Combien pollue vraiment l’IA de Mistral Le Chat ? La licorne française tente un exercice de transparence

 
Le sujet de l’empreinte carbone de l’IA commence à devenir incontournable au fur et à mesure que les robots conversationnels envahissent notre quotidien. Mais dans une jungle de chiffre confus, Mistral tente un exercice de transparence bienvenue.
Crédit : Frandroid

Faire des prompts à longueur de journée est-il une aberration écologique ? Si des études en tout genre ont tenté de déterminer l’empreinte environnementale des IA, les géants du secteur ont au contraire tous savamment entretenu le flou sur le sujet. Enfin… presque tous puisque l’entreprise française Mistral, qui édite le chatbot Le Chat, vient de dévoiler les résultats d’une étude inédite.

La « licorne » hexagonale tente de chiffrer l’empreinte carbone de son modèle de langage Large 2 (le plus gros actuellement disponible) via moult chiffres et équivalences.

75 piscines olympiques

On y apprend par exemple, sans grande surprise, que c’est la phase d’entraînement et d’utilisation qui consomme le plus (la faute aux GPU qui tournent à plein régime.) Cette étape de fonctionnement concentre 85,5 % des émissions de gaz à effet de serre total et 91 % de la consommation d’eau. En ce qui concerne l’épuisement des ressources abiotiques (minerais, terres rares, etc.), c’est sans surprise la phase de fabrication des serveurs derrière les IA qui obtient le gros lot avec 61 % de la consommation totale des ressources minérales.

En chiffre brut, 18 mois d’entraînement et d’utilisation de Large 2 ont émis 20,4 kilotonnes d’équivalent CO2, soit l’empreinte annuelle de 2000 Françaises ou Français moyen. Question utilisation de l’eau, c’est 281 000 mètres cubes d’eau qui ont été utilisés pour refroidir les serveurs, soit la consommation annuelle moyenne de 5000 Françaises ou Français ou l’équivalent de 75 piscines olympiques.

Crédit : Mistral

À une échelle plus individuelle, une réponse de chatbot « un peu supérieure à la moyenne » émet environ 1,14 gramme de CO2, consomme 0,05 litre d’eau et est responsable pour la consommation de 0,2 mg de ressources minérales (en équivalents antimoine). Des impacts « marginaux » de l’aveu même de Mistral, puisque 95 % des émissions de Large 2 ont lieu pendant la phase d’entraînement.

Mettre en place une concurrence environnementale

À noter tout de même que ces chiffres sont à multiplier par le nombre de requêtes effectuées par jour. Pour un ChatGPT, qui répond, aux dernières nouvelles, à 2,5 milliards de requêtes quotidiennement, cela équivaudrait à 2850 tonnes d’équivalent CO2 émis chaque jour. Peut-être même plus puisque l’électricité américaine est moins décarbonée que la Française.

Pour aller plus loin
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Pour y voir plus clair dans la jungle des IA, Mistral encourage ces rivaux à faire de même afin de mettre en place une sorte de concurrence environnementale capable d’« aligner le secteur de l’IA sur les objectifs climatiques mondiaux ». Le but est d’identifier les IA les plus « frugales » pour les mettre en avant. La main invisible du marché au service de la cause environnementale en somme.


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