
On aime bien Pierre Chasseray. Il a accepté notre invitation, il est sympathique, bon client, et il défend avec ferveur le porte-monnaie des Français via son association 40 millions d’automobilistes. Mais lors de notre dernier débat sur l’émission Survoltés, quelque chose a coincé. Vraiment coincé.
Face à des experts et des utilisateurs au quotidien, le discours de Pierre Chasseray a semblé… poussiéreux. Voire totalement déconnecté de la réalité technologique de 2025.
Et c’est un problème. Car quand on prétend défendre l’intérêt des conducteurs, propager des mythes qui les éloignent d’une technologie plus économique à l’usage, ce n’est pas rendre service. C’est de la désinformation involontaire.
Le mythe de la « prise manquante »
C’est son cheval de bataille. Pierre Chasseray est persuadé qu’une voiture électrique ne sert à rien si on n’a pas de garage.
« J’ai pas de prise (…) S’il n’y a pas de place de stationnement privative, ça veut dire que tu peux pas la charger ta voiture. »
Il va même plus loin avec un exemple précis : « À Saint-Ulphace, dans la Sarthe, tu as une baraque, il y a pas de prise. Leclerc, c’est à 15 bornes, tu fais quoi ? » Il imagine même des gens faire courir des fils par la fenêtre.
La réalité ? Elle est tout autre. Comme l’a rappelé notre journaliste Vincent (qui a vécu en appartement sans prise avec une Tesla) ou Christophe Debonne (utilisateur de voiture électrique depuis 10 ans), la recharge à domicile est un confort, pas une obligation absolue.


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Aujourd’hui, le réseau de recharge est dense. On charge au travail, on charge pendant ses courses (le fameux Leclerc à 15 bornes a probablement des bornes rapides), on charge sur des hubs urbains.
Léo Larivière de l’ONG Transport & Environnement a résumé la situation avec justesse :
« Quand j’entends Pierre, j’ai l’impression que les automobilistes dont tu parles, c’était en 2012. »
Dire aux ruraux que l’électrique n’est pas pour eux est une hérésie. C’est justement eux, qui font le plus de kilomètres, qui ont le plus à gagner financièrement. Et contrairement aux citadins, ils ont souvent… une maison. Donc une prise.
« On ne pourra pas charger 40 millions de bagnoles »
C’est l’argument bingo. Celui qu’on sort quand on n’a plus rien d’autre. Pierre Chasseray s’inquiète : « Et tu crois qu’on va pouvoir recharger 40 millions de bagnoles toi ? ».
Cette phrase trahit une méconnaissance du fonctionnement du réseau électrique et de l’usage réel.
- Les 40 millions de voitures ne chargeront pas toutes en même temps à 19h
- La technologie de smart charging (recharge intelligente) lisse déjà la demande
- RTE (Réseau de Transport d’Électricité) a sorti rapport sur rapport confirmant que le réseau tiendra, même avec un parc 100 % électrique
Brandir cette peur, c’est ignorer que la transition prendra 15 ou 20 ans. Le réseau s’adapte. Les bornes poussent comme des champignons (+55 % en un an). Dire « ça ne marchera pas » aujourd’hui, c’est comme dire en 1995 qu’Internet ne supporterait jamais le streaming vidéo.
Le coût : regarder le doigt plutôt que la lune
Enfin, Pierre Chasseray répète ce que lui disent ses adhérents : « C’est trop cher ».
« Je leur ai dit pourquoi vous achetez pas une voiture électrique ? Ils m’ont dit ‘Ah c’est trop cher.’ OK, bon. J’entends. »
Il entend, mais il n’analyse pas. Oui, le ticket d’entrée est élevé (bien que ça change avec la R5, la C3, les chinoises). Mais le rôle d’une association de défense, c’est d’éduquer sur le TCO (Coût Total de Possession).
Christophe Debonne a donné les chiffres réels sur le plateau : rouler en électrique lui coûte environ 3 € les 100 km. En thermique ? C’est 10 à 12 €. Sur la durée de vie du véhicule, l’économie se compte en milliers d’euros.
En validant simplement le ressenti « c’est trop cher » sans expliquer les économies à l’usage, Pierre Chasseray conforte les automobilistes dans un choix (le thermique) qui va leur coûter de plus en plus cher en carburant et en entretien.
Une époque révolue
Ce débat a été révélateur. Pierre Chasseray est un excellent communicant, mais sa vision de la voiture électrique semble figée dans une époque révolue, celle de la Renault Zoé de 2013 et des bornes en panne.
Le problème, c’est qu’il a une voix qui porte. En propageant ces doutes infondés sur la recharge ou le réseau, il ne « protège » pas les automobilistes : il les maintient dans la peur d’une technologie qui, ironiquement, est la seule capable de sauver leur pouvoir d’achat face à l’essence. Il est temps que 40 millions d’automobilistes mette à jour son logiciel.
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