
On débat souvent de la voiture autonome sous l’angle de la technologie, du confort ou du prix. Mais pour le Dr Jonathan Slotkin, neurochirurgien, le débat se situe ailleurs : dans la salle de déchocage des urgences, là où la physique rencontre la biologie.
Et selon lui, les données publiées par Waymo (Google) en cette fin d’année 2025 ne laissent plus de place au doute : l’humain est le maillon faible, comme il le relate dans une tribune rédigée sur le New York Times.
La physique ne pardonne pas
Le constat du Dr Slotkin est brutal, mais nécessaire. Il raconte l’arrivée d’un adolescent éjecté lors d’un tonneau. Malgré les efforts de l’équipe de traumatologie pour arrêter l’hémorragie abdominale, l’issue était jouée d’avance. « Quand autant d’énergie cinétique pénètre dans un crâne, aucune opération ne peut revenir en arrière », explique-t-il.
C’est là tout le paradoxe de notre mobilité actuelle : nous acceptons implicitement une quantité effarante de souffrances et de pertes humaines chaque jour. Les accidents de la route restent la deuxième cause de mortalité chez les jeunes et la première cause de lésions de la moelle épinière.

C’est ici qu’intervient Waymo. La filiale d’Alphabet a publié des données couvrant près de 100 millions de miles (environ 160 millions de km) parcourus sans chauffeur jusqu’en juin 2025. Le neurochirurgien a passé des semaines à éplucher ces statistiques. Sa conclusion ? Nous sommes face à une rupture en matière de santé publique.
Waymo vs Humains : le KO statistique
Comparés aux conducteurs humains sur les mêmes routes, les véhicules autonomes de Waymo sont impliqués dans 91 % d’accidents graves en moins. Pour mieux visualiser l’écart, voici les données normalisées par million de miles parcourus :
| Type d’incident | Conducteur Humain | Waymo (Autonome) | Différence |
|---|---|---|---|
| Blessure grave ou décès | 0.23 | 0.02 | -91% |
| Déploiement d’airbag | 0.35 | 0.02 | -94% |
| Toute blessure | 0.80 | 0.16 | -80% |
*Source : Waymo / Analyse Dr Slotkin
Le chiffre le plus impressionnant concerne peut-être les intersections, ces zones de chaos où les trajectoires se croisent, surtout aux États-Unis, avec la possibilité dans certains cas de tourner à droite au feu rouge.
Waymo y enregistre un taux d’accidents avec blessures inférieur de 96% à celui des humains. Pourquoi ? Parce qu’une machine respecte le Code de la route à la lettre, voit à 360 degrés en permanence et ne consulte pas son smartphone au feu rouge.
Le paradoxe de la vigilance (et l’expérience Tesla)
Il faut toutefois nuancer. Waymo opère des « Robotaxis » (niveau d’autonomie 4 sur 5), sans personne au volant. Mais la majorité d’entre nous conduit des véhicules équipés d’aides à la conduite de niveau 2, comme l’Autopilot ou le FSD (Full Self-Driving) de Tesla.
Tesla a d’ailleurs récemment publié ses propres rapports de sécurité, affirmant que son système FSD (supervisé) réduit drastiquement la fréquence des accidents, en étant 9 fois plus sûr qu’un conducteur humain.
À titre personnel, au volant de ma Tesla, le constat est ambivalent. D’un côté, la voiture a déjà évité deux accrochages à basse vitesse que je n’avais pas anticipés. Sur autoroute, l’Autopilot permet une charge mentale allégée : on arrive moins fatigué, plus disponible pour surveiller l’environnement global plutôt que de fixer le pare-chocs précédent.

Mais c’est là que le piège se referme. Cette efficacité crée une fausse sensation de sécurité. On commence à faire autre chose, à regarder le paysage… Or, nous ne sommes pas encore au niveau 3 (qui permettrait légalement de lâcher le regard de la route dans certaines conditions).
Si la voiture demande de reprendre la main dans une situation critique alors que votre esprit est ailleurs, le temps de réaction peut être fatal. Mais ça sera toujours plus sûr qu’une voiture 100 % manuelle, comme le prouvent les chiffres de Tesla.
C’est la différence fondamentale : Waymo remplace le conducteur. Tesla (pour l’instant) l’assiste. Et comme le souligne le Dr Slotkin, les humains sont mauvais pour « surveiller » une machine fiable à 99 %.
La conduite autonome arrive en Europe avec Tesla
Et justement, pour nous Européens, la donne est sur le point de changer radicalement. Jusqu’ici, nous étions cantonnés à un Autopilot « bridé », capable de tenir sa ligne sur autoroute mais incapable de gérer un rond-point ou un feu rouge. Le vrai « cerveau » de Tesla, le FSD (Full Self-Driving), était réservé aux Américains.
Mais Tesla prépare le terrain pour février 2026. La marque a récemment clamé haut et fort que le régulateur néerlandais (le RDW) s’était engagé à approuver le système pour l’Europe à cette date. Un enthousiasme… un peu prématuré. L’autorité a sèchement recadré le constructeur américain : février 2026 n’est pas une date de validation, mais simplement une date pour une démonstration technique.
Accepter l’imperfection pour sauver des vies
Les voitures autonomes ne sont pas parfaites. On se souvient de cette Waymo coincée dans un rond-point pendant 5 minutes ou de celle ayant heurté un poteau à basse vitesse. Il y a même eu trois cas de blessures / décès impliquant une Waymo, mais dans les trois cas, la responsabilité incombait au conducteur humain adverse (un refus de feu rouge et un choc par l’arrière notamment).
Le Dr Slotkin utilise une analogie médicale pertinente : en recherche clinique, on arrête parfois une étude plus tôt que prévu lorsque le traitement est si efficace qu’il serait non éthique de continuer à donner un placebo au groupe témoin. Avec 39 000 morts par an sur les routes américaines et 10 000 blessés par jour, la conduite manuelle ressemble de plus en plus à ce placebo dangereux.
Si seulement 30% des voitures étaient entièrement automatisées, on pourrait prévenir 40% des accidents. Les assurances vont d’ailleurs probablement accélérer cette transition en ajustant les primes : assurer un conducteur humain coûtera bientôt bien plus cher qu’assurer un algorithme.
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