
Que se passe-t-il chez Rockstar Games, en plein développement du très attendu GTA 6 ? Le studio a récemment licencié une trentaine de développeurs, mais le contexte autour de ce licenciement questionne.
Le studio est accusé d’avoir licencié des développeurs qui cherchaient à se syndiquer pour défendre leurs droits. « L’acte de répression syndicale le plus flagrant et le plus impitoyable de l’histoire de l’industrie du jeu vidéo » pour l’Union syndicale britannique, l’IWGB (Independent Workers’ Union of Great Britain).
Une raison évidemment démentie par la direction du studio qui parle plutôt d’un licenciement en raison de fuites sur Internet : « nous avons pris des mesures à l’encontre d’un petit nombre d’individus qui ont été surpris en train de diffuser et de discuter d’informations confidentielles sur un forum public, ce qui constitue une violation des politiques de notre entreprise. ».
Cela avait donné lieu à une manifestation devant les locaux de Take Two en France.
Ce lundi 24 novembre 2025, une enquête publiée par People Make Game donne un nouvel éclairage sur l’affaire, et démonte en partie la défense de la direction.


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Une fuite qui ne concerne pas GTA 6
La chaîne People Make Game, experte dans ce genre d’enquêtes, a pu discuter avec des sources internes chez Rockstar Games autour de ces licenciements.
Des salariés ont créé un serveur Discord privé en 2022 pour échanger des informations sur leurs vies dans l’entreprise en dehors du Slack officiel. L’enquête révèle que le serveur a accueilli jusqu’à 300 salariés et représentants syndicaux.
Les témoins interrogés expliquent que les discussions portaient donc sur les conditions de travail, et absolument pas sur le développement de GTA 6.
À ce titre, la justification de Rockstar Games qui parle de « diffusion d’informations confidentielles sur un forum public », alors qu’il s’agit visiblement d’un Discord privé et pas d’informations autour de fuites concernant GTA 6, semble prendre l’eau.
Des e-mails partagés sur Discord
Rockstar Games aurait décidé de resserrer les communications électroniques dans le groupe en octobre 2025, quelques semaines avant les licenciements.
Le studio a donc supprimé les canaux Slack jugés inutiles, pour pousser les salariés à ne discuter que du travail sur les canaux de discussions : « nous pensons que ce changement est essentiel pour favoriser un environnement de travail plus concentré, plus productif et plus respectueux. ».
Une décision contestée en interne et discutée naturellement sur le Discord privé : « J’aimerais vraiment voir les preuves que cela impacte à ce point la productivité. Je ne vois pas comment ça peut valoir le coup, vu la bérézina que ça va être pour le moral. ».
Ce sont ces discussions, et notamment le partage de mails internes sur Discord, qui permettent à Rockstar Games d’invoquer une fuite d’échanges confidentiels sur une plateforme externe et de licencier 34 salariés.
Le syndicalisme à l’ère du télétravail
Cette affaire pose forcément la question de l’échange entre salariés, de discussions concernant les conditions de travail. Difficile d’imaginer avoir ce genre de conversations sur les canaux officiels de l’entreprise comme Slack.
Des plateformes plus confidentielles comme Signal ou Protonmail permettent d’échanger des informations sur des canaux chiffrés et sécurisés. Il est généralement déconseillé aux développeurs de parler de ces sujets sur des serveurs Discord, même lorsqu’ils sont privés.
Reste que Rockstar Games peut raisonnablement être accusé d’action antisyndicale si aucune des raisons pointées par la direction ne concernent les projets des studios, mais seulement la vie des salariés.
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