PC sous Snapdragon 835 : bientôt un futur sans Intel ?

 
Alors que les premiers PC portables hybrides sous Windows 10 ARM se retrouvent dans la nature, faut-il y voir un signe du début de la fin pour Intel et l’architecture x86 en général ? La route est encore longue, visiblement !


Windows RT : un premier départ raté

Les signes d’une transition entre l’ère des PC sous processeurs Intel et celle où la mobilité et les puces ARM auraient pris le dessus se multiplient. Pour autant c’est aussi un vieux serpent de mer qui traîne au moins depuis 2012 et la sortie de Windows RT, la version bridée de Windows 8, réservée aux tablettes ARM, comme les deux premières Surface (non Pro). Malgré une noble idée, Windows RT était un échec. Entre une incompatibilité gênante avec les applications Windows « traditionnelles » d’un côté et le développement poussif du Windows Store de l’autre, tous les ingrédients du cocktail qui fait Pschitt étaient réunis. Et puis, il faut se rappeler qu’en 2012, quand on parlait d’une puce ARM pour tablettes, on parlait généralement du Tegra 2 de NVIDIA, pas franchement de quoi entamer une transition depuis les processeurs x86/x64.

Un coup d’avance rapide vers 2017 et nous voilà avec des puces mobiles dont les performances brutes, au moins sur des tâches de courte durée, rivalisent aisément avec celles d’un Intel Core m ou même Core i5 que l’on trouve dans un ordinateur portable. En fait, plusieurs constructeurs comme HP ou Asus s’apprêtent même à commercialiser des ordinateurs portables, sous Windows 10 ARM, équipés d’un Qualcomm Snapdragon 835.

Entre apps natives et émulation

Cette fois ci, un des freins à l’adoption est levé : un PC sous Windows 10 pour ARM pourra tout à fait exécuter des applications « classiques », via une émulation de l’architecture x86 sur ARM. Le noyau, les pilotes et toutes les applications fournies avec le système, elles, seront natives. Il y aura forcément un coût en performances, notamment sur des applications gourmandes en ressources. C’est tout de même oublier le fait qu’un Snapdragon 835 a de la puissance à revendre, tandis que Microsoft n’est pas tout à fait novice en la matière ni pour la « miniaturisation » de Windows. Comme quoi l’échec de RT n’a sans doute pas servi à rien, que ce soit pour émuler une architecture sur une autre, ou la rétrocompatibilité Xbox 360 sur Xbox One.

Pour l’instant, la seule donnée dont on dispose est un résultat Geekbench d’un Asus ZenBook Flip, visiblement dans la nature. Des résultats pas fameux, il faut bien l’avouer, même face à des machines en Core m3, qui obtiennent à peu près en simple cœur ce que ce ZenBook obtiendrait en multi ! Cela dit, on parle bien ici d’un score qui correspond à l’émulation de Geekbench 4 depuis sa version x86 32 bits. Les utilisateurs ayant vécu la transition PowerPC/Intel sur Mac se souviennent peut-être de Rosetta, l’émulateur PPC qui exécutait les applications pas encore passées à la nouvelle architecture. Ça dépannait, mais on n’aurait pas pu tenir plus de deux ans dans cette phase intermédiaire. La question réside dans la capacité de Microsoft à attirer les développeurs pour créer des apps natives, mais là, c’est une autre affaire.

Apple iMac Pro

Avant la substitution, la cohabitation ?

La solution peut être hybride. Avant que les puces ARM soient amenées à remplacer celles d’Intel ou AMD sur des ordinateurs, une cohabitation est-elle possible ? C’est déjà le cas, par exemple, sur les derniers MacBook Pro, dont la TouchBar et l’authentification par TouchID sont gérées par une puce semblable à celle qui anime l’Apple Watch. On pourrait également citer la PlayStation 4 de Sony pour les tâches de maintenance en veille. Visiblement, sur l’iMac Pro, qui doit toujours voir le jour d’ici décembre, c’est carrément un A10, le processeur de l’iPhone 7, qui seconderait le processeur Xeon pour la sécurisation du démarrage. Comme on aime croire qu’un A10 est un peu puissant pour cette simple tâche, on peut imaginer d’autres usages. Machine learning ? Exécution native d’apps iOS dans Xcode ? FaceID ? Les rumeurs sont lancées, même si la plupart d’entre elles tiennent peut-être plus de la spéculation que de quelque chose de facilement réalisable.

Bref, on s’approche encore un peu plus d’un futur sans processeurs x86, tout en restant encore bien éloigné du moment où ils seront bons pour les archives. Le serpent de mer a encore des beaux jours devant lui.


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