Avec Fabricius, Google lance le premier outil pour déchiffrer les hiéroglyphes en ligne

 

Pour célébrer l’anniversaire de la découverte de la Pierre de Rosette, la première table de traduction des hiéroglyphes, Google dévoile Fabricius, sa « pierre de Rosette » numérique. Porté par de l’intelligence artificielle, ce site va permettre de déchiffrer en un clin d’œil les hiéroglyphes, mais aussi d’apprendre à les tracer ou les lire.

Fabricius, le site pour tout savoir sur les hiéroglyphes // Source : Google

Le 15 juillet 1799, Pierre-François-Xavier Bouchard, soldat de l’armée napoléonienne embarqué dans la campagne d’Égypte, ne savait pas qu’il allait faire une découverte qui changerait la face culturelle du monde. Ce fragment de stèle gravée datant de l’Égypte antique comportait trois versions d’un même texte (grecque, démotique, égyptienne). Baptisée pierre de Rosette en souvenir de la ville où elle fut découverte, ses hiéroglyphes ne furent définitivement traduits qu’en 1822 par Jean-François Champollion.

C’est cette découverte qu’a voulu honorer Google ce 15 juillet. Et pour cela, l’entreprise américaine dévoile un nouvel espace dédié à l’Égypte ancienne au sein de sa section Google Arts & Culture, disponible en application mobile et sur son site internet. Pour les fans d’égyptologie, il sera possible de se balader au milieu des pyramides de Gizeh, d’en apprendre davantage sur Toutankhamon ou sur les mœurs antiques au travers d’expositions en ligne. Mais le plus intéressant est ailleurs et c’est une première mondiale.

Google Arts & Culture

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Fabricius, une pierre de Rosette numérique

Google dévoile ce jour Fabricius, sa version numérique de la pierre de Rosette. Car comme son illustre aînée, ce site, lancé à l’attention du grand public comme des chercheurs, se veut un outil avancé de traduction des hiéroglyphes, grâce à une intelligence artificielle entraînée à reconnaître les hiéroglyphes sur une image ou bien tracés à la main. Amené à être enrichi par les archéologues et autres chercheurs, Fabricius, du nom du père de l’épigraphie, va continuer d’enrichir sa base de données.

Premier outil de traduction en ligne, Fabricius fonctionne selon trois axes : apprendre, jouer, travailler. Dans un premier temps, la plateforme ne sera disponible qu’en anglais et en arabe pour traduire les hiéroglyphes.

Destiné à permettre en premier lieu l’apprentissage de cette langue vieille de 4000 ans, Fabricius propose six étapes interactives pour y parvenir dans sa partie « Learn » (apprendre). Vous allez apprendre à tracer les hiéroglyphes, les comprendre, les identifier, les réparer s’ils sont effacés par le temps, définir le message et le traduire. Le tout de la manière la plus éducative possible, en s’appuyant sur l’histoire de l’Égypte ancienne pour comprendre la philosophie derrière de tels symboles.

La seconde partie « Play » consiste à envoyer des messages à vos proches et amis en utilisant des hiéroglyphes. Cet outil, qui ressemble à une interface de messagerie, vous laisse taper votre message, vous suggère des phrases ou formulations. Et vous pouvez même ajouter des emoji. L’ensemble sera ensuite séquencé en hiéroglyphes et transmis façon carte postale numérique. Votre destinataire héritera d’un lien vers le message en ligne traduit en anglais (ou en arabe).

Un outil pour aider la recherche universitaire et les égyptologues

La troisième et dernière section de Fabricius « Work » est avant tout un outil à destination des chercheurs utilisant le machine learning. Cette plateforme open source a été conçue autour de la technologie Google Cloud AutoML pour créer une IA capable de donner un sens à un hiéroglyphe et d’en déduire la signification globale d’un message. Le tout s’est fait en collaboration avec des égyptologues qui ont mis leurs ressources à disposition et indiqué les éléments dont ils avaient besoin pour faciliter leur travail. Google a ainsi mis au point une plateforme capable de traiter des images, les retoucher et les redessiner si besoin, identifier les hiéroglyphes contenus par rapport aux milliers d’entrées de sa base de données, les traduire et les annoter le cas échéant. Le processus de traduction peut prendre de quelques secondes à plusieurs minutes.

Google ambitionne de mettre ce projet entre les mains d’universitaires assez rapidement afin de numériser le plus de hiéroglyphes possible dans son dictionnaire numérique. En offrant l’apport d’un outil en ligne en complément des livres jusque-là utilisés pour déchiffre l’égyptien, c’est un gain de temps conséquent qui s’annonce pour les chercheurs.

Google avait déjà participé à un projet similaire porté par Ubisoft pour le jeu vidéo Assassin’s Creed Origins qui se déroulait dans l’Égypte ancienne. Soucieux de la véracité des hiéroglyphes apparaissant dans le décor, l’éditeur français avait travaillé avec des égyptologues à concevoir un moteur capable de produire des motifs ayant une véritable signification. Une base de données que l’on retrouvait ensuite dans le Discovery Tour, le mode ludo-éducatif basé sur les informations historiques du jeu. Chance Coughenour, archéologue de formation, en charge du projet chez Google Arts & Culture, a reconnu que leur participation à ce projet leur avait donné l’idée d’aller encore plus loin et de donner naissance à Fabricius, en collaboration notamment avec le Centre australien d’égyptologie de l’Université Macquarie.


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