La vraie raison derrière la flambée du prix de l’essence prévue en France en janvier 2026

 
En janvier 2026, le prix de l’essence et du diesel va augmenter plus fortement que prévu. En cause : les aides à la filière de l’énergie, dont le bonus écologique des voitures électriques. Mais pas seulement.
Smart #5 sur une borne 400 kW // Source : Vincent Sergère pour Frandroid

C’est la petite surprise du chef pour commencer l’année 2026. Alors que l’on scrute souvent le baril de brent pour anticiper le prix à la pompe, c’est un mécanisme administratif bien plus complexe qui va alourdir la facture d’essence et de diesel dès le 1er janvier 2026.

Son nom de code : les CEE. Derrière cet acronyme barbare se cache une bataille rangée entre le gouvernement et les pétroliers, dont vous allez, in fine, payer l’addition.

Les CEE : le pollueur, c’est vous (le payeur)

Avant de crier au scandale, il faut comprendre la mécanique sous le capot. Les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) ne sont pas une taxe au sens strict, prélevée directement par l’État. C’est un dispositif créé en 2006 qui repose sur une obligation simple : les vendeurs d’énergie (TotalEnergies, EDF, Engie, etc.), appelés les « obligés », doivent financer des actions d’économies d’énergie .

Concrètement, quand vous entendez parler d’une prime pour isoler vos combles ou d’une aide pour installer une pompe à chaleur, c’est bien souvent l’argent des CEE. Si les pétroliers ne financent pas assez de travaux (et donc ne récoltent pas assez de certificats), ils paient de lourdes pénalités à l’État.

Ford Mustang V8

Le problème ? Ces entreprises ne sont pas des philanthropes. Le coût de ces certificats est intégralement répercuté sur le prix final que vous payez à la station-service. En 2023, la Cour des comptes estimait déjà ce coût à plus de 7 centimes par litre . Mais la facture va grimper.

La panique de fin de période : pourquoi ça flambe maintenant ?

C’est ici que la situation devient absurde. Le dispositif fonctionne par « périodes » pluriannuelles. Nous arrivons à la fin de la 5ème période (le 31 décembre 2025) et la 6ème période (P6) démarre au 1er janvier 2026 avec des objectifs rehaussés de 27 % .

Mais si le prix augmentera brutalement en janvier 2026, ce n’est pas uniquement à cause de ces nouveaux objectifs. C’est surtout parce que les pétroliers ont mal géré leur planning. Au lieu de lisser leurs efforts, ils se retrouvent au pied du mur.

Une source ministérielle résume parfaitement la situation chaotique auprès de Contexte : « Les pétroliers ne se réveillent que maintenant, et se précipitent sur le marché des CEE pour être au rendez-vous de leur obligation. Conséquence : le prix des CEE augmente en cette fin de période et ils augmenteront probablement encore en début de sixième période, puisque les obligés ont jusqu’à la fin du mois de juin pour atteindre leurs quotas ».

En clair : c’est plus ou moins la loi de l’offre et de la demande. Tout le monde veut acheter des certificats au dernier moment pour éviter les pénalités, les prix s’envolent, et c’est l’automobiliste qui trinque à la pompe.

Concrètement, combien ça va coûter ?

L’Union française des industries pétrolières (Ufip) a déjà sorti la calculette. Selon eux, cette hausse des obligations et la tension sur le marché vont se traduire par une augmentation immédiate de 4 à 6 centimes par litre dès janvier comme on peut le lire sur Ouest France.

Source : Unsplash

Si l’on ajoute cela au coût actuel des CEE, le dispositif pèsera au total environ 16 à 17 centimes sur chaque litre de carburant acheté .
Ce n’est pas anodin : sur un plein de 50 litres, c’est près de 8,50 euros qui partent uniquement pour financer ce mécanisme.

Et cela ne touche pas que l’essence. Le gaz est aussi concerné, avec une hausse estimée à 3,5 % pour certains contrats chez Engie. Comme nous l’avions analysé, ce mécanisme sert de plus en plus à financer la transition énergétique, y compris le bonus écologique et le leasing social des voitures électriques. C’est pour cette raison qu’on peut dire que le bonus écologique va faire augmenter le prix des factures d’énergie.

Un bras de fer hypocrite

La situation actuelle vire au règlement de comptes politique. D’un côté, les pétroliers (et l’opposition politique) accusent le gouvernement d’avoir alourdi la barque avec des objectifs inatteignables, transformant les CEE en une « taxe carbone déguisée » qui échappe au contrôle du Parlement .

De l’autre, le ministère de la Transition écologique contre-attaque via un communiqué cinglant (rapidement retiré, mais reçu par mail par notre rédaction), accusant les pétroliers de « collusion » avec le RN et de refuser de rogner sur leurs marges .

Selon le gouvernement, si le prix monte, c’est le « choix des pétroliers » de répercuter 100% de ce coût sur le consommateur plutôt que d’absorber une partie de la hausse .

Les conséquences pour le consommateur

Pour le consommateur, et pour résumer, les pétroliers doivent payer pour la transition énergétique, ils vous refacturent ce coût. Une mauvaise anticipation des industriels qui achètent leurs certificats au prix fort à la dernière minute fait alors augmenter plus soudainement et plus fortement ce coût que prévu.

Alors que l’État cherche à sécuriser le financement du bonus écologique et des rénovations thermiques sans creuser le déficit public, il s’appuie de plus en plus sur ce levier « invisible » sur les taxes et impôts.

Le risque est de rendre l’énergie fossile toujours plus chère pour forcer la transition, au péril du pouvoir d’achat immédiat. Surtout qu’un impôt est globalement plus juste que les CEE, davantage similaires aux taxes, dont le montant ne varie pas selon les revenus du foyer.


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