Mondial auto et moto : l’industrie se connecte au high-tech

 

Pour la première fois, le Mondial de l’Auto 2018 a rassemblé sous son aile la moto, la mobilité au sens large et un rendez-vous tech B-to-B. De quoi représenter la mutation incroyable que connaît cette industrie plus que centenaire ? Nous faisons le bilan de cette édition 2018 à la croisée des chemins, forte d’un million de visiteurs.

Mercedes EQ Concept

Quelques jours avant l’ouverture de la grand-messe automobile de la porte de Versailles à Paris, le rendez-vous des passionnés et acheteurs potentiels depuis 120 ans, l’équipementier français Valeo faisait tourner une voiture autonome dans les rues de Paris. Tout un symbole en préambule à ce salon qui montre plus que jamais le trio connecté, électrique et autonome à bord de ses voitures de série (pour les constructeurs présents, les absents sont nombreux, comme Ford ou Nissan) et de ses show-cars qui se transforment en show-case de demain. Commençons-donc par évoquer ces concepts uniques, conçus pour créer le buzz, montrer les futures évolutions de design, voire rassurer le marché sur le futur de marques qui continuent de vendre à l’immense majorité des modèles très conventionnels.

Les concepts-cars de Paris

Si c’était sur le stand Renault qu’il fallait chercher la star du Mondial il y a 2 ans, sans aucun doute, c’est chez son grand rival Peugeot qu’elle se trouvait cette année. Ainsi le concept e-Legend recueille tous les suffrages avec ses lignes délicieusement rétro, proche du splendide coupé 504 des années 70, signé à l’époque par le carrossier Pininfarina. Il séduit donc, mais dit aussi les intentions du constructeur : l’électrique (340 kW de puissance, 100 kWh de batteries) et la conduite autonome seront au service du plaisir de conduire, donnant au conducteur le choix de prendre le volant (littéralement, sinon, il se replie dans la planche de bord) ou de se laisser conduire. Là, un écran de 49 » se chargera d’occuper agréablement le temps dégagé. Ce même écran pourra afficher la route, comme en transparence, lors de phases de conduite active. Pour l’interface, Peugeot embarque l’intelligence conversationnelle artificielle de Soundhound, qui sera d’ici deux ans à bord des voitures du groupe.

En face, chez Renault, on table sur le plus long terme avec une navette électrique avec recharge à induction, entièrement autonome, voulue très haut de gamme et représentative, comme un carrosse 2.0. L’EZ-Ultimo, c’est son nom, n’emmène que 3 passagers dans ses 5,80 m, dans un univers de luxe, calme et volupté fait de cuir, de bois et de… marbre.

On trouve encore une autre lecture de la voiture autonome de demain chez DS, qui sépare physiquement les phases de conduite active ou autonome avec une étrange carrosserie asymétrique dans son concept DS X E-Tense. D’un côté, un cockpit ouvert façon Formule 1 (ou plutôt, Formula E, alors que la nouvelle voiture pour la saison prochaine est présentée sur le stand) pour profiter de 400 à 1 000 kW de puissance. De l’autre côté, un cocon fermé, massant, à la sono hyper sophistiquée signée Focal et avec un assistant personnel sous forme d’hologramme. C’est là qu’on se laisse conduire, voire dorloter…

Enfin, chez Citroën, la future C5 Aircross hybride rechargeable est habillée sous la forme d’un concept. Elle reçoit la motorisation qui équipera plusieurs modèles du groupe PSA dès la fin de l’année prochaine, dont les Peugeot 3008 et 508 et la DS7 Crossback, avec 225 à 300 ch de puissance cumulée essence/électrique et une cinquantaine de kilomètres d’autonomie en tout électrique. Skoda, avec son concept Vision RS, montre aussi ses projets en terme d’hybride rechargeable.

DS X E-Tense

Les constructeurs allemands misent à fond sur l’électrique. L’exemple de Smart est édifiant, la marque ayant annoncé une future génération 100 % électrique. Pour le souligner, elle présente un mignon concept de petit roadster marquant les 20 ans de la marque, le Forease. Audi et Mercedes sont plus dans le registre du fantasme avec leurs deux concepts présentés au célèbre concours d’élégance de Pebble Beach en Californie, respectivement les PB18 e-tron et Vision EQ Silver Arrow, deux magnifiques modèles uniques électriques très inspirés du monde de la compétition.

L’électrique saupoudré partout

Carlos Ghosn expliquait en ouverture du Mondial, lors d’une carte blanche à l’événement Tomorrow in Motion, que 10 % de la production Renault Nissan sera composée de véhicules 100 % électriques en 2020. D’ici-là, la Zoe aura été remplacée et de nouveaux modèles complèteront la gamme, dont la petite Kwid électrique nommée K-ZE, modèle ultra low cost (10 000 dollars !), mais réservée à la Chine et aux marchés émergents. Elle a d’ailleurs été dévoilée en marge du salon et n’est pas présente sur le stand du constructeur au losange. Les plans de Renault nous concernant sont plutôt à l’élargissement de l’hybride, avec la Clio 5 attendue l’an prochain, voire hybride rechargeable (Captur et Mégane). L’hybride rechargeable qui sera aussi adopté par le groupe PSA (voir ci-dessus).

Le futur de Smart

Mais surtout, le Mondial de l’auto était le lieu où découvrir pour la première fois ensemble toutes les nouveautés anti-Tesla concoctées par les constructeurs premium classiques. Ainsi, face à la Tesla Model 3 enfin montrée officiellement en France (mais sans précisions sur son tarif européen final et sa date de lancement précise l’an prochain), Jaguar, fier de son coup, montre son I-Pace déjà vu au Salon de Genève et premier à venir sur le marché. Avant même Audi et son SUV électrique e-tron et Mercedes et son… SUV électrique EQC, deux modèles entièrement nouveaux pour étrenner une nouvelle gamme 100 % électrique chez chacun des deux allemands. Deux modèles qui jouent la sécurité avec des lignes très classiques, n’osant pas casser les codes autant que Jaguar ne l’a fait. Chez BMW, pourtant précurseur des électriques avec ses i3 et i8, on est encore plus sage avec une iX3 simplement dérivée du SUV de série.

Enfin, même en deux-roues, l’électrique commence enfin à montrer le bout de son nez, notamment chez Peugeot scooters qui propose plusieurs concepts, dont un basé sur le trois-roues Metropolis, particulièrement intéressant – mais sans horizon concret pour le moment. Kymco lance pour sa part un modèle électrique à la batterie interchangeable dans des distributeurs automatiques, destiné aux flottes.

Mondial.tech : les start-ups à la rencontre de l’industrie auto

Aux côtés du patron de PSA Carlos Tavares, Jacques Attali rappelait en keynote d’ouverture qu’à l’avenir, la valeur ajoutée des autos serait dans leur software et non le hardware. Un sacré choc pour cette industrie lourde fondée sur la métallurgie et la production en chaîne. Non pas que cet aspect soit amené à disparaître, mais simplement, les modes de consommation évoluant, la propriété automobile se marginalisant, le partage et la conduite autonome permettant une relation entièrement différente à l’auto, les marges se feront au moyen de services de mobilité et de tout un écosystème de services qui l’accompagnera. Voilà pour les perspectives.

Mais en faisant un tour du Mondial.tech, appelé à devenir le grand rendez-vous annuel de la tech avec l’automobile, façon CES, on constate des débuts timides malgré les grands efforts faits pour créer l’événement. Le concours de start-ups rassemblant 478 candidats au départ, en provenance de 53 pays, a récompensé WeProov, une appli française qui permet de digitaliser l’état des lieux de retour de véhicules de flottes.

Enfin, le Mondial de la Mobilité, destiné au grand public, manque d’attractivité avec ses thématiques passionnantes, mais très difficiles à mettre en scène sur des stands de salon. Heureusement, il reste pour cela les constructeurs et leurs concepts et premières mondiales pour faire rêver de l’auto, y compris dans ses nouveaux usages. C’est déjà demain.

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