Preview de Flight Simulator : une baffe technique accessible à tous

Ou comment voyager en 2020

 

Depuis sa présentation en 2019, le jeu Flight Simulator met la tête de nombreux joueurs dans les nuages. Nous avons pu tester une version avancée du jeu. Est-ce un jeu accessible ? Un « simulateur » est-il fun ? La réponse dans cette preview.

Montpellier dans Flight Simulator // Source : Microsoft

Lors de l’E3 2019, Microsoft lance officiellement son abonnement Xbox Game Pass sur PC, quelques années après avoir annoncé que ses futurs jeux sortiraient désormais à la fois sur Xbox et sur Windows 10. Une promesse d’investir à nouveau le marché du PC, scellée par quelques trailers de gros titres comme Wasteland, Age of Empires, mais surtout le retour en grâce de Flight Simulator, une licence de Microsoft datant de 1982. Développé en France par Asobo Studio et propulsé par « le cloud Azure », Flight Simulator impressionne dès les premières captures d’écran et séquences partagées. Depuis, chaque évolution de la version Alpha continue d’impressionner à chaque passage sur les réseaux sociaux.

Nous avons pu tester pendant plusieurs jours la version preview de Flight Simulator, une version bien plus avancée en attendant la sortie commerciale du jeu qui arrive le 18 août sur Windows 10. Je ne suis pas le plus grand expert des simulateurs de vols qui soit et c’est donc très volontairement que je me suis intéressé à celui-ci, justement pour proposer le regard d’un amateur découvrant ce titre qui, par sa présence dans le Xbox Game Pass, devrait attirer un tout nouveau public.

Une vraie simulation

Comme son nom l’indique, Flight Simulator est avant tout une simulation. Tous les systèmes du jeu ont donc été pensés pour être le plus réaliste possible. Cela commence par la représentation de la Terre entière basée sur les données de Bing Maps hébergées sur Azure (près de 2 pétaoctets tout de même), mais aussi dans la physique des avions et plus généralement de l’environnement. D’après les développeurs, il faudrait près de 14 ans pour visiter toute la planète à bord d’un Cesna en vol 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Les options de réglage de la météo // Source : Frandroid

On pense en particulier à la météo qui par défaut se calque sur les données temps réel fournies par Meteoblue, mais qui peut également être configurée en profondeur, jusqu’à définir la météo à plusieurs points d’altitude. Le jeu offre aussi des réglages prédéfinis : beau temps, pluie, tempête ou encore chute de neige. Enfin, le cycle jour/nuit est également respecté en temps réel, mais il est possible de fixer une heure pour profiter de destinations comme Tokyo sous le soleil sans avoir à jouer au milieu de la nuit. Tout cela est modifiable avant l’envol, mais aussi directement pendant une partie, et on peut voir le soleil se déplacer à vue d’œil à mesure que l’on règle l’heure à la souris.

Ici on s’est attardé sur la météo, car la démonstration est simple, mais tous les systèmes du jeu semblent avoir fait l’objet du même soin. Chaque cockpit est différent, mais on retrouve bien tous les instruments de vols nécessaires et représentés de façon réaliste. Toujours dans les points importants au regard d’une simulation de ce calibre : la carte du monde semble répertorier tous les aéroports possibles dans le monde, avec certains aéroports « premium » sur lesquels les développeurs ont particulièrement travaillé la représentation. Ce sont en général les aéroports les plus célèbres comme ceux de New York, Paris ou encore Los Angeles et Tokyo. On peut d’ailleurs découvrir en temps réel les différents vols dans le monde, là encore les développeurs sont allés trouver les bons partenaires pour obtenir les données nécessaires.

Le jeu peut simuler des pannes // Source : Frandroid

Le jeu propose en plus pour chaque avion de gérer complètement plusieurs de ses statistiques, notamment le remplissage des réservoirs, ou encore de déclencher des pannes ou avaries en cours de vol. De quoi rejouer son film catastrophe préféré, même si l’on sera déçu de ne pas avoir le droit à des éléments destructibles. On imagine que les fabricants comme Boeing ou Airbus, qui laisse ici l’accès à leurs références, n’étaient pas vraiment d’accord avec l’idée. Avec tous ces éléments mis bout à bout, on arrive à une simulation plus que sérieuse. Tellement, qu’elle pourrait presque effrayer et faire craindre un jeu trop complexe et réservé aux amateurs éclairés.

Un jeu accessible une fois configuré

Flight Simulator se joue avec le clavier et la souris, ou avec une manette, ou encore des accessoires spécialisés pour les fans du genre. De mon côté, j’ai essentiellement joué avec une manette Xbox, en utilisant tout de même le clavier pour quelques commandes et la souris pour gérer l’interface à l’écran. Une fois bien installé, le jeu propose de nous apprendre à piloter au moyen de quelques missions, étape par étape.

Les « missions » du mode entrainement // Source : Frandroid

Le guide est très bien fait, même si complètement en anglais au moment où cette preview a été réalisée. Une instructrice nous guide dans les différentes étapes d’un vol, mais aussi pour lire les différents instruments présents dans le cockpit. C’est sans doute la partie effrayante, car le jeu étant très réaliste, vous aurez réellement besoin d’apprendre ce que fait chaque instrument, et comment les manipuler avec vos périphériques.

Les nombreux paramètres pour faciliter le pilotage // Source : Frandroid

Heureusement, c’est là que l’intelligence artificielle et les options d’assistance peuvent venir à votre rescousse. D’abord, il est possible de déléguer chacune des étapes d’un vol à l’IA, au point où l’on peut même se laisser totalement conduire par l’ordinateur d’un point A à un point B. Ensuite, le menu assistance permet de régler plus finement ce que le jeu peut ou non nous laisser gérer. Pour quelqu’un comme moi, le mode « All Assists » était idéal pour débuter, alors que le fan de simulations préférera mettre les réglages « true to life » qui se rapprochent de la réalité.

Très concrètement, j’ai par exemple réussi à rendre le jeu suffisamment accessible pour qu’il soit aussi « simple » qu’un jeu comme GTA : un joystick pour orienter l’avion, un bouton pour freiner, un autre pour enclencher le moteur, et vous avez déjà l’essentiel nécessaire pour rester dans les airs et vous diriger dans l’espace sans trop de complications. Ce système de réglage est particulièrement pratique, car on peut imaginer retirer petit à petit ces options jusqu’à devenir un pilote virtuel chevronné.

La claque graphique est là

Dès les premiers trailers diffusés du jeu, Flight Simulator a bluffé tout le monde par la qualité graphique affichée. Qu’en est-il en réalité ? Le résultat est un peu plus mitigé en pratique, mais la claque graphique est bien là. Comme tout jeu reposant autant sur le travail de l’intelligence artificielle, le résultat est en fait assez inégal selon les régions du monde. On peut tout autant se retrouver devant une magnifique ville avec ses buildings bien réalisés, ou face à des choses beaucoup plus sommaires tout droit tirées d’une vue à la « street view ». Le jeu a évidemment été plutôt pensé pour garder une certaine altitude, ce qui permet de masquer ces éventuels défauts. Par ailleurs, le jeu peut simuler de la circulation, mais pas au point de créer des piétons ou de rendre une ville particulièrement vivante.

Manhattan dans Flight Simulator // Source : Frandroid
La région de New York // Source : Frandroid

Les environnements 3D, notamment les nuages où l’eau, sont eux parfaitement réalisés. C’est probablement les plus beaux effets météorologiques jamais réalisés dans un jeu vidéo. Les nuages atteignent un niveau qui semble proche du photoréalisme par moment, et la lumière du soleil illumine parfaitement la terre en se reflétant dans l’eau ou sur le fuselage de l’avion. Un autre point bluffant, qui s’oublie vite tellement il parait naturel en jeu, est la profondeur de champ offerte. On peut voir sur des kilomètres, ce qui est évidemment très pratique, mais c’est quelque chose d’assez difficile à réaliser pour les jeux vidéo habituellement avec ce niveau de détail.

Les nuages sont incroyablement bien rendus // Source : Frandroid
La modélisation des avions est très réussie // Source : Frandroid

La réalisation du cockpit est également de très bonne qualité, avec la possibilité de vraiment visiter l’ensemble ou de découvrir les avions en détail dans le hangar. Chaque instrument est parfaitement lisible.

L’intérieur des avions est détaillé // Source : Frandroid

Dans l’ensemble, malgré quelques reproches que l’on pourrait faire sur la qualité de modélisation de certaines villes, on est probablement devant l’un des jeux les plus aboutis techniquement de ces dernières années. Nous y reviendrons, mais les développeurs ont d’ailleurs promis de mettre à jour le jeu.

Faut-il un PC hors de prix pour faire tourner Flight Simulator ?

En avril dernier, Asobo Studio a publié les caractéristiques requises ou recommandées pour faire tourner le jeu.

Les caractéristiques demandées sur PC // Source : Asobo

Nous avons testé le jeu avec deux configurations. D’abord un PC équipé d’une puce AMD Ryzen 5 2600 avec 32 Go de RAM et une carte graphique Nvidia GeForce GTX 1070. L’installation s’est faite sur un SSD SanDisk Ultra 3D de 2 To (Sata). Dans ces conditions, le jeu était capable de tourner à environ 30 images par seconde en 2560 x 1440 pixels (détails réglés sur Ultra) avec quelques gros ralentissements selon les scènes. En abaissant la qualité visuelle, j’ai pu faire tourner le jeu de façon plus fluide, et surtout plus stable. Lancée en 2016, la GTX 1070 de Nvidia n’est plus toute jeune et le jeu semble bien optimisé pour le niveau de fidélité graphique offert avec cette configuration.

Notre seconde configuration est bien plus véloce. Elle intègre une puce AMD Ryzen 7 3800X, 32 Go de RAM et une carte graphique Nvidia GeForce RTX 2080 Ti et l’installation s’est fait sur un SSD NVMe Sabrent Rocket de 2 To. Ici, le jeu a été parfaitement capable de tourner en qualité ultra et dans une définition très élevée, 3440 x 1440 pixels, sans problème en restant très fluide.

Certains environnements sont moins bien réalisés // Source : Frandroid

Durant notre preview nous avons tout de même rencontré plusieurs problèmes de temps de chargement qui semblaient infinis. Un redémarrage du jeu permettait éventuellement de relancer la partie et terminer le chargement. Espérons qu’il s’agissait seulement d’un bug de la preview qui sera corrigé au lancement. Par ailleurs, notons que Asobo a eu la très bonne idée de ne pas confier la totalité du téléchargement du jeu au très instable Microsoft Store. Sur la boutique de Windows 10, le jeu ne pèse que quelques centaines de mégaoctets. C’est une fois le jeu démarré que Flight Simulator ira télécharger les dizaines de gigaoctets nécessaires pour faire tourner le jeu.

Est-ce que c’est fun ?

Être super réaliste c’est très bien, mais cela n’a jamais fait un jeu vidéo. Est-ce que Flight Simulator est d’ailleurs vraiment un jeu vidéo ? Personnellement, j’ai réellement trouvé du plaisir à voyager dans le jeu. Il est possible de prévoir des itinéraires, de se lancer des défis ou encore de participer à des défis crée par les développeurs. Il est par exemple question d’atterrir le plus vite et le plus correctement possible sur une piste. On peut aussi imaginer faire des cabrioles aériennes.

Si les fans d’aviations y trouveront sans aucun doute leurs comptes, les pilotes du dimanche comme moi y trouveront une source de dépaysement permanent. On revient en effet au même sentiment de découverte que sur Google Earth lorsque l’on s’amusait à retrouver des lieux de son enfance, comme son école primaire ou son collège, ou des adresses où l’on a vécu. Ici c’est pareil, on pourra survoler le monde entier parfaitement librement.

Elle n’est pas si grande que ça en fait // Source : Frandroid

Cela va sans dire, mais Flight Simulator est aussi un formidable outil pour « voyager » à l’étranger et survoler des monuments bien connus comme la statue de la Liberté à New York, ou le Christ Rédempteur à Rio de Janeiro.

Tout n’est pas parfait pour autant. Une bonne partie du plaisir et de l’amusement que pourra procurer le jeu viendra de votre imagination, pour créer vos propres scénarios, ou plus généralement de la façon dont les joueurs s’empareront de l’expérience multijoueur. Le jeu tel qu’il est présenté ici est une excellente base, mais à la manière d’un Assassin’s Creed, il est presque dommage de voir un tel outil et un tel monde se limiter à une simulation de vol.

Le Christ Rédempteur // Source : Frandroid

On aurait aimé par exemple pouvoir avoir accès à une carte plus classique pour chercher des adresses et les placer comme points d’intérêt dans le jeu. On pourrait aussi imaginer des descriptions des paysages pour certaines villes ou certains monuments à la manière d’une visite touristique. Évidemment, ces cas d’usages s’éloigneraient du public cible de ce jeu qu’il ne faut pas perdre de vue.

DLC payants, mods et réalité virtuelle

La sortie de Flight Simulator ne marque que le début de l’aventure pour les développeurs d’Asobo Studio. Les développeurs promettent de continuellement mettre à jour le jeu avec de nouvelles fonctionnalités dans les mois et années suivant la sortie commerciale. C’était l’une des demandes fortes depuis l’annonce du jeu, et ça se comprend, Asobo Studio a confirmé que Flight Simulator prendrait en charge la réalité virtuelle avant la fin de l’année. Il faudra en revanche s’équiper d’un HP Reverb G2 pour en profiter dans un premier temps puisque la compatibilité est le fruit d’une collaboration avec HP.

Flight Simulator recevra principalement deux types de mises à jour. D’abord les « World Update » qui devraient améliorer le niveau de modélisation des environnements, à la fois grâce au travail des développeurs, mais aussi avec le système procédural utilisant le cloud. Ensuite les « Sim update » qui correspondront plutôt à des mises à jour concernant les systèmes physiques ou les avions présents dans le jeu.

Enfin il y a le sujet des contenus payants. Lors d’une présentation, Asobo Studio a confirmé que le jeu proposerait bien des DLC payants après la sortie pour rajouter de nouvelles fonctionnalités. Ils sortiront tous les 2 à 3 mois et l’un des premiers devrait apporter les hélicoptères dans le jeu. Un autre contenu additionnel payant viendra du marketplace qui permettra à des tiers de proposer des modèles supplémentaires pour le jeu. Avec le support des mods et du marketplace, le but est de créer un véritable écosystème de développement autour du jeu, comme celui que connaissent les autres simulations de vols.

La meilleure façon de voyager en 2020

La sortie de Flight Simulator cette année, plus que toutes les autres, a comme une signification particulière. De fait, le jeu permet de voyager virtuellement à un moment où le monde entier ne le fait plus vraiment physiquement. Le jeu apparaît comme une véritable bouffée d’air frais, loin des classiques de ce média qui tournent bien souvent sur des mécaniques d’action ou de violence, et permet de mettre la tête dans les nuages. Les amateurs de simulations y trouveront sans aucun doute leurs comptes, tant les développeurs semblent avoir soigné chaque détail pour proposer l’expérience la plus réaliste possible. Mais grâce au Xbox Game Pass, le jeu pourrait bien trouver un tout nouveau public qui sera sans doute curieux de découvrir le fonctionnement d’un avion, ou pourra tout régler en automatique pour voyager, découvrir, et s’émerveiller.

Flight Simulator sera disponible à partir du 18 août 2020 pour 70 euros, ou plus simplement par le Xbox Game Pass sur PC à 3,99 euros par mois.


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