AppStore : Apple se méfie de ChatGPT, mais n’est pas équitable dans son traitement

 

Apple semble se méfier des intelligences artificielles. Jeudi 2 mars, le Wall Street Journal rapporte que l'entreprise a interdit une mise à jour sur l'App Store de l'application de courriels BlueMail qui intégrait ChatGPT. Un changement de politique contradictoire, selon son cofondateur.

L’App Store d’Apple a refusé la mise à jour de l’application BlueMail intégrant ChatGPT. // Source : Apple

La nouvelle est tombée une semaine après que l’entreprise ait envoyé sa mise à jour à l’App Store. Dans un message adressé aux développeurs de l’application d’e-mail BlueMail, le comité d’examen du magasin d’applications d’Apple refuse de valider leur nouvelle mise à jour. En cause : l’ajout de l’intelligence artificielle ChatGPT dans l’application pour rédiger automatiquement ses courriels.

La cause du courroux d’Apple est énoncée clairement dans ce message : « Votre application inclut du contenu généré par l’IA mais ne semble pas inclure de filtrage de contenu pour le moment », cite le quotidien économique Wall Street Journal, qui rapporte l’affaire le jeudi 2 mars.

Apple se méfie de ChatGPT

La fonctionnalité ajoutée à l’application pour iPhone, iPad et Mac ne semble pourtant pas problématique à première vue. Concrètement, BlueMail propose à ses utilisateurs de tirer parti des capacités de génération de texte de ChatGPT (une intelligence artificielle créée par OpenAI et populaire pour ses capacités à imiter l’écriture humaine) afin de rédiger automatiquement des e-mails en se basant sur leurs contacts et rendez-vous d’agenda.

Or, pour l’équipe de modération de l’App Store, l’utilisation du service d’OpenAI comporte un risque : produire volontairement ou involontairement du contenu qui ne serait pas approprié pour tous les âges, alors que BlueMail est classée comme adaptée dès 4 ans sur le magasin d’applications d’Apple. Une décision probablement liée aux dérives de ChatGPT intégré au moteur de recherche Bing de Microsoft.

L’entreprise a donc bloqué la mise à jour et demande aux développeurs de changer la catégorie d’âge du client d’e-mail à 17 ans et plus.

Deux poids, deux mesures

Si la solution semble simple, ce petit changement aurait de grandes conséquences pour BlueMail. Au-delà de réduire les chances de l’application d’être découverte dans l’App Store, cette étiquette « 17 ans et plus » est généralement réservée aux services contenant des insultes, du sexe ou des propos liés aux drogues.

Cette solution est donc refusée par le cofondateur de BlueMail, Ben Volach, qui pointe du doigt les contradictions d’Apple : dans une publication sur le réseau social Twitter, il affirme que d’autres applications de l’App Store utilisent du texte généré par IA sans être soumises à cette restriction : « Si Apple a une nouvelle politique concernant l’IA, elle devrait être rendue publique et appliquée à tous les développeurs d’applications de la même manière ».

 

Une plainte examinée par Apple

Contactée par le Wall Street Journal, Apple affirme que les développeurs peuvent faire appel de la décision et que son App Review Board examine la plainte de BlueMail.

Si BlueMail a déjà tenté en 2019 de remettre en question les décisions d’Apple auprès de la justice américaine, Ben Volach explique au quotidien qu’il n’est pour autant pas contre le fait de se plier aux demandes d’Apple… à une condition : « Nous voulons l’équité […]. Si nous devons être catégorisé 17 ans et plus, alors les autres doivent l’être également. »

À savoir maintenant quelle sera la décision finale d’Apple : va-t-il trancher en faveur de BlueMail, ou va-t-il appliquer une politique plus stricte envers l’ensemble des applications utilisant des IA conversationnelles ? Ce petit épisode ouvre en tout cas un chapitre intéressant dans la manière dont Apple va se comporter envers ce type de technologies au sein de son AppStore.


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