Ce que j’ai vu chez Xpeng en Chine ressemble à de la science-fiction, mais c’est réel

 
Nous étions à Canton, en Chine, chez Xpeng, pour découvrir les voitures électriques de la marque, certes, mais aussi et surtout le nouveau robot et les voitures volantes. On vous amène avec nous.

Après avoir couvert le nouveau modèle d’Intelligence artificielle VLA 2.0 et les robotaxis lors du premier volet dedié au Xpeng AI Day, place aux projets les plus futuristes du constructeur : robots humanoïdes IRON de deuxième génération et voitures volantes ARIDGE. 

IRON Next-Gen : le robot humanoïde qui brouille les frontières

Le robot le plus humain de l’industrie

Xpeng frappe fort avec son robot IRON de deuxième génération, officiellement présenté comme le robot humanoïde le plus avancé et le plus réaliste de l’industrie.

Les chiffres impressionnent : 82 degrés de liberté (DoF) dans tout le corps, une colonne vertébrale humanoïde, des muscles bioniques, une peau synthétique souple, un écran 3D incurvé monté sur la tête, des épaules dynamiques bioniques, et surtout, des mains à 22 degrés de liberté capables de reproduire certains gestes humains.

Xpeng IRON génération 2, Xpeng AI Day. // Source : Nicolas Declunder pour Frandroïd

Le nombre de DoFs d’un corps humain est souvent estimé en fonction des articulations principales et de leur mobilité. Le corps humain possède environ 244 degrés de liberté si l’on considère toutes les articulations et les mouvements possibles (y compris les doigts, les orteils, la colonne vertébrale, etc.). Un bras humain dispose de 7 DoF, tandis qu’une simple charnière n’en a qu’un seul.

Avec ses 82 DoF, l’IRON Next-Gen atteint un niveau de complexité qui lui permet d’imiter avec précision les mouvements humains. Et j’avoue avoir été impressionné lors de la visite du nouveau campus de voir arriver le robot IRON pour nous faire une visite guidée du nouveau musée. Les mouvements sont encore saccadés, en particulier la marche sur longue distance, mais les mouvements des bras et des doigts deviennent réalistes.

Un plan rapproché des articulations de la main du IRON génération 2. // Source : Nicolas Declunder pour Frandroïd

Si le corps humain a bien plus de DoFs que le Xpeng IRON (environ 2 à 3 fois plus), les robots comme le Xpeng IROn se concentrent sur les articulations essentielles pour la locomotion et la manipulation, en sacrifiant certains mouvements fins. Cependant, plus un robot a de DoFs, plus son contrôle est complexe, les équipes de développement doivent donc trouver le bon compromis pour équilibrer mobilité et stabilité.

Un design “né de l’intérieur”

Contrairement à la plupart des robots humanoïdes, le concept de design de l’IRON Gen2 repose sur une approche “born from within” (né de l’intérieur). Il dispose d’une colonne vertébrale humanoïde, de muscles bioniques et d’une peau flexible qui le recouvre entièrement, avec la possibilité de personnaliser différentes morphologies. Une approche différente du robot Tesla Optimus.

Une représentation des muscles bioniques qui seront amenés à recouvrir le corps du robot IRON. // Source : Xpeng

Lors de la conférence de presse, IRON a fait une entrée remarquée avec son apparence réaliste et sa démarche légère. Tellement réaliste que de nombreux posts sur les réseaux sociaux ont imaginé un humain sous la tunique. L’objectif des équipes du pôle robotique de XPENG est de développer des robots qui savent apprendre des gestes humains pour ensuite mieux nous servir, on pense par exemple aux tâches ménagères ou autres applications domestiques.

Conception multicouche et capteurs tactiles

Le design se construit par couches successives : du squelette aux muscles, puis à la peau avec une peau synthétique artificielle. Différents gabarits sont possibles, avec des morphologies masculines ou féminines, des physiques athlétiques ou élancés.

L’IRON Next-Gen affiche des mensurations de 65 kg pour 173 cm, proches de celles d’un humain moyen. En revanche, le fait de proposer le choix d’une morphologie masculine ou féminine commence déjà à faire débat, il me semble difficile de mettre tout le monde d’accord sur cette question.

Le robot IRON avec sa peau synthétique, ressemblant à un tissu mais en fait une sorte de latex souple et perforé. // Source : Nicolas Declunder pour Frandroïd

En robotique, les capteurs sont des dispositifs qui détectent les propriétés physiques (position, vélocité, force, proximité) et fournissent des données pour contrôler les mouvements et interactions du robot. Les types courants incluent : encodeurs, lidar, capteurs de couple, capteurs de vision et unités de mesure inertielle (IMU) pour suivre l’orientation et l’accélération.

La colonne vertébrale bionique et le corps plus souple de l’IRON intègrent des capteurs tactiles tissés dans la peau synthétique, permettant au robot de percevoir son environnement et d’interagir de manière plus naturelle. C’est à mon avis dans ce domaine qu’il y’a encore énormément à faire dans la robotique pour améliorer les ressentis des robots et leurs aptitudes de prédiction.

Une puissance de calcul colossale

Côté intelligence, le robot embarque 3 puces Turing AI offrant une puissance de calcul effective de 2250 TOPS. La même que celle intégrée dans la X9 Power Ultra. l’IRON Next-Gen est aussi le premier robot équipé du modèle de langage pour le monde physique de première génération de Xpeng.

Le modèle VLT (Vision-Language-Task) est le tout nouveau modèle spécifiquement développé pour les robots, considéré comme le moteur central permettant aux robots d’agir de manière autonome, de réfléchir en profondeur et de prendre des décisions indépendantes.

“L’anthropomorphisme extrême” comme philosophie

Au cours des cinq dernières années, la “forme” et “l’intelligence” des robots ont évolué à un rythme vertigineux, comme en témoigne le parcours R&D et les multiples générations de produits publiées par l’équipe Robotics de Xpeng. La question de savoir si les robots doivent ressembler aux humains fait débat dans l’industrie. La réponse de Xpeng est sans équivoque : “l’anthropomorphisme extrême”, c’est-à-dire à l’image de l’être humain.

Pourquoi ? Parce que lorsque les robots humanoïdes atteignent cet “anthropomorphisme extrême”, plusieurs problèmes majeurs deviennent plus faciles à résoudre : commercialisation simplifiée, meilleure généralisation et acquisition facilitée de données d’entraînement. Et c’est bien ces données d’entraînement qui seront vitales pour tester ces robots en masse.

Batterie à semi-conducteurs : autonomie et sécurité

L’IRON Next-Gen est le premier robot de l’industrie à intégrer une batterie solide (solid-state battery), garantissant une meilleure densité énergétique et une sécurité optimale. Le robot embarque une batterie de 2 kWh pour alimenter toute la mécanique et les 3 puces Turing.

Il sera intéressant de connaître l’autonomie réelle de ce robot en situation d’utilisation concrète. L’efficacité énergétique d’un robot humanoïde reste encore loin de celle d’un humain, considéré comme la référence parfaite, notamment en matière de consommation d’énergie. Pour l’instant, aucun design spécifique d’optimisation énergétique n’a été intégré sur IRON.

ARIDGE : Xpeng s’envole vers la mobilité aérienne

Passons maintenant aux drones et voitures volantes. Xpeng ARIDGE (ex AeroHT) construit deux systèmes de vol pour les déplacements à basse altitude : le “Land Aircraft Carrier” (porte-avions terrestre) pour les vols individuels de courte distance et de loisirs, et le “A868”, une voiture volante hybride à rotors basculants pour les voyages multi-passagers moyenne distance. Xpeng présente ici son approche d’une mobilité aérienne « tridimensionnelle » à basse altitude.

En bas à droite, le premier véhicule à décollage vertical de ARIDGE, à gauche le futur taxi volant A868. // Source : Nicolas Declunder pour Frandroïd

Land Aircraft Carrier : à l’aube de la production de masse

Le produit phare d’ARIDGE, le “Land Aircraft Carrier”, est officiellement entré dans la phase précédant la production de masse, avec des commandes dépassant actuellement les 7 000 unités. Les clients sont principalement en Chine, mais aussi aux Émirats arabes unis.

L’aéronef deux places se loge à l’arrière du véhicule à six roues, combinant le Land Aircraft Carrier de Xpeng. // Source : Xpeng

Mais attention, les clients qui ont passé commande ne savent pas encore quand ils recevront leurs produits. La première étape consistera à ouvrir des simulateurs pour que les clients s’entrainent, puis obtiennent une certification en quelques week-ends de formation. La partie principale de la formation portera sur les règles de sécurité et les réglementations liées au pilotage d’un véhicule volant, et non sur son contrôle physique.

L’objectif principal de ce premier véhicule volant est de permettre aux novices de le maitriser facilement grâce à un système de contrôle à un seul manche. De par ma courte expérience sur jeux-vidéo, il me semble qu’il devrait y avoir un levier supplémentaire pour contrôler l’altitude, le manche permettant alors de faire avancer/reculer et d’influencer sur la rotation, donc de tourner. 

En matière de sécurité, Xpeng essaie de rassurer en mettant en avant son dispositif avec redondance de sécurité couvrant les systèmes clés comme la propulsion électrique, l’alimentation haute et basse tension, la navigation de contrôle de vol, l’opération de vol et la communication. L’innovation majeure étant la configuration à six axes, six hélices et double conduit, pour pailler une défaillance accidentelle de deux rotors diagonaux.

A868 : l’ambition du long-courrier

Le A868, qui a fait ses débuts publics officiels lors de cet AI Day, adopte une configuration à rotors basculants complets et devrait atteindre une autonomie de 500 km, avec une vitesse de croisière maximale attendue de 360 km/h.

Sa cabine 6 places répondrait en particulier aux besoins des voyages d’affaires en milieu urbain. Le projet est actuellement en développement.

Une nouvelle usine de production

En termes de production, l’usine de voitures volantes ARIDGE a lancé sa production d’essai le 3 novembre et a réussi à faire sortir le premier Land Aircraft Carrier. Nous avons pu entrevoir cette usine lors de notre visite des chaines d’assemblage XPeng mais les bâtiments sont encore interdits au public.

Le fait d’avoir regroupé la production automobile et aéronautique me semble cohérent afin d’identifier des synergies entre les deux mondes, puis d’améliorer l’efficacité et la qualité des normes et des outils de production.

La capacité de production annuelle initiale est de 5 000 unités par an, avec un objectif de monter jusqu’à 10 000 unités annuelles. Xpeng ambitionne d’accélérer la production de masse du Land Aircraft Carrier d’ici à 2026, mais cela reste à confirmer par les licences et autres permis à récupérer auprès du gouvernement chinois qui incite au développement des voitures volantes, mais veut aussi certainement contrôler leur prolifération.

Des cas d’usage pensés pour le tourisme

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces véhicules ne sont pas destinés aux villes en premier lieu, mais plutôt au tourisme en environnement naturel et aux camps de vol pour découvrir de nouveaux lieux. L’avantage est de pouvoir conduire votre véhicule volant depuis un emplacement plus éloigné pour faire du tourisme aérien, au lieu du défi logistique que représente le transport d’un hélicoptère en milieu urbain.

L’équipe ARIDGE nous explique d’ailleurs qu’il reste actuellement difficile de voler d’une ville à une autre car cela nécessite des permis et autorisations de différentes municipalités qui peuvent arriver à des moments différents, vous faisant manquer la fenêtre de vol opportune…

C’est une occasion pour certaines municipalités éloignées de rejoindre un tourisme nouveau. Le gouvernement municipal de Dunhuang (Nord-Ouest de la Chine) lancera, par exemple, à la mi-2026, la première route touristique aérienne autonome de Chine, créant une nouvelle expérience de voyage et surfant sur un boom potentiel des voitures volantes dans le secteur culturel.

En conclusion

Depuis sa création il y a plus d’une décennie, Xpeng est resté fidèle à son aspiration originale : “la technologie change le monde”. Le nouveau siège social marque un nouveau départ. Entre science-fiction et réalité commerciale, Xpeng trace sa vision d’un écosystème d’intelligence incarnée qui dépasse largement le cadre automobile. Le Xpeng Science Park rassemblera le cœur des recherches couvrant de multiples domaines : IA, automobile, robotique et voitures volantes.

L’innovation technologique interdisciplinaire, inter-domaines et inter-industries se produit chaque jour. Les nouvelles idées, technologies et applications interagissent et s’inspirent mutuellement, donnant naissance à “l’émergence” propre à Xpeng. Cette lueur d’émergence vise les étoiles, et l’avenir de l’IA physique commence à cet instant.

Avec ces robots humanoïdes ultra-réalistes et ces voitures volantes en cours de certification, Xpeng nous projette dans un futur où la mobilité ne se limite plus au sol. Reste à savoir si le grand public sera prêt à suivre cette vision audacieuse d’ici à quelques années.

Mais rappelons que Xpeng n’est pas tout seul sur le domaine. On peut bien entendu citer Tesla, mais aussi de nombreux autres acteurs locaux, à l’image d’Unitree.


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