Audi persiste dans sa stratégie radicale en Chine : après avoir abandonné ses quatre anneaux emblématiques sur la berline E5 Sportback lancée en septembre (et que nous avons essayé sur Survoltés), le constructeur allemand dévoile aujourd’hui son deuxième concept AUDI comme le relaye Auto Home.
Cette fois ci, il s’agit d’un SUV électrique présenté au salon de Guangzhou (Canton) 2025. Cette rupture symbolique avec près d’un siècle d’histoire automobile confirme que la bataille pour le marché électrique chinois pousse les géants européens à des concessions impensables il y a encore quelques années.
Une stratégie de survie face aux géants locaux
La création de cette marque AUDI (en capitales, sans les anneaux) résulte d’un partenariat entre le constructeur d’Ingolstadt et le conglomérat chinois SAIC Motor. L’objectif est sans détour : reconquérir une clientèle chinoise qui s’est massivement tournée vers les marques locales comme NIO, Xpeng ou BYD.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les ventes d’Audi traditionnel sont tombées sous les 10 000 unités au premier semestre 2024 en Chine, un effondrement qui a forcé la marque à repenser entièrement son approche.
La disparition des quatre anneaux n’est pas qu’une question de design. Elle symbolise la volonté d’Audi de cibler une clientèle beaucoup plus jeune qui privilégie les technologies de pointe et la conduite autonome plutôt que l’héritage historique. Fermín Soneira, directeur de ce projet chez Audi, l’assume pleinement : il s’agit de « conquérir de nouveaux segments de clientèle plus technophiles« .
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Un SUV taillé pour la production
Le concept AUDI E SUV présenté à Guangzhou adopte le langage stylistique inauguré par le concept E Sportback de novembre 2024. La face avant arbore une calandre fermée caractéristique des véhicules électriques, ponctuée d’éléments matriciels et de détails numériques qui rappellent l’ADN Audi tout en affirmant une identité distincte. Le lettrage « AUDI » illuminé remplace les anneaux sur le capot et le hayon, une signature visuelle qui divise mais ne laisse pas indifférent.
Sur le profil, les lignes d’épaule quattro traversent la carrosserie de part en part, dialoguant avec des passages de roues musclés qui confèrent au véhicule une stature solide. Les jantes de grand diamètre accentuent la présence visuelle, tandis qu’un capteur LiDAR intégré au pavillon annonce des capacités avancées en matière de conduite assistée.
À l’arrière, les feux circulaires forment une signature lumineuse continue, interrompue par le logo AUDI rétroéclairé.
Une plateforme partagée avec l’E5 Sportback
Selon les informations disponibles, ce concept SUV devrait reprendre l’essentiel de l’arsenal technique de l’AUDI E5 Sportback, actuellement commercialisé en Chine. Cela signifierait une architecture 800 volts baptisée ADP (Advanced Digitized Platform), développée conjointement avec SAIC.
Le système d’exploitation AUDI OS occuperait le cœur du dispositif numérique, complété par les fonctions interactives comme l’assistant Audi et l’écosystème Audi Smart Island.
Sur le plan mécanique, le SUV pourrait hériter de la double motorisation de l’E5 Sportback : 787 chevaux et 800 Nm de couple grâce à deux moteurs synchrones à aimants permanents répartis sur les essieux avant et arrière. Ce système quattro électrique offre une transmission intégrale intelligente capable de gérer la répartition du couple en temps réel selon les conditions d’adhérence. Sur la berline, cette configuration permet un 0 à 100 km/h en 3,4 secondes.
Production prévue pour 2026
Contrairement à de nombreux concept-cars qui restent à l’état de prototypes, ce SUV AUDI devrait rapidement passer en phase industrielle. La version de production est attendue pour 2026, dans l’usine SAIC d’Anting, en périphérie de Shanghai. Cette usine produit déjà l’E5 Sportback, ce qui devrait faciliter l’industrialisation du SUV puisque les deux véhicules partagent la même plateforme technique.
Le positionnement tarifaire devrait s’inspirer de celui de l’E5 Sportback, vendu en Chine entre 235 900 et 389 000 yuans (soit 28 450 à 47 000 euros environ). Un SUV électrique premium à moins de 50 000 euros en version haute performance représenterait une proposition agressive sur un marché chinois où Tesla, NIO et les marques locales se livrent une guerre des prix sans merci.
Malheureusement, l’arrivée des voitures AUDI en Europe ne semblent pas être à l’ordre du jour pour le moment. Il faudra donc que les clients européens se contentent de technologies moins évoluées, pour le moment.
Trois modèles électriques d’ici fin 2025
Ce concept SUV constitue le deuxième modèle de la gamme AUDI sans anneaux, après le concept E Sportback dévoilé en novembre 2024. Le partenariat entre Audi et SAIC prévoit le lancement de trois véhicules électriques de production d’ici la fin 2025, tous positionnés sur les segments B et C (compactes et intermédiaires). Cette cadence soutenue témoigne de l’urgence pour Audi de reconquérir des parts de marché face à une concurrence locale qui ne cesse de gagner du terrain.
La répartition des responsabilités entre les deux partenaires illustre une approche pragmatique : SAIC apporte sa plateforme électrique, ses capacités de production locale et sa connaissance du marché chinois, tandis qu’Audi contribue avec son expertise en dynamique de conduite, son design et son savoir-faire premium. Cette alliance vise à combiner « le meilleur des deux mondes », selon les mots de Gernot Döllner, PDG d’Audi.
Le pari d’Audi reste risqué : abandonner son identité visuelle historique pour séduire une clientèle jeune et technophile pourrait diluer la valeur de la marque. Mais face à l’effondrement de ses ventes en Chine et à la montée en puissance des constructeurs locaux, le groupe Volkswagen n’avait probablement plus d’autre choix que cette rupture radicale. Les résultats commerciaux de l’E5 Sportback (10 000 commandes en trente minutes lors de son lancement en septembre) suggèrent que cette stratégie pourrait porter ses fruits
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