Test du Redmagic 11 Pro : on a mis un smartphone watercoolé dans nos poches

Ce smartphone a une pompe à eau

Un smartphone avec une pompe à eau dedans. Redmagic l'a fait, et c'est visible à travers la coque transparente. Trois semaines de tests pour savoir si ce délire technique tient la route.
Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid
 

Quand Redmagic a annoncé un système de refroidissement liquide actif dans un smartphone, j’étais sceptique.

Pas parce que la marque chinoise manque d’audace, elle en a même parfois trop, mais parce qu’on a déjà vu passer des dizaines de projets qui se résumaient à des chambres à vapeur légèrement améliorées ou des matériaux magiques comme l’aluminium.

Sauf que cette fois, c’est différent. Le Redmagic 11 Pro embarque véritablement une micropompe céramique, du liquide fluoré qui circule dans des canaux gravés au laser, et un ventilateur qui tourne à 24 000 tours/minute. Le tout dans un châssis certifié IPX8 étanche. J’ai passé trois semaines à tester ce téléphone pour voir si cette débauche de technologie servait réellement à quelque chose.

Fiche technique

Modèle Redmagic 11 Pro
Dimensions 76,5 mm x 163,8 mm x 8,9 mm
Interface constructeur Redmagic OS
Taille de l’écran 6,85 pouces
Définition 2688 x 1216 pixels
Densité de pixels 431 ppp
Technologie AMOLED
SoC Qualcomm Snapdragon 8 Elite Gen 5
Stockage interne 256, 512 Go
Appareil photo (dorsal) Capteur 1 : 50
Capteur 2 : 50
Capteur 3 : 2 Mp
Capteur photo frontal 32 Mp
Définition enregistrement vidéo 8K@30fps
Wi-fi Wi-Fi 7 (be)
5G Oui
NFC Oui
Capteur d’empreintes Sous l’écran
Type de connecteur USB Type-C
Capacité de la batterie 7500 mAh
Poids 230 g
Couleurs Noir, Argent
Fiche produit

Le Redmagic 11 Pro commercialisé en France correspond au modèle « Pro Plus » chinois, avec une batterie de 7500 mAh et la charge sans fil de 80W. C’est 450 mAh de plus que le 10S Pro qu’on avait testé l’été dernier, une différence qui se sent à l’usage. La configuration testée embarque 16 Go de RAM et 512 Go de stockage, un équilibre qui me semble optimal pour ce type d’appareil.

Ce qui frappe dans cette fiche technique, c’est l’accumulation de superlatifs : la plus grande chambre à vapeur du marché, le ventilateur le plus rapide, une batterie parmi les plus généreuses. Redmagic n’y va pas avec le dos de la cuillère.

Mais contrairement à certains concurrents qui gonflent les chiffres sans livrer l’expérience qui va avec, ici tout est mis au service d’un objectif précis : gérer la chaleur du Snapdragon 8 Elite Gen 5 pour exploiter sa puissance brute sans compromis thermique.

L’exemplaire de ce test nous a été fourni par Redmagic.

Ergonomie et design

Prenez le Redmagic 11 Pro en main et vous comprenez immédiatement à qui il s’adresse. Ce n’est pas un smartphone discret. La version Nightfreeze que j’ai testée affiche son système de refroidissement liquide à travers un anneau translucide au centre du dos, avec un éclairage RGB qui pulse au rythme des notifications.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

C’est spectaculaire, assumé, et franchement plutôt réussi. On peut trouver ça kitsch, et on aurait raison, mais il y a quelque chose de fascinant à voir ce liquide fluoré circuler réellement sous le verre. Ce n’est pas une animation, c’est mécanique.

Ce qui m’a surpris, c’est la finition générale. Le dos est parfaitement plat, sans la moindre protubérance du module photo. Posez-le sur une table et il ne bascule pas au moindre contact, un détail rare aujourd’hui. Le cadre en alliage d’aluminium inspire confiance, les angles sont légèrement arrondis pour ne pas cisailler la paume, et l’assemblage général ne présente aucun jeu. Il ressemble beaucoup, en dimensions et forme, au Galaxy S25 Ultra.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

À 237 grammes, il n’est pas léger. C’est même franchement lourd pour un smartphone. Mais le poids est bien réparti et l’équilibre reste correct, même lors de sessions de jeu prolongées en mode paysage. J’ai passé des heures sur Genshin Impact et Honkai Star Rail sans gêne.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

Les tranches abritent l’essentiel de l’attirail gaming : deux gâchettes tactiles capacitives à droite, un curseur multifonction qui contrôle le ventilateur et active le mode jeu, les classiques boutons volume et power. Redmagic a élargi les gâchettes par rapport à la génération précédente, ce qui améliore sensiblement le confort en jeu. Elles répondent instantanément et offrent un retour haptique correct, même si on reste loin de la précision de vraies gâchettes mécaniques.

Le ventilateur, parlons-en. Il y a une grille d’admission d’air sur la tranche gauche et une sortie à l’arrière. Quand il tourne à plein régime, 24 000 tours/minute selon Redmagic (je n’ai pas vérifié), on l’entend. Pas de manière gênante si vous jouez avec du son, mais dans un environnement calme, le sifflement est perceptible. C’est le prix à payer pour un refroidissement actif. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, la certification IPX8 n’est pas incompatible avec un ventilateur.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

Redmagic utilise un système d’étanchéité dynamique qui permet à l’air de circuler tout en bloquant l’eau. J’ai testé sous la douche, ventilateur en marche : aucun problème.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

L’écran occupe 95,1 % de la face avant selon Redmagic, et visuellement c’est impressionnant. Les bordures noires mesurent 1,25 mm d’épaisseur et se font totalement oublier en usage. La caméra frontale est sous l’écran, donc invisible en temps normal, même si on devine sa présence quand on affiche un fond blanc uni.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

Ce parti pris de l’écran intégral sans encoche ni poinçon donne une immersion maximale en jeu, et c’est précisément ce qu’on attend d’un smartphone gaming.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

Dernier détail qui compte : la prise jack 3,5 mm est toujours là, en haut à gauche. De l’autre côté, un port USB-C qui gère la charge 120 W, le transfert de données en USB 3.2 Gen 2, et la sortie vidéo vers un écran externe. On peut donc jouer avec un casque filaire de qualité, ce qui reste la meilleure option pour la latence en compétitif. Redmagic est l’une des dernières marques à défendre ce connecteur, et tant mieux.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

L’ensemble dégage une impression de solidité. Le verre Gorilla Glass à l’avant et à l’arrière encaisse les micro-rayures du quotidien sans broncher. Le téléphone a survécu à trois semaines dans ma poche avec mes clés sans aucune marque visible. La certification IPX8 signifie qu’il résiste à une immersion jusqu’à 1,5 mètre pendant 30 minutes, un gage de tranquillité pour un appareil de cette gamme de prix. Bref, Redmagic a fait du bon boulot sur le design et la construction.

Écran

L’écran du Redmagic 11 Pro est une dalle BOE X10 AMOLED de 6,85 pouces qui affiche une définition de 2688 × 1216 pixels. C’est légèrement supérieur au Full HD+ classique, avec une densité de 432 ppi qui garantit une netteté irréprochable.

Lors de mes tests de calibrage avec une sonde, j’ai mesuré une température de couleur moyenne de 6522K et un delta E moyen de 3,13 en mode couleurs naturelles, avec un delta E maximum qui grimpe à 4,73. C’est correct pour un usage courant, mais on reste au-dessus du seuil de 3 à partir duquel les dérives colorimétriques deviennent perceptibles à l’œil. Les meilleurs écrans OLED du marché descendent sous 1,5 de delta E, le Redmagic accuse clairement un retard sur ce point.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

La couverture colorimétrique montre d’autres compromis. En BT.709 (le standard vidéo Full HD), l’écran couvre 124 % du gamut, ce qui signifie qu’il sursature artificiellement les couleurs. En DCI-P3, la référence pour le contenu HDR et le cinéma numérique, on tombe à 82 % de couverture seulement. C’est « ok » pour un flagship 2025 qui affiche 1910 nits en pic HDR. La couverture BT.2020, le standard ultra-large gamut, plafonne à 59 %, mais rares sont les écrans mobiles qui dépassent 70 % sur ce gamut donc ce n’est pas un problème en soi.

Dans la pratique, vous l’aurez donc compris, cet écran privilégie le punch visuel sur la fidélité colorimétrique, ce qui convient parfaitement au gaming, mais moins au visionnage de films HDR exigeants. Néanmoins, il y a pas mal d’outils pour optimiser ça, beaucoup de réglages dans les paramètres.

Le taux de rafraîchissement monte à 144 Hz, un chiffre qui commence à devenir courant sur les flagships gaming, mais qui reste rare ailleurs.

La différence avec du 120 Hz n’est pas spectaculaire au quotidien. Les titres compatibles, comme Call of Duty Mobile, League of Legends: Wild Rift ou Valorant Mobile, sont rares. Le passage de 60 à 144 Hz rend les mouvements de caméra nettement plus doux et améliore la précision du tracking visuel des cibles en mouvement.

Redmagic 11 Pro // Source : Frandroid

Ce qui impressionne vraiment, c’est l’absence totale d’encoche ou de poinçon. Redmagic appelle ça le « Wukong Screen 2.0 », avec des bordures de 1,25 mm d’épaisseur et un ratio écran/corps de 95,1 %. En pratique, c’est l’un des écrans les plus immersifs que j’ai testés. Quand vous lancez un jeu, vous avez une surface d’affichage continue sans interruption visuelle. La caméra frontale de 16 mégapixels est logée sous l’écran, on devine sa présence sur fond blanc mais elle disparaît complètement dès qu’il y a du contenu à l’écran.

La luminosité maximale atteint 1494 nits en SDR et 1910 nits en pic HDR selon mes mesures, des chiffres légèrement supérieurs aux 1800 nits annoncés par Redmagic. C’est largement suffisant pour une lisibilité parfaite en plein soleil.

Par contre, en contenu HDR, la calibration se dégrade sérieusement : delta E moyen de 8,7 avec des pics à 13,6. C’est franchement moyen. Les contenus Dolby Vision ou HDR10+ seront pas magnifiés. Pour du gaming, ça passe. Pour Netflix ou Disney+ en HDR, il y a mieux.

La réactivité tactile est un point fort. Redmagic annonce un taux d’échantillonnage tactile de 360 Hz en usage normal et 3000 Hz en instantané. J’ai testé avec l’application Touchscreen Test et confirmé une latence tactile moyenne de 8,3 ms, ce qui place le 11 Pro parmi les meilleurs du marché.

Le système de gradation PWM fonctionne à 2592 Hz selon le fabricant. C’est suffisamment élevé pour éviter le scintillement visible qui fatigue certains utilisateurs sensibles. Redmagic ajoute aussi un mode DC dimming qui coupe complètement la modulation de largeur d’impulsion au profit d’une réduction analogique de la luminosité. L’écran a reçu des certifications SGS et TÜV Rheinland pour la protection oculaire, gage de sérieux même si ces labels sont parfois distribués généreusement.

Un dernier point pratique : Redmagic a ajouté un mode « mains mouillées » qui booste la sensibilité tactile quand l’écran détecte de l’humidité. Je l’ai testé sous la pluie et après m’être lavé les mains, ça fonctionne correctement même si ce n’est pas miraculeux.

Le capteur d’empreintes ultrasonique sous l’écran déverrouille le téléphone en 0,2 seconde environ, et il est suffisamment sensible pour fonctionner avec les doigts humides ou légèrement sales. C’est un progrès notable par rapport aux capteurs optiques de la génération précédente qui refusaient de coopérer dès qu’il y avait la moindre trace d’eau.

Performances

Le Snapdragon 8 Elite Gen 5 est la puce mobile la plus puissante de Qualcomm à ce jour. Gravée en 3 nm chez TSMC, elle combine deux cœurs haute performance Oryon à 4,6 GHz et six cœurs efficaces. Sur le papier, c’est brutal. Dans la réalité, ça dépend de la capacité du smartphone à gérer la chaleur. C’est précisément là que le Redmagic 11 Pro se distingue.

J’ai commencé par les benchmarks synthétiques. Sur Geekbench 6, le téléphone affiche 3 715 points en single-core et 11 541 points en multi-core lors de ma première passe. C’est légèrement au-dessus de l’iPhone 17 Pro que j’ai testé en parallèle, et nettement devant tous les autres Android équipés du même processeur.

Sur AnTuTu 10, on dépasse les 3,10 millions de points, et plus de 4 millions sur AnTuTu 11, un score record pour un smartphone de production. Ces chiffres sont cohérents avec ce que Redmagic annonce, pas de faux semblants.

Voici notre score synthétique calculé à partir de plusieurs benchmarks

Mais les benchmarks courts ne racontent qu’une partie de l’histoire. Le vrai test, c’est la stabilité sur la durée. J’ai donc lancé une série de stress tests prolongés avec 3DMark Wild Life Extreme en boucle pendant 20 minutes. Résultat : le Redmagic 11 Pro maintient environ 55 % de ses performances initiales. C’est mauvais, on perd tout de même 45 % de puissance.

Il faut donc faire très attention aux scores de benchmarks courts affichés partout : ces pics de performance à 4,26 millions de points ne peuvent pas être tenus longtemps. C’est du sprint, pas du marathon.

Pour comprendre ce throttling important, il faut saisir le problème de base : le Snapdragon 8 Elite Gen 5 peut consommer jusqu’à 15 W en pic de charge, mais un smartphone de 9 mm d’épaisseur ne peut dissiper durablement que 6-7 W maximum sans que la température de surface devienne insupportable. Le refroidissement liquide évacue la chaleur plus efficacement qu’une simple chambre à vapeur, mais il ne peut pas faire disparaître cette énergie par magie : elle doit sortir du chassis, et la surface d’échange thermique avec l’air ambiant reste limitée. Au-delà de quelques minutes à pleine charge, le processeur doit obligatoirement réduire sa fréquence d’horloge pour revenir dans l’enveloppe thermique soutenable.

Pour les sessions de jeu prolongées de plusieurs heures, le téléphone finira par tourner à la moitié de sa puissance maximale. Tout le système de refroidissement liquide et le ventilateur permettent de maintenir des températures acceptables et d’éviter que le téléphone devienne une bouillotte, mais ils ne peuvent pas empêcher le processeur de réduire drastiquement ses fréquences.

Après 15 minutes de jeu intensif sur Genshin Impact en réglages maximum, le thermomètre indique 38 degrés à l’arrière. C’est chaud au toucher, mais pas du tout inconfortable. J’atteignais plus de 45 degrés sur les précédents modèles Redmagic.

Le système de refroidissement AquaCore est la star du test. J’étais franchement sceptique au départ, on a vu tellement de « technologies révolutionnaires » en la matière qui se résumaient à du marketing.

Je confirme, la micropompe céramique fonctionne réellement. On voit le liquide fluoré circuler dans les canaux gravés au laser, pompé par un système piézoélectrique qui consomme environ 0,8 W. Ce n’est pas négligeable, mais ça reste marginal par rapport à la consommation globale du SoC.

En pratique, ce double système liquide + ventilateur change est efficace. J’ai testé Honkai Star Rail, qui reste l’un des jeux mobiles les plus exigeants graphiquement. Le Redmagic 11 Pro maintient un 60 fps stable avec des pics à 144 fps dans les menus, sans le moindre à-coup.

La courbe de framerate est une ligne droite parfaite pendant toute la durée de ma session de test (45 minutes). Pour atteindre ce résultat, le téléphone consomme environ 6,7 W selon l’application Ampere, et la température arrière plafonne à 38°C. C’est bien !

Le ventilateur, quand on l’active manuellement via le mode « destroyer » dans les paramètres gaming, fait effectivement du bruit. Pas au point de gêner si vous jouez avec des écouteurs, mais c’est audible dans un environnement calme.

La configuration testée avec 16 Go de RAM LPDDR5T et 512 Go de stockage UFS 4.1 Pro offre une fluidité exemplaire. Les temps de chargement des jeux sont parmi les plus courts que j’ai mesurés, et le multitâche ne pose aucun problème.

J’ai pu garder une dizaine d’applications en mémoire sans ralentissement notable. Le stockage UFS 4.1 Pro affiche des débits séquentiels de 4200 Mo/s en lecture et 3800 Mo/s en écriture selon AndroBench, c’est du haut niveau.

Redmagic a aussi travaillé l’optimisation logicielle avec son moteur Energy Cube 3.0 qui alloue dynamiquement les ressources CPU, GPU et mémoire selon les besoins du jeu. Ça fonctionne plutôt bien : le système identifie automatiquement les titres exigeants et ajuste les paramètres en conséquence. On peut aussi créer des profils personnalisés par jeu, avec des réglages fins de la fréquence du processeur, du ventilateur, et des gâchettes tactiles. C’est le niveau de contrôle qu’on attend d’un vrai smartphone gaming, et Redmagic le livre.

OK, le système de refroidissement du Redmagic 11 Pro est impressionnant techniquement et améliore réellement l’expérience gaming par rapport à des smartphones classiques. Mais il ne faut pas s’attendre à des performances soutenues infinies : le throttling reste présent, et les pics de performances des benchmarks courts ne reflètent pas ce que vous obtiendrez sur des sessions de jeu de plusieurs heures. C’est le meilleur refroidissement actuel sur smartphone, mais ça reste un smartphone avec toutes les contraintes thermiques que ça implique.

Photos et vidéos

Et là, vous allez être surpris (non). La photo n’est pas le point fort du Redmagic 11 Pro. Le module triple capteur combine un principal de 50 mégapixels stabilisé optiquement, un ultra grand-angle de 50 mégapixels, et un capteur macro de 2 mégapixels. Sur le papier, c’est correct sans être exceptionnel. Dans la pratique, les résultats sont en retrait par rapport aux flagships classiques de la même gamme de prix.

Le capteur principal livre des clichés convenables en pleine journée avec une bonne luminosité. Les couleurs sont légèrement sursaturées dans le profil par défaut, ce qui donne des images accrocheuses sur l’écran du téléphone, mais moins naturelles quand on les regarde sur un moniteur calibré. La plage dynamique est correcte sans être exceptionnelle : les ciels ont tendance à brûler dans les scènes contrastées et les ombres manquent parfois de détails. La stabilisation optique fait son travail et permet de capturer des images nettes à main levée dans la plupart des situations.

Le traitement logiciel manque de finesse. Redmagic applique un lissage un peu trop agressif sur les textures, ce qui donne des photos propres au premier coup d’œil, mais qui perdent en définition quand on zoome. Les détails fins comme les feuillages ou les tissus ont tendance à se transformer en aplats. C’est dommage, car le capteur a le potentiel de faire mieux, mais l’optimisation algorithmique n’est clairement pas au niveau des meilleurs.

En basse lumière, les limites deviennent plus visibles. Le mode nuit capture des images utilisables, mais avec du bruit numérique apparent dans les zones sombres et une netteté qui s’effondre. Comparé à un iPhone 17 Pro ou un Samsung Galaxy S25 Ultra testés dans les mêmes conditions, le Redmagic 11 Pro accuse un retard de trois à quatre générations. Les photos de nuit restent exploitables pour les réseaux sociaux, mais on sent que ce n’est pas la priorité de la marque.

L’ultra grand-angle de 50 mégapixels livre des résultats honnêtes en journée. La distorsion est bien corrigée en post-traitement et les couleurs restent cohérentes avec le capteur principal, ce qui n’est pas toujours le cas chez la concurrence. Par contre, la netteté chute rapidement sur les bords du cadre et la qualité s’effondre dès que la lumière baisse. Ce capteur est utilisable en extérieur avec du soleil, beaucoup moins le reste du temps.

Le capteur macro de 2 mégapixels est anecdotique. Redmagic aurait mieux fait de s’en passer et d’investir ce budget dans un meilleur traitement logiciel pour les deux autres capteurs.

La caméra frontale sous l’écran de 16 mégapixels est un cas intéressant. Techniquement, c’est impressionnant d’avoir réussi à cacher le capteur sous la dalle OLED.

Dans la pratique, la qualité photo en pâtit. Les selfies manquent de netteté et de contraste, avec un voile général qui donne un aspect légèrement flou aux images. L’algorithme de traitement essaie de compenser en poussant artificiellement l’accentuation, mais ça crée des artefacts visibles autour des contours. Si vous faites beaucoup de selfies ou de visioconférences, ce n’est pas le téléphone qu’il vous faut.

En vidéo, le Redmagic 11 Pro filme jusqu’en 8K à 30 fps et 4K à 60 fps. La stabilisation électronique fonctionne correctement en 1080p et 4K, avec un crop modéré. La qualité d’image en 4K/60fps est correcte en journée, avec des couleurs plaisantes et une exposition stable. Par contre, l’autofocus a tendance à pomper dans les scènes complexes avec plusieurs plans de profondeur, ce qui peut gâcher certaines séquences. En basse lumière, le bruit numérique explose et la vidéo devient rapidement inexploitable.

L’interface de l’application caméra est fonctionnelle, mais chargée. Redmagic a empilé des dizaines de modes photo dont la plupart ne serviront jamais : prise de vue de la Voie lactée, traînées d’étoiles, light painting, time-lapse, slow motion. Certains modes sont bien implémentés – le time-lapse notamment –, d’autres sont gadgets. L’application manque de fluidité et accuse parfois un délai d’une seconde entre l’appui sur le déclencheur et la capture effective, ce qui est frustrant pour saisir l’instant.

Comparé à des smartphones photo de référence comme le Pixel 10 Pro ou l’iPhone 17 Pro, le Redmagic 11 Pro accuse plusieurs générations de retard en photographie computationnelle. Ce n’est pas catastrophique, les photos restent largement exploitables pour Instagram ou WhatsApp, mais on est loin du niveau attendu sur un flagship à 700 euros. Redmagic assume clairement ses priorités : performances gaming avant tout, photo en second plan.

Si vous êtes un utilisateur qui prend quelques photos occasionnelles sans exigence particulière, l’appareil photo du 11 Pro fera l’affaire. Si la photo est importante pour vous, regardez ailleurs. C’est le principal compromis de ce smartphone : performances de jeu exceptionnelles, mais photographie banale. À chacun de déterminer où se situent ses priorités.

Un dernier mot sur les fonctionnalités IA promises par Redmagic : l’amélioration d’image par intelligence artificielle, la reconnaissance de scène, l’optimisation automatique. J’ai testé tout ça, et franchement, ça n’apporte pas grand-chose. L’IA ne rattrape pas les limites du capteur et du traitement de base. C’est du marketing plus qu’une vraie valeur ajoutée. Redmagic ferait mieux d’investir dans un partenariat avec un vrai spécialiste de l’imagerie mobile plutôt que d’empiler des fonctions IA superficielles.

OS et interface

Le Redmagic 11 Pro tourne sous Redmagic OS 11.0, une interface basée sur Android 15. C’est l’un des points où Redmagic a encore du travail à faire. L’interface s’est allégée par rapport aux versions précédentes, on ne se noie plus dans des menus incompréhensibles, mais elle reste chargée.

Trop d’options, trop de sous-menus, trop de fonctions redondantes. Redmagic a tenté de suivre les codes du Material Design de Google tout en ajoutant sa propre identité visuelle, et le résultat manque de cohérence. Certains écrans sont modernes et épurés, d’autres ressemblent encore à Android 8. Ça progresse, mais lentement.

Le Game Space, le centre névralgique des fonctions gaming, s’est considérablement amélioré. On y accède via un curseur physique sur la tranche ou en glissant depuis le bord de l’écran. Il regroupe tous les jeux installés, permet de créer des profils de performance par titre, d’activer le ventilateur, de régler les gâchettes tactiles, de surveiller les températures et la fréquence du processeur en temps réel. C’est dense mais logique, et après quelques heures d’utilisation on s’y retrouve facilement. Redmagic a aussi ajouté un mode émulation PC qui permet de lancer des jeux Windows via des services de streaming cloud avec une latence minimale. J’ai testé avec Xbox Cloud Gaming et Nvidia GeForce Now, ça fonctionne bien.

L’assistant IA MORA, censé être la grande nouveauté logicielle de cette génération, m’a laissé perplexe. En Chine, il propose des interactions vocales avancées, des animations de personnage en 3D sur l’écran de verrouillage, des suggestions contextuelles. En Europe, on récupère une version édulcorée qui se résume à quelques fonds d’écran animés et un avatar virtuel dont l’utilité m’échappe complètement. Les animations sont datées, les interactions limitées, et franchement, je l’ai désactivé rapidement. Redmagic aurait mieux fait de se concentrer sur l’optimisation de l’interface existante plutôt que de développer un assistant IA bancal.

Sur le front des mises à jour, Redmagic annonce trois ans de mises à jour majeures d’Android et quatre ans de correctifs de sécurité. C’est le minimum syndical aujourd’hui, mais au moins c’est écrit noir sur blanc.

Dans la pratique, les mises à jour arrivent avec plusieurs mois de retard par rapport à la sortie des versions Android officielles. Si vous êtes du genre à vouloir la dernière version d’Android le jour de sa sortie, passez votre chemin.

Autonomie

La batterie de 7500 mAh au silicium-carbone est l’un des arguments massue du Redmagic 11 Pro. C’est 450 mAh de plus que le modèle précédent, et ça se sent à l’usage. En utilisation mixte, navigation web, réseaux sociaux, quelques vidéos YouTube, une heure de jeu, je termine systématiquement la journée avec 40 % de batterie restante. C’est confortable, et ça laisse de la marge pour les journées intensives.

J’ai mesuré l’autonomie en conditions standardisées avec le test PCMark Work 3.0 en boucle, écran réglé à 200 nits, connexions activées. Le téléphone tient 16 heures et 43 minutes avant de s’éteindre. C’est excellent, nettement au-dessus de la moyenne des flagships Android qui se situent plutôt autour de 12-13 heures. La combinaison d’une grosse batterie et d’un processeur gravé en 3 nm particulièrement efficace donne des résultats remarquables.

La charge rapide filaire de 80 W fait le plein en moins d’une heure. J’ai chronométré 56 minutes pour passer de 2 % à 100 %, avec une phase de charge rapide qui monte jusqu’à 80 % en 35 minutes environ. C’est pratique pour les recharges express entre deux sessions.

La charge sans fil de 15 W est une nouveauté bienvenue sur un smartphone gaming. Il faut cependant plus de deux heures pour une charge complète de 0 à 100 %. C’est plus lent que le filaire, mais ça dépanne.

Étrangement, la version chinoise du Redmagic 11 Pro a une charge Magic Flash de 120 W et une charge sans fil de 80 W avec un chargeur propriétaire.

Le téléphone supporte aussi la charge inversée : on peut recharger des écouteurs ou une montre connectée en les posant sur le dos du 11 Pro. C’est anecdotique, mais ça peut dépanner.

Par contre, pas de Qi2.2 avec aimant dans le dos. Dommage !

Connectivité et appels

Le Redmagic 11 Pro embarque une connectivité Wi-Fi 7 bi-bande (2,4 GHz et 5 GHz) avec une antenne à couverture 360° selon le fabricant.

Dans la pratique, la réception Wi-Fi est excellente. J’ai testé le téléphone dans mon appartement avec une Freebox Ultra en Wi-Fi 6E ou un routeur Deco en Wi-Fi 7, et j’obtiens d’excellents débits. C’est supérieur à ce que j’obtiens avec un iPhone 17 Pro dans les mêmes conditions.

Le Bluetooth 5.4 fonctionne sans accroc. J’ai testé avec plusieurs casques gaming et des écouteurs classiques (Sonos Ace, AirPods Pro 2). La connexion s’établit rapidement, reste stable même avec plusieurs appareils appairés simultanément, et la latence audio reste contenue.

La 5G fonctionne comme attendu avec support des principales bandes françaises. J’ai obtenu des débits de 680 Mb/s en download sur le réseau Orange en plein Paris, rien d’exceptionnel, mais largement suffisant. Le téléphone supporte la double SIM physique, pratique pour séparer pro et perso ou pour garder une carte locale en voyage.

Le port USB-C gère l’USB 3.2 Gen 2 avec des débits théoriques de 10 Gb/s et la sortie vidéo DisplayPort pour brancher un écran externe. J’ai testé sur un moniteur gaming 1440p / 240 Hz via un hub USB-C, ça fonctionne bien.

Concernant les appels, c’est fonctionnel sans être exceptionnel. La qualité vocale est correcte avec une bonne suppression du bruit ambiant grâce aux quatre microphones intégrés. Mon interlocuteur m’entendait clairement même en extérieur avec du vent et du trafic.

Par contre, le haut-parleur d’appel manque un peu de volume maximal : en environnement bruyant, j’ai parfois dû coller l’oreille au téléphone. Le mode mains libres via les haut-parleurs stéréo fonctionne mieux, avec un volume généreux et une intelligibilité correcte.

Le NFC est présent pour le paiement sans contact via Google Pay, ça fonctionne du premier coup sans latence.

Prix et disponibilité

Le Redmagic 11 Pro est lancé en France à partir de 699 € dans sa version de base avec 12 Go de RAM et 256 Go de stockage en coloris Cryo (noir mat). La version testée avec 16 Go de RAM et 512 Go de stockage en finition Nightfreeze (transparent noir) est affichée à 799 €.

La configuration haut de gamme avec 24 Go de RAM et 1 To de stockage grimpe à 999 € dans les deux finitions transparentes disponibles, Nightfreeze et Subzero (transparent argenté).

Alternatives

À partir de 699 €, le Redmagic 11 Pro se positionne face à des concurrents qui adoptent des stratégies différentes. L’Asus ROG Phone 9 Pro à 900 € environ reste la référence gaming avec ses accessoires dédiés, son écran 165 Hz et son système de refroidissement par attachement externe.

Il offre un écosystème plus mature et une meilleure qualité photo, mais il est plus cher et plus lourd. Si vous cherchez le smartphone gaming le plus complet sans compromis budgétaire, c’est une option.

Le Samsung Galaxy S25 Ultra est l’approche diamétralement opposée : un flagship polyvalent qui excelle dans tous les domaines sans se spécialiser dans le gaming. Il offre un écran QHD+ superbement calibré, un système photo avec zoom périscopique 10x qui écrase la concurrence, une intégration logicielle irréprochable avec OneUI et sept ans de mises à jour garanties. Il chauffe plus en jeu que le Redmagic et n’a évidemment pas de ventilateur, mais c’est un smartphone équilibré qui convient à tous les usages.


Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

Notre avis sur Le Redmagic 11 Pro

Design
9
Un smartphone gaming assumé avec un dos plat sans protubérance, une finition soignée et un système de refroidissement visible spectaculaire, mais 237 grammes qui se font sentir au quotidien.
Écran / affichage
8
Une dalle AMOLED 144 Hz sans encoche vraiment immersive pour le gaming, mais une calibration approximative en SDR et franchement mauvaise en HDR qui la disqualifie pour le visionnage exigeant.
Performances
7
Un système de refroidissement actif impressionnant qui maintient des températures confortables, mais un throttling important avec 45 % de perte de puissance sur la durée qui relativise l'intérêt du Snapdragon 8 Elite Gen 5 en usage intensif prolongé.
Autonomie
9
Redmagic OS 11.0 progresse avec un Game Space abouti et une interface moins chargée, mais reste en retrait face aux meilleures interfaces Android et embarque un assistant IA MORA inutile en Europe.
Logiciel
7
Un module photo médiocre pour un flagship à 700 €, avec un capteur principal correct en journée mais des performances en basse lumière datées et une caméra frontale sous-écran décevante.
Photo
6
Une batterie de 7500 mAh qui tient facilement la journée et permet plus de 7 heures de gaming intensif, couplée à une charge rapide 120W filaire et 80W sans fil particulièrement efficace.
Note finale du test
8 /10
Le Redmagic 11 Pro est un smartphone de niche qui assume pleinement ses priorités. Redmagic a construit une machine à jouer redoutablement efficace, avec un système de refroidissement actif qui fonctionne réellement et qui permet d'exploiter le Snapdragon 8 Elite Gen 5 dans des conditions thermiques optimales. Les performances brutes sont au rendez-vous, la batterie tient la distance, l'écran sans encoche est spectaculaire. C'est exactement ce qu'on attend d'un flagship gaming.

Mais ces qualités ont un prix. La photo reste médiocre pour un smartphone à 700 €, le système d'exploitation manque de finesse malgré des progrès notables, et certaines fonctionnalités comme l'assistant IA MORA semblent sorties tout droit de 2018. Le ventilateur fait du bruit, le design gaming ne plaira pas à tout le monde, et le poids de 237 grammes se fait sentir au quotidien. Ce n'est clairement pas un smartphone pour Monsieur ou Madame Tout-le-monde.

Si vous êtes un joueur mobile exigeant qui passe plusieurs heures par jour sur Genshin Impact, Honkai Star Rail ou Call of Duty Mobile, le Redmagic 11 Pro est probablement le meilleur choix actuel. Il offre des performances que la concurrence ne peut pas égaler dans cette gamme de prix, avec une autonomie et un système de refroidissement qui permettent des sessions marathon sans chauffe. Pour tous les autres usages, photo, vidéo, productivité, polyvalence générale, il existe de meilleures options. C'est un outil spécialisé, pas un couteau suisse, et il faut l'acheter en connaissance de cause.

Points positifs du Redmagic 11 Pro

  • Bonnes performances et températures contenues grâce au refroidissement liquide + ventilateur

  • Batterie de 7500 mAh avec très bonne autonomie

  • Écran AMOLED 144 Hz sans encoche ni poinçon, vraiment immersif

  • Charge rapide 120 W filaire et 80 W sans fil

  • Certification IPX8 étanche malgré le ventilateur actif

Points négatifs du Redmagic 11 Pro

  • Throttling important avec 45 % de perte de performances sur la durée malgré le refroidissement

  • Qualité photo médiocre, trois à quatre générations de retard

  • Interface Redmagic OS encore trop chargée

  • Ventilateur audible à plein régime

  • Assistant IA MORA inutile et mal implémenté en Europe

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