
Le marché des caméras thermiques pour smartphones est souvent inondé de produits juste suffisants pour repérer une fuite d’air, mais inutiles dès qu’on cherche de la précision. Le Thermal Master P3 prend le contre-pied de cette tendance et débarque avec une promesse alléchante : transformer votre smartphone en une véritable caméra thermique. Avec sa bague de mise au point manuelle et son châssis en métal, ce petit dongle USB-C veut jouer dans la cour des grands pour moins de 300 euros. Pari réussi ou simple esbroufe technique ? On a testé.
Un bel accessoire… auquel il manque une patte
Dès la sortie de boîte, le P3 impose le respect. On est loin du plastique qui craque sous les doigts : ici, c’est un alliage métallique « de qualité aérospatiale » qui habille la bête. C’est dense, c’est froid au toucher, et avec ses 25 grammes, ça inspire une confiance immédiate en cas de chute. La finition noir satiné avec ses accents dorés ne gâche rien, donnant un petit côté « objet de luxe » à cet outil de travail.

Mais ce qu’on apprécie vraiment au quotidien, c’est un détail tout bête : le connecteur USB-C a été allongé de 2 mm. Cela paraît anodin, mais c’est ce qui vous évite la crise de nerfs de devoir retirer la coque de votre smartphone à chaque utilisation. Ça se clipse franchement, ça tient bien, et ça marche immédiatement.

Cependant, tout n’est pas rose. Pour un produit qui se veut « pro », l’absence d’un pas de vis standard pour trépied est difficile à avaler. Si vous comptez faire de l’analyse macro sur une carte mère pendant 20 minutes, préparez-vous à bricoler un support ou à avoir des crampes, car vous devrez tenir votre téléphone à bout de bras. De plus, si l’étui de transport fourni est robuste, il est mal fichu : impossible d’y ranger proprement le câble d’extension fourni sans forcer.

L’arme fatale : le focus manuel
C’est ici que le P3 justifie son prix et enterre une bonne partie de la concurrence, y compris son petit frère le P2 Pro. La majorité des dongles thermiques utilisent une focale fixe : c’est net à 50 cm, et c’est tout. Le P3, lui, vous donne le contrôle avec une vraie bague de mise au point manuelle.

La sensation mécanique est excellente, la bague ne tourne pas dans le vide et offre juste ce qu’il faut de résistance pour être précis. Et cette précision change tout. Vous pouvez faire la mise au point jusqu’à une distance minimale de 8 mm.


Le pack 3-en-1 de pCloud (5 To + chiffrement renforcé + gestionnaire de mots de passe) perd plus de 950 euros ! C’est le moment de regrouper de manière sécurisée toutes vos photos et documents importants !

Pour les réparateurs et/ou bidouilleurs de smartphones ou de PC, c’est le jour et la nuit. Vous ne devinez plus quel composant chauffe, vous le voyez. La netteté permet d’éviter ce qu’on appelle le « blooming », où la chaleur d’un processeur bave sur les composants voisins. Avec le P3, on distingue sans peine une résistance d’un condensateur situé juste à côté. En forçant le trait, on pourrait même dire que c’est un petit microscope thermique.
Une image fluide, mais attention aux artifices
Côté technique, le capteur VOx assure le service avec une résolution native de 256 x 192 pixels. C’est propre, net, et surtout fluide grâce à un rafraîchissement de 25 Hz. Si vous avez déjà utilisé une caméra à 9 Hz qui saccade comme un vieux diaporama, vous savez à quel point cette fluidité est importante pour scanner une pièce ou suivre un objet.
Le P3 face au capteur Flir du BL9000 Pro. Le point chaud est plus resserré et précis avec le Thermal Master.
La sensibilité thermique est excellente (NETD <35mK), permettant de voir les petits écarts de température, comme les traces de doigts laissées sur une table ou l’empreinte calorique d’un smartphone que l’on a déplacé. La plage de mesure est vaste, encaissant de -20°C jusqu’à 600°C, ce qui couvre 99% des usages, de la fuite d’eau au moteur de voiture en surchauffe.

Thermal Master vante beaucoup sa technologie « X3 », une IA censée gonfler la résolution à 512 x 384 pixels. Soyons francs : si l’image gagne effectivement en piqué sur des plans fixes, cela se paie un peu. L’activation de ce mode requiert beaucoup plus de ressources, ce qui crée une petite latence désagréable. C’est une fonction gadget pour faire de jolies captures d’écran, mais pour travailler en temps réel, on préférera la désactiver pour préserver la fluidité.


Le logiciel : le parcours du combattant
L’accès à l’écosystème Thermal Master est immédiat : direction le Play Store ou l’App Store pour récupérer l’application dédiée. Une fois le P3 branché sur le port USB-C (ou Lightning via l’adaptateur fourni), la reconnaissance est instantanée et l’on découvre que le constructeur n’a pas fait les choses à moitié : son app est un véritable couteau suisse.
L’application ne vous limite pas à un simple point central. Vous pouvez placer des points multiples, tracer des lignes pour suivre la propagation de la chaleur le long d’un câble, ou dessiner des rectangles (zones) pour surveiller une puce spécifique. L’app vous indique en temps réel le minimum, le maximum et la moyenne de chaque zone définie. Pour surveiller la chauffe d’un PCB en charge, c’est royal.

Vous avez accès à 12 rendus visuels différents. Si le classique « Iron » est excellent pour l’usage général, les modes « White Hot » ou « Black Hot » sont souvent plus lisibles pour repérer un court-circuit, par exemple, grâce à un fort contraste. Un mode « Arc-en-ciel » est présent pour en mettre plein la vue, mais les pros l’éviteront sans doute au profit de palettes plus lisibles.

Et puis il y a la fonctionnalité magique cachée dans les menus : l’Isotherme. Elle permet de colorer en surbrillance uniquement une plage de température précise (par exemple, tout ce qui dépasse 50°C). En électronique, cela permet d’ignorer le « bruit » thermique ambiant sur une carte pour faire ressortir instantanément le composant défectueux en rouge vif, tandis que le reste de l’image reste gris.

Cependant, tout n’est pas parfait. L’application propose notamment un mode « Picture-in-Picture » (PiP) qui incruste l’image réelle issue de la caméra du smartphone. Sur le papier, c’est génial pour se repérer. Dans la réalité, à cause de l’écart physique entre l’objectif du P3 et celui de votre téléphone, il y a un décalage de parallaxe inévitable. En mode macro, les deux images ne se superposent pas du tout, ce qui rend ce mode gadget. Il sera plus à l’aise dans le gros œuvre, pour repérer une fuite d’air sur un contour de fenêtre, par exemple.

Un mot enfin sur la version Windows : elle a le mérite d’exister et permet de connecter la caméra à un PC, ce qui est rare pour un dongle de ce type. C’est pratique pour afficher le flux sur un grand écran en atelier, mais c’est clairement une version « lite » de l’app mobile. L’ergonomie y est plus datée et certaines fonctions avancées manquent à l’appel. C’est un bonus appréciable, mais l’expérience reine reste sur smartphone.

Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs. Ce contenu est fourni par Disqus.
Pour pouvoir le visualiser, vous devez accepter l'usage étant opéré par Disqus avec vos données qui pourront être utilisées pour les finalités suivantes : vous permettre de visualiser et de partager des contenus avec des médias sociaux, favoriser le développement et l'amélioration des produits d'Humanoid et de ses partenaires, vous afficher des publicités personnalisées par rapport à votre profil et activité, vous définir un profil publicitaire personnalisé, mesurer la performance des publicités et du contenu de ce site et mesurer l'audience de ce site (en savoir plus)
En cliquant sur « J’accepte tout », vous consentez aux finalités susmentionnées pour l’ensemble des cookies et autres traceurs déposés par Humanoid et ses partenaires.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment. Pour plus d’informations, nous vous invitons à prendre connaissance de notre Politique cookies.
Gérer mes choix