feu des projecteurs après avoir sanctionné un joueur pro de Hearthstone pour avoir soutenu Hong Kong, Apple pourrait lui voler la vedette. La marque s’est en effet fait remarquer pour avoir supprimé coup sur coup deux applications, utilisées dans le cadre des manifestations à Hong Kong.

Géolocalisation des forces de l’ordre

La plus controversée des deux applications est sans aucun doute HKmap.live que Apple avait d’abord rejeté au début du mois, avant de finalement l’autoriser sur son App Store. Il s’agit d’une application de transports permettant de partager les positions des forces de l’ordre, un peu à la manière d’un service comme Waze. La firme a par la suite retiré l’application de la boutique en donnant l’explication suivante.

Nous avons créé l’App Store pour être un endroit sûr et fiable pour découvrir les applications. Nous avons appris qu’une application, HKmap.live, a été utilisée de manière à mettre en danger les forces de l’ordre et les habitants de Hong Kong. De nombreux clients inquiets à Hong Kong nous ont contactés au sujet de cette application et nous avons immédiatement commencé à l’étudier. L’application affiche l’emplacement des services de police et nous avons vérifié auprès du Bureau de la cybersécurité et de la criminalité technologiques de Hong Kong que l’application a été utilisée pour cibler et piéger la police, menacer la sécurité publique, et les criminels l’ont utilisée pour victimiser les résidents dans des zones où ils savent qu’il n’y a aucun service de police. Cette application viole nos directives et les lois locales, et nous l’avons retirée de l’App Store.

Comme le montre le site The Verge, ce n’est pas une opinion partagée par le développeur de l’application. Ce dernier insiste pour dire qu’il n’y a aucune preuve pour soutenir les accusations du Bureau de la cybersécurité et de la criminalité technologique de Hong Kong.

Il indique par ailleurs que l’application n’encourage en rien des actes criminels. Dans un fil sur Twitter, le développeur indique également que la plupart des avis sur l’App Store indiquaient que l’application améliorait au contraire la protection du public. Il annonce enfin que la clause utilisée par Apple pour justifier la suppression de l’application pourrait s’appliquer à Waze, mais aussi à Telegram, Facebook, Twitter ou encore Instagram. Pourtant aucune de ces applications n’a été bannie pour le moment.

La presse est aussi dans le viseur

Apple n’a pas que supprimé une application locale, mais aussi celle d’un média en ligne : Quartz. Ce média créé à New York a particulièrement couvert les manifestations de Hong Kong. Le site officiel de Quartz a rapidement été bloqué en Chine, mais l’application était encore disponible sur iOS.

Apple a désormais supprimé l’application de sa boutique, et cette décision semble faire suite à la publication d’un édito enflammé de la part de People’s Daily, un journal sous contrôle du gouvernement chinois. On peut y lire ce dernier mettre en garde la marque à la pomme : « Apple doit réfléchir aux conséquences de sa décision imprudente et malavisée » (de laisser en ligne l’application).

Les récentes actions du gouvernement chinois mettent à l’épreuve les multinationales qui doivent mettre en contradiction leurs valeurs avec leur intérêt financier. Visiblement, même l’une des entreprises les plus riches du monde ne peut pas se permettre de se mettre à dos le marché chinois.


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