Voiture à hydrogène : une raison de plus de ne pas y croire

 
Fondée en 2019, la start-up française Hopium spécialisée dans la voiture à hydrogène est aujourd’hui en proie à d’importantes difficultés financières et serait fortement menacée. La firme dispose seulement assez de fonds pour tenir jusqu’au mois d’août.

À partir de 2035, la vente de voitures thermiques neuves sera strictement interdite dans toute l’Union européenne. Une décision récemment actée par Bruxelles, en dépit de la résistance de certains pays, dont l’Allemagne. Cependant, des exemptions seront prévues pour les carburants synthétiques, tandis que certains constructeurs s’intéressent à une autre alternative. Il s’agit de la voiture à hydrogène, qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques temps.

Une situation critique

En France, deux start-ups se sont d’ailleurs lancées sur ce marché encore en construction : NamX et Hopium, toutes deux présentes au dernier Mondial de Paris au mois d’octobre. Elles promettent des performances de haut vol et de très grandes autonomies allant jusqu’à 1 000 kilomètres, le tout sans émissions de gaz polluants. Tout cela semble alléchant sur le papier. Sauf que dans les faits, c’est un peu différent.

Car tout ne se passe pas exactement comme prévu, pour Hopium tout du moins. La firme française fondée en 2019 par Olivier Lombard traverse en effet une forte zone de turbulences depuis quelques semaines. L’entreprise a présenté à ses investisseurs un dernier bilan financier au ras des pâquerettes il y a quelques jours.

Hopium Machina // Source : Frandroid

La firme affiche des pertes de 23,9 millions d’euros sur l’ensemble de l’exercice 2022. Le constructeur explique que « les charges d’exploitation de l’exercice s’élèvent à 24,9 millions d’euros contre 9,4 millions d’euros en 2021, en raison principalement d’une forte hausse des charges de personnels« . Pas moins de 116 collaborateurs ont été recrutés au cours de l’année dernière par la firme, qui fut dirigée par l’ancien ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Selon le communiqué de Hopium, les pertes s’élevaient à « seulement » 8 millions d’euros sur l’exercice précédent. Plusieurs augmentations de capital, à hauteur de 4,1 millions d’euros ont été réalisées, mais cela n’est pas suffisant. Ainsi, le constructeur aurait seulement assez de fonds pour pouvoir tenir jusqu’au mois d’août si aucun nouvel investisseur ne se manifeste.

Toujours pas de Machina

Conscient de ses difficultés, Hopium a décidé en avril de restructurer ses activités (avec 35 départs pour atteindre un effectif compris entre 90 et 100 salariés) et de se concentrer sur le développement de sa technologie de pile à combustible. Le lancement de la très prometteuse Machina, annoncée comme une tueuse de Tesla et attendue pour 2025 est donc mis en pause jusqu’à nouvel ordre. Elon Musk peut être rassuré.

L’entreprise espère désormais lancer la pré-commercialisation de sa pile à combustible à partir de 2024 pour un lancement en 2025, mais rien n’est donc sûr pour le moment. Le constructeur peut cependant compter sur l’aide de deux millions d’euros obtenue de la part de la région Normandie. Reste à savoir si cela sera suffisant pour maintenir Hopium à flots et lui permettre de développer sa voiture à hydrogène.

Hopium Machina // Source : Frandroid

Mais encore faut-il que la demande soit aussi au rendez-vous. Car pour l’heure, les stations de recharge sont encore assez rares sur le territoire, puisqu’elles ne sont que 40 actuellement accessibles sur l’ensemble du pays selon les chiffres de France Hydrogène. L’organisation table sur un nombre de 1 000 dans toute la France à l’horizon 2023. Mais outre les difficultés d’approvisionnement, cette solution possède d’autres inconvénients.

En effet, les voitures à hydrogène affichent généralement un rendement inférieur aux modèles électriques, entre 10 et 30 % seulement contre 60 à 80 % pour ces dernières. Mais ce n’est pas tout, car l’installation des stations de recharge coûte très cher et ce carburant n’est pas totalement écologique. En cause notamment, le risque de fuites dans l’atmosphère, qui pourrait se révéler très nocives pour l’environnement, sans parler de la production, qui nécessite également beaucoup d’énergie.


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