La mode est au « toujours plus petit », mais rarement au « toujours plus réparable ». Le Framework Desktop débarque comme un ovni dans un marché saturé de mini-PC chinois et de tours immenses.
Framework tente ici un pari : transposer sa philosophie de PC portable modulaire dans un cube de 4,5 litres. Sur le papier, c’est la promesse ultime : une machine puissante, évolutive et qui ne finira pas à la poubelle dans trois ans.
Ce produit est fascinant, mais il est aussi pétri de contradictions qui pourraient vous faire hurler. Avec une architecture AMD Strix Halo inédite et un prix qui pique sévèrement (surtout pour notre configuration de test à plus de 2300 €), le verdict ne peut pas être tiède. Est-ce le futur du PC de bureau ou juste un jouet de luxe pour développeurs en quête de bonne conscience ?
Framework DesktopFiche technique
| Caractéristique | Framework Desktop (Max+ 395) |
| Processeur | AMD Ryzen AI Max+ 395 (16 cœurs / 32 threads, jusqu’à 5.1 GHz) |
| GPU | Radeon 8060S (40 cœurs graphiques) |
| RAM | 128 Go LPDDR5x-8000 (unifiée et soudée) |
| Stockage | 2 To WD_BLACK SN850X NVMe (PCIe 4.0) |
| Connectivité Réseau | Ethernet 2.5GbE, Wi-Fi 7, Bluetooth 5.4 |
| Ports (arrière fixe) | 2x USB4, 1x HDMI 2.1, 2x DP 2.1, Audio Jack, Ethernet |
| Ports (modulaires) | 2 slots pour cartes d’extension Framework (USB-A, C, stockage, etc.) |
| Alimentation | 400W Flex ATX (Gold) |
| Dimensions / Volume | 4,5 Litres (Compact) |
| Prix config testée | 2 329 € |
L’exemplaire de ce test nous a été prêté par Framework.
Framework DesktopDéballage, mise en place, etc.
L’expérience d’unboxing chez Framework, c’est un peu comme recevoir un meuble IKEA, surtout quand vous avez choisi l’option DIY. Tout est compartimenté, étiqueté, réfléchi. On ne sort pas un PC fini, on sort un projet. Le châssis est là, mais il faut bosser un peu. C’est valorisant, on a l’impression de mériter sa machine avant même de l’avoir allumée.

Alors, c’est très vrai pour les PC portables, mais un peu moins pour le Desktop, puisque la puce AMD utilisée est un peu spéciale.
L’installation du SSD est enfantine. On retire le panneau latéral (tenu par des vis captives, trop pratique), on repère le port M.2, on visse. C’est fini. Notre modèle de test embarque un WD Black SN850X de 2 To, une bête de course. Il y a de la place pour un deuxième SSD.

Vient ensuite le moment controversé : les accessoires. Vous voulez personnaliser la façade ? Il faut payer. Les « Tuiles » (Tiles) sont ces petits carrés de plastique qui se clipsent devant. C’est mignon, ça donne un look rétro ou coloré, on peut même les imprimer en 3D soi-même. Mais de base, si vous ne passez pas à la caisse, la façade est triste à mourir.

D’ailleurs, évitez de recouvrir l’intégralité de la façade avec des tuiles pleines (solides). Cela étouffe l’apport d’air frais et peut faire grimper inutilement la température interne. Privilégiez les tuiles perforées pour laisser respirer la bête.

Le montage du ventilateur (un Noctua dans notre kit, facturé en supplément dans la version de base mais inclus ici) se fait en deux clics. Framework a prévu un guide d’air (duct) pour que le flux soit optimal.

On sent que le flux d’air a été étudié pour traverser le boîtier sans stagner.

Le câble d’alimentation n’est pas toujours inclus par défaut selon les bundles. Vous devez cocher une case et payer 5 ou 10 euros pour un câble C13 standard. On frôle le niveau d’Apple qui retire le chargeur de la boîte. C’est censé être écolo, mais quand on déballe une machine à 2000 € et qu’on ne peut pas l’allumer, on rage.

L’intérieur est dense. L’alimentation Flex ATX de 400W est située en bas, ventilée indépendamment. C’est un format standard (bien que bruyant historiquement, on verra plus bas), donc remplaçable. C’est ça la force de Framework : si l’alimentation claque dans 5 ans, vous en rachetez une autre n’importe où.

Il y a aussi un slot PCIe x4 pour une carte d’extension (carte d’acquisition, carte réseau, stockage, etc.) de disponible.
La mise en place sur le bureau est immédiate. C’est compact. Vraiment petit. Ça libère un espace fou comparé à une tour moyenne tour. On peut le mettre debout, couché (mieux pour l’airflow), ou caché derrière un écran.
Le montage prend 15 minutes, café compris. On a assemblé « son » PC. On connaît ses entrailles. Si un jour ça chauffe ou ça fait du bruit, on saura exactement quelle vis tourner.
Framework DesktopDesign et connectiques
Esthétiquement, le Framework Desktop est clivant. Avec ses panneaux latéraux transparents (optionnels, sinon c’est noir opaque), on voit tout. Les entrailles, le gros ventilateur, les câbles bien rangés. Ça a un côté industriel brut, et c’est fonctionnel.

La qualité de fabrication est au rendez-vous. C’est du plastique et du métal, mais ça ne craque pas. L’assemblage est précis. Les aimants de la façade avant tiennent bien, peut-être même trop bien. On sent que ça a été conçu pour durer, pas pour briller en vitrine.

La connectique arrière est fixe et plutôt généreuse pour la taille. Deux ports USB4 (40 Gbps, format USB-C), ça permet de brancher des docks, des écrans, ou même des eGPU (bien que l’intérêt soit limité, on a quand même essayé dans un autre test).

L’Ethernet 2.5 Gb est un standard appréciable, mais notre version monte à 5 Gb via le module arrière spécifique. C’est rare et précieux pour ceux qui ont des NAS rapides ou la fibre 10 Gb. Transférer des fichiers lourds se fait à la vitesse de l’éclair. Il y a également deux DisplayPort 2.1 et un HDMI 2.1. Bref, on peut brancher plein d’écrans.

Mais la vraie magie, c’est à l’avant. Les modules d’extension. Vous avez deux slots libres en bas. Vous voulez de l’HDMI ? Cliquez un module. Du DisplayPort ? OK. Un lecteur microSD ? OK. De l’USB-A pour votre vieille clé ? OK.
C’est génial car cela rend le PC « immortel » face aux changements de standards. Si demain l’USB-Z sort, vous changerez juste le petit module à 10 €, pas le PC. C’est une flexibilité que même les tours classiques n’offrent pas aussi facilement en façade.

Le bouton d’allumage est simple, peut-être trop. Il se fond dans la masse. Une petite LED d’état nous indique si la machine vit. C’est sobre. Pas de RGB clignotant par défaut, pas de sapin de Noël.
L’encombrement des câbles est géré intelligemment. L’alimentation se branche à l’arrière via un connecteur coudé interne qui déporte la prise. Ça évite d’avoir un gros câble rigide qui dépasse n’importe comment. C’est un détail, mais ça montre le soin apporté au Desktop.
Le panneau latéral transparent en acrylique attire la poussière et les rayures. Attention si vous le trimballez. Le verre trempé aurait été trop lourd et fragile, donc le choix du plastique se défend, mais ça fait un peu « cheap » au toucher comparé à de l’alu brossé.
La ventilation est pensée pour aspirer sur le côté et recracher… un peu partout. C’est le défaut du format compact. Il faut laisser de l’espace autour. Ne le calez pas dans une niche fermée, il va étouffer.
Bref, ici, le design est au service de la fonction. C’est une boîte à outils modulaire. On ne l’achète pas pour le montrer (sauf aux potes geeks), on l’achète pour l’utiliser. La connectique modulaire reste l’argument massue qui fait oublier le look un peu « prototype ».
Framework DesktopPerformances
Attaquons le gros morceau : l’architecture AMD Strix Halo. Ce Ryzen AI Max+ 395 est un monstre. 16 cœurs Zen 5, 32 threads. C’est l’équivalent d’un Ryzen 9 9950X desktop mais bridé en consommation électrique. En usage CPU pur (compilation, rendu, compression), ça dépotte. Vous ne sentirez aucune différence avec une tour classique trois fois plus grosse.
La partie graphique est assurée par le Radeon 8060S avec 40 Compute Units. Oui, c’est un GPU intégré, iGPU si vous préférez. Mais pour situer, c’est plus gros que ce qu’il y a dans une PS5. C’est un GPU intégré (iGPU) et donc il partage la mémoire système. Et avec 128 Go de RAM ultra-rapide unifiés, il a de la place pour s’exprimer.

Avec les résultats du Minisforum MS-S1 Max sous les yeux et nos propres benchmarks du Framework Desktop, le constat est fascinant. C’est le même moteur sous le capot (Ryzen AI Max+ 395), mais piloté par deux conducteurs très différents.
| Benchmark | Framework Desktop (Nos mesures) | Minisforum MS-S1 Max (Nos mesures) | Vainqueur |
| Cinebench 2024 (Multi) | 1 834 pts | 1 795 pts | Framework (+2 %) |
| Cinebench 2024 (Single) | 114 pts | 114 pts | Égalité Parfaite |
| Geekbench 6 (Multi) | 17 559 pts | 21 431 pts | Minisforum (+22 %) |
| Geekbench 6 (Single) | 2 947 pts | 2 867 pts | Framework (+3 %) |
| 3DMark Steel Nomad | 2 163 pts (21,64 FPS) | 2 118 pts (21,19 FPS) | Framework (+2 %) |
| Bruit (En charge) | 43,4 dB | 41,8 dB | Minisforum (-1,6 dB) |
Sur Geekbench 6, le Minisforum s’envole avec 21 431 points contre 17 559 pour le Framework. Le MS-S1 Max adopte un profil agressif en « burst », il lâche les watts sans retenue sur de courtes périodes.
À l’inverse, sur Cinebench 2024 (rendu long saturent les cœurs sur la durée), le Framework repasse devant (1 834 pts vs 1 795 pts). Cela prouve que le refroidissement du Framework, bien que compact, encaisse mieux la charge soutenue. Là où le Minisforum semble throttle (baisser en fréquence) après le sprint initial, le Framework tient la distance comme un marathonien.
Malgré un profil énergétique plus conservateur sur les pics de puissance, le Framework est plus bruyant de 1,6 dB (43,4 dB contre 41,8 dB) que son rival.
Le souffle est bien présent en charge, mais reste dans une tonalité grave, moins agaçante qu’un sifflement d’ordinateur portable.

Par contre, l’alimentation Flex ATX de 400W possède son propre petit ventilateur de 40 mm. Ce dernier a tendance à produire un sifflement aigu (« coil whine » ou bruit de turbine) assez aléatoire qui peut devenir agaçant dans une pièce totalement silencieuse.
En jeu, qu’est-ce que ça donne ? Sur Cyberpunk 2077 en 1080p, on tient les 60 FPS en réglages élevés sans Ray Tracing. En 1440p, il faut jouer du FSR (l’upscaling d’AMD). C’est jouable, fluide, impressionnant pour un iGPU. On est au niveau d’une RTX 4060 Laptop (voire un poil mieux sur les jeux optimisés AMD).
Côté e-sport (CS2, Valorant, Overwatch), c’est l’orgie. Vous saturerez votre écran 144 ou 240 Hz sans problème. La machine ne bronche pas. Ces jeux profitent du CPU.
L’architecture Strix Halo gère la mémoire de manière unifiée. C’est là que Framework tue le game. Vous pouvez allouer jusqu’à 96 Go de RAM directement au GPU. Aucune carte graphique grand public (même la RTX 4090 à 2000 €) n’a autant de VRAM.
Pour aller plus loin
Comment installer un modèle LLM type ChatGPT sur PC ou Mac en local ? Voici le guide ultime pour tous
C’est ici que l’IA entre en jeu. Faire tourner un LLM (Large Language Model) comme Llama 3 70B en local ? Sur une RTX 4090, ça coince (24 Go VRAM). Sur le Framework ? Ça passe crème. Pour les développeurs IA, cette machine est une solution là où une station de travail pro coûterait 10 000 €.
Par contre, le Framework Desktop ne permet pas d’ajouter une « vraie » carte graphique dédiée interne. Vous êtes marié au Radeon 8060S. Si dans 3 ans il est largué, tout le PC est largué pour le jeu AAA.
On parle beaucoup de jeu et d’IA, mais le Framework Desktop est aussi un monstre de salon (HTPC). Grâce à son moteur RDNA 3.5 et son port HDMI 2.1, il décode l’AV1 en 8K sans la moindre saccade. C’est techniquement la box TV ultime, à un détail près : elle peut faire un peu de bruit. Vous pouvez vous en faire une Steam Machine de luxe malgré tout.
L’autonomie n’est pas un sujet (c’est un desktop), mais la consommation si. À la prise, on tire entre 10 et 150 Watts max. C’est ridicule… en comparaison à une tour de PC classique.
Dernier point sur le « Neural Engine » (NPU) d’AMD. Il est là, il aide pour les effets webcam et certaines tâches Windows, mais pour l’instant, c’est la VRAM massive et le GPU brut qui font le boulot en IA locale, pas encore le NPU magique.
Framework DesktopLogiciel et OS
Framework ne vous impose rien, pas même l’OS si vous prenez l’édition DIY. Mais si vous installez Windows 11, c’est propre.
C’est sur Linux que la différence se creuse. Framework a une communauté immense et documente tout. Là où le Minisforum a des difficultés avec ses puces réseau Realtek 10 GbE (une plaie à faire reconnaître sous Debian ou Proxmox, comme vu dans les tests), le Framework utilise des composants plus standards ou mieux supportés. Pour un homelab ou une machine de dev, c’est un argument : ça marche tout de suite.
L’allocation de la VRAM (mémoire vidéo) se fait dans le BIOS. C’est simple, mais essentiel pour l’IA. Vous pouvez dédier jusqu’à 96 Go à la partie graphique. C’est là que la magie opère.
Framework DesktopPrix
Framework décline son offre en trois paliers, mais attention au piège : la mémoire unifiée est soudée, rendant votre choix initial définitif pour la durée de vie de la machine. L’entrée de gamme à 1 279 € (Max 385) semble attractive, mais ses 32 Go de RAM partagée et son CPU amputé de moitié (8 cœurs contre 16) risquent de vite saturer, faisant du modèle intermédiaire à 1 859 € (Max+ 395) le véritable choix rationnel avec ses 64 Go et sa puce graphique complète pour les créateurs et joueurs.
Le modèle ultra-haut de gamme que nous testons grimpe à 2 329 €, imposant une « taxe IA » de 470 € uniquement pour passer de 64 à 128 Go de RAM, le processeur et le GPU restant strictement identiques au milieu de gamme.
Si ce surcoût est totalement inutile pour le gaming, il devient une affaire en or pour les développeurs d’IA locale, car aucune autre station de travail ou Mac ne permet de charger des modèles massifs (LLM) à ce tarif.
Framework DesktopAlternatives
Le Framework Desktop n’est pas seul sur sa planète. Si l’idée d’un cube surpuissant vous séduit, voici les trois voies qui s’offrent à vous : la copie carbone chinoise, l’efficacité d’Apple, ou la démesure financière.
Le rival direct : Minisforum MS-S1 Max
C’est le frère jumeau maléfique. Il embarque exactement le même moteur (Ryzen AI Max+ 395) et les mêmes 128 Go de mémoire unifiée.
- Pourquoi le choisir ? Pour la connectivité réseau native. Avec deux ports 10 GbE intégrés et de l’USB4 V2 à 80 Gbps, c’est le roi du transfert de données vers un NAS. Il est aussi légèrement plus silencieux en charge (-1,6 dB) grâce à un boîtier plus volumineux.
- Pourquoi l’éviter ? Il est plus cher (2 599 €, soit environ 270 € de plus que le Framework). Son support logiciel est aléatoire (les puces réseau Realtek sont un cauchemar sous Linux/Proxmox) et il n’offre aucune modularité des ports en façade. Enfin, le point le plus important, la communauté derrière sera moins active que pour le Framework Desktop.
L’option « Grand Public » : Mac mini M4 (et M4 Pro)
Si votre vie ne tourne pas autour de l’IA locale ou de Linux, c’est l’alternative la plus rationnelle.
- Pourquoi le choisir ? Le rapport performance/watt/silence est intouchable. Pour du montage vidéo (Final Cut) ou de la photo, un Mac mini M4 Pro est une merveille d’optimisation. La finition est exemplaire et la valeur de revente reste élevée.
- Le piège : le plafond de verre de la RAM. Le M4 Pro est limité à 64 Go de mémoire unifiée. Pour lancer un gros modèle de langage (LLM) de 120 milliards de paramètres, c’est physiquement impossible : ça ne rentre pas. Le Framework et ses 128 Go gardent ici l’avantage technique absolu.
L’option « Luxe » : Mac Studio (M3 ou M4)
C’est la seule machine Apple qui rivalise sur la quantité de mémoire pour l’IA.
- Le duel : pour obtenir 128 Go (ou plus) de mémoire unifiée chez la Pomme, il faut passer sur un Mac Studio M3 Ultra ou M4 Ultra. C’est une machine plus stable, mieux finie… mais qui coûte plus de 6 000 €.
Il n’y a pas d’offres pour le moment, découvrez







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