Pourquoi macOS est ouvert aux apps de boutiques tierces et pas iOS ?

 

Dans son combat contre Epic Games, Apple n'en démord pas : ouvrir iOS aux boutiques d'applications tierces serait une erreur pour la sécurité de l'écosystème. Mais alors, pourquoi macOS le permet ?

iPhone et MacBook, deux écosystèmes si proches et pourtant si différents...
iPhone et MacBook, deux écosystèmes si proches et pourtant si différents… // Source : Anthony Wonner – Frandroid

Le jugement du procès opposant Apple à Epic Games (le créateur de Fortnite) devrait tomber dans le courant de l’été et les deux entreprises sont aujourd’hui dans l’attente d’une décision de la juge Yvonne Gonzalez Rogers. Si le studio de jeux vidéo obtient gain de cause, cela pourrait être un tournant majeur pour les utilisateurs d’iPhone et l’écosystème iOS au sens large puisque, dans le pire des cas pour Apple, la marque à la pomme pourrait être obligée de s’ouvrir aux boutiques d’applications tierces. Mais quels sont les enjeux derrière cela ?

Apple met en avant la sécurité de son écosystème

Deux points ont longuement été abordés lors de ce procès. Les achats in-app d’un côté, qui « aident Apple à collecter efficacement une commission » selon Tim Cook lui-même, et la possibilité d’ouvrir iOS à des boutiques d’applications tierces en dehors de l’App Store. Sur ce point, la firme de Cupertino ne démord pas : ouvrir l’écosystème représenterait une énorme faille de sécurité.

Android l’a prouvé, avoir une boutique applicative sécurisée ne suffit pas à repousser tous les malwares si l’utilisateur a la possibilité de les télécharger depuis d’autres sources. Et pourtant, l’OS au robot vert s’en sort plutôt bien dans l’ensemble selon de nombreuses études. Il faut dire que ses nombreuses pop-up lors du téléchargement d’une application au format .APK sont plutôt démoralisantes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Fortnite est désormais disponible sur le Google Play Store.

Apple est plus strict

Dans sa vision des choses, Apple est plus strict. Le sideloading (charger autrement une application que depuis la boutique) peut faciliter l’apparition de malwares, non seulement pour les utilisateurs qui téléchargent des applications depuis des sources louches, mais aussi pour les autres, réduire la vie privée des utilisateurs d’iPhone et même rendre plus compliqué le contrôle parental. Difficile de le nier, mais nombreux sont ceux qui mettent en avant la balance avantages/risques, jugeant acceptable de sortir de cette cage dorée au profit d’un peu plus de liberté.

Mais un point venait particulièrement démolir l’argumentaire d’Apple dans cette équation : que penser alors de la sécurité de macOS qui permet de télécharger des logiciels en dehors de du Mac App Store ?

Un traitement différent pour macOS et iOS

Nous avons pu nous entretenir avec un représentant d’Apple qui a avancé quatre raisons pour expliquer cette différence de traitement entre les deux systèmes d’exploitation.

La première concerne le nombre d’appareils en circulation. En janvier dernier, Tim Cook révélait que 1,65 milliard d’iPhone étaient utilisés dans le monde. C’est dix fois plus que le nombre de Mac en circulation. Le marché est donc beaucoup plus intéressant pour les pirates qui seraient alors plus enclins à développer des malwares visant iOS. Un point d’autant plus vrai qu’un smartphone contient énormément de données sensibles.

Source : FRANDROID – Anthony WONNER

Outre les photos, comptes mails et autres comptes bancaires que l’on retrouve également sur ordinateur, votre iPhone connaît votre position précise au quotidien, certaines de vos données personnelles concernant votre santé et représente un potentiel mouchard — avec micro et caméra — que vous transportez toujours dans votre poche.

Le reste de l’argumentaire d’Apple se concentre sur l’usage. Selon le porte-parole que nous avons rencontré, les utilisateurs de macOS ont davantage conscience des risques du sideloading. L’argument semble néanmoins peu recevable, beaucoup étant ceux qui profitent des ponts réalisés au sein de l’écosystème du constructeur et possèdent donc à la fois un Mac et un iPhone. De plus, c’est une question d’adaptation et sur Android, les utilisateurs savent, en grande partie, à quels risques ils s’exposent lorsqu’ils téléchargent un fichier APK sur JeuxPiratesAvecVirus.com.

Enfin, le dernier point est le nombre d’applications. Selon Apple, un utilisateur de macOS télécharge ses logiciels préférés lors de l’installation et s’en contente pour la plupart de ses usages, tandis que l’utilisateur d’iPhone a plutôt tendance à expérimenter et télécharger de nombreuses applications. Ici, l’argument n’est pas étayé de chiffres précis et quand bien même un exemple n’est pas un argument, il faut tout de même admettre qu’à la rédaction de Frandroid, nous sommes très peu nombreux à télécharger régulièrement de nouvelles applications en dehors de notre base indispensable à télécharger à chaque changement d’appareil.

Un jugement attendu

Des raisons de ne pas ouvrir iOS aux boutiques tierces, Apple en a une palanquée. Certaines ne sont pas forcément recevables ou compréhensibles, mais il est pourtant certain que cela joue fortement dans la sécurité du système. Faire autrement demanderait nécessairement à Apple de repenser une partie de son OS, comme Google l’a fait avec Android au fil des ans en proposant toujours plus de niveaux de sécurité. En 2017, Google Play Protect est par exemple venu s’ajouter au système pour servir d’antivirus pour les applications sideloadées. Ce n’est pas parfait, comme la plupart des services de sécurité, mais cela permet tout de même d’être relativement sereins et sereines en utilisant nos smartphones.

Mais bien sûr, ce n’est pas nous ni même vous qu’Apple doit convaincre aujourd’hui. C’est la juge Yvonne Gonzalez Rogers, qui tient entre ses mains le verdict qui pourrait bien bouleverser nettement le paradigme de l’iPhone.


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