Gare au Gorille : on a roulé avec ces fatbikes électriques français qui sentent bon la Californie

 
Des vélos pas comme les autres, c’est la promesse de Gorille Cycle, un fabricant basé dans les Landes, en quête permanente de perfection. Nous avons rencontré l’entreprise et testé plusieurs de ses vélos électriques.
Gorille vélos fat-bike
Source : M. Lauraux pour Frandroid

Si vous avez passé vos vacances sur les côtes landaises, vous avez fort possiblement croisé des vélos électriques originaux. Ces « fatbikes » – nom anglais donné pour les vélos à grosses roues – pullulent au bord de l’Atlantique, grâce à plusieurs marques dont Maa, Woodee (ex-Buke) et Gorille.

Pour comprendre ce phénomène, nous avons ainsi rencontré Gorille Cycles, acteur local entre pins et océan.

Né à Paris, esprit californien, cœur landais

Auparavant implantée à Capbreton, cette petite marque de vélos électriques est désormais nichée dans la ville voisine de Hossegor. Car la firme grandit, elle qui veut surfer sur les VAE particuliers.

Gorille fondateur
Le fondateur Christophe Yvars avec le vélo Mâle // Source : M.Lauraux pour Frandroid

C’est pourtant loin de l’océan que le fondateur Christophe Yvars a eu l’idée de Gorille, mais à Paris, où il a commencé à monter ses premiers vélos. L’intéressé a eu pour ambition de vendre des objets à part, imposants et dont la position du cycliste lui a donné l’idée du nom Gorille.

Très loin du biclou de ville foulant les rues de la capitale, ils correspondent davantage à l’esprit « cruiser » californien. Normal, donc que le dirigeant ait migré dans le paradis des surfeurs, et accessoirement dans la ville de son grand-père, à Capbreton.

Ainsi est né le Mâle, le premier modèle et toujours le gagne-pain de la marque. Ce vélo à grand empattement et aux larges pneus a conquis tous les publics, du quarantenaire à l’adolescent voulant se déplacer avec sa planche de surf. Plus qu’un style, le Gorille Mâle est un objet culturel dans la région, et devient encore plus pratique avec son assistance électrique.

Car Gorille Cycles ne fait que dans le VAE, avec aujourd’hui toute une famille de modèles. Après le Mâle, le familial Cargorille, le Cadet façon cyclomoteur ou encore les VTT Athlète et Titus ont complété l’offre. Et on ne compte pas la panoplie de couleurs et de personnalisations (sellerie, peinture, etc.), faisant que l’on ne croise jamais le même Gorille dans les rues ou au bord de la plage.

Des vélos électriques plus originaux et français

2023 est aussi l’année du changement. Pas seulement pour le nouveau siège-atelier-boutique d’Hossegor répondant à la demande, mais aussi pour les vélos. Finis les cadres génériques – on peut confondre les Gorille avec leurs rivaux locaux Maa ou Woodee -, le nouveau Mâle 2.0 est désormais pensé en interne. Christophe nous a présenté le prototype de ce fatbike de seconde génération, dont on note la batterie intégrée au cadre et le moteur plus performant.

Gorille bar vélo assemblage
On assemble sur place, façon bar à vélo ! // Source : M.Lauraux pour Frandroid

Aussi, Gorille aspire à être plus local. L’entreprise, assemblant déjà ses vélos sur place, vise à utiliser des batteries ou selleries fabriquées en France (à Seignosse, à quelques kilomètres), entre autres.

Un autre prototype a attiré notre attention, avec un cadre en bois (eucalyptus) et un moteur français, le Valeo Cyclee à boîte automatique Effigear. Le Cadet va également recevoir des selleries végans à base de liège, et on ne compte pas les initiatives afin de concevoir le vélo le plus français possible, et à minima européen.

Gorille se développe, avec aujourd’hui 2 500 vélos annuels, mais les muscles ne sont pas synonymes de singeries. Pas question de perdre le fil pour Christophe qui veut garder le contact avec les clients, que ce soit pour les retours d’expériences ou offrir un SAV plus proche et haut de gamme.

D’ailleurs, nous avons appris qu’un joueur de l’équipe de France de Rugby, en entraînement à Capbreton cet été, s’est laissé séduire (pas de nom, on ne crachera pas le morceau !).

On prépare la nouvelle génération du best-seller, le Mâle 2.0 // Source : M.Lauraux pour Frandroid

Mais cela n’empêche pas Gorille détendre son territoire, Christophe saisissant les opportunités d’exporter les vélos électriques. Il ne veut pas uniquement travailler avec les loueurs de la côte Atlantique. On trouve désormais des partenaires sur la Côte d’Azur, en Occitanie, en région Parisienne, voire en Belgique et Côte d’Ivoire.

On a roulé avec les vélos électriques Gorille

Évidemment, nous n’avons pas manqué d’enfourcher des Gorille. Le temps d’une journée, nous avons testé les Mâle et Cadet, deux modèles partageant l’esprit cruiser californien et fatbike, mais demeurent toutefois très différents sur la route.

Gorille conduite vélo
Une conduite moins naturelle sur les fatbike, où le confort est la règle – Source : M.Lauraux pour Frandroid

Le Gorille Mâle est le vélo électrique typique typé cruiser. Rigide, cela ne le prive pas de confort grâce à ses roues de 26 pouces et de section 4 pouces (10 cm), absorbant bien les imperfections de la route ou encore les branches de pins jonchant le bitume sur la véloroute Vélodyssée.

De plus, la selle est amortie, conférant une conduite confort, aidée par la position droite grâce au guidon haut et courbé. En revanche, les pneus handicapent les performances en raison de l’empreinte au sol, mais le tout est compensé par le fort moteur Bafang de 80 Nm installé dans le moyeu arrière.

Ainsi, jamais on ne sent un manque de puissance, et l’on peut bien sûr ajuster l’assistance selon plusieurs modes, et via un dérailleur Shimano à 9 vitesses. La conduite du Gorille Mâle reste donc aisée, avec une agilité étonnante malgré la géométrie et les pneus, après une petite adaptation si l’on passe d’un vélo classique à ce fatbike. Et oui, on ne prend pas les virages aussi facilement qu’un VAE de ville.

Au guidon du Cadet, entre moto et vélo

C’est encore plus vrai pour son cousin, le Gorille Cadet. Dans la tendance des Super73 ou du français Elwing, ce vélo électrique qui n’y ressemble pas emprunte son style aux motos d’antan et son énorme phare avant à LED.

Gorille Cadet avant
Style d’enfer pour le Cadet, chassant les Super73 ou Elwing // Source : M.Lauraux pour Frandroid

Ici avec moteur Bafang central M510 de 95 Nm, le Cadet expédie le 0 à 25 km/h en un temps restreint, tandis que les freins hydrauliques Tektro assurent un arrêt rapide.

Il est plus sportif que le Mâle, en raison d’un  capteur de couple nécessitant de pousser sur les pédales, là où son cousin est doté d’un capteur de rotation, qui est plus passif dans son utilisation. Sportif, le Cadet l’est aussi dans sa conduite typée moto malgré les pneus 20 pouces, car il faut s’habituer à se pencher et non plus tourner les roues, au risque de se planter dans les dunes ou dans un pin.

Autre différence avec le Mâle, le Gorille Cadet possède une suspension avant, compensant la selle fixe non ajustable, cachant la batterie. Et oui, il faut avancer ou reculer pour trouver sa position parfaite. Avec quelques limites, surtout si l’on veut ajouter un partenaire de route derrière soi, le vélo autorisant tout de même 200 kg au total.

Quel prix pour les vélos électriques Gorille ?

Enfin, parlons des prix. Le Gorille Mâle débute à 2 290 euros, un tarif très correct, mais qui grimpe rapidement si l’on choisit des options. On conseille notamment les freins hydrauliques (239 euros) car ceux à câbles sont bien moins performants, les garde-boue pour ne pas envoyer de sable à son poursuivant, tandis que l’on peut personnaliser la couleur de ses pneus ou ajouter un porte-bagages et une seconde selle. La batterie peut évoluer de 440 à 880 Wh, de quoi assurer 40 à 80 km par charge. À noter, le Lady Gorille est identique avec un cadre bas, plus accessible.

Pour comparaison, le rival Woodee Coastliner Classic démarre à 2 990 euros avec son bloc central Shimano 65 Nm, sa transmission à 10 vitesses et ses freins Shimano Deore – des freins hydrauliques de série – et une batterie de 504 Wh.

Gorille VTT
Gorille, c’est aussi du VTT avec ce superbe modèle // Source : M.Lauraux pour Frandroid

Le Cadet, plus haut de gamme, s’affiche à 3 890 euros, avec son gros moteur, des freins hydrauliques, une batterie de 672 Wh, une suspension avant et sa selle made in France. On peut opter aussi pour quelques options dont un moteur M600 offrant 500 W/120 Nm avec une gâchette d’accélération, en réglementation speedbike bien entendu.