
Ce qu’il faut retenir ce matin est que Nothing a bouclé une levée de fonds de 200 millions de dollars menée par Tiger Global. Cela donne environ 170 millions d’euros au cours actuel.
Cette série C – la troisième grande ronde de financement après les séries A et B – propulse la valorisation de la startup fondée par Carl Pei à 1,3 milliard de dollars, ce lui confère officiellement le statut de « licorne » (au-dessus d’1 milliard de dollars). L’argent servira notamment à développer un appareil intégrant l’IA, prévu pour l’année prochaine.
Des chiffres qui parlent malgré une présence timide
Nothing peut se targuer d’avoir vendu 5,1 millions de smartphones à ce jour, dont plus d’un million au deuxième trimestre 2025. Des volumes encore modestes face aux géants du secteur, mais qui témoignent d’une croissance soutenue pour une marque jeune.
L’Inde représente le principal succès commercial de Nothing avec 2 % de parts de marché selon IDC, contre moins de 1 % à l’échelle mondiale. Pour le moment, on a donc un ancrage solide sur un marché clé, mais une expansion internationale qui peine à décoller.
L’analyse d’IDC pointe que 80 % des ventes se concentrent encore en Asie. Pour justifier sa valorisation milliardaire, Nothing devra nécessairement percer sur les marchés occidentaux, notamment aux États-Unis où seuls deux de ses téléphones ont été commercialisés.
L’entreprise revendique plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires, un seuil symbolique .
L’IA comme différenciation ultime
Cette fois-ci, Nothing mise tout sur l’intelligence artificielle pour se différencier dans un marché saturé de smartphones. L’entreprise a expliqué développer un système d’exploitation qui intègre des fonctionnalités IA natives, avec l’ambition de l’étendre au-delà des smartphones.
Pour l’instant, Nothing n’a pas fait beaucoup d’IA. Essential Search, une fonction de recherche intelligente qui aide les utilisateurs à naviguer sur leur appareil, donne un aperçu timide des ambitions futures. Nothing a recruté Sélim Benayat, ancien cadre de Linktree, pour diriger cette transformation.
Carl Pei reste convaincu que les smartphones demeureront « le facteur de forme dominant pour toutes les applications d’IA grand public » pendant trois à cinq ans. Nothing justifie de continuer à miser sur ce segment plutôt que d’explorer des formats radicalement différents.
Le pari risqué du hardware IA
L’annonce d’un appareil IA pour l’année prochaine intervient dans un contexte particulièrement difficile pour ce segment. Les échecs de Humane avec son AI Pin et les galères de Rabbit avec le R1 montrent la complexité de créer du hardware spécialisé dans l’IA.

Nothing mise sur son expertise smartphone plutôt que sur un format totalement nouveau. Une approche plus prudente qui s’appuie sur un écosystème mature, mais qui risque aussi de limiter l’innovation par rapport aux attentes suscitées.

L’entreprise bénéficie d’atouts non négligeables : une chaîne d’approvisionnement rodée, une distribution mondiale établie et surtout une identité visuelle forte avec son esthétique transparente.
Le soutien stratégique de Qualcomm Ventures, annoncé dans ce tour de table, pourrait faciliter l’accès aux dernières puces optimisées pour l’IA. Un partenariat essentiel quand on sait que la performance des processeurs conditionne largement l’expérience utilisateur des fonctions intelligentes.
Une nouvelle levée communautaire en préparation
Nothing prépare également un nouveau tour de financement participatif, après avoir levé 11,5 millions de dollars lors de précédentes campagnes. Nothing a la volonté de maintenir un lien direct avec sa communauté d’utilisateurs.
Nothing adopte donc une stratégie de double financement (institutionnels + communauté) qui permet de diversifier ses sources de capitaux tout en cultivant son image de marque « alternative ».
Reste à prouver que cette vision peut se traduire par des parts de marché significatives face à Apple, Samsung, Xiaomi, Honor, Huawei…
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