Pendant des années, j’ai séparé les PC de bureau en deux catégories : d’un côté les mini-PC compacts pour la bureautique et les serveurs, de l’autre les tours imposantes pour le gaming et autres charges lourdes.
Ce clivage semblait obligatoirre. Un mini PC ne fait pas tourner les jeux correctement, une tour de PC fixe ne rentre pas dans un sac à dos. Le Minisforum MS-S1 Max bouleverse cette logique avec son processeur AMD Ryzen AI Max+ 395 et ses 128 Go de mémoire unifiée.
Après un mois de tests entre sessions de jeu, traitement de modèles IA et benchmarks, je me pose sérieusement la question : et si le compromis n’avait plus lieu d’être ?
Cette machine à 2 599 euros ne vise clairement pas le grand public. Elle s’adresse aux développeurs IA qui veulent exécuter des modèles linguistiques volumineux en local, aux créateurs qui jonglent avec une dizaine d’applications simultanément, et aussi aux joueurs qui refusent de sacrifier l’espace de leur bureau. L’architecture Strix Halo d’AMD promet une révolution : faire cohabiter 16 cœurs Zen 5 et un GPU Radeon 8060S avec 40 unités de calcul dans une seule puce, le tout avec accès à 128 Go de RAM partagée.
Fiche technique
| Minisforum MS-S1 Max | Caractéristiques |
| Processeur | AMD Ryzen AI Max+ 395 (16 cœurs / 32 threads, Zen 5, jusqu’à 5,1 GHz) |
| Mémoire | 128 Go LPDDR5X-8000 MHz (256-bit, partagée CPU/GPU) |
| GPU intégré | AMD Radeon 8060S (40 unités de calcul RDNA 3.5, 2900 MHz) |
| NPU | Jusqu’à 50 TOPS (126 TOPS combinés) |
| Stockage | 2 To NVMe Gen 4×4 (2 emplacements M.2) |
| Réseau | 2x 10 GbE RJ45 (Realtek R8125), Wi-Fi 7 (MediaTek MT7925), Bluetooth |
| USB | 2x USB4 v2 (80 Gbps), 2x USB4 (40 Gbps), USB 3.2 Gen 2, 2x USB 2.0 |
| Extension | PCIe Gen 4 x4 (format physique x16) |
| Vidéo | 1x HDMI 2.1, DisplayPort via USB-C |
| Alimentation | 320 W interne (Lighton), TDP configurable 45-120W |
| Dimensions et poids | 222 x 206 x 77 mm, 2,8 kg |
| Système | Windows 11 Pro préinstallé |
| Prix | 2 599 euros |
Comprendre ce qui rend le Ryzen AI Max+ 395 spécial nécessite de creuser un peu l’architecture. AMD a emprunté une page du cahier d’Apple avec ses puces Apple Silicon. Sur un ordinateur classique, le CPU, le GPU et la RAM vivent séparés sur la carte mère. Les données doivent transiter par le bus PCIe entre ces composants, créant des goulots d’étranglement.
Le Ryzen AI Max+ 395 intègre tout sur un seul package, c’est un SoC (system-on-chip) : les 16 cœurs Zen 5, le GPU Radeon 8060S avec ses 40 unités de calcul, et surtout quatre contrôleurs mémoire LPDDR5X au lieu des deux habituels. Cette configuration double la bande passante disponible à environ 250 Go/s.
Les 128 Go de LPDDR5X-8000 se partagent dynamiquement entre CPU et GPU selon les besoins. Vous pouvez allouer jusqu’à 96 Go exclusivement au GPU via le BIOS, une quantité de VRAM qu’on ne trouve habituellement que sur des cartes professionnelles à 5 000 ou 8 000 euros.
L’exemplaire de ce test nous a été fourni par Minisforum.
Ergonomie, design, connectiques et intérieur
Il est mignon ce MS-S1 Max. Le châssis en aluminium respire la solidité.

Minisforum n’a pas cherché à minimiser le volume à tout prix cette fois. La machine mesure environ le double en hauteur d’un MSA-2, tout en conservant une empreinte au sol similaire.

Alors, on pourrait plutôt parler de « PC compact » que « mini PC » puisque la comparaison ne tient pas avec les mini PC.
Cette augmentation de taille n’est pas un caprice esthétique : elle répond aux contraintes thermiques d’un processeur capable de grimper jusqu’à 120 W en TDP. La face avant utilise une large grille d’aération accompagnée de deux ports USB-C USB4, un port USB-A 3.2 Gen 2, une prise combo audio et le bouton d’alimentation.

Le système peut se positionner verticalement ou horizontalement grâce aux patins antidérapants présents sur deux faces.
J’apprécie particulièrement la qualité de finition. Les angles sont nets, les grilles d’aération bien découpées, aucun jeu dans l’assemblage. Minisforum a clairement progressé depuis ses premiers modèles.

Seul bémol qui m’a agacé pendant toute la durée des tests : l’autocollant sur le dessus du boîtier utilise une colle d’une puissance sidérante. Trois semaines après l’avoir retiré, mes doigts collent encore quand je touche cette zone. Cet autocollant sert à éviter d’éjecter accidentellement la carte mère en retirant les deux vis arrière, mais franchement, ils auraient pu utiliser un adhésif moins agressif.

La connectique arrière rassemble l’essentiel des ports. Deux USB4 v2 en USB-C tournent à 80 Gbps, une première sur un mini-PC de cette catégorie. Ces connecteurs gèrent également le mode DisplayPort alternatif et peuvent fournir 15 W pour recharger des périphériques.

Vous pouvez brancher là un eGPU ou un dock, comme le Thunderbolt 5 Razer Chroma. Ici, vous pourrez atteindre 4 Go/s avec un SSD M.2 externe. Quatre ports USB-A supplémentaires complètent l’arsenal : deux en USB 3.2 Gen 2 et deux en USB 2.0. Une sortie HDMI 2.1 unique gère l’affichage principal.

Les deux ports Ethernet 10 GbE reposent sur des contrôleurs Realtek R8125. Sous Windows 11, tout fonctionne immédiatement dès le premier démarrage. Sous Linux, l’expérience varie fortement selon la distribution. Ubuntu 22.04 et versions ultérieures reconnaissent les ports après installation du paquet r8125-dkms. En revanche, Debian 13 et Proxmox m’ont donné du fil à retordre. J’ai dû brancher un adaptateur USB vers Ethernet pour poursuivre mes tests sous ces systèmes.

Le démontage s’effectue en retirant deux vis à l’arrière. Le panneau coulisse ensuite sans effort, révélant l’intérieur de la bête. Un dissipateur thermique massif occupe les deux tiers du volume disponible. Cette structure en aluminium intègre six caloducs en cuivre et deux ventilateurs de 70 mm.

Les ailettes s’étendent sur toute la longueur du boîtier pour maximiser la surface d’échange.

L’alimentation Lighton de 320 W est au fond du châssis. Cette marque disparue des radars depuis l’ère des graveurs CD réapparaît avec un bloc interne de qualité très correcte. Il faut dire que la présence d’une alimentation intégrée simplifie grandement l’installation : un simple câble secteur suffit, et donc pas de transformateur externe encombrant.
Un ventilateur dédié de 40 mm refroidit l’alimentation indépendamment du circuit principal.

Deux emplacements M.2 acceptent des SSD au format 2280. Le premier, occupé par le disque de 2 To fourni, bénéficie de quatre lignes PCIe Gen 4 pour des débits théoriques jusqu’à 7 000 Mo/s en lecture. Le second emplacement se limite à une seule ligne PCIe Gen 4, ce qui signifie que les performances devraient plafonner autour de 1 750 Mo/s.
Minisforum fournit un dissipateur thermique supplémentaire dans les accessoires, mais l’espace disponible reste juste pour l’installer sur le premier emplacement.

La carte Wi-Fi 7 MediaTek MT7925 occupe un connecteur M.2 distinct à l’avant du système.

Le slot PCIe Gen 4 au format physique x16 est un ajout intéressant. Attention cependant : ce connecteur ne dispose que de quatre lignes électriques. Cette configuration convient pour ajouter une carte réseau 25 GbE ou un adaptateur U.2 pour du stockage professionnel.
En revanche, Minisforum indique explicitement que l’ajout de cartes graphiques dédiées n’est pas supporté. On peut néanmoins utiliser une carte graphique externe (eGPU) via un des ports USB4.
Les antennes Wi-Fi se cachent derrière la grille frontale en plastique. Cela améliore la réception par rapport à un placement à l’arrière où les câbles créent des interférences. Les bandes 6 GHz fonctionnent correctement, et la portée reste excellente.
Le système de refroidissement adopte une architecture à quatre niveaux contrôlables individuellement. Le BIOS propose quatre modes prédéfinis : Silencieux, Équilibré, Performance et Rack. J’ai principalement utilisé le mode Performance pour mes tests.
Performances et gaming
Commençons par le CPU. Les tests Cinebench R24 placent le Ryzen AI Max+ 395 au niveau des processeurs PC de bureau haut de gamme.

Le score multi-cœur atteint 1795 points en mode Performance, mieux que les Intel Core i9-13900K et Ryzen 9 9900X qui consomment pourtant plus de 200 W.
Ces 16 cœurs Zen 5 avec leur architecture optimisée délivrent une puissance brute impressionnante. Le score mono-coeur fest à 1795 points, une valeur très bonne qui garantit de bonnes performances dans les applications mono-coeur.

La consommation mesurée était entre 130 et 160 W selon le mode BIOS sélectionné, ce qui est très correct compte tenu de la puissance développée.
La vraie surprise vient du GPU intégré. J’avoue avoir douté avant mes tests. Quarante unités de calcul RDNA 3.5 cadencées à 2900 MHz, ça semblait léger face aux monstres qui équipent les cartes graphiques dédiées.
Puis j’ai lancé Counter-Strike 2 en 1080p avec des réglages élevés. Le jeu tournait à 85-90 fps avec des chutes occasionnelles à 60 dans les scènes particulièrement chargées. Totalement jouable. Shadow of the Tomb Raider, certes vieillissant mais toujours gourmand, affichait 127 fps en 1080p avec tout au max. Même en poussant jusqu’à la 4K, le jeu restait fluide à 40 fps avant toute optimisation des paramètres graphiques.
Les titres récents demandent évidemment plus de compromis. Monster Hunter Wilds est à 54 fps en 1080p avec les réglages ultra, mais s’effondre à 26 fps en 4K. Final Fantasy XIV: Dawntrail affiche un confortable 114 fps en 1080p qui redescend à 48 FPS en 4K avec les réglages en élevés. Clair Obscur: Expedition 33 tourne à 50-55 fps en 1080p sur des réglages moyens.
En gros, le MS-S1 Max est une machine de jeu 1080p/1440p viable. Pour du 4K natif dans les AAA récents, une carte graphique dédiée reste indispensable. Mais pour un APU sans carte graphique, les performances dépassent largement ce dont on a l’habitude.
Peut-on remplacer une vraie carte graphique avec ce système ? La réponse dépend de votre usage. Si vous jouez principalement à des titres comme CS2, Valorant, League of Legends ou Apex Legends, le Radeon 8060S fait largement le travail. Ces jeux privilégient la fluidité à la beauté graphique et tournent sans problème à plus de 100 fps.
Pour les AAA récents, la situation se complique. Le GPU tient la route en 1080p avec des compromis sur les paramètres, mais oubliez le ray tracing poussé ou la 4K native. Face à une RTX 4060 Ti, le Radeon 8060S accuse un retard de 30 à 40 % en performances brutes.
Surtout qu’un PC avec un CPU Ryzen 7 9700X et dGPU RTX 4060 Ti coûte environ 800 euros sans compter le boîtier, l’alimentation, le refroidissement et la RAM. Le MS-S1 Max arrive clé en main à 2 300 euros avec 128 Go de RAM, 2 To de stockage, Windows 11 Pro, la connectique 10 GbE et un format trois fois plus compact. Pour quelqu’un qui voyage régulièrement ou dispose d’un espace limité, cette proposition reste intéressante.

Les tests 3DMark confirment ce que j’ai observé. Night Raid, benchmark conçu pour les GPU intégrés, affiche un score de 70 000 points avec 130 522 points en graphisme pur. Steel Nomad Light maintient entre 80 et 100 images par seconde avec un score de plus de 11 000 points. Fire Strike, plus exigeant, obtient des résultats d’un PC portable gaming milieu de gamme.
Quant aux tests ray tracing, ils montrent par contre les limites de l’architecture RDNA 3.5. Solar Bay atteint 5 200 points.
Bref, malgré tout, ces performances gaming m’ont convaincu qu’une nouvelle ère s’ouvre pour les mini-PC. Pendant des années, j’ai accepté comme un fait établi qu’un format compact impliquait des concessions sur les performances. Le MS-S1 Max remet ce paradigme en question. Avec quelques ajustements de paramètres graphiques, la machine offre une expérience gaming satisfaisante sur la plupart des titres. Ce n’est pas une bête de course qui explosera tous les records, mais c’est un compromis intelligent entre puissance, encombrement et polyvalence.
Et surtout, c’est une machine très réactive pour la bureautique, la navigation web et le multitâche intensif.
Les 128 Go de RAM offrent une marge phénoménale. J’ai ouvert simultanément Photoshop avec trois fichiers de 2 Go, Premiere Pro avec une timeline 4K, Chrome avec 40 onglets, Discord, Spotify et plusieurs machines virtuelles. Le système n’a pas bronché. La rapidité du SSD Gen 4 élimine les temps de chargement.
D’ailleurs, la consommation électrique au repos m’a agréablement surpris. Le système tire seulement 13-16 W en veille, un chiffre étonnamment bas pour cette fiche technique.
En gros, vous pouvez avoir la machine allumée 24/7 sans culpabiliser. En charge CPU légère lors de la navigation web ou du traitement de texte, la consommation monte à 45-58 W. Le gaming fait grimper le compteur entre 110 et 140 W selon l’intensité de la scène.
Je n’ai réussi à dépasser 160 W lors des tests les plus sadiques. L’alimentation 320 W dispose donc d’une réserve confortable.
Au repos, la température externe du châssis montait rapidement à 55-60°C alors que les capteurs internes affichaient seulement 40-50°C. Les ventilateurs restaient discrets. Dès le lancement d’une charge de travail intensive, les ventilateurs montaient en régime et la température externe chutait à 30-35°C. Ce qui signifie que les caloducs transportent efficacement la chaleur vers les ailettes une fois que le flux d’air augmente.
Les niveaux sonores varient considérablement selon l’usage. Au repos en mode Équilibré, le système émet un souffle discret autour de 41 dBA, à peine perceptible dans un bureau calme. En charge maximale avec 3DMark, le bruit grimpe jusqu’à 53 dBA.

Le profil sonore me fait penser à souffle continu grave plutôt que des sifflements aigus désagréables.
Petit bémol, la gestion thermique semble encore perfectible au niveau logiciel. L’algorithme de contrôle des ventilateurs pourrait réagir plus rapidement aux variations de charge. Lors de mes premiers tests, le système restait anormalement chaud au repos avant de refroidir brutalement une fois lancé. Minisforum a déjà publié deux mises à jour BIOS depuis la sortie du produit, preuve que l’entreprise travaille activement sur l’optimisation. Je pense que le constructeur chinois peut encore améliorer les courbes de ventilation.
Performances IA et modèles linguistiques
L’intelligence artificielle est l’argument de vente de ce système. La possibilité d’allouer jusqu’à 96 Go de VRAM au GPU permet l’exécution de modèles linguistiques (LLM) en local. Je vous avoue que c’est assez nouveau pour nous, mais nous prendrons certainement l’habitude, par la suite, de faire tourner quelques LLM sur les machines à tester pour les comparer.
Sur une RTX 4090 avec ses 24 Go de VRAM, vous êtes limité aux modèles de 30 à 40 milliards de paramètres maximum. Le MS-S1 Max peut charger des modèles de 120 milliards de paramètres.
Pour aller plus loin
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Alors pourquoi faire tourner un LLM en local ? Cela ouvre des possibilités inédites pour la vie privée, le développement mais aussi les applications professionnelles sensibles. On peut imaginer avoir cette machine accessible à quelques développeurs ou autres, par exemple.
J’ai passé une semaine entière à jouer avec différents modèles sous Linux et Windows. Sous Linux Ubuntu 22.04, l’installation des outils nécessaires demande quelques compétences techniques mais reste documentée. L’allocation mémoire GPU/CPU se gère finement via le BIOS. Régler la VRAM dédiée à 1 Go suffit, le kernel Linux alloue dynamiquement le reste selon les besoins.
Les performances avec ROCm 7 atteignent 37-38 tokens par seconde sur GPT-OSS 120 milliards de paramètres. Ce débit permet une interaction quasi temps réel pour du code assistance, de l’analyse de documents ou de la génération de contenu.
D’ailleurs, Windows a rattrapé son retard sur Linux en matière d’IA. Grâce à quoi ? ROCm 7 qui tourne désormais nativement sans WSL. L’installation nécessite quelques étapes : Git pour Windows, UV pour gérer les environnements Python, puis téléchargement des modules PyTorch depuis les dépôts AMD. Le processus prend environ une heure la première fois.

Une fois configuré, Comfy UI démarre sans problème et détecte automatiquement les 50 Go de VRAM partagée disponibles en configuration par défaut. LM Studio fonctionne également très bien avec le choix entre ROCm et Vulkan.

Historiquement, Vulkan offrait de meilleures performances sur matériel AMD pour l’IA. Avec le lancement récent de ROCm 7, la situation s’inverse. Sur GPT-OSS 120B, Vulkan génère environ 36 tokens par seconde tandis que ROCm atteint 37-38 tokens par seconde. Les modèles plus petits comme Qwen 3 4B tournent autour de 25-26 tokens par seconde.

La génération d’images avec Comfy UI fonctionne bien. Stable Diffusion XL, un modèle gourmand en mémoire, charge intégralement sur le GPU sans problème. Une image 1024 x 1024 se génère en environ 12 secondes selon la complexité de la requête évidemment. C’est moins qu’une RTX 4070 mobile, par exemple, qui prend 8 secondes sur la même tâche. Mais le iGPU Radeon 8060S tient donc honorablement la comparaison.
L’ensemble marche bien sous Linux aussi. Les frameworks comme Ollama s’installent en quelques commandes. J’ai configuré une instance d’Open WebUI connectée à Ollama pour créer une interface ChatGPT-like locale. L’ensemble tourne sur le MS-S1 Max sans ralentissement, et permet de discuter avec plusieurs modèles simultanément. Pour quelqu’un qui manipule régulièrement des données confidentielles, ce qui est une valeur inestimable en fonction de ce que vous faites.

Un modèle de 70 milliards de paramètres en 8-bit nécessite environ 70 Go de mémoire. Techniquement possible sur le MS-S1 Max, mais le système va passer sur le SSD pour gérer le contexte étendu. Les performances chutent alors dramatiquement. Je vous conseille donc des modèles de 13 à 30 milliards de paramètres.
Le NPU intégré capable de 50 TOPS (126 TOPS combinés CPU/GPU/NPU) reste sous-exploité actuellement. La plupart des frameworks IA utilisent essentiellement le GPU pour sa polyvalence. Certaines applications spécifiques comme Windows Copilot ou Adobe Photoshop avec ses fonctions IA natives tirent parti du NPU, mais l’écosystème est limité. Notez qu’AMD communique beaucoup sur ces TOPS sans que l’usage réel ne suive encore.
Comparé à une RTX 5090 ou une RTX 6000 Ada professionnelle, le MS-S1 Max perd évidemment en performances brutes. Une 4090 génère 80 à 100 tokens par seconde sur les mêmes modèles grâce à sa puissance de calcul supérieure et sa bande passante mémoire de 1 To/s. Mais la 4090 ne dispose que de 24 Go de VRAM. Pour les gros modèles dépassant cette capacité, impossible de les charger. Le MS-S1 Max sacrifie donc la vitesse pure pour offrir une capacité mémoire sans équivalent dans sa gamme de prix. C’est un compromis différent qui répond à des besoins spécifiques.
Pour un développeur IA, un chercheur ou une petite entreprise qui souhaite déployer des modèles linguistiques en local, le MS-S1 Max est probablement la plateforme la plus abordable du marché.
Les alternatives comparables dépassent toutes 5 000 euros : cartes AMD MI210 avec 48 Go, Nvidia RTX 6000 Pro avec 48 Go, ou configurations multi-GPU qui explosent la facture électrique. Il y a aussi les mini PC DGX Spark de Nvidia, mais ils sont facturés plus de 5 000 euros.
Système d’exploitation et compatibilité
Windows 11 Pro arrive préinstallé sur le SSD de 2 To sans logiciels pré-installés. Minisforum livre un système propre avec uniquement les pilotes nécessaires.
Tous les composants sont reconnus dès le premier boot : les ports réseau 10 GbE fonctionnent, le Wi-Fi 7 se connecte, les ports USB4 v2 répondent présents. Les mises à jour AMD Adrenaline se téléchargent automatiquement via le logiciel de la marque.
Le gestionnaire de tâches Windows affiche correctement l’architecture du système. Les 16 cœurs et 32 threads apparaissent distinctement. La mémoire se présente comme 128 Go de RAM système avec une portion allouable dynamiquement au GPU.
Cette allocation se configure dans le BIOS AMD CBS entre 1 Go minimum et 96 Go maximum pour la VRAM dédiée. Pour mes tests IA sous Windows, j’ai conservé 2 Go en VRAM dédiée. Les applications modernes comme LM Studio ou Comfy UI détectent correctement la mémoire partagée et l’utilisent intelligemment. Les 126 Go restants servent de pool commun exploitable selon les besoins.
Linux est globalement bien supporté malgré quelques petits soucis. Ubuntu 22.04 et versions ultérieures reconnaissent immédiatement le processeur, la mémoire et le GPU Radeon 8060S. Les pilotes RDNA 3.5 sont intégrés au kernel 6.x. Le problème vient des contrôleurs réseau Realtek R8125 des ports 10 GbE.
Sous Ubuntu, les ports 10 GbE fonctionnent après installation du paquet r8125-dkms disponible dans les dépôts communautaires.
Et pourquoi Linux ? En fait, l’expérience IA sous Linux surclasse Windows. Déjà, l’allocation mémoire GPU/CPU se gère avec davantage de finesse. Régler la VRAM dédiée à 512 Mo dans le BIOS suffit amplement, le kernel Linux alloue dynamiquement le reste selon les besoins des applications. Cela évite de jongler avec les réglages BIOS.
Enfin, c’est surtout que les performances avec ROCm sous Ubuntu atteignent 37-38 tokens par seconde sur GPT-OSS 120B, très légèrement supérieures à Windows.
Prix
Le Minisforum MS-S1 Max est affiché à 2 599 euros (128 Go de RAM et 2 To de SSD). Un tarif qui peut surprendre quand on le compare aux mini-PC classiques à 400 ou 800 euros. Mais ce chiffre doit se replacer dans le contexte actuel du marché de la mémoire.
Depuis fin 2024, les prix de la RAM ont grimpé de 30 à 40 % en six mois. Un kit de 128 Go de DDR5-6000 coûte aujourd’hui entre 450 et 550 euros, contre 350 euros il y a un an. La LPDDR5X-8000 MHz utilisée dans le MS-S1 Max est encore plus onéreuse en raison de sa production limitée.
Alternatives
Le Geekom A9 Mega propose également le Ryzen AI Max+ 395 avec 128 Go de RAM dans un format similaire vendu à un prix similaire au Minisforum. Mais le Geekom inclut une troisième sortie vidéo native et utilise des contrôleurs réseau Intel plutôt que Realtek pour les ports 10 GbE. Le système de refroidissement du Geekom semble légèrement moins dimensionné.
Le Framework Desktop, vendu 2 199 euros, est une autre option avec le même APU. Framework mise tout sur la réparabilité et la modularité avec des composants remplaçables facilement. L’entreprise promet un suivi logiciel rigoureux et la marque bénéficie aussi d’une communauté active.
Il n’y a pas d’offres pour le moment, découvrez
Le point faible est dans l’absence de slot PCIe x4 ouvert pour les extensions. Le connecteur PCIe interne existe mais ne peut pas alimenter 75 W. En contrepartie, Framework offre la tranquillité d’esprit d’un fabricant engagé sur le long terme avec une garantie solide et des pièces détachées disponibles.
Enfin, les Mac Studio M2 Ultra et Mac mini M4 Pro sont une philosophie radicalement différente. Le Mac mini M4 Pro démarre à 1 649 euros avec 24 Go de RAM unifiée, jusqu’à 2 869 euros pour 64 Go de mémoire et 2 To de stockage. Cette configuration offre des performances exceptionnelles dans les applications optimisées pour macOS. Final Cut Pro, Logic Pro, les suites Adobe tournent avec une fluidité déconcertante. L’efficacité énergétique dépasse de loin celle du MS-S1 Max : 50-70 W en moyenne contre 130-160 W. Le silence quasi total du Mac mini en fonctionnement normal impressionne également.
Mais la limite de 64 Go de RAM sur le M4 Pro bloque l’exécution des gros modèles IA. GPT-OSS 120B ne rentre tout simplement pas. Pour dépasser cette barrière, il faut basculer sur le Mac Studio M2 Ultra qui monte à 192 Go de RAM unifiée. Le prix grimpe alors au-delà de 6 000 euros dans cette configuration, ce qui rend la comparaison absurde.
Pour aller plus loin
Voici les deux premières machines de Nvidia pour faire de l’IA à la maison : des PC qui sont des supercalculateurs personnels
Enfin, il y a les toutes nouvelles machines DGX Spark de Nvidia. Elles sont commercialisées sous les marques Nvidia, Dell, Lenovo, Asus… avec une consommation de 240 W et une performance de 1 pétaflop avec une précision FP4, et les fameux 128 Go de mémoire unifiée. L’intérêt de ces machines est l’intégration d’une « superpuce » Nvidia GB10 composée d’un processeur ARM Nvidia Grace à 20 coeurs et d’une puce graphique Nvidia Blackwell.






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