Alors que le marché automobile poursuit son inquiétante chute libre — sauf pour l’électrique –, le marché des nouvelles mobilités et plus particulièrement celui des trottinettes électriques explose (+42 % entre 2020 et 2022). Malgré une profusion de modèles, le marché reste très ouvert puisque cet engin n’est plus simplement un objet de loisir. Ninebot a donc décidé de passer la seconde et cette Segway Kickscooter P65E est la première représentante de ces trottinettes de nouvelle génération. Reste à voir si ça en vaut la peine…
Réponse dans ce test complet.
Fiche technique
Modèle | Ninebot Segway KickScooter P65E |
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Autonomie annoncée | 65 km |
Temps de recharge annoncé | 270 min |
Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 500 watts |
Poids maximal supporté | 120 kg |
Prix | 1199 |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Design
Côté design, on sent l’inspiration Démolition Man. Le deck est énorme. Il est encadré par des roues de 10,5 pouces dotées de pneus tubeless (sans chambre à air) avec une couche de gelée pour éviter les crevaisons. Des pneus particuliers puisqu’il s’agit de pneus toutes saisons. Les sculptures offrent une excellente évacuation de l’eau et de la terre, d’après Ninebot. Nous verrons cela dans la partie « Conduite ».
La finition est proche de la perfection. Sur notre modèle d’essai, seuls quelques détails en plastique trahissaient un modèle de présérie. Pour le reste, c’est solide et loin de l’aspect artisanal récurrent sur les trottinettes de ce gabarit.
On retrouve des clignotants (enfin). Les lampes se situent à hauteur sur le guidon et bénéficient d’un rappel sur le deck, devant et derrière.
Il y a également un bouton dédié aux feux, un klaxon qui manque de puissance mais qui évite la traditionnelle sonnette. Des leds sur les côtés sont paramétrables. Le tout est évidemment protégé contre la pluie. Mais vraiment protégé. Le dessous du deck par exemple est renforcé. La potence est massive, la connectique de charge dispose d’un cache étanche et les câbles sont intégrés pour réduire la pollution visuelle. La P65E est un bel objet qui annonce du lourd.
Le freinage à disque est à câble (pas d’hydraulique sur ce modèle) et assuré par des étriers à deux pistons. Il n’y a qu’un frein mécanique à l’avant, celui à l’arrière étant électromagnétique comme sur l’E45E. Nous reviendrons sur son efficacité dans la partie conduite.
Les pneus sont une innovation de la marque, puisqu’il s’agit de pneus 10,5 pouces tubeless Cross Seasons (c’est leur petit nom). Il s’agit de gommes capables d’évacuer rapidement les fluides et donc la pluie (comme les motos et les voitures). Je n’ai malheureusement pas pu m’essayer sur sol mouillé, sécheresse oblige.
Pour parfaire le tout, ces pneus sont renforcés d’une couche de gelée. Les crevaisons sont possibles, mais dans des situations extrêmes. Testés en forêt, sur des cailloux, de la terre, des débris, je n’ai pas eu le moindre souci et l’accroche est vraiment excellente.
Le démarrage se fait via une carte NFC ou son smartphone. Pour cette seconde option, il faudra attendre que la trottinette soit officiellement en vente. Elle n’est en effet pas encore sélectionnable dans l’application Ninebot. L’antenne NFC est située sur le guidon.
L’écran affiche les informations nécessaires et la puissance instantanée utilisée, façon compte-tours de voiture. C’est amusant et ça permet de savoir si on tire sur la batterie afin d’adapter son allure en conséquence pour étendre son autonomie. Pour plus d’informations, il faudra un support de smartphone et l’application dédiée.
Le guidon, large, offre une excellente prise en main. Le système d’attache de la potence est d’ailleurs le même que sur les autres modèles dernière génération de la marque, comme la G30 LE II. La fixation, elle, a été revue, poids oblige. Le crochet en métal vient se loger dans un loquet à presser. Simple, fiable et sécurisant. Porter la bête, en revanche, est une autre histoire. Dommage que les poignées soient fixes, rendant le positionnement dans un coffre très compliqué.
Le deck est probablement la partie la plus intéressante de cette trottinette. Il est très large, long et offre un confort excellent. Du grip est offert par la texture et permet d’y poser des cartons (calés entre les jambes).
Tout ceci est sympa, agréable et attirant. Mais ce volume est un frein. Il n’est pas le seul puisque la P65E est lourde, avec 28 kg sur la balance. C’est toujours moins qu’une Dualtron Victor, mais ça reste un objet qu’on ne montra pas dans les hauts étages d’un immeuble sans ascenseur.
Pire : l’insérer dans un coffre de 610L a imposé de rabattre une partie de la banquette arrière. C’est une trottinette qui nécessite un ascenseur et un espace dédié. En cas d’achat en magasin, n’oubliez pas d’allouer la place pour loger le carton.
Application
L’application Ninebot n’intégrait pas encore la P65E au moment du test. Nous avons néanmoins pu récupérer des captures d’écran de la marque.
Photos : Ninebot issues de l’utilisation du modèle de pré-série.
Elle est désormais connue puisque nous l’avons utilisée sur les autres modèles de la marque. Nous pouvons d’ores et déjà évoquer les options à savoir : le verrouillage à distance, le réglage des lumières, de la puissance du freinage magnétique. Moyennant un support pour smartphone, l’application affichera en temps réel la vitesse, la puissance utilisée et le trajet.
Conduite
Avec 500 watts de puissance à l’arrière pour 980 watts en crête, la P65E ne change pas la donne que sur un plan physique. La conduite est différente. Le problème des trottinettes puissantes, c’est ce passage d’immobile à mobile. Car un moteur électrique fonctionne en ON/OFF. Tout ou rien. Le contrôleur doit alors gérer cette puissance délivrée en évitant de lancer toute la puissance d’un coup.
C’est le point fort de la P65E. On a un sentiment de puissance immédiat sans l’effet Dodge Charger de Fast & Furious que l’on a connu avec la Dualtron Victor. Ninebot a également intégré un mode « marche » qui permet de traîner la trottinette sans effort. Ce qui peut-être très utile sur une montée ou dans un lieu où rouler avec est interdit, surtout compte tenu de son poids.
Trois modes sont disponibles : Éco, Normal et Sport. Ce dernier sera le plus souvent sollicité. Les autres limitent la vitesse maximum et la puissance en crête. Pour des petites balades, ils peuvent s’avérer utiles. Mais vous serez la majorité du temps en mode Sport qui n’a rien de sportif, ni de brutal.
Les modèles propulsion offrent un meilleur contrôle et on peut facilement lever la roue avant pour franchir des obstacles en conservant la motricité. La P65E peut monter des trottoirs sans souci. Le deck épais reste à bonne hauteur grâce aux pneus 10,5 pouces. Lors du test, nous nous sommes permis de descendre quelques blocs et de jouer dans la forêt remplie de creux en tous genres. Aucun souci et aucune mise en défaut n’est à signaler. Mais des suspensions auraient été un vrai plus. Leur absence enlève une part du côté amusant et oblige à amortir en fléchissant les jambes.
La puissance en crête est remarquable. J’utilise pour tous les essais un parcours spécifique avec une pente bien raide. À ce jour, seule la Dualtron Victor a réussi, haut la main d’ailleurs, à s’affranchir de cette montée interminable sans réduire la vitesse. La P65E la rejoint, mais avec moins de facilité. On reste à 25 km/h et surtout, on peut démarrer en plein milieu d’une côte sans que la trottinette ne lutte pour atteindre les 25 km/h. Ceci se solde par une autonomie qui est divisée par deux, prouvant que la trottinette délivre bien deux fois plus de puissance pour pallier l’effort.
Les pneus amortissent bien les chocs et compensent l’absence de suspensions. Mais c’est un manque qu’on a du mal à pardonner sur une trottinette d’une telle envergure.
Bien que lourde et large, la Ninebot P65E reste très facile à conduire. Elle est maniable et tourne bien, même si l’on prend moins d’angles avec elle qu’avec une Ninebot E45E ou une Xiaomi M365 Pro. On parle de quelques degrés d’inclinaison. Elle a par ailleurs un rayon de braquage correct sans être incroyable.
Le freinage est un cumul de frein électromagnétique à l’arrière et mécanique à l’avant. Notez que le frein électrique est lié au moteur. Ce n’est pas le même que celui de l’E45E de la marque qui, lui, est totalement indépendant du moteur et possède une structure au cœur de moyeu conçue pour évacuer la chaleur. Les étriers sont à double pistons.
Cet ensemble offre un freinage progressif, sécurisant et puissant. Un contrôle qui permet de freiner fort au début pour relâcher ensuite, dans le cas d’une descente par exemple. Ou de ralentir en gardant de la marge pour un éventuel freinage d’urgence, comme ça arrive en ville.
L’accélération est franche mais ne fera de vous une bête des démarrages sur route. La piste cyclable est son terrain de prédilection. Le hic, c’est que son design laisse suggérer une trottinette fleurant avec les 100 km/h plutôt qu’un modèle plafonnant à 25 km/h.
Côté conduite, ce modèle est donc excellent. La Ninebot P65E est efficace, efficiente, agréable et facile à manier.
Autonomie
Ninebot a pour habitude d’indiquer l’autonomie dans la nomenclature de son modèle : P65E signifie donc 65 km d’autonomie. Notre modèle a effectué 53 km avec une charge sur un trajet 94 (Val-de-Marne) – Paris – 94. Et ce en roulant à 25 km/h, avec presque aucun dénivelé et les 100 kg de votre testeur dessus. Autrement dit, le modèle peut aisément grimper à 60 voire 65 kilomètres avec des gabarits plus légers.
Sur le parcours d’essai tout en monté bien raide, l’autonomie n’a pas dépassé les 27 km mais la trottinette était à 1000W non-stop.
Chose intéressante : comme la G30 Max ou la PlayStation 5, la P65E intègre un transformateur. Il suffit donc d’un câble d’alimentation à trois broches trouvable pour une poignée d’euros dans toutes les bonnes crémeries pour la recharger.
Les 0,561 kWh de la batterie sont chargés en seulement 4 heures, alors que le 20 – 80 % se fait en exactement 2h et 47 minutes.
Le port de charge, comme dit plus haut, est situé sur le deck et possède un système de trappe étanche.
Avec une telle autonomie, on s’affranchit totalement des transports en commun. L’étanchéité générale et les pneus permettant un usage toute l’année. Côté distance, les 25 km/h limitent un peu l’efficacité. Mais 15 km sont avalés en une quarantaine de minutes. La P65E assure donc un trajet hivernal aller et retour de 20 km avec du dénivelé.
Nous avons aussi pu enchaîner quelques trajets de 35 km — soit 70 km aller et retour –, avec une charge entre les deux parcours. Ces 35 km ont pris 1h30. Cette durée, debout sur la trottinette, finit par peser un peu. C’est aussi trop long par rapport à un scooter. On a donc une autonomie parfaite pour cadrer avec une distance de 15 à 20 km. Je ne suis pas certain qu’offrir plus d’autonomie sera pertinent. On rallonge la durée de vie de la batterie en la chargeant moins, mais cette rallonge a un coût financier et un poids non négligeable.
Enfin, la batterie n’étant pas amovible et l’engin, lourd et encombrant, la P65E nécessitera d’adapter son intérieur pour ces moments de charge ou pour le stockage.
Prix et disponibilité
Le prix de la Ninebot Kickscooter P65E a été fixé à 1199 euros, pour une disponibilité dès octobre sur le site officiel et dans les magasins d’électronique grand public. Ce qui la place en face de la Minimotors Dualtron Mini 23A.
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