Votre smartphone rame subitement en jeu ? On vous explique le « throttling » et pourquoi ce n’est pas (toujours) une mauvaise nouvelle

 
Throttling, derrière ce nom barbare se cache un processus qui sauvegarde votre smartphone. Pour autant, certains le gèrent mieux que d’autres en théorie, mais en pratique ce n’est pas toujours gênant.

Sans doute l’avez-vous déjà remarqué : après quelques dizaines de minutes sur un jeu gourmand ou lors d’un long enregistrement vidéo, votre smartphone, pourtant si rapide, commence à ralentir. La fluidité n’est plus au rendez-vous, l’appareil chauffe. Ce n’est pas un bug, mais un mécanisme volontaire : le « throttling ».

Ce phénomène, souvent frustrant, est en réalité une action délibérée du téléphone. Mais pourquoi votre appareil réduit-il sa propre puissance ? On vous explique tout sur cet étranglement des performances.

Qu’est-ce que le « throttling » ?

Le « throttling » (ou étranglement, en français) sur un smartphone désigne la réduction volontaire de la fréquence du processeur. Le but principal est de protéger les composants internes de l’appareil.

On distingue principalement deux types de throttling :

  1. Le « thermal throttling » (étranglement thermique) : C’est le plus courant. Lorsque vous sollicitez intensément votre appareil (jeu, traitement vidéo), le SoC chauffe. Si la température devient trop élevée, le système abaisse automatiquement sa fréquence de fonctionnement. C’est un mécanisme de sécurité pour éviter la surchauffe et des dégâts matériels.
  2. Le throttling énergétique ou logiciel : Il peut être activé par le mode « économie d’énergie » pour prolonger l’autonomie. Mais il peut aussi s’agir d’un bridage logiciel plus controversé, appelé « app throttling ».

Dans ce dernier cas, les fabricants choisissent délibérément de brider des applications spécifiques. En 2022, on a ainsi découvert que Samsung bridait les performances de plus de 10 000 applications, y compris Netflix, TikTok ou la suite Office. OnePlus a également été surpris en train la main dans le sac.

Plus précisément, OnePlus avait mis en place un système qui orientait les applications populaires vers les cœurs les moins puissants du processeur, empêchant ainsi l’accès aux cœurs les plus performants, sauf pour certains benchmarks… Samsung, de son côté, utilisait le logiciel Game Optimizing Service (GOS), censé optimiser les jeux, mais qui limitait aussi sans distinction les performances de plus de milliers d’autres apps.

Les symptômes visibles sont des ralentissements soudains, une baisse de la fluidité (FPS) dans les jeux, voire des applications qui se ferment sans raison.

Comment savoir si mon smartphone est bridé ?

Pour savoir si votre appareil subit un thermal throttling important, il existe des outils de mesure.

Avec l’outil intégré à PCMark, l’application « CPU Throttling Test » pour Android est la plus connue. Elle lance un test de performance prolongé qui pousse le processeur dans ses retranchements. Vous pouvez alors observer un graphique en temps réel : si vous voyez une baisse progressive de la ligne de performance, c’est que le throttling thermique a commencé.

CPU Throttling Test // Source : ElR – Frandroid

Est-il possible d’y remédier ?

C’est là que la situation se complique. S’il s’agit du « thermal throttling », la réponse est non : c’est une protection matérielle inamovible. Tenter de la contourner risquerait d’endommager votre appareil de façon permanente.

S’il s’agit de l’« app throttling » (le bridage logiciel de certaines applications), la situation est encore plus claire : l’utilisateur ne peut rien y faire. Interrogé sur cette pratique, Samsung avait admis les faits et précisé qu’il n’y avait rien que les utilisateurs puissent faire pour l’arrêter.

Pourquoi ce n’est pas forcément un problème (et même une optimisation)

Le throttling n’est pas fondamentalement mauvais. Il répond à des objectifs précis et souvent bénéfiques.

La première raison est de limiter la chaleur. Celle-ci est un peu la kryptonite des appareils électroniques : elle ralentit les performances, endommage le matériel et dégrade la capacité permanente de la batterie. Le throttling est donc une assurance-vie pour votre téléphone.

La seconde raison est l’autonomie. En limitant la puissance d’applications très demandeuses, le fabricant prolonge la durée de vie de la batterie, ce qui reste un critère d’achat prioritaire pour les consommateurs.

Enfin, il y a l’optimisation pour les jeux. Les smartphones modernes, en particulier les modèles gaming, intègrent des modes spécifiques (type « Game Booster ») qui gèrent intelligemment la puissance.

Mode jeu d’Oppo // Source : ElR – Frandroid

Ces modes expliquent la différence entre les benchmarks et l’usage réel :

  • En benchmark, le téléphone est poussé à 100 %, ce qui déclenche un throttling massif très rapidement.
  • En jeu, le logiciel d’optimisation va « verrouiller » un niveau minimal de FPS pour garantir la fluidité. Pour y parvenir, il va faire des sacrifices ailleurs (baisse de la résolution, réduction des détails graphiques) afin de ne pas surchauffer, tout en tâchant de conserver un framerate élevé et constant.

En pratique, vous pouvez observer une grosse baisse de score dans un benchmark, mais ne ressentir aucun ralentissement en jeu. C’est le signe que votre appareil privilégie l’expérience utilisateur réelle sur les performances brutes synthétiques.

Aussi, est-il toujours important de joindre la pratique à la théorie.

Comment les constructeurs peuvent-ils repousser le throttling ?

Pour permettre aux processeurs de fonctionner à pleine puissance plus longtemps, les constructeurs intègrent des solutions de refroidissement de plus en plus avancées.

L’objectif est simple : mieux dissiper la chaleur générée par le SoC pour éviter que le système ne soit forcé de brider les performances.

La solution la plus répandue aujourd’hui est la chambre à vapeur. Il s’agit d’une fine plaque métallique scellée, contenant une petite quantité de liquide (souvent de l’eau purifiée), placée stratégiquement près du processeur.

Chambre à vapeur des iPhone 17 Pro // Source : Apple

Son fonctionnement est un cycle continu efficace :

  1. Le processeur chauffe et transforme le liquide en vapeur.
  2. Cette vapeur se déplace naturellement vers les zones plus froides de la chambre.
  3. Là, elle se condense, libérant la chaleur qu’elle transportait.
  4. Le liquide retourne ensuite à son point de départ (la source chaude) pour recommencer le cycle.

Ce système permet de répartir la chaleur sur une surface beaucoup plus grande que les anciennes solutions (comme les caloducs ou les coussinets en graphite). En réduisant les points chauds, le processeur peut maintenir des fréquences élevées plus longtemps avant de devoir ralentir.

Système de refroidissement liquide du Redmagic 11 Pro // Source : Redmagic

L’autre solution, plus rare, est d’intégrer un refroidissement liquide. Certaines marques comme RedMagic, avec le 11 Pro essayent ce système où un liquide circule activement grâce à une mini-pompe, à l’image des watercoolings de PC.

D’autres comme Asus et ses ROG Phone proposent des ventilateurs extérieurs pour améliorer la dissipation thermique et maximiser les performances.

C’est aussi en ce sens que l’aluminium est privilégié sur les châssis des smartphones haut de gamme puisqu’il est un très bon conducteur de chaleur.


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