Baisse du bonus écologique en 2021 et 2022 : la fausse bonne idée du gouvernement

Pari sur une baisse générale des prix du marché

 

Le Ministère de la Transition écologique et solidaire revoit en profondeur la mise en place du bonus écologique attribué à l’achat d’un nouveau véhicule électrique. A partir de 2021, l’aide financière chutera à 5000 euros, puis 4000 euros en 2022. Une décision étonnante au regard de la conjoncture actuelle.

Le bonus écologique a du plomb dans l’aile. Dès le 1er janvier 2020, l’aide financière accordée aux nouveaux propriétaires d’un véhicule électrique subira une évolution majeure : les voitures zéro émission dont la grille tarifaire dépasse les 60 000 euros n’en bénéficieront tout bonnement plus, lorsque les quatre roues oscillant entre 45 000 euros et le seuil susmentionné auront le droit à un soutien divisé par deux : 3000 euros.

Au bout du compte, seuls les modèles inférieurs à 45 000 euros profiteront pleinement de cette bourse toujours bienvenue. Problème : à partir de 2021, la donne devrait une fois de plus changer. Comme le relayent 20 Minutes et Boursorama via un communiqué de presse de l’AFP, le bonus écologique chutera à 5000 euros à partir de l’échéance suscitée, suivie d’une nouvelle baisse, à 4000 euros cette fois-ci, en 2022. Pour tous les particuliers, sans exception.

Particuliers et entreprises, tous perdants

« Le gouvernement a décidé de maintenir l’enveloppe budgétaire du bonus en 2021 (400 millions d’euros) pour soutenir plus de 130 000 véhicules », a déclaré le Ministère de la Transition écologique et solidaire, qui n’hésite cependant pas à réduire l’aide. Ladite enveloppe fera elle aussi l’objet d’une dévaluation, à hauteur de 340 millions d’euros, pour ainsi soutenir 160 000 nouvelles automobiles électriques en 2022.

Un changement radical expliqué par une raison claire, simple et précise : le Ministère chapeauté par Elisabeth Borne présage une baisse globale des prix du marché, « accélérée par les nouvelles normes européennes sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des constructeurs automobiles ». Selon lui, « cette visibilité pluriannuelle sur le bonus est une attente très forte de la filière automobile ».

Les entreprises demeurent quant à elles les grandes perdantes du jour : « Le bonus sera ramené à 3000 euros pour les personnes morales en 2020, à 2000 euros en 2021 puis à 1000 euros en 2022 ». En d’autres termes, les flottes professionnelles coûteront de plus en plus cher aux sociétés au fil des prochaines années. Un décret publié d’ici la fin du cru 2019 aura pour objectif d’entériner l’ensemble de ces mesures.

Ces premiers jalons posés ne laissent pourtant rien présager de bon. En premier lieu, intervenir sur le montant d’un bonus plafonné à 6000 euros n’a pas franchement vocation à pousser les consommateurs à franchir le cap. En second lieu, une récente étude menée sous la houlette de JATO suscite une certaine inquiétude quant aux grilles tarifaires des véhicules électriques, dont les ventes n’ont cessé d’augmenter entre 2011 et 2018.

Des prix qui montent, des aides qui baissent

Selon l’entreprise spécialisée dans l’étude des marchés, les véhicules zéro émission coûtent de plus en plus cher en Europe et aux Etats-Unis : + 42 % et 55 %, respectivement, en huit ans. Une hausse notamment expliquée par la prolifération des modèles haut de gamme et autres SUV, qui a donc tendance à faire grimper cette moyenne. Certes, les citadines connaîtront leur heure de gloire au cours des trois prochaines années, mais les véhicules premium à plus de 45 000 euros ne disparaîtront pas pour autant des catalogues. Au contraire.

L’association pour le développement de la mobilité électrique Avere-France tire d’ailleurs la sonnette d’alarme face au nouveau positionnement du gouvernement : « Différents exemples internationaux montrent que la réduction voire l’arrêt des aides à l’acquisition de véhicules à faibles émissions peut entraîner une chute spectaculaire des ventes de véhicules électriques », prévient l’organisation.

Et de poursuivre : « En 2019, cela a été observé en Chine (-19 % en glissement annuel) et aux Etats-Unis (-25 % au 3e trimestre) », précise-t-elle en citant un rapport d’IFP Energies nouvelles. Outre-Atlantique, le crédit d’impôt — le pendant américain du bonus écologique français — de 7500 dollars disparaît progressivement lorsque les ventes d’un constructeur atteint le seuil des 200 000 unités. Les futurs propriétaires d’une Tesla ne pourront par exemple plus le toucher au regard du succès actuel du groupe californien.

Tesla et General Motors ont tenté de relever ce seuil à 600 000, tout en réduisant l’aide à 7000 dollars. En vain. L’administration Trump a balayé d’un revers de la main cette proposition, laissant craindre « une baisse des ventes des voitures zéro émission », alerte Forbes. Observera-t-on le même mouvement en France ? L’avenir nous le dira.