Pourquoi les tablettes sont mortes et reviennent à la vie

 

Lors du Mobile World Congress 2018, seul un constructeur a osé présenter de nouvelles tablettes : Huawei. Mais celui-ci s’est surtout fait remarquer pour un nouvel ordinateur, quand tous les autres ont admis que ce marché n’était plus intéressant… Pourquoi ?

C’est devenu une blague vue et revue : les tablettes, Android comme iOS d’ailleurs, sont mortes et enterrées. Sur le Mobile World Congress 2018, on ne comptait que Huawei et ses nouvelles MediaPad M5 comme représentant de ce type de produits.

Ceci étant, la marque y a surtout mis en avant son Matebook X Pro, nouvel ordinateur portable sous Windows 10 : ses tablettes semblaient n’être là… que pour être là. Pourquoi nos petites ardoises ne reçoivent-elles plus aucun amour en 2018 ? La réponse à cette question, qui nous a été posée lors d’un Humanoid Talks, est plus compliquée qu’il n’y paraît.

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Les tablettes sont mortes, c’est un fait

Bon, ne tournons pas autour du pot : les tablettes sont bien mortes, c’est un fait. Comme vous pouvez le constater sur cette étude Statista, les ventes de tablettes ne font que chuter sur ces dernières années. Les projections ne sont pas non plus très bonnes : le cabinet projette que le marché des tablettes tombera à 145,8 millions d’unités vendues d’ici 2021, contre 174,9 millions en 2016.

Sans parler de projections sur l’avenir, l’année 2017 est encore une autre année de chutes pour les vendeurs de tablettes. Si certains acteurs réussissent encore à tirer leur épingle du jeu, comme Amazon ou Huawei (ce qui explique son annonce), le marché dans sa globalité enregistre une chute de 6,5 % comparativement à l’année précédente selon les chiffres IDC.

Si vous vous demandiez pourquoi votre constructeur préféré n’avait pas renouvelé votre modèle préféré : voici la raison. Un marché qui n’enregistre aucune croissance sur plusieurs années est loin d’être attirant, c’est évident.

L’arme du crime : la tablette elle-même

Steve Jobs était bien fier lorsqu’il présentait l’iPad, la première « tablette » au sens contemporain du terme sortie en 2010. La Nexus 7, présentée par Google et sortie 2 ans plus tard, aura aussi énormément fait parler d’elle dans l’écosystème Android.

Alors, pourquoi une chute si rapide ? C’est très simple et cela a à voir avec l’appareil en lui-même : l’utilité d’une tablette pour le grand public se résume au simple fait de pouvoir regarder ses séries et films sur un plus grand écran que celui de son smartphone, dans le train par exemple.

Pas besoin donc du dernier appareil à la mode pour être capable de faire cela : une bonne tablette de 2014 offrira une expérience tout aussi satisfaisante que la dernière venue vendue bien plus cher. Sur un marché mobile dont l’économie repose pour le moment sur un renouvellement annuel, ce simple fait aura tout simplement tué dans l’œuf l’attirance des consommateurs pour ces produits.

Qui plus est, il est plus que difficile de se différencier sur un marché où la diagonale d’un écran prime. Ce faisant, les constructeurs se retrouvent bien dépourvus quand il s’agit de faire valoir leur modèle par rapport à un autre.

Les smartphones sont toujours plus grands et efficaces

En parallèle, les smartphones sont devenus toujours plus efficaces pour ce même usage. Beaucoup se sont moqués de Samsung lorsqu’il présentait son Galaxy Note et son écran 5,3 pouces en 2011…

Aujourd’hui, cette diagonale est utilisée sur les appareils que l’on dit « utilisables à une main », les « petits smartphones » en somme, alors que tous les appareils intègrent en moyenne un écran 5,5 pouces en 16:9 et un écran 5,8 pouces en 18:9. Nos téléphones sont ainsi devenus tout aussi bons que les premières tablettes venues pour lire nos livres numériques, mais aussi profiter de nombreuses séries sur le pouce.

En parallèle, les ordinateurs portables ont augmenté leur autonomie pour atteindre les 7/8 heures d’autonomie efficacement, même sur les modèles d’entrée de gamme, tout en s’allégeant pour facilement atteindre un simple kilogramme.

En somme, les forces d’une tablette pour le grand public ont naturellement disparu. Pourquoi s’embêter à tendre le bras pour récupérer sa tablette quand nos smartphones dans nos poches font tout aussi bien ?

Exode vers les professionnels

Vous l’avez peut-être remarqué : nous ne parlons ici que du grand public pour le moment. La raison simple : les tablettes ne sont pas foncièrement mortes, mais se sont transformées pour prendre une autre forme.

On peut attribuer la popularité de ce concept à un acteur particulier : Microsoft. Avec sa gamme Surface Pro, le constructeur a prouvé que les professionnels pouvaient être intéressés par des PC ultra portables revêtant la forme d’une tablette à la convenance de l’utilisateur. Un pari qui semblait difficile, mais qui a lancé une tendance ayant véritablement explosé à partir de la Surface Pro 3. Ce n’est pas pour rien qu’Apple a sorti un iPad Pro : une nouvelle demande était née.

Aujourd’hui, les tablettes sont toutes présentées avec des stylets à multiples reconnaissances de pression pour cette raison. Elles plaisent aux créatifs, mais aussi aux professionnels en mobilité devant faire signer des contrats et annoter des produits pour leurs collaborateurs.

C’est sur ce type de consommateur, souhaitant le meilleur, qu’importe le prix pour travailler partout sans gêne, que le marché des PC portables se recentre. Et les tablettes en font partie : on ne compte plus le nombre de concepts d’écrans détachables ou pouvant se retourner à 360° qui existent sur ce marché particulier désormais.

Et maintenant que les professionnels se sont rués sur cette catégorie de produit, les constructeurs se tournent vers le grand public. Apple a présenté son nouvel iPad à 400 euros compatible avec l’Apple Pen, qui a immédiatement reçu une réponse de Google avec l’Acer Chromebook Tab 10 sous Chrome OS. Plus encore, Microsoft a annoncé la Surface Go, un appareil Surface à la configuration allégée mais fournissant un Windows 10 complet dans un appareil tout aussi travaillé que ses frères. On sent qu’il est désormais temps de conquérir un marché plus grand.

La philosophie des tablettes n’est pas morte

Si les tablettes grand public sont bien mortes, leur philosophie reste toujours présente sur la high-tech. Celles-ci ont été particulièrement utiles pour pointer du doigt le fait que des produits à grands écrans offrant de grandes capacités de productivité et ultra connectés étaient attendus.

Bien évidemment, autant de points poussent les prix vers le haut. C’est pourquoi l’ultra haut de gamme devient toujours plus important sur le marché. À terme, il est destiné à devenir le moyen puis l’entrée de gamme, suivant la logique naturelle de l’évolution technologique.

On peut voir cette évolution dans la popularité toujours grandissante des produits Surface de Microsoft, dans l’évolution des puces pour PC comme la gamme U d’Intel ou les GPU mobiles Nvidia Pascal, mais aussi… dans de nouvelles initiatives.

Si Qualcomm croit en sa nouvelle gamme d’ordinateurs Windows 10 utilisant sa plateforme Snapdragon 835, c’est exactement pour cela : mettre en avant de nouveaux ordinateurs à l’autonomie incroyable, avec de grandes diagonales et toujours connectés comme l’étaient les tablettes en leur temps. Et si la presse doute, c’est tout simplement parce que leurs capacités en productivité semblent relativement limitées du fait de leur utilisation de l’émulation.

On peut donc effectivement dire que les tablettes sont mortes de nos jours. Cependant, il ne faut pas oublier l’importance de leur venue sur le marché, qui aura poussé ce qui est aujourd’hui considéré comme des acquis sur les autres.


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